
À la tête du chenal Douglas, sur la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique, s’étend le territoire ancestral de la nation Haisla, dont le mode de vie a toujours reposé sur la terre, la mer et la pêche.
L’arrivée des colons européens y avait marqué le début d’une période de maladies, d’oppression et de discrimination dont les Haislas ne sont pas encore complètement remis. Mais, ils ont repris leur destin en main, portés par des rêves plus ambitieux que ce que l’on croyait réalisable.
Englobant la municipalité de Kitimat et le village de Kitamaat de la nation Haisla, la région attire des projets industriels de grande envergure depuis plusieurs décennies grâce à son port en eau profonde qui permet d’accéder aux marchés internationaux.
Elle forme un pôle de développement industriel depuis qu’Alcan y a ouvert une aluminerie et une installation hydroélectrique au début des années 1950. Plus récemment, LNG Canada, mené par un consortium d’entreprises, a construit une installation de traitement et d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) de 40 milliards $ aux portes de la nation Haisla.
Historiquement, les Haislas ont peu profité de cet essor industriel, qui leur a surtout porté préjudice. Les choses ont changé depuis qu’ils ont négocié une part du gaz naturel du gazoduc Coastal GasLink qui alimente le terminal de LNG Canada, puis lancé leur propre projet de GNL. La construction de Cedar LNG, une installation flottante de traitement du GNL majoritairement détenue par les Haislas, devrait s’achever fin 2028, trois ans après le projet de LNG Canada.
À l’heure où le Canada est confronté au bouleversement de ses liens commerciaux avec les États-Unis, la possibilité d’accéder aux marchés asiatiques depuis Kitimat suscite de plus en plus d’intérêt. On a même proposé d’y reprendre l’exportation du pétrole, mais les Haislas et certains résidents ont prévenu qu’ils s’opposeraient à une telle décision.
La nation Haisla a apporté son soutien à l’industrie florissante du GNL parce qu’elle déplace vers l’Asie l’énergie au charbon et favorise ainsi la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Ailleurs dans la communauté et la province, d’autres soutiennent que les nouveaux projets feront plutôt obstacle à la réalisation des objectifs climatiques.
Quoi qu’il en soit, la réussite de ces grands projets montre qu’on peut accomplir de grandes choses au Canada tout en assurant des avantages durables aux peuples autochtones et en limitant les dommages écologiques. Mais ce fragile équilibre pourrait être ébranlé par une croissance plus importante. Certains craignent en outre que ce regain d’activité industrielle n’accentue la dépendance de Kitimat à l’égard d’une économie en dents de scie.
Lorsqu’elle a ouvert ses portes en 1954, l’aluminerie Alcan de Kitimat constituait la plus grande fonderie alimentée par énergie hydroélectrique du monde. On bâtissait de grandes choses à l’époque. En cinq ans, Alcan a construit un barrage hydroélectrique sur la rivière Nechako, un tunnel traversant une montagne, une centrale électrique, une ligne de transport, une fonderie, et la ville de Kitimat elle-même. La compagnie a dépensé environ 500 millions de dollars dans le projet, soit l’équivalent de 2 % du PIB canadien de l’époque.
Mais le projet a connu des problèmes. Pendant la construction du tunnel de 16 kilomètres traversant le mont DuBose, 16 travailleurs ont perdu la vie. Le barrage de la rivière Nechako a provoqué l’inondation de 92 000 hectares couvrant le territoire de la Cheslatta Carrier Nation. Les Cheslattas ont été forcés de quitter leurs foyers et Alcan a incendié leur village. Ils ont poursuivi le gouvernement fédéral dans les années 1980 et conclu en 1993 un règlement leur accordant une indemnité de 7,4 millions de dollars.
La fonderie est située sur le chenal Douglas, en face du village de Kitamaat, où vivent de membres de la nation Haislas. De vives tensions ont longtemps marqué les relations entre Alcan et la nation Haisla, surtout en raison de l’impact du projet sur la pêche, une activité essentielle aux moyens de subsistance et à la culture des Haislas. Dans les années 1950, Alcan s’est aussi emparé d’une partie de leur terre de réserve. Dans les années 1980, la compagnie souhaitait réaliser l’expansion de son barrage hydroélectrique dans le cadre de l’achèvement du projet Kemano. Mais en 1995, le gouvernement de la Colombie-Britannique a mis un terme à ce projet étant donné son impact sur le saumon et l’esturgeon et l’opposition des Haislas, d’autres Premières Nations et de groupes environnementaux.
En 2007, la multinationale Rio Tinto, deuxième producteur minier du monde, a fait l’acquisition d’Alcan. À l’époque, les Haislas s’étaient déjà rapprochés d’Alcan en vue d’améliorer leurs relations, ce qui a favorisé la signature en 2010 d’une entente entre Rio Tinto et la nation Haisla. Fondée sur un cadre de collaboration d’une durée de 30 ans, l’entente comprend un fonds des legs voué au développement de la communauté des Haislas et leur assure des avantages en matière de formation, d’emplois et d’approvisionnement. En 2020, Rio Tinto a également signé une entente avec la Cheslatta Carrier Nation qui comprend un soutien à un centre de formation, des bourses d’études et un rôle d’intendance environnementale.
En 2016, Rio Tinto a mené à bien la modernisation de sa fonderie au coût de 6 milliards de dollars. L’entreprise a ainsi augmenté de 48 % sa capacité de production, qui s’élève depuis à 420 000 tonnes d’aluminium par année, tout en réduisant de plus d’un tiers ses émissions de GES. Au Québec, Rio Tinto participe aussi au développement d’une nouvelle technologie de production de l’aluminium qui pourrait réduire encore davantage les émissions du secteur au cours des prochaines décennies.
En 2022, Rio Tinto a creusé un autre tunnel dans le mont DuBose pour assurer l’alimentation de sa fonderie. Et un nouveau quai, achevé la même année, lui permettra d’importer des anodes en aluminium et d’autres fournitures, ainsi que d’exporter des produits finis.
Ces investissements semblent aujourd’hui visionnaires depuis que les droits de douane américains ont frappé le secteur canadien de l’aluminium. À l’heure actuelle, l’aluminium de la fonderie est principalement expédié aux États-Unis et le port en eau profonde permettrait d’accroître les exportations vers d’autres marchés.
Rio Tinto compte environ 1 200 employés sur le site et constitue une importante source de recettes fiscales pour la communauté.
