Le Canada est confronté à des défis multiples qui frappent de toutes parts, mettent en péril sa sécurité économique future et notre mode de vie. Des menaces pèsent sur notre souveraineté et notre principale relation commerciale est mise à mal. La géopolitique est en tourmente. Une pénurie de logements sévit d’un océan à l’autre et nos infrastructures essentielles sont déficientes.
La politique industrielle, par laquelle les gouvernements encouragent délibérément des activités économiques afin d’obtenir des résultats que ne produiraient pas les seules forces du marché, peut aider à relever certains des défis les plus urgents auxquels nous sommes confrontés. Mais elle ne doit être mise en œuvre que dans le cadre d’une stratégie solide basée sur des objectifs clairs, et être accompagnée d’une évaluation rigoureuse et de bonnes pratiques de gouvernance.
Le Canada revendique une longue histoire de politiques industrielles, jalonnée de succès et d’échecs. Les nombreuses leçons que l’on peut en tirer peuvent aider les gouvernements à décider quand, où et comment utiliser les leviers de la politique industrielle, et comment la mettre en œuvre de la meilleure façon possible.
Nous avons recueilli les avis et conseils d’un grand nombre d’experts, de parties prenantes et de détenteurs de droits sur une période d’un peu plus de deux ans, au cours de laquelle nous avons aussi tenu quatre ateliers.
Nous formulons les recommandations suivantes pour les gouvernements qui souhaiteraient mettre en œuvre une politique industrielle :
Alors que les gouvernements fédéral, des provinces et des territoires du Canada s’efforcent de trouver des réponses à un contexte commercial et géopolitique en constante évolution, la politique industrielle peut jouer un rôle clé dans certains domaines. Le premier ministre Mark Carney a énoncé sept priorités dans sa lettre de mandat au gouvernement en mai 2025. Plusieurs de ces priorités, comme le logement et la défense, peuvent être soutenues par la politique industrielle.
Nous proposons pour notre part six objectifs ou missions prioritaires à poursuivre dans le cadre d’une stratégie globale de politique industrielle pour le Canada :
La politique industrielle a sa place dans toute réponse crédible aux défis qui s’en viennent, mais il est essentiel qu’elle soit concentrée sur nos priorités absolues. Nous devons aussi nous aussi inspirer des leçons du passé et de l’expérience d’autres pays, afin de nous assurer que les politiques industrielles atteignent leurs objectifs sans gaspiller les ressources publiques.
Si les gouvernements mettent en œuvre de bonnes politiques, bien exécutées, le Canada pourra émerger des présents défis plus fort et plus uni.
Le succès ou l’échec de politiques industrielles passées a largement été lié à leur conception et leur mise en œuvre. Puisqu’elles créent des conflits potentiels — réels ou perçus — entre l’intérêt public et l’intérêt privé des entreprises, les politiques industrielles requièrent un niveau supplémentaire de prudence et de diligence qui va au-delà de ce que l’on peut attendre de programmes impliquant des transferts aux individus ou vers d’autres niveaux de gouvernement.
Nous proposons un cadre pour une politique industrielle réussie qui repose sur trois éléments fondamentaux : 1) une stratégie solide; 2) une bonne gouvernance; 3) une évaluation rigoureuse (figure A).
Une stratégie solide passe par une phase de conception établissant des priorités et des objectifs clairs, une analyse des lacunes et des défaillances qui empêchent le secteur privé d’investir dans ces priorités, ainsi qu’une évaluation de l’efficacité des politiques existantes. Elle suppose également une analyse minutieuse des approches (axées sur la mission ou basée sur une technologie, par exemple) et des instruments (comme un prêt ou un crédit d’impôt) afin de déterminer lesquels seront les plus efficaces et les plus efficients pour atteindre les résultats souhaités. On devra également prévoir un plan de mise en œuvre et de suivi, et la possibilité d’ajuster les paramètres de la politique au fil du temps.
La bonne gouvernance nécessite une combinaison d’expertise, autant pour le personnel qu’à travers un réseau plus large, un alignement sur les activités d’autres niveaux de gouvernement ou de partenaires internationaux, ainsi que le choix des institutions les mieux placées pour réussir. La mise en place d’une unité centrale chargée de guider et soutenir l’élaboration et la mise en œuvre des politiques au sein du gouvernement permettrait de garantir la cohérence et l’application des meilleures pratiques.
Une évaluation rigoureuse est à la base de tous les aspects d’une politique industrielle réussie, en fournissant une boucle de rétroaction continue par laquelle les leçons apprises enrichissent les décisions futures sur la conception, le choix des instruments et la mise en œuvre. Des indicateurs de performance normalisés éclairent la prise de décision, en permettant de comparer différents types de politiques industrielles à travers les organisations chargées de les mettre en œuvre. Les évaluations peuvent également servir à communiquer les performances d’un programme à la population.
Bien que ces trois piliers soient essentiels au succès d’une politique industrielle, ils ne doivent pas avoir pour effet de limiter l’audace ou l’ambition. En fait, une analyse minutieuse pourrait montrer qu’un investissement public ciblé, à court terme, et de grande envergure produirait de meilleurs résultats économiques et sociétaux qu’une intervention limitée et graduelle, divisée entre plusieurs objectifs. Cependant, les approches audacieuses doivent être appuyées par une analyse minutieuse et communiquées clairement à la population, souvent sceptique. De telles approches doivent également être conçues et mises en œuvre en coordination avec les différents ordres de gouvernements et en collaboration avec les peuples autochtones.
Nous vivons une époque de grande incertitude. Les règles du commerce mondial et de la géopolitique ont radicalement changé à la suite d’un triple choc : une pandémie mondiale, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, puis le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis. M. Trump a aussi menacé la souveraineté du Canada et évoqué la possibilité de ne pas défendre ses alliés au sein de l’OTAN. Il n’y a aucune garantie que nous pourrons revenir à l’ancien ordre des choses, et le Canada devra s’adapter. Cela suppose la diversification et le renforcement de nos systèmes industriels, commerciaux et de défense pour les rendre moins vulnérables aux chocs et aux agressions extérieures. La tâche est colossale.
En plus de ce triple choc, le Canada est confronté à d’autres défis externes et internes majeurs. L’économie mondiale se transforme sous nos yeux, poussée par la transition énergétique et les avancées rapides dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). Une course est engagée pour conquérir les marchés qui seront les moteurs économiques de demain. À ces défis extérieurs — la sécurité et la souveraineté, la résilience commerciale et la préparation de l’économie à l’avenir — s’ajoutent d’autres urgences toutes canadiennes.
La réconciliation avec les peuples autochtones se fait attendre depuis longtemps et leur donner les moyens de leur autodétermination économique en est un élément essentiel. En outre, le Canada ne réalisera pas son plein potentiel économique si des parties de sa population ou certaines de ses régions sont laissées pour compte (ISDE, 2020). Enfin, le pays est plongé dans une crise du logement qui risque d’empêcher nos jeunes d’atteindre le niveau de vie auquel ils aspirent.
Pour améliorer l’abordabilité, le Canada doit doubler le nombre de logements construits chaque année d’ici 2035, ce qui sera impossible sans le recours à des nouvelles techniques de construction plus productives (SCHL, 2025).
Pour relever ces nombreux défis, les gouvernements devront agir de façon proactive, ce qui inclura vraisemblablement le recours à des politiques industrielles. Puisque la capacité fiscale n’est pas infinie, il sera important que les gouvernements du pays disposent d’un cadre permettant d’aborder ces politiques de la manière la plus efficace et efficiente possible.
Le présent rapport vise à éclairer ce cadre. Ses conclusions et recommandations sont tirées d’ateliers d’experts, de recherches et d’analyses, et des délibérations entre les membres du groupe de pilotage. Nous explorons les défis que la politique industrielle peut aborder, mais nous nous penchons également sur la façon dont elle devrait être menée,
puisqu’il s’agissait d’un thème dominant des ateliers.
La politique industrielle est un terme souvent employé mais rarement défini. On s’entend généralement pour dire qu’il s’agit de l’orientation consciente que les gouvernements donnent à au moins une partie de l’activité économique afin d’atteindre un objectif particulier, jugé d’intérêt public. Cet objectif peut être de stimuler l’innovation, la productivité ou la croissance économique, mais aussi de promouvoir une région, un secteur ou un résultat particulier (Juhász et al., 2023). La différence avec la politique économique traditionnelle et la question de savoir si on doit y recourir font encore l’objet de vifs débats.
Plusieurs économistes préconisent que les gouvernements se contentent de créer des conditions de concurrence qui soient équitables pour tous les secteurs et acteurs de l’économie. Il peut s’agir de veiller à ce que le système fiscal traite toutes les formes de capital de la même façon, puis de s’appuyer sur les marchés pour allouer le capital. En d’autres termes, la politique économique traditionnelle tend à maintenir un gouvernement dans une position de neutralité face aux entreprises et aux industries (Mankiw, 2013). Le gouvernement peut intervenir pour remédier aux défaillances du marché, mais il se concentre sur l’efficacité de l’allocation, soit la façon dont un marché utilise ses ressources pour produire les biens et les services que les gens recherchent (Mazzucato et Ryan-Collins, 2022).
L’économiste canadien Chris Ragan, membre du groupe de pilotage, a fait remarquer que si la politique industrielle sert aussi à corriger les défaillances du marché (par exemple, la sous-évaluation des émissions de carbone ou les défauts de coordination), elle est souvent axée sur d’autres objectifs de politiques publiques, comme la sécurité nationale ou la croissance des industries naissantes. De ce point de vue, la politique industrielle n’est pas neutre en soi, puisqu’elle vise à atteindre un objectif que les forces du marché n’atteindront pas d’elles-mêmes. Une autre façon d’envisager la différence est que, dans le cadre d’une politique économique traditionnelle, un gouvernement peut intervenir pour réparer le marché alors que, dans le cadre d’une politique industrielle, l’objectif du gouvernement est de façonner le marché (Mazzucato et Ryan-Collins, 2022). Nous énumérons à l’annexe C plusieurs des instruments les plus courants de politique industrielle utilisés par les gouvernements, notamment les incitations fiscales, les subventions, les prêts à des conditions préférentielles et les marchés publics.
D’autres soutiennent enfin que la politique industrielle diffère de la politique économique traditionnelle en ce qu’elle est une démarche délibérée visant un objectif spécifique et qu’elle favorise explicitement certaines activités (Juhász et al., 2025). Autrement dit, contrairement à la politique économique traditionnelle qui fixe les conditions de la croissance d’une façon neutre, la politique industrielle part d’un objectif spécifique visant à promouvoir des activités économiques jugées stratégiquement importantes.
La stratégie sectorielle est l’une des formes les plus courantes de politique industrielle. L’économiste Jim Stanford, membre du groupe de pilotage, la décrit comme « des efforts proactifs visant à soutenir l’investissement, l’emploi, l’innovation et les exportations dans des secteurs ciblés de l’économie à forte valeur ajoutée ». On peut penser aux récents investissements publics canadiens dans la production de batteries pour les véhicules électrique.
Si certains distinguent les politiques industrielles axées sur la technologie de celles visant des secteurs spécifiques, il reste que l’une et l’autre sont étroitement liées. Les efforts visant à accroître l’adoption de l’IA, de la biotechnologie ou du captage et du stockage du carbone sont souvent liés aux efforts visant à soutenir des secteurs de l’économie à forte valeur ajoutée. L’investissement dans la recherche et le développement ou le déploiement de technologies à fort potentiel dans le cadre d’une politique industrielle est aussi fréquemment justifié par la possibilité d’obtenir des avantages généralisés grâce aux retombées des connaissances produites en cours de route (Mankiw, 2013).
Le choix d’un secteur ou d’une technologie à défendre peut toutefois créer des incitations perverses à doubler la mise sur un projet donné sans tenir compte de l’analyse de rentabilité ou de la viabilité de l’entreprise concernée. Lorsqu’un gouvernement s’est pleinement engagé dans un secteur, il peut être politiquement difficile d’abolir des programmes qui n’atteignent pas la cible, en particulier si certaines entreprises ou régions en bénéficient. En revanche, une stratégie sectorielle pour des industries d’ancrage peut aider à identifier des politiques complémentaires qui permettront de capturer de la valeur tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Le Québec a ainsi trouvé une occasion favorable dans le développement de l’exploitation des minéraux critiques, la production de matériaux de batteries et la fabrication de batteries dans la province, en s’appuyant sur les chaînes d’approvisionnement des véhicules électriques.
Une autre variété courante de la politique industrielle est celle basée sur le lieu, où l’objectif principal est la promotion de l’investissement et de la croissance à l’échelle locale. Dans certains cas, il peut être difficile de distinguer la politique industrielle locale de la stratégie sectorielle. Par exemple, l’industrie automobile canadienne est regroupée dans le sud-ouest de l’Ontario, l’emploi dans l’aérospatiale est concentré au Québec, tandis que le Manitoba se spécialise dans le matériel de transport — qu’il s’agisse d’autobus ou d’équipements agricoles (ISDE, 2025; Guichet-Emplois, 2025). Au fil des transformations verte et numérique, des régions et des communautés sont susceptibles d’être confrontées à des défis plus importants. Des stratégies locales jumelant le développement économique à la formation de la main-d’œuvre pourraient aider ces communautés à mieux s’adapter aux changements (IRPP, 2025a, 2025b, 2025c, 2025d, 2025e; Jackson et al., 2025; More, 2025; Samson et al., 2025).
Enfin, une catégorie de politique industrielle est axée sur les missions. Il s’agit d’une variante de la politique industrielle popularisée par l’économiste Mariana Mazzucato, qui a souligné le fait que les recherches entreprises dans le cadre du programme d’exploration spatiale ont stimulé des innovations qui ont conduit à de nouvelles technologies employées dans une panoplie de produits, allant des chaussures de sport aux téléphones intelligents (Mazzucato, 2013). L’objectif premier de ce type de politique industrielle n’est pas nécessairement de favoriser une industrie, une technologie, un secteur ou un endroit particulier, mais un but ou une « mission » plus large. L’exemple le plus largement cité est celui de la mission Apollo. En plus de permettre à la NASA d’atteindre son but déclaré d’envoyer un être humain sur la Lune, ce programme a aussi engendré plusieurs technologies dérivées (Mazzucato, 2013). Une « course vers la Lune » tente d’accomplir un vaste objectif, que le secteur privé n’a pas la motivation ou la capacité de réaliser.
Le fait de se concentrer sur des missions plutôt que sur des secteurs peut aider à briser les silos et favoriser la coordination entre les ministères. L’ampleur d’une telle approche peut néanmoins représenter une faiblesse en raison de la quantité prohibitive de ressources qu’elle pourrait exiger. Elle peut en revanche concentrer l’attention sur l’élimination d’obstacles non financiers, comme les barrières réglementaires, qui sont parfois plus considérables que les embûches financières. Le succès de politiques industrielles sectorielles serait aussi facilité par le comblement de lacunes en matière d’infrastructures, qu’il s’agisse d’un réseau de recharge pour les véhicules électriques ou encore d’installations portuaires pour les exportations agricoles vers les marchés asiatiques.