En 2019 ont commencé les travaux d’un mégaprojet prévoyant l’installation à Kitimat d’une usine de traitement et d’exportation de GNL de 40 milliards de dollars, la construction du gazoduc Coastal GasLink et la production de gaz naturel dans le nord-est de la Colombie-Britannique. Il s’agit du plus gros investissement privé de l’histoire du pays, selon le gouvernement fédéral et LNG Canada. Le projet, une coentreprise regroupant Shell Canada, la malaisienne Petronas, PetroChina, Mitsubishi et Korean Gas Corp, devrait permettre d’exporter vers l’Asie 14 millions de tonnes de GNL par année lors de sa mise en service vers la fin de 2025.
À l’heure où le Canada cherche à développer ses exportations hors des États-Unis, ce projet de LNG Canada revêt une importance cruciale. Dès sa phase 1, il permettra d’exporter environ 11 % de la production de gaz naturel du Canada vers les marchés asiatiques.
La ville de Kitimat a été retenue comme lieu de construction en raison de son port en eau profonde libre de glace toute l’année et de sa proximité avec des routes, des lignes électriques et un aéroport. Le projet comprend des installations de liquéfaction et de stockage de gaz naturel, un terminal maritime et un gazoduc. Si la phase 2 est menée à bien, elle ferait doubler la production.
Selon Teresa Waddington, vice-présidente des relations d’entreprise chez LNG Canada, l’horaire d’expédition paraît réalisable : « À la phase 1, un méthanier empruntera le chenal Douglas tous les deux jours, puis un méthanier par jour à la phase 2. »
L’extraction du gaz qui alimentera l’usine a déjà commencé dans le nord-est de la province, où certains résidents se sont plaints des opérations de fracturation hydraulique servant à la production gazière. La fracturation hydraulique consiste à injecter à haute pression de l’eau, du sable et des additifs chimiques dans la couche rocheuse pour libérer le gaz naturel qu’elle renferme. Entre autres conséquences, on estime qu’elle peut provoquer des séismes.
De petites quantités de gaz sont déjà expédiées le long des 670 kilomètres du gazoduc Coastal GasLink, détenu par TC Energy, jusqu’à l’usine de GNL de Kitimat. Achevée en 2023, la construction du gazoduc a également suscité conflits et controverses. Certains chefs héréditaires de la Première Nation Wet’suwet’en, dont le territoire est traversé par le gazoduc, et d’autres partisans de leur cause s’y sont vivement opposé. À l’inverse, des chefs élus de la communauté et de la nation Haisla y étaient largement favorables, en accord avec la majorité de leur communauté.
Depuis le début de la construction, près de 70 000 Canadiens ont travaillé sur le projet LNG Canada, y compris le gazoduc. Une fois opérationnel, il devrait créer jusqu’à 350 emplois permanents à temps plein. S’il a fait travailler beaucoup de gens de la région, les compétences et les effectifs requis ont nécessité l’embauche de nombreux travailleurs du reste du pays, et d’un certain nombre de l’étranger. Pour les loger, l’entreprise a construit près du chantier un centre d’hébergement temporaire pouvant accueillir 4 500 personnes.
Bien que ce mégaprojet ait mobilisé 9 000 travailleurs au plus fort de sa construction, il a étonnamment occasionné peu de perturbations à Kitimat grâce au soutien que l’entreprise a apporté à ses effectifs, estime LNG Canada.
« La vie dans les campements de travailleurs est parfois difficile, a reconnu Teresa Waddington. Pour aider les travailleurs à s’y adapter, LNG Canada a investi dans plusieurs activités sur place, embauché des consultants, utilisé des chiens de thérapie et offert un soutien en santé mentale. »
LNG Canada a aussi privilégié l’approvisionnement local. L’entreprise évalue à plus de 5,5 milliards de dollars la valeur des contrats et sous-traitances qu’elle a attribués, dont 4,6 milliards sont allés à des entreprises autochtones. Cette somme comprend un contrat de 500 millions de dollars accordé à HaiSea Marine, une coentreprise regroupant la nation Haisla et la société Seaspan, qui construira et exploitera des remorqueurs à batterie et à faible taux d’émission qui fourniront aux méthaniers des services d’assistance et de remorquage.
Le projet a suscité un regain d’optimisme dans la communauté. L’annonce de la construction de l’usine « avait enthousiasmé beaucoup de gens », selon Louise Avery, directrice retraitée du musée et des archives de Kitimat. « Kitimat a besoin de gros contribuables pour financer l’administration municipale, a-t-elle ajouté, puisque la ville existe uniquement grâce à son activité industrielle. »
La nation Haisla a obtenu ces 10 dernières années de remarquables succès qui font la fierté de ses quelque 2 000 membres.
Elle a travaillé en collaboration étroite avec Rio Tinto et LNG Canada, ce qui a favorisé la création d’emplois et la croissance de ses entreprises. Ces liens ont aussi permis aux Haislas de jouer un rôle clé dans la protection de l’environnement et des populations de poissons, dont le fameux eulakane, si important pour leur culture. Crystal Smith, conseillère en chef de la nation Haisla, a négocié avec LNG Canada une entente sur les répercussions et les avantages selon laquelle la nation Haisla recevra chaque jour 400 millions de pieds cubes de gaz naturel du gazoduc Coastal GasLink, ce qui l’aidera à développer son propre projet de GNL.
Le projet Cedar LNG de 6 milliards de dollars, une installation de traitement flottante, devrait employer jusqu’à 500 personnes au plus fort de sa construction, puis 100 travailleurs à temps plein une fois mis en service en 2028. Partenariat entre la nation Haisla, qui en est l’actionnaire majoritaire, et la Pembina Pipeline Corporation, le projet devrait produire 3 millions de tonnes de GNL par année. Il s’agit du plus gros investissement détenu à majorité par des Autochtones au Canada et, selon les Haislas, de l’un des projets de GNL les plus écologiques au monde.
« Cedar LNG offre à notre province un brillant exemple de développement des ressources naturelles, car il repose sur un partenariat complet avec les Premières Nations et vise à minimiser les émissions autant que possible, a déclaré en 2024 David Eby, premier ministre de la Colombie-Britannique. En travaillant ensemble, nous bâtirons une économie plus forte et plus verte dont les possibilités et avantages profiteront à tous. »
La nation Haisla a obtenu l’aval de l’Administration financière des Premières Nations pour financer son apport en capital de 20 % au projet Cedar LNG, et Ottawa a annoncé en mars 2005 une contribution de 200 millions de dollars.
Cette réussite économique marque un tournant pour les Haislas, après plus d’un siècle d’oppression et de discrimination. « Nous maîtrisons désormais nos finances et pouvons investir dans l’éducation et les services sociaux dont notre peuple a besoin, sans rien avoir à demander à l’État », a souligné Candice Wilson, responsable de l’environnement de la nation Haisla.
« L’esprit de réconciliation a inspiré tout ce que nous avons fait », ajoutait-elle. Les représentants des Haislas et de tous les ordres de gouvernement se sont réunis pour « discuter franchement et ouvertement de la situation actuelle et future ». Pour assurer le succès des initiatives de transformation économique, les décideurs doivent « nous accorder le temps et la marge de manœuvre nécessaires pour envisager ce qui sera essentiellement notre avenir ».
Rappelant que LNG Canada avait contacté les Haislas il y a 15 ans pour développer le projet, Candice Wilson a souligné que l’industrie doit toujours privilégier cette approche d’engagement précoce.
« Notre lien avec l’environnement est profond, car c’est de lui que notre culture et nos traditions tirent leur source. Nous mettrons tout en œuvre pour le protéger, car c’est la plus grande force de notre peuple », a-t-elle conclu.
L’esprit de la réconciliation a aussi permis de resserrer les liens entre le Conseil de la nation Haisla et le district de Kitimat. Tous deux ont participé à l’Initiative de développement économique communautaire entre Premières Nations et collectivités (IDEC), un programme national administré par le Conseil pour l’avancement des agents de développement autochtones (Cando) et la Fédération canadienne des municipalités (FCM). Ce programme a organisé des rencontres mensuelles de 2022 à 2024 entre des représentants du Conseil de la nation Haisla et du district de Kitimat pour assurer leur collaboration à des initiatives communes de développement économique communautaire.
À l’issue du programme, tous deux ont signé un accord d’amitié intitulé gi guáƛap̓ nis, ce qui signifie « travailler ensemble et s’entraider ».
Pour Candice Wilson, cette participation à l’IDEC avec le district de Kitimat « représente pour nos deux administrations une étape clé qui nous permettra de collaborer dans des domaines d’intérêt commun. »
Parmi les résultats de cette collaboration, citons le programme de collecte sélective porte-à-porte de la nation Haisla, lancé en mars 2024 de concert avec le district.
Avant l’IDEC, le Conseil de la nation Haisla et le district de Kitimat travaillaient souvent en vase clos, a observé Louise Avery : « L’IDEC leur a permis de se rencontrer et de se voir comme des homologues. Car, même si les gens des deux communautés peuvent se croiser ici ou là, nous pouvons être très différents culturellement. Il s’agit simplement d’apprendre à se connaître et à coexister amicalement. »
Le dialogue est d’ailleurs essentiel au processus de réconciliation, a-t-elle ajouté : « Je pense à la reconnaissance des traumatismes subis par les Haislas pendant des décennies, surtout au pensionnat et à l’externat du village de Kitamaat. Il s’est passé beaucoup de choses qui n’ont pas été examinées et dont on n’a jamais parlé ailleurs que dans le document de réconciliation de la nation Haisla. »
Depuis sa fondation, Kitimat doit son existence à l’industrie lourde, de la fonte d’aluminium à la production de pâtes et papiers, puis aujourd’hui à celle du GNL.
L’emprise de l’industrie lourde se répercute sur sa main-d’œuvre, son développement économique, ses services et ses équipements collectifs. Plus de 70 % de l’assiette fiscale de la municipalité provient ainsi de l’industrie.
Même si le regain d’activité industrielle a profité à la ville et aux Haislas, certains craignent qu’il ne renforce la dépendance de la communauté envers quelques grandes entreprises de l’industrie des ressources et qu’il ne réactive l’économie en dents de scie qui caractérise l’histoire de Kitimat.
L’ouverture de l’aluminerie au début des années 1950 a été suivie de l’arrivée d’autres grandes entreprises, dont une usine de pâtes et papiers en 1969 et une autre de méthanol dans les années 1980, qui ont toutes deux fermé leurs portes. Methanex a fermé son usine de méthanol en 2005, faisant plus de 100 chômeurs. Cinq ans plus tard, West Fraser Timber fermait son usine de pâtes et papiers, qui comptait 500 salariés.
Le départ de ces grandes entreprises a restreint le financement des équipements collectifs et des services communautaires. « Quand Methanex a construit son usine dans les années 1980, a noté le maire de Kitimat Phil Germuth, la population de la ville était à son plus haut niveau avec 13 000 habitants. Elle en compte aujourd’hui moins de 9 000. »
Kitimat a aussi peiné à maintenir ses petites entreprises indépendantes : « Je suis moi-même propriétaire d’une petite entreprise, a poursuivi le maire. Avec les achats en ligne et une baisse de population, certains petits commerces qui existaient dans les années 1980 auraient aujourd’hui du mal à prospérer. »
« Il était aussi difficile pour la ville de créer des aménagements qui attirent les gens, par exemple de simples cafés-restaurants », a regretté Lis Stannus, professeure à la retraite et membre du Kitimat Airshed Group et de la Kitimat-Terrace Clean Air Coalition.
Selon elle, la présence d’une grande industrie a aussi affecté la main-d’œuvre locale : « De 2005 à 2010, beaucoup de petites entreprises ont fermé parce que les gens allaient travailler dans l’industrie pour de meilleurs salaires. Les grands projets industriels ont fait dépérir plusieurs choses que nos citoyens appréciaient. »
Même en période faste, les épiceries, pharmacies et petites entreprises peinent à recruter du personnel parce que les salaires de l’industrie sont beaucoup plus élevés, a déploré Laurel D’Andrea, directrice de la chambre de commerce de Kitimat. « Les petites entreprises ne peuvent rivaliser » déclare-t-elle. Des villes comme Kitimat doivent donc se priver des attraits que les plus grandes tiennent pour acquis. « Un restaurant McDonald’s vient d’ouvrir à Kitimat, note Laurel D’Andrea, et quand une ville industrielle peut débourser autant d’argent, les PME sont certaines d’en pâtir ».