La politique industrielle n’est pas un concept abstrait. Diverses formes de politique industrielle font partie de notre politique économique depuis la Confédération, et elles continuent d’évoluer. Le Canada a mené de nombreuses politiques industrielles tout au long de son histoire et continue de le faire à ce jour.
L’histoire de la politique industrielle canadienne commence avec notre tout premier premier ministre, John A. Macdonald, dont la Politique nationale — qui incluait des subventions et des concessions de terres — a favorisé le développement du chemin de fer et la colonisation de l’Ouest.
Toutefois, lorsque l’on se penche sur les politiques industrielles, on doit aussi en reconnaître les effets négatifs. La construction des chemins de fer nationaux du Canada s’est accompagnée de la perte de terres pour les Métis et les Premières Nations, de la décimation de troupeaux de bisons, de la mort de centaines de travailleurs chinois et de la maltraitance de milliers d’autres (Bongiorno, 2020; Markewicz, 2017; Parcs Canada, 2025).
Des formes plus récentes de politique industrielle ont eu tendance à se concentrer moins sur l’édification de la nation que sur la croissance de certains secteurs industriels. C’est le cas de l’industrie automobile.
La construction automobile, l’aérospatiale (encadré 1), les équipements de télécommunications, de même que le développement et la production de produits pharmaceutiques sont autant d’exemples importants de politiques industrielles sectorielles dans le Canada d’après-guerre.
L’Accord canado-américain sur les produits de l’industrie automobile (mieux connu sous le nom de Pacte de l’automobile) est l’un des exemples les plus connus de politique industrielle au Canada. Cet accord, conclu en 1965, permettait le commerce des automobiles et des pièces détachées sans droits de douane entre le Canada et les États-Unis, tout en garantissant que la production automobile canadienne soit au moins proportionnelle aux ventes domestiques (Krikorian, 2005). Le Pacte de l’automobile était une initiative de politique industrielle qui impliquait une forme gérée de libéralisation du commerce, ce qui est pertinent dans les discussions contemporaines sur le friendshoring — soit la relocalisation industrielle parmi les alliés du Canada. Le Pacte a approfondi l’intégration du secteur dans les deux pays, ce qui a créé des gains d’efficacité qui ont fait baisser les prix, mais a aussi rendu les entreprises de l’industrie vulnérables à des frictions commerciales, même minimes (Anastakis, 2025).
La politique industrielle dans l’automobile existe sous une forme ou une autre depuis l’invention de la voiture. Les mesures d’urgence mises en œuvre pour soutenir l’industrie à la suite de la crise financière mondiale de 2008 en sont un autre exemple. Les gouvernements de l’Ontario et du Canada ont investi 13,7 milliards de dollars (en partenariat avec le gouvernement américain) pour aider les grandes entreprises automobiles nord-américaines à survivre à la crise et à maintenir une présence manufacturière proportionnelle au Canada. Les gouvernements ont récupéré directement la plupart de leurs investissements, mais pas tous. La recherche montre cependant que les pertes fiscales causées par l’effondrement de l’industrie auraient été beaucoup plus importantes n’eut été des contributions gouvernementales (Shiell et Somerville, 2012), ce qui illustre l’importance d’analyser les coûts et les bénéfices des interventions publiques dans une perspective plus large et à plus long terme. La faillite de Northvolt a déjà occasionné des pertes de plus de 200 millions de dollars pour le gouvernement du Québec (Dion, 2025).
Plus récemment, les gouvernements du Canada, de l’Ontario et du Québec ont investi dans le financement d’usines de batteries pour véhicules électriques en combinant des subventions en capital (pour la construction de nouvelles installations) et des crédits d’impôt à la production (pour réduire le coût de production des batteries). Ces derniers dépendent directement de l’ampleur de la production des nouvelles installations. Le directeur parlementaire du budget a estimé que les subventions accordées à Northvolt, Stellantis-LGES et Volkswagen s’élèveraient à 43,6 milliards de dollars sur une décennie d’exploitation, dans l’hypothèse d’une production à plein régime pendant cette période et du maintien des subventions américaines en parallèle. Il a estimé qu’il faudrait entre 11 et 23 ans pour que les différents investissements publics soient rentabilisés (Giswold et al. 2023).
Compte tenu de l’incertitude quant à la demande future de véhicules électriques, des changements dans les subventions américaines et dans les projets d’investissement des entreprises visées, on ne sait pas à combien s’élèveront les subventions totales des gouvernements fédéral et provinciaux. Et bien que la question à savoir si les avantages des investissements seront supérieurs aux coûts fait débat, le secteur automobile demeure un contributeur clé au PIB de l’Ontario et du Canada, en plus de fournir de nombreux emplois syndiqués et bien payés. Une étude réalisée en 2021 par l’initiative Focal suggère qu’une hausse de 20 % du nombre de véhicules assemblés au pays ajouterait 17 200 emplois dans la chaîne d’approvisionnement de la fabrication automobile canadienne et 17 500 emplois dans les industries connexes. Une augmentation de 20 % des exportations de pièces ajouterait de son côté 12 350 emplois dans la chaîne d’approvisionnement automobile et 10 500 autres dans l’ensemble de l’économie (Initiative FOCAL, 2021). Alors que l’automobile prend le virage vert, les pays se battent pour obtenir leur part des chaînes d’approvisionnement en batteries et en véhicules électriques.
Les sables bitumineux et l’huile de canola sont deux autres exemples de la politique industrielle canadienne dont on vante fréquemment les mérites.
L’histoire de la production pétrolière de l’Alberta remonte au 19e siècle, mais elle a été accélérée par la découverte de pétrole au puits Leduc No. 1 en 1947. La province a ensuite connu des décennies de prospérité grâce au pétrole conventionnel. En 1974, les gisements semblent se tarir. Le premier ministre Peter Lougheed déclare dans un discours prononcé devant la Chambre de commerce de Calgary qu’il ne restait que des réserves pour 12 ans (Hastings-Simon, 2019a). L’Alberta a donc tenté sa chance avec ce que Sara Hastings-Simon, de l’Université de Calgary, a qualifié à l’époque d’« idée ridicule » pour l’époque : le drainage par gravité renforcé au moyen de vapeur, ou DGMV (Hastings-Simon, 2019a).
Le gouvernement de l’Alberta, dans une décision qui avait suscité la controverse, a ainsi haussé les taux de redevances sur le pétrole conventionnel pour financer l’Alberta Oil Sands Technology and Research Authority (AOSTRA). Par l’intermédiaire de l’AOSTRA, le gouvernement a investi 1,4 milliard (en dollars de 2019) dans le développement et la commercialisation de la technologie naissante qu’était alors le DGMV (Hastings-Simon, 2019b). Il a fallu 18 ans pour que la production soit mise en service, davantage de redevances et de taxes, de même que des infrastructures supplémentaires, mais le DGMV représente aujourd’hui 52 % de la production de bitume de la province (Alberta Energy Regulator, 2025). Bien que certains soulignent que l’exploitation des sables bitumineux s’est accompagnée de coûts environnementaux et sanitaires qui réduisent ses avantages économiques, il reste difficile de ne pas considérer ces décisions de politique du gouvernement albertain comme un élément inestimable de la réussite économique de la province (Olszynski, Leach et Yewchuk, 2023; Williams, 2024).
L’huile de canola est un autre exemple de politique industrielle qui a produit des effets positifs durables. Le canola (abréviation de « Canadian Oil Low Acid ») est une huile de qualité alimentaire et une variété de colza mise au point par des obtenteurs — des créateurs de cultivars — de la Saskatchewan et du Manitoba dans les années 1960 et 1970. Sa production est le résultat d’une collaboration entre les scientifiques du secteur public et l’industrie, avec le soutien financier du gouvernement. L’investissement du secteur privé dans le développement du canola a été encouragé par l’adoption de la Loi sur la protection des obtentions végétales en 1990, qui a accordé aux entreprises privées la propriété intellectuelle qui en découle (Carew et Devadoss, 2005). Le canola est aujourd’hui une culture lucrative dans les trois provinces des Prairies (Agriculture et Agroalimentaire Canada, 2024).
Ces succès de politique industrielle ne prouvent pas qu’elle est un outil infaillible pour développer de nouveaux secteurs. En effet, on peut facilement trouver des échecs spectaculaires, comme celui de la Bricklin SV-1 — une voiture brièvement fabriquée au Nouveau-Brunswick avec l’aide du gouvernement provincial (Webb, 2020). Le soutien financier de Terre-Neuve au développement des concombres hydroponiques dans les années 1980 est un autre exemple d’une politique industrielle qui a échoué (CBC News, 2018).
Toute discussion sérieuse sur la politique industrielle nécessite de tirer des leçons des succès et des échecs du passé, au Canada et ailleurs dans le monde.
Le Canada est présentement l’hôte de nombreuses politiques industrielles aux niveaux fédéral, provincial, territorial et municipal. Un aperçu des principales politiques industrielles fédérales et provinciales recensées dans la base de données Quantifier les stratégies industrielles (QuIS) de l’OCDE pour le Canada révèle un recours important aux dépenses fiscales, ainsi qu’aux prêts et aux garanties (tableau 1). Lorsqu’on le compare à d’autres pays développés, le Canada a tendance aussi à s’appuyer davantage sur l’assurance et les garanties à l’exportation, qui profitent principalement aux fabricants (OCDE, 2023).
La base de données sur le Soutien de la croissance et de l’innovation en entreprise de Statistique Canada demande chaque année aux ministères et organismes fédéraux de fournir des données sur les bénéficiaires de financements, de subventions et de bourses provenant des programmes ministériels de croissance et d’innovation. Les données pour 2022 montrent un soutien fédéral important en faveur des secteurs de la fabrication, des services professionnels, éducatifs et d’hébergement et de restauration (figure 1).
On peut trouver des exemples d’apprentissage institutionnel qui ont entraîné des ajustements aux politiques industrielles. Le gouvernement fédéral a ainsi annulé son programme d’adoption du numérique moins de deux ans après sa mise en œuvre. Ce programme, qui visait à aider les entreprises canadiennes à devenir plus efficaces en améliorant leurs capacités technologiques, s’est avéré trop rigide et ne tenait pas compte adéquatement des besoins des utilisateurs finaux (Zon, 2024). Malgré l’échec, le fait que le gouvernement l’ait annulé en raison de ses piètres résultats constitue un élément positif.
Le programme des grappes d’innovation mondiales est un autre exemple de l’évolution de la politique industrielle au Canada. Le programme initial des supergrappes d’innovation, lancé en 2018, visait à créer cinq écosystèmes régionaux d’innovation (ISDE, 2018). Après divers examens du programme, le gouvernement fédéral a décidé de renouveler le financement en 2022, mais en le recentrant sur l’aide à apporter au développement des activités internationales des entreprises. Les grappes ont ainsi adopté des objectifs communs pour étendre leur présence mondiale, collaborer entre elles afin d’approfondir leur impact, lutter contre les changements climatiques, construire des chaînes d’approvisionnement plus résilientes et soutenir la croissance et l’expansion des entreprises canadiennes. Elles ont également mis davantage l’accent sur le co-investissement industriel (ISDE, 2023b).
La politique industrielle a également dépassé les approches sectorielles. Le Projet pour l’hypercroissance mondiale, par exemple, vise à accélérer la création de grandes entreprises d’ancrage à vocation mondiale dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 1 milliard de dollars, qui consacrent beaucoup d’argent à la recherche et au développement et qui s’engagent à se développer au Canada. Le programme soutient actuellement huit entreprises en leur offrant des services-conseil, un accès aux réseaux et un financement visant à accélérer leur croissance (ISDE, 2024b). Le Fonds stratégique pour l’innovation profite lui aussi d’une certaine souplesse pour soutenir de grands projets dans toute une série de secteurs, avec un mandat général visant à encourager les investissements privés dans des projets de transformation à grande échelle et en éliminant les risques qui y sont liés, afin d’aider le Canada à prospérer dans une économie mondiale à faibles émissions de carbone et fondée sur le savoir (ISDE, 2024c).
Une autre évolution de la politique industrielle au Canada a été l’émergence d’institutions indépendantes. Investissement Québec est devenu l’un des principaux fournisseurs de capital de risque et de prêts au Canada (Investissement Québec, 2025; OCDE, 2025b). La Banque de l’infrastructure du Canada contribue à mobiliser et à catalyser les investissements du secteur privé dans des projets d’infrastructure qui correspondent aux priorités définies par le gouvernement fédéral (BIC, 2025). Le Fonds de croissance du Canada — géré par Investissements PSP — vise à accélérer les investissements du secteur privé dans les entreprises et les projets canadiens afin de contribuer à la transformation et à la croissance de l’économie canadienne à une vitesse et dans une ampleur qui permette d’atteindre la carboneutralité (CDIV, 2025a). La Banque de Dévelopment du Canada et Exportation et développement Canada demeurent parmi les plus importantes sources d’appui aux entreprises canadiennes (OCDE, 2025b). De même, la Corporation de garantie de prêts pour les Autochtones du Canada, récemment créée, procure un soutien personnalisé et indépendant, renforçant ainsi la participation des Autochtones aux grands projets. Des entités contrôlées par des Autochtones, comme l’Autorité financière des Premières Nations et la Banque des Premières Nations du Canada, ont également démontré la valeur du leadership autochtone dans des secteurs économiques complexes et hautement réglementés en tant que moyen d’améliorer leur participation économique.
Le recours aux crédits d’impôt à l’investissement en tant que politique industrielle a également gagné en popularité au niveau fédéral. Il existe désormais toute une série de crédits d’impôt pour les investissements admissibles dans le captage et le stockage du carbone, l’électricité propre, la fabrication propre, les chaînes d’approvisionnement des véhicules électriques, l’hydrogène propre et d’autres technologies (PwC, 2025).
Les gouvernements ont également recours aux politiques commerciales, à la réglementation, aux lois sur les brevets, aux marchés publics et à d’autres outils pour influencer le comportement du secteur privé, mais nombre de ces politiques ne sont pas incluses dans les bases de données sur la politique industrielle.
Bien que ces programmes aient fait l’objet de nombreuses évaluations, il reste difficile de mesurer l’efficacité et l’efficience des différentes approches en l’absence de critères cohérents, de données complètes et d’analyses comparatives sur une longue période.