Stephan Nieweler, chercheur à l’Université Simon Fraser, a étudié les centres-villes de Kitimat, Terrace et Prince Rupert. Ses travaux sur les « parcours de dépendance », c’est-à-dire l’influence de décisions et d’événements historiques sur la planification et le développement, montrent que la vitalité du centre-ville de Kitimat a été entravée par la planification médiocre d’un espace urbain conçu par Alcan en fonction de ses propres besoins industriels.
Malgré le renouveau économique de la dernière décennie, les changements apportés au centre-ville se limitent à un nouvel hôtel et à deux restaurants, recense l’étude du chercheur. Le Haisla Town Centre, un ensemble à vocation mixte conçu à l’initiative du Conseil de la nation Haisla, y fait figure d’exception. Achevé en 2017, il regroupe au cœur du centre-ville des copropriétés, un hôtel, un immeuble commercial et un restaurant. La principale recommandation que formule Stephan Nieweler à l’intention des décideurs consiste justement à privilégier le développement du cœur du centre-ville.
Les régions avoisinantes, qui doivent également répondre à une demande accrue de services, réclament aussi une meilleure part des recettes générées par les grands projets. La Northwest BC Resource Benefits Alliance, qui regroupe 21 administrations locales, en revendique une plus grande part pour soutenir les infrastructures et les capacités communautaires requises par la croissance de l’activité économique et de la main-d’œuvre. Le groupe souligne que près de 74 % de tous les grands projets en cours ou récemment achevés en Colombie-Britannique dans les secteurs minier, pétrogazier, forestier et pétrochimique sont concentrés dans sa région. Bon nombre de municipalités manquent pourtant des revenus nécessaires à la modernisation d’infrastructures physiques, comme les routes et les aéroports, et à l’amélioration de services, comme les soins de santé et de première intervention. En 2024, le gouvernement de la Colombie-Britannique a annoncé qu’il consacrerait 250 millions de dollars sur cinq ans aux infrastructures critiques des 21 communautés de l’Alliance.
L’impact des grandes installations industrielles de Kitimat sur les changements climatiques suscite la controverse, tant au sein de la région qu’à l’extérieur.
Ces installations se réclament pourtant d’un excellent bilan environnemental par rapport à leurs concurrents internationaux. Rio Tinto a réduit de 50 % les émissions par tonne d’aluminium produit à sa fonderie. LNG Canada soutient de son côté que son installation d’exportation est conçue pour fonctionner avec des émissions de 35 % inférieures à celles des usines de GNL les plus performantes du globe. Cedar LNG, qui occupera très peu d’espace, affirme que ses émissions s’élèveront au tiers de la moyenne de l’industrie mondiale du GNL.
Les trois entreprises n’en sont pas moins d’importants émetteurs. Selon un rapport de Clean Energy Canada paru en mars 2024, six projets de GNL en cours dans la province, y compris les phases 1 et 2 de LNG Canada et de Cedar LNG, feraient augmenter les émissions de GES de 13 mégatonnes d’ici à 2030, tout en restreignant la capacité de la Colombie-Britannique d’atteindre sa cible de réduction de 40 % des émissions par rapport aux niveaux de 2007 d’ici 2030.
Le gouvernement de la province a récemment assoupli les règles exigeant que tout nouveau projet de GNL soit carboneutre d’ici à 2030. Selon ces règles modifiées, les nouveaux projets qui s’appuient sur un réseau d’électricité propre pour réduire leurs émissions doivent démontrer leur carboneutralité s’il leur est impossible d’accéder à de l’électricité propre d’ici à 2030. Or, les deux phases du projet de LNG Canada ont obtenu leur approbation régulatrice il y a plus de 10 ans, soit bien avant les exigences de carboneutralité.
Les défenseurs du GNL font valoir qu’il s’agit d’un substitut plus propre que le charbon utilisé dans les centrales d’Asie et que leurs projets font baisser les émissions mondiales. D’autres soutiennent que des projets qui dureront 40 ans, comme celui de LNG Canada, pourraient voir la demande reculer vers la fin de leur durée de vie à mesure que diminuera le coût des énergies renouvelables et du stockage d’énergie. Par ailleurs, les marchés du GNL sont hautement concurrentiels, dominés par des fournisseurs importants tels que les États-Unis, le Qatar, l’Australie et le Mexique. La côte de la Colombie-Britannique dispose toutefois d’un avantage sur les fournisseurs américains, étant donné sa proximité avec les marchés asiatiques, mais cela pourrait changer si de nouveaux projets étaient lancés en Alaska et au Mexique.
Les participants interviewés pour l’élaboration de ce profil étaient partagés à savoir si les enjeux climatiques devaient ou non limiter le développement du GNL.
« Face aux changements climatiques, nous faisons ici la promotion du GNL, a expliqué Louise Avery, directrice retraitée du musée et des archives de Kitimat. La plupart des gens diraient qu’ils veulent un air pur, une eau propre et une terre saine, mais quand vient le temps de gagner leur vie […], les emplois qu’ils trouvent sont dans l’industrie. Alors, beaucoup se fâchent et ne veulent plus parler de climat. »
Certains craignent que les mesures climatiques ne menacent leurs emplois. « Ce qui est vraiment inquiétant, c’est que le GNL reste un combustible fossile, ajoute-t-elle. C’est d’ailleurs pourquoi des projets comme LNG Canada sont la cible d’attaques. Et les gens en viennent à se demander pourquoi multiplier de tels projets. »
D’autres voient les politiques et réglementations destinées à l’industrie comme un point de friction. Elles sont tantôt jugées nécessaires pour maintenir les normes environnementales, tantôt considérées comme trop restrictives.
« Tout prend tellement de temps que des entreprises comme Chevron s’en vont ailleurs, et c’est vraiment désolant », a noté Ron Burnett, président de l’Association de développement économique de Kitimat. Chevron Canada avait entamé en 2011 la préparation de chantier d’un projet de GNL à Kitimat, mais y a ensuite renoncé au profit de projets plus rentables.
« Si notre gouvernement veut profiter des avantages financiers de nos ressources, il doit établir ses politiques en conséquence, déclare le maire Germuth. Les lois canadiennes en matière d’environnement, de travail et de consultation sont parmi les plus strictes du monde. C’est très bien, mais cela impose à l’industrie des coûts supplémentaires qui n’existent pas ailleurs. Selon moi, si l’industrie a recours aux technologies de pointe disponibles pour réduire ses émissions, tout en contribuant évidemment à l’économie sous forme d’emplois, d’impôts et de redevances, elle ne devrait pas être pénalisée par des sanctions financières liées aux émissions. »
La Colombie-Britannique a accordé à LNG Canada et à d’autres installations d’exportation de GNL un délai de grâce de deux ans sur la taxe carbone pour leur permettre de stabiliser leurs émissions.
En réalité, croit Phil Germuth, l’allègement des restrictions pourrait renforcer la contribution de Kitimat à l’action climatique mondiale : « Le plus grand atout de Kitimat est d’être une ville portuaire. Et il existe plusieurs occasions de favoriser un avenir faible en carbone, qu’il s’agisse d’exporter des ressources à valeur ajoutée ou même de produire des composants pour l’industrie des renouvelables, par exemple des panneaux solaires et des pièces de véhicule électrique. »
Kitimat et le village de Kitamaat offrent des vues imprenables sur les montagnes, les forêts, l’océan, les rivières et les lacs environnants. Leur écosystème est riche d’espèces emblématiques, comme l’ours Kermode et le pygargue à tête blanche, l’eulakane et le saumon, l’orque et la baleine à bosse, ou encore les cèdres rouges de l’ouest des forêts anciennes. Cet environnement naturel revêt une grande importance culturelle pour les Premières Nations. Il offre aussi des moyens de subsistance à de nombreux résidents, qui peuvent en admirer la beauté tout en profitant d’une foule d’activités récréatives, comme la pêche sportive qui attire des touristes du monde entier.
En 2016, le gouvernement de la Colombie-Britannique, les Premières Nations côtières, le Conseil des Nanwakolas, des groupes environnementaux et des compagnies forestières ont signé un accord historique sur la protection de la forêt pluviale du Grand Ours. Le « Great Bear Rainforest Agreement », qui vise à protéger les forêts anciennes et les nombreuses espèces des côtes nord et centrale de la province, couvre 6,4 millions d’hectares qui abritent 26 Premières Nations et s’étendent des îles Discovery au sud jusqu’à la frontière séparant la Colombie-Britannique de l’Alaska. Il couvre ainsi une grande partie du chenal Douglas, mais s’arrête juste à l’ouest de Kitimat et du village de Kitamaat.
Rio Tinto collabore avec la nation Haisla à la stabilisation du niveau d’eau de la rivière Kemano, surtout pendant la période de frai de l’eulakane, qui migre alors de la mer à la rivière. LNG Canada a aussi accordé 2,9 millions de dollars à un projet de protection de l’eulakane : le Conservation and Recovery Research on Oolichan in Haisla Territory Project.
Certaines personnes interviewées étaient inquiètes de la pollution atmosphérique et demandent que la région participe plus activement au contrôle des émissions. Les règlements sur les émissions de l’industrie sont établis et appliqués par le gouvernement provincial, ont-ils précisé, ce qui prive les municipalités de toute influence directe sur les politiques environnementales.
Le mécontentement des résidents a atteint un sommet en avril 2013, lorsque le ministère provincial de l’Environnement a approuvé une hausse du plafond des émissions de dioxyde de soufre de la fonderie de Rio Tinto. Plusieurs disaient souffrir de symptômes d’asthme et certains affirmaient que la mauvaise qualité de l’air les avait forcés à déménager. Mais une enquête de Rio Tinto avait établi que les niveaux d’émission étaient très faibles, parfois inférieurs à ceux de l’ancienne fonderie.
Des citoyens ont fait appel de la décision du gouvernement et le litige a été réglé par voie de médiation en 2019. « Un des résultats de la médiation a été de permettre la création du Kitimat Airshed Group, qui vise à sensibiliser toutes les parties à l’enjeu du bassin atmosphérique de la région et à renforcer la transparence de l’information », a noté
Lis Stannus, une membre de ce groupe qui favorise, selon elle, la participation communautaire aux décisions touchant le bassin atmosphérique du corridor Kitimat-Terrace.
Composé de représentants de Kitimat, de Terrace, de Rio Tinto, de LNG Canada, des Haislas, des Kitselas et de différentes administrations, le groupe supervise 12 stations de contrôle qui fournissent au jour le jour des données sur la qualité de l’air du village de Kitamaat, de Kitimat, de Terrace et de Prince Rupert.
Candice Wilson, de la nation Haisla, a souligné que la qualité de l’air est importante pour les Premières Nations pour des raisons culturelles et sanitaires : « Un livre datant de quelques décennies, Salmonberry Blossoms in the New Year, inventorie toutes les plantes que nous utilisons traditionnellement. » Elle a toujours ce livre en main lorsqu’elle rencontre des représentants de l’industrie, auxquels elle pose cette question : « Nous aimerions savoir si les émissions ont un impact sur les plantes de la région. »
« Nous avons fait venir des experts en végétation pour évaluer les effets des émissions et prévenir toute incidence sur notre culture, a-t-elle poursuivi. Jusqu’à maintenant, ils n’ont rien trouvé qui nuirait à la végétation de la région. »
Les communautés locales attendent des autres ordres de gouvernement qu’ils renforcent leur action et protègent mieux leurs intérêts, a soutenu Lis Stannus, pour qui la meilleure approche est d’adopter « aux niveaux fédéral et provincial des politiques visant les entreprises qui produisent des combustibles fossiles ».
L’électricité propre est indispensable à la croissance industrielle de la région tout en répondant aux préoccupations soulevées par les changements climatiques et la pollution atmosphérique.
La fonderie de Rio Tinto produit sa propre hydroélectricité sans émissions de GES et vend tout excédent à BC Hydro, la société d’État provinciale. Les variations du climat modifient toutefois les conditions de production. En 2024, une sécheresse a touché le réservoir de Nechako et empêché la fonderie de produire l’énergie nécessaire pour fonctionner à plein rendement.
Environ 98 % de l’électricité de la Colombie-Britannique provient de sources renouvelables, essentiellement de l’énergie hydroélectrique.
Cependant, le réseau de la province a atteint sa capacité maximale, alors même que la demande d’électricité propre augmente. En 2023, la Colombie-Britannique a importé une quantité d’électricité équivalente à 20 % de sa consommation totale, selon une tendance qui devrait se poursuivre. La situation est particulièrement critique dans le nord-ouest, où il faudrait davantage d’énergie propre pour de grands projets, comme LNG Canada, l’exploitation minière et l’agrandissement du port de Prince Rupert.