Le rôle de la politique industrielle au Canada a fait l’objet de débats animés pendant nos ateliers. De nombreux participants ont douté que la politique industrielle soit un outil nécessaire — et encore moins efficace — pour atteindre les objectifs de politique publique. Ils ont estimé qu’il est plus important que les gouvernements se concentrent sur la réduction des taux d’imposition des sociétés ou sur la construction d’infrastructures liées au commerce. D’autres ont fait valoir que de nombreux objectifs de politique ne pourront tout simplement pas être atteints par le marché sans intervention publique, en raison du manque d’incitations qui amèneraient les entreprises privées à s’attaquer à des priorités importantes et complexes dans l’intérêt public, comme la production de vaccins ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Des participants ont fait remarquer que les objectifs des interventions de politique industrielle sont souvent nébuleux. Il peut être question de productivité, de création d’emplois ou de tout autre motif non économique, ce qui complique l’évaluation de l’efficacité des interventions par rapport à leurs objectifs. Des considérations politiques étroites risquent aussi de créer de mauvaises incitations pour les politiciens qui supervisent les politiques industrielles. Laurent Carbonneau, directeur des politiques et de la recherche au Conseil canadien des innovateurs, a noté que « ce n’est pas pour rien qu’il y a cinq supergrappes et non une seule », en référence à la décision d’étendre le programme à cinq régions canadiennes. Un participant a utilisé l’analogie de « l’étalement du beurre d’arachides » pour faire référence à l’allocation de fonds limités à des priorités nombreuses et divergentes, ce qui diminue la capacité d’obtenir des résultats importants. L’économiste Don Drummond a de son côté rappelé que la politique industrielle sert parfois à « atténuer le choc du déclin » au lieu de promouvoir les industries émergentes, ou encore de relever des défis sociétaux urgents.
Bien que la politique industrielle ait suscité du scepticisme en tant qu’approche idéale, de nombreux participants aux ateliers ont tout de même reconnu que, faute de mieux, elle peut aider à atteindre des objectifs sociaux urgents. C’est le cas en matière climatique. Sans prévisibilité à long terme quant aux politiques fiscales et réglementaires, tant au Canada que chez d’autres partenaires commerciaux importants, les investissements privés dans des projets à forte intensité de capital et à faibles émissions resteront limités sans le soutien de l’État. Pour certains enjeux, comme celui de la participation économique des Autochtones, le manque d’accès aux capitaux privés est un obstacle difficile à surmonter sans investissement public.
D’un point de vue plus pragmatique, de nombreux participants à nos ateliers ont reconnu que les gouvernements s’engagent systématiquement dans la politique industrielle, ce qui rend un peu futiles les débats théoriques sur le rôle de l’État dans de telles politiques. Ils ont suggéré que le Canada se concentre sur l’obtention de retombées optimales plutôt que sur la question de savoir si la politique industrielle est souhaitable en soi.
Bon nombre des préoccupations soulevées par la politique industrielle sont liées à un manque général de confiance envers la capacité des gouvernements à mettre en œuvre les politiques de manière efficace. Qu’ils soient ou non convaincus de la nécessité de la politique industrielle, la plupart des participants ont convenu que les gouvernements peuvent améliorer la façon dont elle est mise en œuvre.
Nous avions identifié huit domaines dans lesquels une politique industrielle bien conçue et soigneusement ciblée pourrait offrir une solution partielle dans notre rapport d’octobre 2024, Les gouvernements doivent-ils orienter les décisions d’investissement privé ? Encadrer les choix de politique industrielle du Canada. Des événements récents nous ont forcés à nous recentrer sur trois enjeux fondamentaux imposés au Canada par le contexte international, de même que trois priorités nationales.
Impératifs externes
Priorités nationales
Le retour au pouvoir de Donald Trump a fait de la souveraineté canadienne un enjeu crucial. Selon le président américain, le Canada devrait devenir le 51e État et la frontière entre nos deux pays est une « ligne tracée artificiellement ». M. Trump a aussi menacé de recourir à la « force économique » pour atteindre ses objectifs et évoqué la possibilité que les États-Unis ne respectent pas leurs engagements de défense mutuelle détaillés à l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord (Cecco, 2025; Hunnicutt et Brunnstrom, 2025; Reuters, 2025).
On peut répondre à ces menaces de plusieurs façons, notamment en haussant les dépenses militaires du Canada et en approfondissant des liens diplomatiques et économiques avec d’autres alliés. Lors de la campagne électorale de 2025, les dirigeants des partis libéral, conservateur et néodémocrate ont tous proposé d’accroître la présence du Canada dans le Nord afin de se prémunir contre les menaces éventuelles de la Russie, de la Chine et d’autres pays, tout en développant l’exploitation des minéraux critiques (Sarkisian, 2025; Simpson, 2025). La politique industrielle pourrait jouer un rôle en encourageant l’investissement privé dans les infrastructures à vocation militaire et civile (infrastructures à double usage), ainsi que dans les mines et autres sites de production qui doivent composer avec les défis que représente une opération dans l’Arctique.
Le gouvernement du Canada s’est engagé à porter les dépenses de défense de base à 2 % du PIB au cours de l’exercice financier actuel et a également approuvé le nouvel engagement de l’OTAN d’investir 5 % du PIB chaque année d’ici 2035. (Brewster, 2025; Premier ministre du Canada, 2025a). Dans le cadre de ce nouvel engagement, le Canada consacrera 3,5 % de son PIB aux capacités militaires de base et 1,5 % aux investissements dans les dépenses essentielles liées à la défense et à la sécurité, comme les nouveaux aéroports, les ports, les télécommunications, la préparation aux situations d’urgence et d’autres investissements à double usage.
Puisque cet engagement implique une hausse massive des dépenses, il est crucial que le gouvernement s’assure d’engendrer des retombées économiques et sociales importantes au pays. Une partie de ces bénéfices peut être obtenue grâce à l’objectif de « double usage », par lequel une route et un port nordiques, par exemple, sont utilisés à la fois pour la défense et le développement économique local. L’autre partie peut être réalisée en mettant à profit ces dépenses pour renforcer la capacité de production de défense et les chaînes d’approvisionnement nationales. En 2022, l’industrie canadienne de la défense a généré plus de 14,3 milliards de dollars de revenus provenant de près de 600 entreprises (ISDE, 2024). Le premier ministre Mark Carney a promis de prioriser la fabrication et les chaînes d’approvisionnement canadiennes et de rompre avec l’approche actuelle, qui fait qu’aujourd’hui les trois quarts des dépenses d’investissement du Canada en matière de défense sont effectuées aux États-Unis (La Presse canadienne, 2025).
Il est possible d’accroître la production locale d’avions, de navires et de véhicules militaires en utilisant de l’acier fabriqué au Canada, tout en développant des capacités en matière de cybersécurité, de drones, de capteurs et de systèmes d’alerte (voir la figure 2). Pour y parvenir, le fonctionnement des marchés publics de la défense devra être revu dans une optique de politique industrielle. D’autres politiques industrielles et d’innovation devront s’étendre pour inclure les technologies de la défense. La Banque de développement du Canada a notamment indiqué qu’elle élargirait son soutien aux entreprises du secteur de la défense (Norman et Van Praet, 2025).
Réduire l’emprise économique des États-Unis sur le Canada nécessitera un effort concerté pour hausser les exportations vers d’autres pays. En juin 2025, 70 % des biens canadiens exportés allaient en direction des États-Unis (figure 3; Statistique Canada, 2025b). La diversification sera un défi, compte tenu du degré d’intégration de certains secteurs et de la proximité de l’immense marché américain. Les exportations existantes devront être réorientées vers d’autres pays et on devra développer les types d’exportations les plus susceptibles d’être demandées sur les marchés mondiaux (Samson et Chejfec, 2025). Afin de répondre aux perturbations résultant des politiques tarifaires de Donald Trump, il sera également important de vendre davantage de produits fabriqués au Canada, notamment en renforçant les liens économiques et d’infrastructure interprovinciaux. D’importantes possibilités d’exportation sont présentes dans les domaines des minéraux critiques, des matériaux pour batteries, de l’agriculture et de l’agroalimentaire, ainsi que des technologies émergentes. Toutefois, les investisseurs intéressés par ces opportunités se heurtent à une série d’obstacles. L’incertitude politique, la domination du marché par des entreprises étrangères bien installées, des infrastructures déficientes et les risques technologiques arrivent en tête. Les politiques industrielles feront probablement partie de toute stratégie gouvernementale visant à contourner ces écueils.
Les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement mondiale présentent également des risques importants pour l’économie et la sécurité du Canada, comme l’ont montré les pénuries d’équipements de protection individuelle, de semi-conducteurs et d’autres produits stratégiques lors de la pandémie de COVID-19. On estime qu’environ 40 % des industries canadiennes, représentant 25 % de la production du pays, sont très vulnérables aux chocs externes d’offre et de demande (Boileau et Sydor, 2020). La diversification des chaînes d’approvisionnement et le développement d’une capacité de production domestique pour les intrants essentiels aideraient à protéger le Canada contre les chocs extérieurs. Toutefois, il n’est pas évident que les entreprises privées seront incitées à investir dans la production de ces biens sans le soutien des pouvoirs publics.
Les risques liés aux chaînes d’approvisionnement auxquels sont confrontés nos partenaires commerciaux pourraient représenter une occasion pour les entreprises canadiennes. Par exemple, la domination de la Chine dans la production de minéraux critiques suscite de vives inquiétudes à l’international, en raison du risque qu’elle fait peser sur la sécurité et l’économie (CIPE, 2025). L’Union européenne impose désormais un plafond de 65 % pour l’approvisionnement dans un même pays pour chaque matériau stratégique qu’elle importe (CE, 2023). Toutefois, une intervention en matière de politique industrielle en coordination avec les pays alliés sera probablement nécessaire pour saisir ces opportunités en développant la capacité canadienne d’extraction et de transformation.
Alors que de nombreuses entreprises privées se concentrent sur le prochain trimestre, les gouvernements doivent voir au-delà et anticiper les changements structurels de l’économie mondiale qui peuvent avoir des implications importantes pour le Canada. L’évolution du climat, la transition énergétique mondiale et l’essor de l’IA font partie des grandes perturbations que nous vivrons au cours des prochaines décennies (Amin et Bhardwaj, 2024; Georgieva, 2024; Kyriakopoulou, 2023). Anticiper les implications économiques de ces changements historiques, d’une part, et veiller à ce que le pays soit en mesure d’y faire face tout en maintenant le niveau de vie des Canadiens, d’autre part, sont des tâches cruciales pour nos gouvernements.
Les changements climatiques provoqueront une hausse de la fréquence et de l’intensité des tempêtes, des canicules, des sécheresses, des incendies de forêt et des inondations, en plus d’effacer les modèles historiques de température et de précipitations. Le risque que cela entraîne des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, des pénuries de nourriture et d’eau, ou des crises humanitaires est important (GIEC, 2023; RNCan, 2023).
Les secteurs public et privé devront investir dans des stratégies d’adaptation qui permettent de respecter les engagements du Canada en matière de réduction des émissions mondiales tout en minimisant les risques que les changements climatiques représentent pour l’économie, la santé et la sécurité des citoyens. La production alimentaire et les technologies d’adaptation aux changements climatiques offrent également des possibilités d’exportation. Les politiques industrielles pourraient notamment aider à diffuser les technologies d’atténuation des inondations et des incendies, à augmenter la production de matériaux de construction résistants aux incendies de forêt, à accélérer la production de bombardiers d’eau ou à développer des cultures résistantes à la sécheresse.
La transition énergétique mondiale comportera elle aussi des risques et des opportunités pour les entreprises canadiennes. Indépendamment des fluctuations politiques à court terme, il est clair que la trajectoire vers une énergie plus propre et une réduction des émissions se poursuivra, sous l’impulsion non seulement de la politique climatique, mais aussi, et peut-être plus fondamentalement, des énormes améliorations de la technologie et de la compétitivité des énergies renouvelables et des batteries (AIE, 2025). Cette transition signifiera que la demande de combustibles fossiles diminuera au cours du siècle, ce qui entraînera un risque de volatilité et d’incertitude du marché pendant la période de transition (AIE, 2024). Pour renforcer ses liens commerciaux avec l’Europe et l’Asie et être bien positionné dans la future économie mondiale, le Canada devra poursuivre le développement de ses capacités d’exportation dans les secteurs qui bénéficieront de la transition énergétique rapide en cours. Toutefois, les projets relatifs aux énergies propres, à la fabrication et aux minéraux critiques impliquent souvent des investissements de capitaux à grande échelle qui mettent des décennies à produire des bénéfices (van den Heuvel et Popp, 2023). L’incertitude politique peut faire en sorte que le risque d’investissement soit trop important pour que le secteur privé puisse l’assumer seul. Les politiques industrielles peuvent contribuer à abaisser ces obstacles susceptibles de limiter les investissements privés.
L’utilisation de l’IA se développe aussi rapidement à travers l’économie mondiale. L’IA peut apporter autant d’avantages en termes de productivité et d’innovation aux entreprises qui parviennent à développer ou à exploiter ses capacités, qu’elle est susceptible de bouleverser les modèles d’affaires (Filippucci et al., 2024). Les politiques industrielles peuvent jouer un rôle, qu’il s’agisse de faire croître les entreprises d’IA prometteuses au Canada, ou encore pour aider les entreprises à adopter des outils susceptibles d’améliorer leur compétitivité.
Souvent, les communautés et les entreprises autochtones n’ont pas accès aux capitaux, en raison d’injustices historiques et d’obstacles permanents imposés par le gouvernement du Canada, notamment par le biais de la Loi sur les Indiens.
Les communautés autochtones ne disposent pas toujours des infrastructures ou des capacités administratives nécessaires pour tailler leur place dans l’économie. Dans certains cas, cela signifie qu’elles n’ont pas accès aux autoroutes ou aux transports interurbains, ce qui empêche les membres de la communauté de faire des affaires ou d’accéder aux services nécessaires dans les grands centres. L’électricité est parfois inaccessible, en particulier dans le Nord, où de nombreuses communautés ne sont pas connectées aux réseaux électriques. L’accès à l’eau courante et à Internet peut aussi être problématique. Ces carences placent les entreprises autochtones et leurs communautés dans une position très défavorable. Il est difficile d’accomplir des tâches municipales élémentaires, comme remplir des demandes pour des programmes de subventions ou de s’assurer de respecter des exigences relatives aux rapports pour l’obtention de financement, sans un accès fiable à Internet ou un personnel suffisant, par exemple. Il est également difficile d’envisager la création d’une entreprise sans électricité stable et abordable, sans parler de l’eau courante ou d’internet.
Les communautés autochtones du Nord sont souvent confrontées à des défis qui leur sont propres. Par exemple, une grande partie du territoire de l’Inuit Nunangat est inaccessible par la route pendant une partie de l’année. Le transport maritime vers les communautés de l’Arctique ou des régions subarctiques est difficile et coûteux et, dans certains cas, susceptible d’être perturbé par les changements climatiques, par exemple si le niveau des eaux est trop bas pour permettre le transport par barge. En outre, une grande partie du Nord n’est pas couverte par des réseaux électriques, ce qui signifie que ses habitants dépendent de livraisons de diesel coûteuses et d’une fiabilité très variable.
De plus, les populations autochtones sont confrontées à des défis socioéconomiques qui ne sont pas bien compris par la plupart des autres Canadiens, notamment les effets persistants des traumatismes subis dans les pensionnats, la pauvreté intergénérationnelle et les taux élevés de toxicomanie et de suicide qui prévalent dans des communautés qui n’ont pas les ressources nécessaires pour offrir des opportunités que la plupart des Canadiens considèrent comme acquises.