Michael Pucci, responsable du développement économique et de l’aménagement des terres de la ville voisine de Terrace, a souligné que sa région poursuit des projets d’énergie verte axés sur le gaz naturel renouvelable, l’hydrogène et le diesel fabriqué par électrolyse. Toutefois, plusieurs initiatives d’énergie propre ont été retardées ou interrompues en raison d’un approvisionnement énergétique insuffisant.
« Les deux volets de l’alimentation électrique de la Colombie-Britannique sont la production et le transport d’énergie. Or la province a atteint la limite de ses capacités, ses lignes de transport étant presque saturées, explique Michael Pucci. Il faut développer les capacités de transport, quelle que soit la forme d’énergie. » À noter que BC Hydro construit actuellement une nouvelle ligne de transport entre Glenannan et Terrace, qui devrait entrer en service en 2032. « Nous sommes en retard en matière de production d’énergie », a conclu Michael Pucci.
Un avis partagé par Ron Burnett, président de l’Association de développement économique de Kitimat : « L’un des principaux problèmes réside dans le manque d’énergie, sous une forme ou une autre. LNG Canada pourrait être plus écologique avec une alimentation hydroélectrique, mais l’énergie dont nous disposons ici est tout simplement insuffisante. »
L’alimentation de LNG Canada combine des turbines au gaz naturel écoénergétiques et l’électricité renouvelable de BC Hydro. Compte tenu du manque de puissance électrique, la deuxième phase de LNG Canada, une fois achevée, sera alimentée par des turbines au gaz naturel. Un récent reportage de la CBC expliquait que, si une puissance suffisante le permet un jour, on envisage de passer aux moteurs électriques.
Alex Leiper, agent commercial et coordonateur chez UBC Millwright Local 2736, qui a travaillé sur plusieurs projets hydroélectriques de la province, a observé que « BC Hydro jugerait sans doute peu intéressant de construire ici des infrastructures de production d’énergie comme des barrages », puisque les caractéristiques géographiques d’autres régions de la province s’y prêteraient probablement mieux.
La nation Haisla participe à la First Nations Climate Initiative, qui plaide en faveur d’une aide financière gouvernementale aux projets d’énergie renouvelable de la région cogérés par les Premières Nations. Des projets fondés sur l’énergie éolienne et solaire, par exemple, sont susceptibles de répondre aux besoins en énergie propre tout en profitant aux communautés autochtones. Par suite de leurs démarches, le gouvernement fédéral a annoncé en février 2025 qu’il verserait 3,75 millions de dollars en appui à l’Initiative.
Grâce à son port en eau profonde, qui offre un accès relativement aisé aux marchés asiatiques, la ville de Kitimat se retrouve souvent au centre des plans de diversification des exportations canadiennes. Cet atout a pris une importance renouvelée depuis l’élection du président américain Donald Trump, son imposition de droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium du Canada et sa menace de tarifs supplémentaires sur d’autres produits canadiens.
En dehors de la communauté, certains ont proposé de relancer le projet d’un oléoduc vers Kitimat en ressuscitant celui du gazoduc Northern Gateway rejeté en 2016 par le gouvernement libéral de Justin Trudeau, ou en ajoutant un tronçon Nord au pipeline de TMX. En 2019, Ottawa a adopté une loi interdisant aux gros pétroliers de circuler le long de la côte ouest de la Colombie-Britannique en raison d’enjeux environnementaux et de l’opposition des Premières Nations. Les ravages écologiques causés par le naufrage du pétrolier Exxon Valdez, qui a déversé en 1989 une marée noire sur les côtes de l’Alaska, continuent de rappeler de manière percutante les risques de tels projets.
La Colombie-Britannique s’est aussi engagée à accélérer le processus d’approbation et de délivrance des permis pour certains grands projets, y compris Cedar LNG, plusieurs projets éoliens et la North Coast Transmission Line reliant Prince George à Terrace. Ces projets ne seront pas soumis au processus d’évaluation environnementale de la province, ce qui leur fera gagner plusieurs années. Certaines Premières Nations s’étant inquiétées de cette procédure accélérée, la province a dit qu’elle privilégiait une prise de décision rapide tout en permettant aux Premières Nations de s’opposer aux projets.
La brusque mutation du commerce mondial et de la géopolitique internationale nécessite de prendre dans l’urgence des décisions qui pourraient ébranler le fragile équilibre que Kitimat a su trouver.
La nation Haisla, comme beaucoup d’autres Premières Nations de la région, s’opposerait à tout projet d’oléoduc vers Kitimat, a prévenu Candice Wilson : « Nous approuvons le développement du GNL parce qu’il aide à réduire les émissions mondiales sans risque de déversement de pétrole dans l’océan. Mais il n’est pas question que des pétroliers circulent dans le chenal Douglas. »
L’action climatique et environnementale a aussi toute son importance au niveau local.
En entrevue, certains dirigeants communautaires ont déploré les faibles progrès accomplis depuis l’adoption en 2021 du Community Energy and Emissions Plan de Kitimat, qui établit un objectif de réduction des gaz à effet de serre de 20 % par rapport aux niveaux de 2007 d’ici 2030 et de 58 % d’ici 2050.
Outre son manque d’énergie électrique, la Colombie-Britannique peine à trouver des entrepreneurs pour effectuer des mises à niveau écoénergétiques, comme l’installation de thermopompes, notamment parce que beaucoup d’entre eux travaillent déjà sur des mégaprojets industriels. Plusieurs personnes interviewées ont aussi souligné la difficulté de trouver des entrepreneurs pleinement certifiés.
« Le gouvernement provincial a mis en place des subventions pour inciter les propriétaires à installer des thermopompes, et j’ai lutté pendant quatre ans au Conseil […] pour aider les entrepreneurs locaux à obtenir les certifications nécessaires, a noté l’avocate et ancienne conseillère municipale Lani Gibson. De nombreux propriétaires de Kitimat veulent leur thermopompe, mais ne trouvent pas d’entrepreneurs. »
Les gouvernements fédéral et provincial sont bien intentionnés, mais les communautés rurales et du nord « souhaitent qu’ils s’engagent plus profondément en adaptant chaque initiative à leur situation, puis en renforçant les capacités à l’échelon local, car ils ne peuvent présupposer que ces communautés disposent des moyens de mettre ces initiatives en application », a expliqué l’avocate.
Michael Pucci, de la Ville de Terrace, a exhorté les organismes de réglementation fédéraux et provinciaux à endosser les technologies et produits écologiques utilisés et certifiés à l’étranger depuis des décennies : « Les États-Unis comptent des dizaines de modèles de centrales à hydrogène » qui répondent aux normes de certification de l’American National Standards Institute (ANSI), mais l’Association canadienne de normalisation n’en a certifié que deux. « Nous ne pouvons légalement utiliser les modèles certifiés par l’ANSI, a-t-il ajouté, et c’est un vrai problème. »
D’autres ont soutenu que les dirigeants communautaires ont prêté trop peu d’attention aux avantages de l’action climatique locale : « On a rarement entendu parler de l’intégration des enjeux climatiques aux politiques de notre district », a noté Lis Stannus.
Le manque d’énergie électrique entrave aussi les efforts de réduction des émissions du secteur des transports. Selon Paul LeBlanc, directeur des opérations de la région ouest de Transdev pour le district de Kitimat, la région aimerait bien avoir des autobus scolaires électriques, mais il faudrait pour cela une véritable infrastructure de recharge. Pour l’instant, Kitimat ne compte que quatre bornes de recharge.
En attendant de meilleures infrastructures, « nous sommes passés au diesel renouvelable pour réduire notre empreinte carbone », note Paul LeBlanc. Il ajoute que Transdev, qui possède un important parc d’autobus électriques dans tout le pays, est sous contrat avec LNG Canada et des entreprises locales et transporte chaque mois de 25 000 à 65 000 travailleurs entre l’aéroport de Terrace et Kitimat.
Le district de Kitimat bénéficie d’une main-d’œuvre hautement qualifiée grâce à la présence de l’industrie chimique, mécanique et électrotechnique.
Selon les données de recensement de Statistique Canada, la fabrication et la construction sont les deux principaux secteurs d’emploi de Kitimat.
La pénurie de main-d’œuvre et de compétences présente un défi considérable dans la région, tant pour les grands projets industriels que pour les petites entreprises, sans compter celui d’une main-d’œuvre vieillissante.
Le passage de la phase de construction à la phase opérationnelle de LNG Canada entraînera toutefois une baisse des effectifs, qui chuteront de quelques milliers à quelques centaines de travailleurs. Et si la phase 2 du projet devait accuser un important retard, beaucoup de travailleurs spécialisés de la région pourraient rester plusieurs années en quête d’un emploi.
En 2021, Rio Tinto a réduit sa production à cause d’une grève déclenchée par l’échec des négociations d’une nouvelle convention collective. Les revendications du syndicat portaient sur le recours aux contractuels, les modifications au régime de retraite et la sécurité en milieu de travail. Ces questions ont fait l’objet d’un accord au terme d’une grève de deux mois, mais il faudra renégocier la convention dès juillet 2025.
L’éventuelle disponibilité d’un grand nombre de travailleurs de la construction qualifiés pourrait être l’occasion d’accélérer la mise en œuvre de projets locaux. La municipalité de Kitimat s’est dotée d’un plan quinquennal pour attirer et retenir des travailleurs qualifiés. La construction de logements et la croissance des petites entreprises en sont deux éléments clés. Cette démarche pourrait aussi représenter une occasion d’améliorer l’efficacité énergétique des immeubles et examiner les sources d’énergie sobres en carbone. Un résident a suggéré d’utiliser la chaleur résiduelle des opérations de la fonderie pour chauffer les bâtiments municipaux, en s’inspirant des modèles énergétiques adoptés ailleurs dans le district, qui sont très répandus en Europe et qui gagnent en popularité au Canada.
Les travailleurs qualifiés seront indispensables à tout plan de développement futur. LNG Canada a déjà indiqué qu’il lui était difficile de recruter et de retenir des travailleurs répondant à ses besoins. Ceux qui viennent de l’extérieur s’inquiètent de la disponibilité et de la qualité des logements, des soins de santé, des écoles et des services de garde. Et beaucoup recherchent des occasions d’emploi pour leur partenaire.
LNG Canada dit avoir investi un total de 13 millions de dollars dans les services et équipements locaux, dont 1,25 million pour un scanner à rayons X à l’hôpital de Kitimat et 1,2 million pour une souffleuse à neige haute capacité à l’aéroport Terrace-Kitimat.
L’acquisition de compétences par les gens de la région offre un autre moyen de remédier à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. LNG Canada dit avoir consacré plus de 10 millions de dollars au financement de plusieurs initiatives de perfectionnement de la main-d’œuvre, dont un programme de formation en génie énergétique établi en collaboration avec le Coast Mountain College du British Columbia Institute of Technology. L’entreprise a aussi versé 2 millions de dollars au Trades Training Fund administré par la British Columbia Construction Association, pour promouvoir les métiers de l’industrie du GNL et d’autres secteurs.
Rio Tinto s’est associé à la nation Haisla pour acquérir et exploiter la Kitamaat Valley Education Society, qui offre formations et certifications à une main-d’œuvre qualifiée.
Selon Laurel D’Andrea, de la chambre de commerce de Kitimat, les communautés du Nord ont besoin de l’appui des gouvernements pour relever des défis, comme le transport régional et aider les petites et moyennes entreprises à attirer des travailleurs.
L’essor économique de la région a été stimulé par d’importants acteurs, comme LNG Canada et Rio Tinto, qui ont contribué à élargir son assiette fiscale et à créer des emplois bien rémunérés. Malgré les problèmes liés à la dépendance industrielle, de nombreux dirigeants communautaires voient l’industrie comme un moteur essentiel de la décarbonation.
« Notre communauté doit tirer profit de la présence de deux grands partenaires, Rio Tinto et LNG Canada, qui appliquent des directives de réduction du carbone, a soutenu Paul LeBlanc de Transdev. Avec leur appui et celui des Premières Nations, nous pouvons tous ensemble faire de Kitimat une région sobre en carbone. »
« Espérons que nos grandes entreprises assument un leadership dans ce domaine, a renchéri Lis Stannus. Elles examinent d’ailleurs la question. Une partie des effectifs de LNG Canada se consacre ainsi à la réduction du carbone. Plus on parlera des changements climatiques, dont nous observons déjà les conséquences, plus les gens se mobiliseront. »
Les efforts de réduction des émissions industrielles pourraient bénéficier à la communauté en stimulant un développement énergétique plus propre, en ouvrant des débouchés aux entrepreneurs technologiques et en renforçant l’infrastructure de recharge. On pourrait aussi coordonner les efforts des entreprises et ceux de la région pour réduire les émissions et créer des entreprises sobres en carbone.