Malgré les obstacles auxquels sont confrontées les communautés autochtones, l’expansion des économies autochtones au Canada représente une occasion pour l’édification du pays. Combler les écarts socioéconomiques de longue date et donner aux populations autochtones et à leurs communautés les moyens d’être des partenaires à part entière de l’avenir économique du pays permettra de libérer un potentiel de croissance considérable. Les entreprises et les travailleurs autochtones contribuent chaque année à hauteur de plus de 60 milliards de dollars à l’économie canadienne, un chiffre qui a presque doublé au cours des 10 dernières années seulement (Statistique Canada, 2025c). Les peuples autochtones constituent le groupe démographique le plus jeune et celui qui connaît la croissance la plus rapide (Statistique Canada, 2006; 2011; 2015; 2021). En effet, les entrepreneurs autochtones créent neuf fois plus d’entreprises que les entrepreneurs non autochtones (CCIB, 2019). Malgré cette contribution importante, les Autochtones gagnent 70 cents pour chaque dollar gagné par les non-Autochtones, et il existe un écart stupéfiant de 349 milliards de dollars en matière d’infrastructures de base entre les communautés autochtones et non autochtones à travers le pays (Atjecoutay, 2024; Conference Board of Canada, 2025).
Selon la Stratégie économique nationale pour les Autochtones au Canada 2022, publiée par une coalition d’organisations autochtones, « la réduction de l’écart de productivité entre les Canadiens autochtones et non autochtones entraînerait une augmentation de 27,7 milliards de dollars du PIB du Canada chaque année » (SENA, 2022). En outre, le Conference Board of Canada prévoit que le comblement du déficit d’infrastructures de base générera 635 milliards de dollars de production économique supplémentaire et créera près de 300 000 emplois, ce qui représente un rendement de 82 % pour chaque dollar investi et des avantages pour l’ensemble de l’économie canadienne (Conference Board of Canada, 2025). Enfin, puisque les gouvernements canadiens cherchent à accélérer les projets d’intérêt national qui auront un impact sur les droits et les intérêts des populations autochtones, il est crucial de s’engager dans un véritable partenariat avec elles.
La politique industrielle peut contribuer à accélérer la croissance économique menée par les Autochtones en améliorant l’accès au capital et les possibilités d’approvisionnement pour leurs communautés et leurs entreprises. Des exemples récents, tels que la Corporation de garantie de prêts pour les Autochtones du Canada et l’initiative pour la participation autochtone de la Banque canadienne d’infrastructure, montrent que les politiques industrielles peuvent contribuer à remédier aux contraintes d’accès au capital (CDIV, 2025b; BIC, 2023a). L’innovation en matière de politique industrielle peut également contribuer à l’amélioration du bien-être et du potentiel économiques des communautés autochtones, en accélérant les investissements dans les infrastructures et en éliminant d’autres obstacles à leur participation économique. Ces efforts doivent bien entendu être menés de concert avec des réformes plus larges.
L’atteinte de la pleine participation économique suppose qu’aucune communauté ni aucun groupe ne soit laissé pour compte, puisque nous ne sommes jamais aussi forts que notre maillon le plus faible. Pour libérer tout le potentiel d’innovation et de croissance, nous devons délibérément développer et atteindre tous les innovateurs, indépendamment de l’endroit où ils vivent ou des obstacles auxquels ils sont confrontés.
L’inclusion, indépendamment du sexe et de l’appartenance ethnique, est essentielle à cette vision. Les membres des groupes sous-représentés, en particulier les entrepreneurs noirs, font fréquemment face à des obstacles uniques et persistants, comme la discrimination et l’accès limité au capital. Pour relever ces défis systémiques, on doit avoir recours à des mesures ciblées. Le Fonds de prêts pour l’entrepreneuriat des communautés noires du gouvernement fédéral, qui vise à combler les lacunes en matière de financement et à permettre aux propriétaires d’entreprises noires de jouer à armes égales, en est un exemple (FACE, 2025; Ratté et Galliot, 2025). L’élimination de ces obstacles n’est pas seulement une question d’équité : elle puise dans des talents et des perspectives qui pourront nourrir une innovation économique et sociale plus vaste.
L’inclusion rurale et régionale est tout aussi essentielle. Les entrepreneurs des régions rurales, éloignées ou défavorisées doivent souvent affronter des obstacles qui vont de l’éloignement des marchés urbains à des infrastructures inadéquates, en passant par des conditions géographiques et un environnement difficiles. Les agences fédérales de développement régional jouent un rôle essentiel dans la diversification des économies locales, le renforcement de la résilience des communautés et la garantie que ces régions pourront pleinement contribuer à la croissance domestique et en profiter (ISDE, 2024d). Dans l’Union européenne, les politiques de cohésion qui renforcent les régions sous-performantes sont même décrites comme le ciment de l’union (Schwab, 2024).
Les gouvernements ont déjà recours aux politiques industrielles pour promouvoir l’inclusivité et l’équité régionale. L’application d’une telle optique à toutes les stratégies économiques garantit que la croissance ne profite pas seulement à certains endroits ou à certaines personnes, mais qu’elle mobilise au contraire le potentiel inexploité partout au pays. Comme le souligne la Banque de développement du Canada, favoriser la participation du plus grand nombre renforce l’ensemble de l’économie, en tirant profit de ressources et de talents qui demeureraient autrement sous-employés (BDC, 2025).
Le Canada est aux prises avec une profonde crise du logement. Selon un rapport de l’OCDE, « la progression des prix réels des logements a devancé celle des revenus réels disponibles d’environ 60 % depuis la crise financière mondiale (OCDE, 2025a) ». L’ampleur de la crise est telle que la SCHL a récemment décidé d’abandonner son objectif de rétablir l’accessibilité au logement au niveau de 2004. Elle utilisera dorénavant 2019 comme point de référence (Younglai, 2025). Cet objectif moins ambitieux nécessitera tout de même de doubler la construction annuelle de logements au cours de la prochaine décennie.
En d’autres termes, au lieu des 245 000 mises en chantier actuelles par an, nous devrons porter ce chiffre à 480 000 d’ici 2035. Cela représente des millions de logements de plus que ce qui est actuellement prévu (SCHL, 2025).
L’augmentation de la productivité du secteur de la construction devra faire partie de l’équation. Des outils tels que la préfabrication et l’impression 3D pourraient y contribuer, mais les coûts et les risques liés à l’expansion de la taille des petites entreprises et à l’emploi de ces innovations sont considérables. Les gouvernements peuvent recourir à la politique industrielle pour diminuer le risque des investisseurs dans une industrie naissante.
Au cours de nos ateliers et consultations, nous avons entendu des experts canadiens et internationaux issus du monde universitaire, des pouvoirs publics, du secteur à but non lucratif, de l’entreprise privée, des syndicats et des organisations autochtones. Certains étaient des partisans de longue date de la politique industrielle, d’autres des opposants d’aussi longue date. Les conversations, qui se sont déroulées sur plusieurs journées, ont été franches et enrichissantes. À travers le large éventail de points de vue exprimés et de la littérature récente sur la politique industrielle au Canada, nous avons pu retenir et dégager quelques leçons.
L’un des thèmes centraux est qu’on ne bâtit pas une politique industrielle en vase clos, et qu’elle peut être entravée ou favorisée par d’autres politiques du gouvernement. Des participants ont souligné les problèmes passés et les faiblesses existantes dont les gouvernements devraient tenir compte lors de la formulation de nouvelles politiques industrielles. Nous avons également reçu de précieux commentaires sur la manière d’envisager la politique industrielle. Ces conseils ont porté sur les objectifs à fixer, les méthodes à adopter et les biais potentiels dont on doit être conscient.
Voici quelques-uns des principales leçons à retenir de nos ateliers d’experts, qui ont contribué à l’élaboration de nos recommandations générales, détaillées dans les deux derniers chapitres du présent rapport :
La nécessité d’investissements dans des infrastructures complémentaires pour une politique industrielle réussie est un commentaire que nous avons entendu à plusieurs reprises. Les deux principaux déficits d’infrastructure identifiés sont le manque de réseaux de transport pour acheminer des biens vers des marchés étrangers autres que les États-Unis et le manque d’électricité propre en quantité suffisante pour soutenir les secteurs en croissance.
L’incertitude dans la politique commerciale américaine accroît l’urgence d’investir dans de nouvelles infrastructures, comme des ports, des routes et des chemins de fer afin de transporter rapidement des marchandises vers les marchés nouveaux ou existants. Un participant a suggéré de créer une stratégie nationale des transports qui viserait à améliorer les chaînes d’approvisionnement et à faciliter le commerce interprovincial et international.
L’autre problème à régler est l’absence d’une infrastructure électrique fiable et durable. Un participant a fait remarquer que, contrairement à la croyance populaire, le Canada ne vit pas une période d’abondance énergétique. Par exemple, le Québec n’a pas pu approuver toutes les demandes de nouveaux projets industriels qu’il a reçues en 2025 parce qu’il ne pouvait pas tous les approvisionner en électricité (RNCan, 2025a). La transformation des minéraux critiques, les exportations de gaz naturel liquéfié et d’autres processus de fabrication font peser une lourde charge sur le réseau électrique existant. L’IA est un autre changement industriel à forte intensité énergétique qui commence à se faire sentir, avec la croissance rapide des centres de données. Les consommations d’électricité de l’Alberta, de l’Ontario et du Québec augmenteront au fur et à mesure que les changements technologiques s’imposeront dans différents secteurs (RNCan, 2025a). Conséquemment, on devra aussi investir davantage dans les lignes de transport et la production d’électricité. Les infrastructures destinées à soutenir la construction de logements, notamment pour l’énergie et le traitement des eaux usées, seront également un moteur essentiel d’une construction de logements accélérée.
Bien que l’infrastructure ne soit pas nécessairement considérée comme une politique industrielle, l’approche de la Banque de l’infrastructure du Canada, qui mobilise des capitaux publics et privés, en est sans doute une forme.
Les contraintes budgétaires potentielles qui se profilent à l’horizon obligeront les gouvernements canadiens à dépenser de façon stratégique, en lançant d’abord les projets prioritaires et en maximisant les investissements privés. De nombreux participants ont fait valoir que d’autres outils de politique, comme des réformes réglementaires, devraient être considérés avant que les gouvernements ne s’engagent dans de nouvelles dépenses de programmes. Bien que toutes les initiatives de politique industrielle n’entraînent pas d’importantes dépenses, celles qui le font doivent être envisagées dans le contexte budgétaire global.
Les gouvernements devront trouver l’équilibre entre les contraintes fiscales et les objectifs de politique. Ils devront aussi être réalistes quant à ce qui est réalisable et aux investissements les plus judicieux. L’enjeu n’est pas seulement la capacité de financer les programmes, mais la nécessité de conserver l’appui de la population aux politiques. Les investissements qui engendrent des résultats positifs tangibles et qui mobilisent d’importants capitaux du secteur privé ont plus de chances d’être perçus favorablement.
Bien qu’il ne manque pas exemples d’initiatives de politiques industrielles ambitieuses et coûteuses, ces politiques ne sont pas nécessairement synonyme d’une hausse de dépenses. Le fait de prioriser les entreprises canadiennes dans les marchés publics peut contribuer à renforcer les industries domestiques sans entraîner de nouvelles dépenses nettes (Conseil des innovateurs canadiens, 2024). Le recours aux prêts ou aux garanties (plutôt qu’aux subventions directes) peut également limiter l’impact fiscal. Tirer profit des investissements du secteur privé dans des projets d’infrastructure qui pourraient autrement être financés par l’État peut aider à réaliser des économies.
En outre, comme l’a souligné Jim Stanford, « l’utilisation d’autres leviers politiques, y compris la réglementation, les lois sur les brevets, les politiques commerciales et les mandats de formation, peut également modifier le comportement du secteur privé d’une manière qui n’implique pas une plus grande dépense de fonds publics ».
Les politiques industrielles peuvent également être considérées comme des investissements qui conduisent à des gains économiques et sociétaux qui dépassent des projets spécifiques. Investir dans l’adoption précoce d’une nouvelle technologie peut conduire à des avantages liés à l’apprentissage par la pratique, qui réduisent les coûts d’adoption dans l’avenir (OCDE, 2024a). De même, investir dans les infrastructures du Nord pourrait créer des possibilités pour l’exploitation minière et d’autres opportunités d’investissement pour les décennies à venir.
Il est ressorti des discussions que la capacité fiscale n’est qu’un premier jalon. Les gouvernements doivent également avoir la capacité opérationnelle interne de mettre en œuvre les interventions de politique industrielle de manière efficace et efficiente, et cette capacité est limitée à chaque phase de la mise en œuvre : conception, mise en œuvre, suivi, gouvernance et évaluation). Des associations représentant différentes industries nous ont dit que l’approbation de contrats octroyés dans le cadre de programmes gouvernementaux peut prendre jusqu’à 18 mois. Le manque de capacité de l’État peut également faire en sorte que des fonds ne seront pas dépensés ou qu’ils seront gaspillés, et entraîner une réduction subséquente des budgets des programmes. La capacité interne dépend des systèmes et des processus avec lesquels les gens travaillent, du nombre de personnes qui administrent un programme, ainsi que des ressources et des compétences dont dispose une équipe.
Les capacités non étatiques sont également importantes lorsqu’il s’agit d’impliquer des partenaires et des entités indépendantes. C’est le cas des communautés et les organisations autochtones, qui sont habituellement mieux placées que l’État pour fournir des services. S’assurer qu’elles peuvent participer à l’élaboration et à l’administration des programmes peut favoriser l’adoption d’une approche plus adaptée pour réaliser les priorités autochtones que de s’en remettre à des décideurs situés à des centaines ou des milliers de kilomètres.
Des participants aux ateliers souhaitent que les gouvernements soient clairs et précis quant à leurs objectifs politiques. Plusieurs d’entre eux craignent qu’en dispersant trop les ressources, les secteurs présentant le plus grand potentiel de croissance ne reçoivent pas suffisamment de ressources pour réussir sur le marché mondial. Une politique industrielle devrait être cohérente et inclure des objectifs clairement établis dès le départ. De nombreux participants ont critiqué le fait que, trop souvent, les programmes de dépenses publiques n’ont pas d’objectif général qui soit communiqué à la population d’une façon claire et cohérente. Les projets qui sont particulièrement importants en regard d’objectifs de politique publique ou qui se heurtent à des obstacles à la commercialisation devraient être priorisés.
D’importants obstacles à la commercialisation dans des secteurs stratégiques font que les entreprises ont du mal à attirer des capitaux. Certains projets à forte intensité de capital pourraient prendre beaucoup de temps avant d’être rentables. D’autres présentent un degré élevé d’incertitude économique ou politique.
Des participants ont fait valoir que les investisseurs canadiens ont tendance à être réfractaires au risque et qu’ils préfèrent se concentrer sur des investissements relativement sûrs aux rendements modestes, plutôt que sur des investissements dans des opportunités à haut risque et à haut rendement dans des secteurs plus innovants.
Les gouvernements disposent de nombreuses options lorsqu’il s’agit de réduire les risques dans un environnement d’investissement. Ils peuvent créer de la prévisibilité dans la demande en étant le premier acheteur pour tout nouveau produit ou service. Ils peuvent proposer des contrats d’approvisionnement pour garantir une relative stabilité des prix. Ce genre de chose encourage les investisseurs. D’autres options consistent à accorder des prêts à taux d’intérêt réduits, à proposer des incitations fiscales à l’investissement, à investir directement dans le capital d’une entreprise ou à renforcer les infrastructures. En choisissant les projets à soutenir, les gouvernements doivent évaluer le degré de risque du projet et les bénéfices potentiels pour la société. Tous les risques ne seront pas nécessairement justifiables. Certaines industries pourront tenter de se présenter comme stratégiques alors qu’elles ne le sont pas, et les gouvernements devront être en mesure d’évaluer objectivement de telles prétentions.
Plusieurs participants aux ateliers ont mentionné des exemples de politiques industrielles réussies qui se sont appuyées sur une mise en œuvre indépendante du gouvernement. L’Alberta Oil Sands Technology and Research Authority (AOSTRA), dont il a été question précédemment, possédait l’expertise et l’autorité nécessaires pour orienter les décisions d’investissement (Hastings-Simon, 2019). La Banque de l’infrastructure du Canada, qui reçoit un mandat du gouvernement avec des priorités définies, dispose d’une relative autonomie dans le choix de projets spécifiques et la prise d’entente avec des entreprises privées (BIC, 2023b). Investissement Québec est un autre exemple contemporain.
Nous avons entendu parler de la nécessité d’identifier et d’exploiter les forces et les avantages existants du Canada, tout en travaillant à diversifier son économie (y compris ses interactions avec le commerce mondial) et à y implanter de nouvelles industries stratégiques. Un débat animé a eu lieu sur la question de savoir s’il est possible de créer de nouveaux secteurs prospères qui ne sont pas encore très présents au Canada ou si les politiques devraient plutôt se concentrer sur le renforcement et l’expansion des secteurs existants. Une grande partie du débat a porté sur les pièges associés à la sélection des gagnants. Chris Ragan a fait remarquer que « toutes les choses qu’il faut bien faire pour choisir les gagnants sont celles dans lesquelles le gouvernement a toujours été mauvais ». D’autres ont soutenu que les gouvernements peuvent faire des paris intelligents dans des domaines où des obstacles freinent l’investissement du secteur privé, et que les décisions basées uniquement sur les profits privés ne sont pas nécessairement efficientes du point de vue de l’intérêt public à long terme.
Des participants ont suggéré que les gouvernements ciblent les secteurs « orientés vers l’exportation, à forte intensité technologique et hautement productifs » (Stanford, 2023). Les grandes entreprises d’ancrage peuvent créer des retombées positives pour le développement économique local en haussant les revenus des travailleurs et en générant des retombées fiscales pour les gouvernements (Stanford, 2023).
Plusieurs participants ont souligné que le Canada ne doit pas nécessairement être la source d’approvisionnement la moins chère pour être compétitif. Il est difficile de concurrencer la Chine sur le plan des coûts pour la transformation des minéraux critiques. Le Canada pourrait malgré tout s’avérer compétitif en misant sur d’autres avantages, comme des processus plus propres et plus durables, ou en réduisant les risques d’approvisionnement qu’entraîne une dépendance excessive envers la Chine.
On a fait valoir que le Canada a eu beaucoup plus de succès avec sa politique industrielle lorsque son objectif était d’accélérer la croissance des industries émergentes plutôt que de ralentir le déclin des industries ou des entreprises moribondes. Dani Rodrick, un économiste universitaire qui a beaucoup travaillé sur la politique industrielle, a fait remarquer que « ce qui détermine le succès d’une politique industrielle n’est pas la capacité à choisir les gagnants, mais la capacité à laisser aller les perdants » (Rodrik, 2013). M. Rodrick a rappelé que certains des pires échecs de politique industrielle surviennent lorsqu’un gouvernement continue d’injecter de l’argent dans une cause perdue (Armstrong et Wu, 2024).
Cet aspect a été illustré dans une étude portant sur l’impact de la politique industrielle canadienne sur les industries de l’automobile, de l’acier, de l’aluminium et de l’aérospatiale (Sargent, 2024). L’étude a révélé que l’industrie de l’aluminium a obtenu de meilleurs résultats que les industries comparables sur le plan de la production et de la productivité, tandis que l’acier a obtenu des résultats similaires ou inférieurs à ceux des industries comparables. La différence essentielle résidait dans le fait que, dans le secteur de l’aluminium, les politiques étaient axées sur l’offensive et visaient à attirer des entreprises et des investissements. Dans le secteur de l’acier, les politiques étaient défensives et visaient plutôt à éviter la concurrence des entreprises étrangères. Des motifs politiques autres qu’une hausse de la production ou de la productivité peuvent justifier de soutenir un secteur sidérurgique national. On peut penser à des motivations stratégiques ou liées à la défense nationale.
En l’absence de prévisibilité politique, il peut être difficile pour les entreprises de s’engager dans des investissements importants qui ne seront pas rentabilisés avant des décennies. Un exemple récent des conséquences de l’incertitude politique est la décision prise en 2025 par la Federation of Co-operatives Limited (FCL) et AGT Foods de suspendre leur projet de complexe agricole intégré à Regina. Ce complexe devait inclure une installation de diesel renouvelable et des projets conjoints de broyage du canola. Dans le communiqué de presse annonçant l’annulation, FCL a mentionné directement « l’incertitude réglementaire et politique, les changements potentiels dans les politiques publiques à faibles émissions de carbone et l’escalade des coûts » (FCL, 2025).
Plusieurs participants aux ateliers ont fait valoir que la commercialisation des innovations dont les entreprises canadiennes détiennent la propriété intellectuelle entraînera probablement de plus grands avantages sociaux à long terme que l’expansion d’usines-succursales appartenant à des intérêts étrangers. L’exemple du canola, mentionné plus haut dans ce rapport, illustre comment la propriété intellectuelle peut être un élément clé de politique industrielle. L’investissement du secteur privé dans le développement du canola a été encouragé par l’adoption en 1990 de la Loi sur la protection des obtentions végétales, qui accordait aux entreprises privées des droits de propriété intellectuelle (Carew et Devadoss, 2005).
Lors de plusieurs ateliers, des participants ont fait remarquer que les entreprises dotées de technologies innovantes quittent souvent le Canada lorsqu’elles arrivent à la « vallée de la mort », en référence à la période qui sépare le moment où les financements universitaires et gouvernementaux diminuent, et celui où les investissements du secteur privé, nécessaires pour la commercialisation et l’expansion, commencent à se concrétiser. Lors d’un atelier, un panéliste a noté que les entreprises conservent parfois des droits de propriété intellectuelle sans même tenter de les commercialiser. « Dans bien des cas, nous nous trouvons à les donner », a dit Kyle Briggs. Le Dalhousie Battery Lab en est un exemple. Il s’agit d’un leader mondial dans le domaine de la technologie des batteries, mais des critiques ont fait valoir que sa technologie a été essentiellement donnée à des entreprises étrangères, même si on savait qu’il existait un marché (Southin et al., 2025). Lorsqu’une usine de fabrication de batteries est construite à partir de cette technologie canadienne, le détenteur étranger des droits de propriété intellectuelle en retire la majeure partie des bénéfices.
M. Briggs a dit que le Canada peut apprendre de l’expérience du Bayh-Dole Act aux États-Unis. Bien qu’il ait insisté sur le fait qu’une transposition directe de cette politique au Canada serait probablement inefficace en raison des contextes différents, il a suggéré que son idée centrale — à l’effet que les bailleurs de fonds publics devraient participer activement à l’élaboration de la politique en matière de propriété intellectuelle — devrait être adaptée au contexte canadien. Cela pourrait être accompli d’une part en définissant des cibles pour la propriété intellectuelle issue de la recherche financée par des fonds publics, et d’autre part en fournissant des lignes directrices et des ressources pour l’atteinte de ces cibles. Le fait de lier le financement à des cibles représenterait pour les universités un fort incitatif à commercialiser la recherche, en plus de leur procurer les ressources nécessaires pour y parvenir.
Un panéliste a avancé qu’une politique comme celle du Bayh-Dole Act pourrait profiter aux petites et moyennes entreprises. Contrairement aux grandes entreprises, les PME ne peuvent pas se permettre de conserver des droits de propriété intellectuelle sans les utiliser. Elles doivent faire preuve de stratégie en ce qui concerne les droits qu’elles détiennent et s’en servir pour survivre. Une politique pourrait jouer un rôle important en aidant les PME à tirer le meilleur parti de leur propriété intellectuelle. D’autres participants ont fait remarquer que les bureaux de transfert de technologies des universités peuvent aussi jouer un rôle important.
Nos discussions ont été l’occasion de rappeler que les politiques industrielles ont souvent eu des conséquences négatives pour les Autochtones. De nombreux programmes ne sont pas accessibles aux communautés autochtones en raison de leur ampleur ou encore en raison de la concurrence de candidats d’envergure disposant de plus de moyens. Les petites communautés ou entreprises n’ont pas nécessairement les capacités administratives nécessaires, qu’il s’agisse de remplir rapidement les demandes de subvention ou de respecter les exigences relatives aux rapports. Même les programmes bien intentionnés n’ont pas toujours été couronnés de succès, en raison de l’absence de collaboration avec les populations autochtones lors de leur conception ou de leur mise en œuvre. Des participants aux ateliers ont aussi estimé qu’un manque de représentation autochtone parmi les décideurs rend la réussite des candidats autochtones plus difficile. Des initiatives récentes, comme le programme fédéral de garantie des prêts pour les Autochtones, favorisent leurs prises de participation aux grands projets.
Le manque d’accès des communautés autochtones à des capitaux abordables pour financer des projets de développement constitue un obstacle majeur à la croissance économique au Canada. La Loi sur les Indiens, adoptée pour la première fois en 1876, est en partie responsable, puisqu’elle prive les communautés des Premières Nations d’un accès à l’investissement et au financement comparables à celui des autres Canadiens. Selon un panéliste, on peut remédier à ce manque d’accès des Autochtones aux capitaux en réduisant les coûts de transaction et les coûts de changement. Les premiers représentent le coût de mise en marché d’un bien ou d’un service. Les seconds, le coût lié à un changement de fournisseur. Les gouvernements peuvent aider dans les deux cas.
Un meilleur accès au capital ne suffit pas. Des participants aux ateliers ont conclu que le facteur le plus important pour libérer le potentiel économique autochtone réside en leur autonomie gouvernementale. On a fait valoir comment la législation fédérale américaine, qui s’est engagée dans cette voie, a libéré le pouvoir économique des communautés. Les avantages qui en découlent profitent non seulement aux Autochtones, mais aussi aux communautés voisines, grâce à la création d’emplois et aux recettes fiscales. Le niveau de vie au sein de ces communautés est aujourd’hui plus élevé que dans les régions adjacentes. Il en va de même au Canada, où les communautés autochtones profitant de l’autonomie gouvernementale ont vu le revenu de leurs ménages augmenter de 35 % après seulement deux recensements (Kalt, 2024).
Nous avons également entendu que le manque d’infrastructures à l’intérieur et autour des communautés autochtones au Canada complique la mise en œuvre des politiques industrielles et qu’il peut freiner la participation et le développement économiques dans les régions rurales et isolées. Par exemple, les infrastructures sont limitées dans le cercle de feu, une zone à fort potentiel minier dans le nord de l’Ontario. La mise en place de capacités de transport et de transmission d’électricité en collaboration avec les communautés autochtones permettrait de débloquer ce potentiel économique.
Un dernier thème qui est ressorti des discussions a porté sur l’importance d’analyser les impacts distributifs dès l’élaboration d’une stratégie de politique industrielle. Certains groupes et régions risquent d’être exclus d’une stratégie axée uniquement sur la hausse de la croissance économique domestique. L’examen de l’impact des politiques en fonction de la race, du sexe et d’autres caractéristiques socioéconomiques peut révéler des possibilités d’élargissement des avantages sociétaux des politiques industrielles. Dans un contexte de pénurie de travailleurs qualifiés, les entreprises qui embauchent des personnes sous-employées ou n’ayant pas poursuivi d’études postsecondaires, et qui leur offrent des possibilités de formation et de perfectionnement, pourraient contribuer à réduire la pauvreté. Un autre exemple est celui de la stratégie du marché du travail de la Saskatchewan, qui met l’accent sur la formation des Autochtones, étant donné les avantages sociétaux et économiques à long terme que représente le développement d’une main-d’œuvre locale qualifiée combinée à une réduction du chômage (Gouvernement de la Saskatchewan, 2024).
On a aussi mentionné que le manque de données désagrégées au Canada rend difficile la détermination de l’ensemble des impacts distributifs des interventions politiques. Les données nationales sur le marché du travail et l’économie, par exemple, ne reflètent souvent pas les réalités autochtones.
Selon de nombreux participants aux ateliers, les indicateurs de performance d’une politique industrielle sont fréquemment déficients, voire inexistants. Cela signifie que les avantages d’une politique ne sont pas toujours clairs. C’est ce que confirme un examen des programmes d’innovation commerciale et de technologies propres réalisé par le Secrétariat du Conseil du Trésor. Parmi les 96 programmes d’innovation propre examinés, 30 % ne comportaient pas d’indicateurs de performance permettant de mesurer leur impact (Schwartz, 2018). Des participants ont noté que les cadres de mesure de la performance doivent faire le lien entre l’objectif stratégique de la politique publique et les résultats rapportés sur le terrain. Les conséquences et les coûts de négliger l’évaluation de la performance sont élevés. En revanche, procéder à une évaluation permet aux gouvernements d’apprendre de leurs erreurs ou de leurs réussites, et aide à faire la démonstration des résultats à la population.
La politique industrielle peut supposer une coordination entre plusieurs ministères et ordres de gouvernement. Selon la base de données QuIS de l’OCDE, la moitié des dépenses publiques consacrées à la politique industrielle au Canada en 2021 provient des provinces (OCDE, 2023). Le panéliste et politologue Jörg Broschek a fait remarquer que le modèle canadien de fédéralisme présente des avantages et des inconvénients. D’un côté, le fédéralisme permet aux différents gouvernements de se concentrer sur des politiques adaptées à leurs économies locales. Il peut cependant aussi entraîner une faible coordination intergouvernementale, ce qui peut mener à « trop de programmes ad hoc, [et] aucune approche globale ».
La coordination n’est pas déficiente qu’entre les gouvernements. Plusieurs participants ont estimé que, lorsqu’il s’agit de synchroniser les investissements, par exemple dans le cadre d’une stratégie et d’un cadre de performance communs, la coordination peut être déficiente entre les ministères ou au sein d’un même ministère. L’examen par le Conseil du Trésor des programmes fédéraux d’innovation commerciale et de technologies propres a révélé que 70 % des programmes examinés présentaient un potentiel de chevauchement important ou modéré avec d’autres programmes (Schwartz, 2018).
Des participants ont néanmoins indiqué que, dans certains cas, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont réussi à se coordonner efficacement. Les tables régionales créées par le gouvernement fédéral en 2022 ont permis aux provinces et aux territoires d’identifier et de faire progresser les opportunités économiques régionales dans les secteurs de l’énergie, des ressources et des technologies propres. Les gouvernements de l’Ontario et du Québec ont également bien coordonné leurs actions avec celles du gouvernement fédéral en ce qui concerne les investissements publics dans les installations de fabrication de véhicules électriques et de batteries.
Les gouvernements n’ont jamais le luxe de partir de zéro. Ce sont des entités complexes, aux multiples fonctions et portant une longue histoire institutionnelle. La reconnaissance de cet état de fait doit être la première étape de la mise en place d’une politique industrielle.
Les gouvernements précédents ont expérimenté différents moyens pour promouvoir des objectifs de politique industrielle, avec des résultats mitigés. Peter Wallace, un ancien secrétaire du Conseil du Trésor, a fait remarquer pendant un atelier que les politiques industrielles qui ont échoué sont souvent oubliées, puis essayées de nouveau à mesure que la mémoire institutionnelle s’estompe.
Toute initiative de politique industrielle réussie suppose que des leçons soient tirées des expériences passées. Une boucle de rétroaction doit faire en sorte que les gouvernements apprennent des succès et évitent de répéter les échecs. Disposer d’un processus solide est indispensable.
Cela commence par une stratégie qui énonce des priorités ou des missions claires et des approches viables pour surmonter les défis identifiés. L’étape suivante est de mener une évaluation rigoureuse. Enfin, il faut une bonne gouvernance; sans elle, même les bonnes idées peuvent échouer. Une stratégie, une évaluation et une gouvernance solides sont les trois piliers d’une politique industrielle réussie, comme le montre la figure 4.
Tout gouvernement qui envisage de recourir à une politique industrielle doit commencer par se poser une série de questions qui permettront de définir la stratégie derrière la politique. Les réponses permettront de déterminer le rôle que devra jouer une politique industrielle et si des politiques complémentaires sont nécessaires. Voici les principales questions qu’il faut se poser.
Nous avons énuméré plus haut dans ce rapport six domaines qui se prêtent à une politique industrielle. Chacun présente un objectif d’intérêt national qui a peu de chances d’être atteint par les seules forces du marché. Pour chacun d’eux, les gouvernements devront aussi fixer des priorités et identifier des projets, des secteurs et des technologies stratégiques. Puisque les ressources sont limitées et que des priorités trop nombreuses peuvent entraîner des problèmes de gouvernance, choisir et concevoir des politiques qui s’attaquent à plusieurs enjeux simultanément est une bonne façon d’optimiser l’utilisation des deniers publics. Par exemple, une politique visant à renforcer l’Arctique canadien engloberait les enjeux de souveraineté nationale, de diversification du commerce, de réconciliation économique avec les Autochtones et de la pleine participation économique.
Des politiques qui répondent à des objectifs multiples pourraient non seulement garantir aux Canadiens qu’ils en ont pour leur argent, mais aussi contribuer à obtenir l’adhésion d’un large éventail de parties prenantes aux projets d’édification du pays. Le tableau 2 donne quelques exemples qui illustrent la manière par laquelle des initiatives, des projets, des secteurs ou des technologies pourraient agir sur plusieurs fronts. Un corridor de sécurité arctique, composé de routes, de ports et d’aéroports nordiques utilisables par tous les temps et pouvant servir à des fins militaires et civiles, pourrait contribuer au développement des minéraux critiques tout en renforçant les capacités de défense du Canada (encadré 2). Une banque de développement économique autochtone pourrait aider à combler les lacunes dans la capacité des populations, communautés et entreprises autochtones à accéder au capital, ce qui contribuerait à la réconciliation économique avec les Autochtones et accroîtrait l’activité économique dans les communautés rurales, éloignées et nordiques du pays (encadré 3).
Dans certains domaines, des caractéristiques de conception intentionnelles ou des politiques complémentaires pourraient être nécessaires pour atteindre des objectifs additionnels. Une hausse de la production d’électricité propre peut soutenir une économie prête pour l’avenir en permettant l’électrification et l’investissement dans des projets à forte intensité d’électricité, comme les centres de données ou les terminaux de gaz naturel liquéfié. Elle peut également contribuer à diversifier les échanges commerciaux si elle remplace les importations d’électricité ou de combustibles fossiles, et elle peut favoriser la réconciliation économique avec les Autochtones si le projet est dirigé ou codirigé par une de leurs communautés ou entreprises.
Après avoir défini les objectifs prioritaires et identifié les projets stratégiques, les secteurs et les technologies susceptibles de contribuer à leur réalisation, vient le choix de l’approche la plus adaptée à l’obtention des résultats souhaités. Une politique industrielle doit-elle privilégier une approche sectorielle ou technologique ? Une approche locale ciblant une région spécifique ? Doit-elle être axée sur une mission et un objectif en particulier ? Ou encore, est-ce qu’un mélange de toutes ces approches est la solution la plus appropriée ?
Les politiques axées sur une mission sont parfois mieux adaptées aux défis qui exigent des démarches de la part de plusieurs organisations et le recours à une gamme d’outils politiques industriels et complémentaires (Mazzucato et al., 2024). Une politique industrielle axée sur la mission pourrait ressembler à l’engagement du gouvernement fédéral de doubler rapidement le rythme de construction de logements (Premier ministre du Canada, 2025b). La réalisation de cet objectif peut nécessiter le recours à des stratégies basées sur la technologie, telles que l’incitation à la construction de logements modulaires et préfabriqués, mais d’autres politiques seront requises, de même qu’une collaboration importante avec les gouvernements provinciaux, territoriaux, municipaux et autochtones.
En fait, une combinaison d’approches peut s’avérer la façon la plus efficace pour relever certains défis. Pour d’autres, il peut être plus simple de cibler un seul type d’approche. Pour développer les exportations de produits agricoles, il peut être plus commode de mener une approche sectorielle au sein des ministères de l’Agriculture ou des sociétés d’État connexes, comme Financement agricole Canada. Des politiques complémentaires, telles que l’amélioration des infrastructures ferroviaires et portuaires, pourraient également soutenir une stratégie d’exportation agricole essentiellement sectorielle.
Avant de concevoir une intervention gouvernementale efficace, il est important d’évaluer pourquoi le secteur privé n’investit pas dans un projet, un secteur ou une technologie de son propre chef, ou dans une ampleur et au rythme requis.
Les lacunes peuvent être liées à une défaillance du marché, comme une tarification insuffisante de la pollution, ou à des projets pour lesquels le risque financier est trop élevé parce que la technologie est nouvelle, que l’environnement politique est incertain ou que le marché en est à ses balbutiements. À l’opposé, les opportunités sont des domaines où aucune lacune n’est identifiable, mais dont l’intérêt stratégique à long terme d’une expansion de l’activité économique est manifeste. Par exemple, même si des investissements importants sont réalisés dans des entreprises qui développent des solutions d’intelligence artificielle, l’opportunité future pour le Canada peut être si importante qu’une intervention gouvernementale supplémentaire est justifiée.
Dans bien des cas, des politiques visant à répondre aux priorités du gouvernement existent déjà. Il est essentiel d’évaluer si elles fonctionnent comme prévu avant de tenter autre chose. La superposition d’une nouvelle intervention à une autre qui n’a pas abouti peut conduire à l’incohérence des politiques et au gaspillage. Parfois, des politiques connexes sont susceptibles de résoudre au moins en partie le problème en question. Par exemple, un crédit d’impôt peut avoir pour objectif général de stimuler l’investissement dans l’industrie manufacturière. Il pourrait être plus efficace de redéployer une partie des ressources affectées à un tel crédit vers un secteur précis, en intervenant de façon plus ciblée et stratégique dans la défense ou le traitement des minéraux critiques, ou encore de façon à encourager la diversification des échanges commerciaux. Dans d’autres cas, il est possible que la meilleure politique soit déjà en place, mais que les ressources qui lui sont consacrées soient insuffisantes pour qu’elle atteigne son objectif. Le problème peut aussi être l’absence de politiques complémentaires qui contribueraient à la réalisation de l’objectif, comme l’investissement dans les infrastructures ou les programmes axés sur les compétences.
Le fédéralisme canadien prévoit une répartition des pouvoirs entre les différents ordres de gouvernements, mais comporte aussi des zones d’ombre. Il y a de bonnes raisons pour que les différents ordres de gouvernement aient des responsabilités différentes. Toute intervention fédérale doit être accompagnée d’une évaluation approfondie de son impact sur les gouvernements provinciaux, territoriaux, autochtones et municipaux, puis d’une planification et d’une coordination minutieuses avec eux. Les politiques qui se chevauchent ou qui vont à l’encontre l’une de l’autre peuvent réduire l’efficacité et l’efficience de l’intervention gouvernementale.
Une fois les objectifs et les priorités définis, les gouvernements doivent choisir les outils qu’ils utiliseront. Une série d’instruments de politique industrielle peuvent être envisagés, notamment des incitations fiscales, des subventions, des prêts, des garanties et des stratégies d’approvisionnement (annexe C). L’analyse des obstacles à l’investissement du secteur privé est essentielle pour identifier l’outil qui générera les meilleurs résultats avec des dépenses publiques moindres. Il est également important de comprendre comment, dans le passé, des politiques ont réussi à produire les résultats souhaités (encadré 4).
Par exemple, les nouvelles technologies de production d’énergie propre, comme la géothermie, peuvent impliquer un risque technologique plus important, des coûts d’investissement plus élevés et une plus grande incertitude politique que d’autres projets d’électricité. En ce qui concerne l’énergie solaire et éolienne, les subventions à la production par enchères inversées ont généralement été les plus efficaces pour mousser une production plus importante tout en limitant l’impact sur les tarifs d’électricité (Hastings-Simon et al., 2022). Toutefois, les technologies géothermiques à un stade plus précoce, telles que la géothermie ultra-profonde, pourraient nécessiter une approche de politique industrielle semblable à celle du programme AOSTRA pour les sables bitumineux, qui a permis de financer directement des projets à haut risque (Smejkal et al., 2025). Toute mesure d’incitation doit être temporaire et progressivement réduite à mesure que les technologies s’établissent et que les risques se dissipent.
L’évaluation de la performance des politiques industrielles est essentielle pour garantir l’atteinte d’objectifs stratégiques et l’allocation efficace des ressources limitées. La transparence du processus et des résultats peut aider à susciter la confiance de la population envers la politique industrielle. C’est particulièrement vrai lorsque des programmes se servent des fonds publics pour offrir un avantage financier à des entreprises privées. De tels programmes sont en effet plus susceptibles de donner lieu à des perceptions de corruption, de partialité ou de mainmise du gouvernement par les entreprises.
Au minimum, les gouvernements devraient être en mesure d’articuler de manière claire et transparente le lien entre l’objectif de politique publique déclaré du programme et les fonds ou les incitations fiscales accordés aux entreprises. Cela ne peut se faire qu’à travers une évaluation transparente, crédible et objective des performances (Criscuolo, 2022a).
L’utilisation optimale de ressources limitées nécessite un processus d’évaluation continu afin que les gouvernements puissent réagir rapidement et ajuster les programmes qui n’atteignent pas les résultats souhaités ou simplement les abolir. Les priorités changent avec le temps. Lorsque cela se produit, l’évaluation peut fournir les preuves requises pour réaffecter les ressources de programmes moins performants vers d’autres qui le sont davantage ou ciblant des priorités plus urgentes.
La politique industrielle pose des défis d’évaluation uniques par rapport à d’autres domaines politiques : il faut souvent du temps pour obtenir des résultats; la réussite dépend également des performances des entreprises privées; enfin, les résultats peuvent être influencés par des facteurs externes, tels que des dynamiques de marché complexes ou des changements de politique de la part de partenaires commerciaux.
Ces difficultés ont parfois mené les gouvernements à renoncer à une évaluation adéquate et plusieurs ont conclu que leur impact était au mieux mitigé (Criscuolo, 2022b). Pourtant, les gouvernements peuvent adopter des mesures afin de surmonter les défis de l’évaluation et améliorer son utilité pour la prise de décision.
Les décideurs ont besoin de méthodes d’évaluation normalisées et de grande qualité pour évaluer les mérites relatifs des programmes de politique industrielle pilotés par les différents ministères et sociétés d’État. C’est difficile d’y parvenir si chacun d’eux entreprend une évaluation individuelle. Les équipes internes peuvent ne pas disposer des moyens, des connaissances, de l’expérience et des compétences nécessaires.
D’autres pays ont mis en place des champions de l’évaluation centralisée afin de promouvoir la qualité et l’établissement de normes communes. L’Australie a créé l’Australian Centre for Evaluation au sein de son ministère des Finances. Cet organisme collabore avec toutes les unités d’évaluation du gouvernement pour veiller à ce que les programmes optimisent les ressources qui y sont consacrées. Il s’efforce également de créer une culture de l’amélioration continue (Commonwealth of Australia, s. d.-a). Les Pays-Bas et le Portugal disposent eux aussi de pôles d’évaluation similaires au sein d’agences centrales. Ces pôles coordonnent l’évaluation dans l’ensemble du gouvernement en fournissant des services consultatifs et des lignes directrices pour garantir des normes d’évaluation élevées (OCDE, 2025b).
Dans un document de l’IRPP à paraître, Doug Nevison, ancien haut fonctionnaire fédéral, soutient qu’une unité d’évaluation de la politique industrielle spécialisée et centralisée pourrait être hébergée au Bureau du Conseil privé (BCP). Cette unité travaillerait en partenariat avec le ministère des Finances et le Secrétariat du Conseil du Trésor et serait soutenue par Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE) (Nevison, à paraître). Il existait auparavant un Centre d’excellence en évaluation au sein du Secrétariat du Conseil du Trésor, mais il a été remplacé par la Division des résultats lorsque la politique globale de performance et d’évaluation du gouvernement fédéral (la Politique sur les résultats) est entrée en vigueur en 2016. Selon M. Nevison, il est logique qu’une telle organisation siège dans un organisme central où les décisions politiques et budgétaires sont prises, comme le BCP ou le ministère des Finances. Les évaluations seraient synchronisées avec le cycle de financement.
Dans les provinces et territoires, des unités d’évaluation pourraient être mises en place au sein d’un organisme central, comme le Bureau du Conseil des ministres (au Québec, le Conseil exécutif) ou le ministère des Finances.
Une évaluation normalisée nécessite un cadre établi qui détaille le contenu des évaluations et la méthodologie. Doug Nevison suggère une approche similaire à la Directive du Cabinet sur la réglementation du gouvernement fédéral, qui exige une analyse coûts-avantages avant la mise en œuvre d’un règlement (SCT, 2024).
Bien qu’il existe des orientations sur l’évaluation des programmes, on ne trouve cependant pas de conseils spécifiques sur la politique industrielle ou sur les programmes visant à stimuler ou à orienter les investissements du secteur privé. De tels programmes impliquent des considérations différentes de ceux qui fournissent un service à la population. Il n’y a pas non plus d’obligation de soumettre les politiques fiscales (comme les crédits d’impôt à l’investissement) à des évaluations accessibles au public.
L’Australie exige qu’une analyse d’impact soit effectuée pour toutes les propositions de politiques susceptibles d’avoir un impact sur la population, les entreprises ou les organisations communautaires (Commonwealth of Australia, 2023). Son Australian government guide to policy impact analysis (guide de l’analyse d’impact des politiques) s’articule autour de 7 questions énumérées dans la figure 5. Ces analyses constituent une base pour l’évaluation continue, puisque les objectifs de la politique et les paramètres de réussite sont définis clairement.
Le gouvernement australien a publié en 2024 une analyse d’impact pour son projet d’incitation fiscale à la production de minéraux critiques. Il a examiné le problème politique que l’incitation fiscale vise à résoudre, les obstacles auxquels le secteur privé est confronté, l’adéquation des mesures gouvernementales actuelles, la nécessité d’une intervention gouvernementale supplémentaire et trois options de politique. Le document est accessible au public et comprend une analyse coûts-avantages pour chacune des options, en proposant celle qui est privilégiée. Il énumère également une série de paramètres de réussite qui peuvent servir à évaluer l’impact de l’incitation fiscale au fil du temps, comme le nombre d’accords à long terme conclus entre les producteurs et les acheteurs de minéraux critiques raffinés (Commonwealth of Australia, 2024).
Les indicateurs de performance sont essentiels à une évaluation réussie. Les programmes de politique industrielle utilisent souvent des indicateurs, comme la somme des investissements privés mobilisés ou le nombre d’emplois créés, mais ces mesures ne sont pas nécessairement suffisantes pour comparer la performance d’une politique industrielle à une autre (ISDE, 2024b). Les politiques industrielles ont également tendance à se concentrer sur les mandats et les priorités du ministère qui les met en œuvre, au lieu de considérer leur impact sur d’autres objectifs gouvernementaux qui pourraient être affectés (RNCan, 2019). Les gestionnaires de programme peuvent également être tentés de ne communiquer que les mesures qui donnent l’impression que le programme est une réussite. L’établissement d’un ensemble normalisé de mesures pour l’ensemble des ministères faciliterait la comparaison des programmes à l’échelle du gouvernement, en montrant les résultats positifs et négatifs. Ainsi, les décideurs pourraient vouloir comparer les performances du Fonds stratégique pour l’innovation à celles des crédits d’impôt à l’investissement, en utilisant des paramètres tels que les dépenses d’investissement des entreprises, les coûts administratifs du gouvernement, ainsi que la taille et la localisation des entreprises bénéficiant des politiques. Ce serait difficile en l’absence de données cohérentes et comparables.
L’évaluation doit être réalisée avant, pendant et après la mise en œuvre (tableau 3). Elle peut s’appuyer sur un large éventail d’instruments, notamment l’examen de documents, des entrevues, des sondages, des études de cas, des groupes de discussion, des suivis de performances et des modélisations économétriques structurelles (Nevison, à paraître).
Chaque phase de l’évaluation joue un rôle différent. L’analyse d’impact préalable au choix d’un outil de politique aide à clarifier la raison d’être de la politique, ses objectifs et ses indicateurs de réussite.
L’évaluation de développement a lieu pendant la mise en œuvre et permet d’ajuster le programme en cours de route. Les responsables doivent renforcer les capacités de suivi en temps réel afin de disposer de suffisamment d’informations pour procéder à des ajustements judicieux. La faible disponibilité des données représente un défi permanent. Les technologies numériques émergentes et l’intelligence artificielle pourraient y remédier. Leur utilisation contribuerait également à réduire les coûts et à raccourcir les délais d’évaluation de l’impact des politiques.
Des évaluations réalisées tous les cinq ans ou au terme d’un programme aideraient à déterminer si les objectifs sont atteints. Ces évaluations devraient être normalisées afin d’éclairer les décisions budgétaires et les futures propositions de politiques.
L’une des principales critiques formulées envers les évaluations actuelles est leur manque de cohérence (Nevison, à paraître). Idéalement, ces évaluations devraient être rendues publiques. Cela contribuerait à garantir la responsabilité et permettrait à d’autres gouvernements et à des chercheurs d’accéder aux données et de tirer des leçons.
Les institutions, les processus et les personnes impliquées dans la prise de décision, le contrôle et la mise en œuvre des politiques industrielles influencent considérablement leur succès.
De nombreuses institutions sont impliquées dans la conception et la mise en œuvre de la politique industrielle au Canada, à tous les niveaux de gouvernement. Certaines sont des ministères ou des organismes liés aux gouvernements, tandis que d’autres sont des sociétés d’État indépendantes.
La plupart des sociétés d’État indépendantes rendent compte au Parlement par l’entremise d’un ministre. La Banque d’infrastructure du Canada se rapporte au ministre du Logement et de l’Infrastructure; la Corporation de développement des investissements du Canada (CDIV), au ministre des Finances; et la Banque de développement du Canada (BDC), à la ministre de l’Industrie, qui dirige le ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique.
Les ministères gèrent également des programmes qui octroient des subventions ou des contributions directes aux entreprises. Le ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique gère le Fonds stratégique pour l’innovation, qui totalise plus de 18 milliards de dollars, tandis que le ministère des Ressources naturelles gère des fonds sectoriels comme le Fonds pour les combustibles propres, qui s’élève à 1,5 milliard de dollars (ISDE, 2024b, RNCan, 2025b).
Le choix de l’entité la mieux placée pour mener la politique industrielle dépendra de l’objectif, du type d’intervention gouvernementale requis et de la nécessité éventuelle de se coordonner avec d’autres gouvernements. Les entités indépendantes peuvent être plus agiles, plus enclines à prendre des risques et plus éloignées de l’influence politique. Les services gouvernementaux peuvent se concentrer plus étroitement sur la réalisation des objectifs de politique publique. Ils peuvent aussi mieux se coordonner avec d’autres ordres de gouvernement pour réagir à l’évolution des priorités stratégiques (Holburn et Fremeth, 2019).
Lorsqu’un nouveau défi de politique industrielle se présente, créer une nouvelle entité peut être tentant. Pourtant, il peut être plus efficace et efficient de revoir et d’ajuster les mandats des entités existantes pour les aligner sur les nouvelles priorités stratégiques. Lorsque la Corporation de développement des investissements du Canada a été créée en 1982, elle a joué un rôle actif dans le développement et le maintien des sociétés sous contrôle canadien (CDIV, s. d.). Depuis, son mandat a évolué. Elle se concentre dorénavant sur la gestion des actifs appartenant au gouvernement, comme le projet Trans Mountain (TMX), et sur le rôle de société mère pour le Fonds de croissance du Canada et la Corporation de garantie de prêts pour les Autochtones du Canada. Cela correspond à l’évolution des besoins des intérêts commerciaux du gouvernement canadien (CDIV, 2025a; 2025b).
La Banque de l’infrastructure du Canada a été critiquée parce qu’elle focalise trop sur les projets qui génèrent un retour sur l’investissement au lieu de soutenir ceux essentiels à la réalisation des objectifs de politique publique (Canada, 2022). Cette approche s’appuie toutefois sur des raisons valables. Soumettre les investissements à un test de marché signifie qu’ils ont plus de chances de réussir. De plus, générer des rendements peut permettre à la BIC de recycler le capital dans de nouveaux projets, ce qui permet de générer davantage de bénéfices pour la société en général avec les mêmes investissements. Pour les projets stratégiques qui nécessitent un investissement public supplémentaire, le gouvernement pourrait demander à la BIC d’assouplir ses exigences ou d’allonger la période au terme de laquelle on exigera du rendement.
Un document de l’IRPP à paraître rédigé par Anne White, une ancienne fonctionnaire fédérale, plaide en faveur d’une plus grande cohérence stratégique horizontale et verticale au sein des différents gouvernements et entre eux. Afin de faire avancer les priorités stratégiques du Canada, qui sont vastes et interconnectées, les diverses institutions du pays impliquées dans la politique industrielle doivent pousser ensemble et dans la même direction, et éviter de dupliquer les efforts ou de travailler les unes contre les autres. Mme White plaide également en faveur d’un renforcement des partenariats avec les gouvernements de nos alliés internationaux (White, à paraître). L’amélioration de la cohérence peut impliquer des changements dans la gouvernance ou la mise en place de nouveaux processus de collaboration. Un organisme de coordination plus centralisé pourrait être créé. La Saskatchewan a créé la Crown Investments Corporation (CIC), une société de portefeuille, pour superviser et conseiller les services publics et les autres sociétés d’État. Elle assure ainsi l’alignement stratégique de ces entités (CIC, 2025). L’Australie a créé Infrastructure Australia pour identifier et évaluer les priorités stratégiques en matière d’infrastructures à la grandeur du pays (Commonwealth of Australia, s. d.).
Des stratégies industrielles peuvent servir à aligner et guider les activités gouvernementales. Par exemple, des gouvernements internationaux ont développé des stratégies afin d’aligner et mobiliser plusieurs organisations. C’est le cas du Pacte vert pour l’Europe (2019), du Plan de relance européen — ou NextGenerationEU — (2020), de l’American Rescue Plan Act (2021), de l’Inflation Reduction Act (2022), du CHIPS and Science Act (2022), de la Stratégie industrielle européenne (2020, mise à jour en 2021) et du Pacte pour une industrie propre de l’UE (2025).
Un engagement efficace du secteur privé peut jouer un rôle clé dans la réussite. Le Danemark a mis en place 14 partenariats public-privé pour élaborer conjointement des plans de transition afin d’atteindre son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 70 % d’ici à 2030 (Climate Partnerships, s. d.). Le gouvernement italien a mis en œuvre un plan d’action national pour la cohérence des politiques en faveur du développement durable. Ce plan encourage l’engagement des parties prenantes par l’intermédiaire de deux organismes, le Forum per lo sviluppo sostenibile (forum pour le développement durable) et le Consiglio Nazionale per la Cooperazione allo Sviluppo (conseil national pour la coopération au développement) (OCDE, 2024b).
Au Canada, de nombreuses priorités stratégiques supposent des compétences partagées entre le gouvernement fédéral, les provinces, les territoires, les municipalités et les gouvernements autochtones. La coordination et la collaboration pourraient être plus systématiques et faire partie intégrante des politiques industrielles. Par exemple, la Banque européenne d’investissement (BEI) compte parmi ses actionnaires chacun des 27 États membres (BEI, 2025). Au Canada, des structures de gouvernance différentes pourraient être envisagées pour les institutions financières de l’État afin d’accorder un rôle plus important aux gouvernements provinciaux et territoriaux. Le gouvernement fédéral pourrait créer un organisme indépendant similaire à Infrastructure Australia pour évaluer les propositions de grands projets émanant des gouvernements provinciaux, territoriaux, municipaux ou autochtones.
Les processus de collaboration à l’échelle nationale et internationale en matière de politique industrielle peuvent également être améliorés. À l’intérieur du Canada, la collaboration est particulièrement importante pour les investissements stratégiques qui bénéficieraient à plusieurs provinces ou territoires, tels qu’un nouveau pipeline, l’agrandissement d’un port ou un nouveau corridor pour le fret ferroviaire. Un forum pour les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des infrastructures est déjà en place, mais il serait peut-être judicieux d’en créer un autre qui inclurait tous les acteurs concernés par les grands projets stratégiques qui relèvent de plusieurs gouvernements. L’implication du secteur privé sera également nécessaire. Des processus supplémentaires pourraient être mis en place pour s’engager efficacement avec les entreprises et les associations sectorielles concernées.
Une plus grande collaboration internationale peut aider à atteindre les objectifs de la politique industrielle en tirant parti de l’expertise et de la capacité d’autres pays et en augmentant l’ampleur de l’investissement bien au-delà de ce que le Canada peut fournir seul. Elle peut également s’inscrire dans le cadre des efforts déployés pour renforcer nos liens avec nos alliés. Le Canada a ainsi établi des partenariats avec le Royaume-Uni dans les domaines de l’IA et de la cybersécurité. Le nouveau partenariat de sécurité et de défense avec l’UE est également très prometteur (Premier ministre du Canada, 2025c). Ces types de collaboration peuvent être intégrés dans les différentes structures de gouvernance afin de garantir une collaboration efficace à tous les niveaux.
Les compétences et les connaissances des individus qui conçoivent et mettent en œuvre la politique industrielle sont essentielles à son efficacité et à son efficience. Une étude réalisée en 2024 a montré que la capacité des gouvernements à mettre en œuvre des politiques industrielles à grande échelle peut être limitée par un manque de capacité administrative (Juhász et Lane, 2024a). Une autre étude, portant sur l’historique des programmes de promotion des exportations en Corée, a montré qu’une augmentation d’un écart-type de la compétence d’un fonctionnaire chargé de l’administration d’un programme entraînait une hausse des exportations de 37 %. L’étude a également montré que la politique n’avait aucun effet lorsqu’elle était mise en œuvre par une personne incompétente (Barteska et Lee, 2023).
Les gouvernements ne disposent pas toujours d’une expertise interne suffisante dans les domaines qui requièrent des connaissances hautement techniques. Ils peuvent être en mesure de tirer parti de leurs réseaux de parties prenantes ou de sous-traiter l’expertise nécessaire. Dans d’autres cas, il peut être préférable de s’appuyer sur une entité indépendante disposant de l’expertise technique requise. La Corporation de développement des investissements du Canada a fait appel à l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public (Investissements PSP), la société d’État indépendante qui gère le fonds de pension de la fonction publique fédérale, pour diriger la gestion de son Fonds de croissance du Canada, d’une valeur de 15 milliards de dollars. Investissements PSP possédait à la fois l’expertise financière et la capacité pour mettre en œuvre une gamme d’outils spécialisés, comme des contrats sur différence ou des accords d’enlèvement (Fonds de croissance du Canada, 2025).
Lorsque les gouvernements élaborent la structure de gouvernance des politiques industrielles, ils doivent tenir compte des compétences nécessaires à toutes les étapes du processus. Les services gouvernementaux peuvent être les mieux placés pour analyser le défi de la politique publique et les outils à utiliser. Ils ne le sont peut-être pas pour assurer la gestion quotidienne du programme ou pour évaluer les propositions particulières du secteur privé. C’est particulièrement vrai si des connaissances financières ou techniques spécialisées, une tolérance au risque, une agilité et une rapidité sont requises. De plus, il est important que les partenaires des politiques industrielles, comme les communautés autochtones et les gouvernements locaux, aient la capacité de participer à l’élaboration et à la gestion du programme. En outre, de nombreux participants aux ateliers ont fait remarquer que les programmes de subventions ne peuvent pas aider les communautés qui n’ont pas la capacité administrative de présenter une demande de financement.
Il ne fait aucun doute que les gouvernements auront recours aux politiques industrielles lorsqu’ils chercheront à répondre à une série de défis politiques. L’enjeu est de taille. Les Canadiens comptent sur les gouvernements pour protéger le pays contre les menaces extérieures et pour améliorer leur niveau de vie — ou, du moins, pour le maintenir face à d’importants défis économiques. De plus, les générations futures ne devraient pas avoir à supporter le fardeau financier d’une dette résultant de politiques mal conçues.
Nos recommandations se concentrent sur le gouvernement fédéral, compte tenu de ses responsabilités face aux défis les plus importants auxquels le Canada est confronté, ainsi que de son engagement actuel et de sa capacité à les relever rapidement. Toutefois, une grande partie des présents conseils et orientations pourrait également s’appliquer aux gouvernements provinciaux et territoriaux.
La clé d’une politique industrielle réussie est que toutes les parties concernées doivent savoir ce qu’elles essaient d’accomplir, et que cette clarté des objectifs soit renforcée par des décisions touchant la gouvernance et la reddition de comptes, ainsi que par un processus d’évaluation et des paramètres de réussite. Cela pourrait être réalisé en définissant une série de missions, comme l’a fait le gouvernement britannique. Mais il n’est pas nécessaire que chaque projet stratégique, secteur ou technologie fasse partie d’une mission plus large.
Comme point de départ, nous suggérons six objectifs prioritaires pour les politiques industrielles :
Dans chacun de ces domaines, il sera important d’acquérir une fine connaissance des projets stratégiques, des secteurs et des technologies qui contribueront à atteindre ces objectifs, et de définir clairement ce qu’on considère être un succès et les critères qui déterminent si on l’a rencontré ou non.
Les politiques industrielles les plus efficientes et les plus efficaces contribuent à libérer et orienter l’investissement privé. Dans certains cas, il sera possible de débloquer cet investissement grâce à une plus grande certitude réglementaire ou à des investissements publics dans les infrastructures. Dans d’autres, les politiques industrielles devront jouer un rôle pour orienter et catalyser les investissements privés afin d’atteindre l’objectif de politique publique souhaité. Dans tous les cas, on devra commencer par analyser et obtenir une compréhension approfondie des obstacles qui freinent les investisseurs privés. Cela peut nécessiter de faire appel à des connaissances techniques sur des technologies ou des marchés particuliers, ou à une expertise du secteur financier que le gouvernement ne possède pas. Lorsque la demande sur les marchés est incertaine à court terme, il peut être préférable de recourir à des politiques industrielles qui permettent la détermination des prix, comme les enchères inversées, qui mettent les entreprises en concurrence les unes avec les autres pour l’obtention de subventions à la production.
Des fonds publics limités exigent que les ressources soient utilisées d’une façon ciblée et efficace. Un examen complet des programmes de politique industrielle existants dans toutes les branches du gouvernement, à l’aide d’indicateurs normalisés, permettrait d’identifier les programmes qui fonctionnent efficacement, ceux qui peuvent être améliorés et, le cas échéant, de réaffecter les ressources vers les objectifs prioritaires.
Les politiques industrielles mesurent souvent leur succès à l’aide d’indicateurs de performance axés sur les entreprises bénéficiaires, comme leur production, leurs profits ou les emplois qu’elles créent. Comme l’a montré le présent rapport, de nombreux objectifs de politique pour lesquels la politique industrielle peut être un outil utile ne sont pas uniquement liés à la performance des entreprises ou aux résultats économiques. Les gouvernements devraient concevoir délibérément des politiques industrielles visant à atteindre un plus large éventail d’objectifs de politique publique chaque fois que c’est possible.
Cela inclut la réconciliation économique avec les Autochtones, qui suppose de donner à leurs communautés les moyens de réaliser leur autodétermination économique. On doit aussi favoriser la pleine participation économique de tous et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte en raison d’obstacles liés à l’appartenance ethnique, au sexe ou de nature socioéconomique, et que les habitants de toutes les régions du pays puissent s’épanouir au sein de l’économie canadienne.
Une stratégie sectorielle pour les minéraux critiques pourrait incorporer des approches qui favorisent les prises de participation autochtones, ou fournir des conditions de prêt plus favorables pour les projets dans les communautés où le taux de chômage est élevé.
Si la politique industrielle était autrefois du ressort exclusif des ministères économiques, elle est aujourd’hui un outil utilisé par de nombreux ministères et agences. Il n’est pas raisonnable de s’attendre à ce que chaque organisme dispose de l’expertise nécessaire pour tirer les leçons de l’expérience acquise à travers Canada et dans le monde entier, ou pour employer les meilleures pratiques dans le choix, la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques industrielles.
Un centre d’excellence en politique industrielle pourrait être hébergé au sein d’un organisme central comme le Bureau du Conseil privé ou le Secrétariat du Conseil du Trésor, le ministère des Finances ou un ministère directement concerné, comme Innovation, Sciences et Développement économique (ISDE) Canada. Il est également possible de diviser les tâches en confiant la coordination stratégique et l’évaluation à des organismes centraux, et l’expertise en matière de conception et de mise en œuvre des politiques industrielles à ISDE. L’organisme responsable de la coordination stratégique devrait être mandaté pour identifier rapidement les obstacles qui limitent l’efficacité des politiques industrielles et proposer des solutions qui incluraient des changements de politique, de gouvernance ou l’ajout de politiques complémentaires.
Les organismes indépendants peuvent être plus efficaces et efficients en s’appuyant sur l’expertise financière ou technique d’un secteur donné, en s’adaptant plus facilement et en étant plus souples, et en réduisant la possibilité que des entreprises profitent d’une attention particulière de la part des gouvernements. Ceux-ci gardent le pouvoir de définir un mandat clair et cohérent avec les priorités de la politique, de même que les orientations sur les outils à employer, tandis que les organismes indépendants sont responsables des résultats. Les gouvernements conservent aussi la responsabilité des évaluations. Des organismes et des systèmes de mise en œuvre indépendants et dirigés par les Autochtones offrent également des avantages uniques pour renforcer leur autodétermination économique, en favorisant l’alignement entre la mise en œuvre des programmes et leurs priorités.
En cette période d’incertitude accrue, alors que nos alliances sont moins sûres et que nos adversaires s’enhardissent, nous ne pouvons pas nous permettre de tenir notre sécurité pour acquise. Cela vaut également pour notre sécurité économique.
L’entrée dans cette nouvelle ère a vu des problèmes s’aggraver, d’une crise du logement qui s’accroît à la gestion de la réalité des changements climatiques, en passant par des obligations à l’égard des peuples autochtones qui ne sont toujours pas respectées. S’attaquer à ces enjeux tout en s’adaptant aux nouvelles réalités géopolitiques représente une tâche considérable.
Nous devrons adapter nos politiques publiques sur de nombreux fronts. Il est difficile d’imaginer une voie d’avenir pour l’économie canadienne qui ne passe pas par d’importants investissements des gouvernements afin de relever ces défis importants et saisir de nouvelles opportunités.
Le recours à une politique industrielle plus efficace et mieux ciblée sera un élément essentiel de la stratégie canadienne pour faire face à des défis multiples et existentiels. La réorientation des chaînes d’approvisionnement et la diversification des échanges commerciaux ne seront pas possibles sans un renforcement des infrastructures, une hausse de l’innovation, et l’avènement d’industries d’exportation à valeur ajoutée et plus concurrentielles. Les entreprises qui miseront sur de nouveaux partenaires et de nouveaux modèles d’affaires demanderont probablement des garanties de la part des gouvernements.
Nous devons nous assurer que les politiques industrielles canadiennes sont bien menées, autant pour éviter le gaspillage de ressources publiques limitées que pour préserver la confiance du public.
Après avoir entrepris ce programme de recherche pluriannuel, nous sommes persuadés que la politique industrielle est un instrument utile dans la boîte à outils de la politique économique. Nous pouvons faire mieux qu’avant si nous tirons les leçons de notre expérience et de celles des autres.
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Modératrice : Jennifer Ditchburn
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Modérateur : Glen Hodgson — économiste en chef, International Financial Consulting Ltd.
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Modérateur : Chris Ragan — Directeur, Max Bell School of Public Policy, Université McGill
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Modérateur : Emna Braham — Présidente-directrice générale, Institut du Québec
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Modérateur : Jesse McCormick — Consultant indépendant, Jesse McCormick Legal and Consulting Services
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Modératrice : Emna Braham — Présidente-directrice générale, Institut du Québec
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Modérateur : Lise Birikundavyi — Cofondatrice et associée directrice, BKR Capital
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Modérateur : Jesse McCormick — Consultant indépendant, Jesse McCormick Legal and Consulting Services
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Modérateur : Chris Ragan — Directeur, École de politique publique Max Bell, Université McGill
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Modérateur : Chris Ragan — Directeur, École de politique publique Max Bell, Université McGill
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Modérateur : Jesse McCormick — Consultant indépendant, Jesse McCormick Legal and Consulting Services
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Modérateur : Steve Lafleur — Directeur de recherche, IRPP
Conférencière principale : Carolyn Chisholm, Présidente de l’Association minière du Canada et directrice générale, affaires externes, Rio Tinto Canada
Modérateur : Glen Hodgson — Économiste en chef, International Financial Consulting Ltd.
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Modératrice : Emna Braham — Présidente-directrice générale, Institut du Québec
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Le présent document constitue le rapport final du projet pluriannuel de l’IRPP sur la politique industrielle, qui a été guidé par un groupe de pilotage composé de Lise Birikundavyi, Emna Braham, Glen Hodgson, Jesse McCormick, Christopher Ragan et Jim Stanford (voir l’annexe A). Notre objectif était de rassembler la recherche, l’analyse et l’expertise sur la politique industrielle afin de formuler aux gouvernements des recommandations éclairées.
Au cours des années 2023 et 2024, nous avons organisé 4 ateliers et entendu plus de 100 experts issus du monde universitaire, gouvernemental, d’organisations à but non lucratif, du secteur privé, de syndicats et d’organisations autochtones (voir l’annexe B). Nous tenons à remercier toutes celles et ceux qui ont contribué à nos ateliers ou qui ont partagé leur expertise tout au long du processus. Les lieux et les thèmes des ateliers étaient les suivants :
Ce rapport s’appuie sur un rapport préliminaire publié par le groupe de pilotage de l’IRPP en octobre 2024, Les gouvernements doivent-ils orienter les décisions d’investissement privé ? Encadrer les choix de politique industrielle du Canada (Groupe de pilotage de l’IRPP, 2024).
Nous publierons également une série de documents complémentaires sur des sujets connexes, notamment sur l’évaluation de la politique industrielle et son utilisation pour faire avancer la réconciliation économique avec les Autochtones. Ce rapport servira à alimenter les discussions lors de la conférence de l’IRPP sur la politique industrielle le 16 septembre 2025.
Le présent rapport a été préparé par Steve Lafleur, directeur de recherche à l’IRPP, avec les conseils des membres du groupe de pilotage, la recherche et les idées de Doug Nevison et Anne White, ainsi que le soutien des associés de recherche Ji Yoon Han et Dena Abtahi, du directeur de recherche Ricardo Chejfec et de la vice-présidente à la recherche Rachel Samson. La coordination éditoriale et la correction d’épreuves ont été effectuées par Étienne Tremblay, la production par Chantal Létourneau et la direction artistique par Anne Tremblay.
Ce texte est une traduction de Building for the Future: How Industrial Policy Can Strenghten Canada’s Economy and Sovereignty. Patrick Déry en a assuré la traduction.
L’Université de Toronto, Innovation, Sciences et Développement économique Canada, Bennett Jones et Power Corporation du Canada ont tous soutenu en partie l’initiative de recherche ayant mené à la publication de ce rapport. Groupe de réflexion fermement attaché à son indépendance, l’IRPP choisit en toute autonomie ses sujets de recherches, et conserve le plein contrôle de la méthodologie, des conclusions et des recommandations qui accompagnent ses travaux.
Pour citer ce document :
Institut de recherche en politiques publiques. (2025). Construire l’avenir : Comment la politique industrielle peut renforcer l’économie et la souveraineté du Canada. Institut de recherche en politiques publiques.
Si vous désirez obtenir de plus amples renseignements sur nos publications, veuillez nous contacter à l’adresse irpp@nullirpp.org. Pour recevoir l’infolettre mensuelle de l’IRPP par courriel, vous pouvez vous abonner directement sur le site Web à www.irpp.org/fr.
Illustration : Raz Latif
ISSN 2817-8106 (En ligne)
Montréal — Alors que le Canada est confronté à l’incertitude économique, à l’instabilité mondiale, à une crise du logement qui s’aggrave et à des menaces pour sa souveraineté, il est temps d’utiliser des outils de politique industrielle innovants pour stimuler les investissements du secteur privé dans des domaines prioritaires. Un nouveau rapport de l’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP), intitulé Construire l’avenir : Comment la politique industrielle peut renforcer l’économie et la souveraineté du Canada, démontre comment une stratégie industrielle judicieuse peut aider les gouvernements canadiens à aborder des défis sans précédent.
« La politique industrielle (c’est-à-dire l’orientation de l’activité économique par le gouvernement pour aborder une priorité publique) peut avoir un impact considérable lorsqu’elle est utilisée avec rigueur », a déclaré Rachel Samson, vice-présidente à la recherche à l’IRPP. « À l’heure actuelle, nos politiques industrielles sont fragmentées, ce qui limite leur capacité à produire des résultats. Mais grâce à une approche fondée sur une stratégie solide, une bonne gouvernance et une évaluation rigoureuse, les gouvernements peuvent renforcer plus efficacement l’économie et la souveraineté du Canada, qu’il s’agisse d’améliorer les capacités de la défense, de diversifier les chaînes d’approvisionnement ou de stimuler la construction de logements. »
Pour que la politique industrielle fonctionne mieux, l’IRPP recommande que le gouvernement fédéral :
Le rapport suggère aux gouvernements de mener une politique industrielle dans des domaines prioritaires clés : défense de la souveraineté canadienne; diversification du commerce; accélération de la construction de logements; adaptation de l’économie aux changements climatiques, à l’intelligence artificielle et à la transition énergétique; avancement de la réconciliation économique avec les Autochtones; et promotion d’une croissance plus inclusive et géographiquement répartie.
« Une approche judicieuse de la politique industrielle ne signifie pas de prendre des risques inutiles », explique Steve Lafleur, directeur de Recherche à l’IRPP. « Nous appelons à une planification minutieuse, à une communication ouverte avec le public et à une concentration totale sur les défis urgents que le secteur privé ne peut pas (ou ne veut pas) résoudre sans les incitations et les politiques de soutien appropriées. ».
« Les Canadiens ont raison d’attendre de la transparence et des résultats », poursuit M. Lafleur. « Mais nous ne pouvons pas laisser la prudence se transformer en inaction. Si nous concentrons nos efforts, tirons les leçons du passé et travaillons ensemble, nous avons une réelle occasion de saisir ce moment unique de notre histoire pour entamer la construction d’un avenir plus fort et plus sûr. »
Un groupe de pilotage composé de six membres a guidé le projet de politique industrielle de l’IRPP au cours des deux dernières années. Le groupe a recueilli les points de vue de plus de 100 experts issus du monde universitaire, gouvernemental, d’organisations à but non lucratif, d’entreprises, de syndicats et d’organisations autochtones.
Tim Duboyce
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