La ville de Terrace, par exemple, un important centre d’approvisionnement de la région, s’intéresse aux sources d’énergie renouvelable dans le cadre de sa stratégie de développement économique. Michael Pucci affirme que les carburants renouvelables suscitent un grand intérêt : « Les entreprises de Terrace examinent de près la possibilité d’une transition, en particulier vers le diesel synthétique produit à l’aide d’électricité renouvelable. Comme on le dit souvent, il est peu probable qu’on puisse systématiquement remplacer tous les types de combustibles, en convertissant par exemple le diesel en hydrogène, ou quelque chose de semblable, car le risque serait trop grand. Ceux qui souhaitent renoncer aux combustibles fossiles choisiront plutôt un combustible intermédiaire, comme le diesel synthétique ou le carburant d’aviation. Voilà la prochaine étape à franchir pour créer des possibilités économiques dans la région. »
Si l’industrie hésite à passer aux combustibles de remplacement, a souligné Michael Pucci, c’est parce qu’ils sont nouveaux et donc moins courants que les combustibles fossiles. « Mais elle craint aussi les risques liés à la disponibilité des produits. D’après ce qu’on entend, l’industrie ne refuse pas la transition, mais cherche à en minimiser les risques. C’est ce qui explique son intérêt pour les carburants intermédiaires. »
Elle envisage aussi d’explorer le potentiel de l’hydrogène. En août 2024, l’entreprise d’énergie durable Source3 Energy a annoncé son projet de construire le Skeena Clean Hydrogen Hub à Terrace, en partenariat avec la Ville de Terrace et la Première Nation Kitselas. Pour réduire les émissions, l’installation vise à produire jusqu’à 50 000 tonnes d’hydrogène à l’aide d’énergies renouvelables et de technologies de capture du carbone.
De son côté, la province finance la recherche sur les véhicules à hydrogène et électriques dans le cadre de son projet Heavy-Duty Low and Zero Emissions Vehicles Trucking (camions lourds à émissions faibles ou nulles). Lancé en juin 2024, ce projet vise à collecter des données sur trois types de véhicules utilitaires lourds à faible taux d’émission ou sans émission : deux véhicules à hydrogène, un véhicule électrique à batterie et un troisième à combustion mixte hydrogène-diesel. Le projet est piloté par Innovate BC en vertu du programme Integrated Marketplace. Basé à Prince Rupert, il permettra d’évaluer la gamme, la fiabilité et l’utilisation optimale des véhicules.
Entre-temps, 11 Premières Nations du nord-ouest, dont la nation Haisla, ont mis sur pied la coalition K’uul Power, vouée au développement d’infrastructures autochtones de production et de transport d’énergies renouvelables.
« Le mot k’uul signifie “se rassembler”, et c’est exactement ce que font les dirigeants des Premières Nation du nord-ouest », a déclaré en conférence de presse Wesley Sam, chef de la bande Ts’il Kaz Koh et président du conseil d’administration de K’uul Power.
Au cours des prochaines années, K’uul Power travaillera en partenariat avec BC Hydro et le gouvernement provincial au financement de projets de transport actif qui soutiennent les initiatives de CleanBC.
Selon les participants interviewés, les communautés de la région sont « tissées serrées », soudées par des liens personnels étroits et une volonté collective de s’entraider en période difficile.
Malgré les difficultés passées, beaucoup d’initiatives conjointes de développement économique entre la nation Haisla, le district de Kitimat et l’industrie ont vu le jour au cours des dernières années.
« La collaboration suscitée par les initiatives liées au GNL montre clairement que nous pouvons faire bouger les choses quand les gens adhèrent à un projet », explique Lani Gibson, pour qui l’esprit collaboratif est l’une des grandes forces de la communauté.
Kitimat et le village de Kitamaat doivent relever le double défi de décarboner leur économie et de préserver les moyens d’existence de leurs résidents. Pour y arriver, des dirigeants communautaires ont plaidé pour une aide fédérale et provinciale durable qui inclut pleinement l’ensemble de la population.
« Penser en termes de cycles électoraux, ça ne fonctionne pas ici », a noté l’ancienne conseillère Lani Gibson. Le soutien à la transition énergétique nécessite 10 ans de planification, pendant lesquelles les niveaux de gouvernement plus élevés doivent soutenir les administrations locales par des programmes à long terme de renforcement de capacités, de facilitation et d’indemnisation. « Si les gouvernements n’offrent aucune solution efficace et facilitatrice à long terme, nous subirons simplement une autre période de développement industriel en dents de scie, avec alternance d’expansion et de récession. »
Lani Gibson a insisté sur l’importance d’un profond engagement auprès des communautés locales, favorisé par des experts qui peuvent créer un espace de dialogue pour les aider à surmonter tout obstacle en matière de capacités et de mentalités.
« J’ai pu voir toutes les sources de financement qui viennent d’entités comme la Fédération canadienne des municipalités, a-t-elle poursuivi. Les gouvernements fédéral et provincial essaient bien de faire quelque chose, mais les gens qui y sont en place ne comprennent tout simplement pas que nos capacités sont insuffisantes pour lancer et réaliser nous-mêmes des projets. »
« Là où je vis, personne n’adhère aux projets qui ne créent pas d’emplois, a-t-elle assuré. Les citadins progressistes des grandes villes n’ont aucune idée de la mentalité des gens d’ici, qui veulent simplement que leurs enfants vivent bien et puissent travailler ici au lieu de déménager pour trouver un emploi. Je n’ai vu personne, au fédéral comme au provincial, faire quoi que ce soit pour offrir des emplois transitoires à une communauté comme la nôtre. »
Le maire Germuth considère le développement du GNL, et les emplois qui en découlent, comme une étape pragmatique vers la transition énergétique.
« Ça serait génial que toutes les énergies produites mondialement soient renouvelables, explique-t-il. Mais la réalité, c’est qu’il faudra des décennies pour y arriver. D’autant plus qu’il faut des combustibles fossiles pour l’extraction minière, le raffinage et la fabrication des éoliennes, panneaux solaires et batteries de véhicules électriques qui remplacent les énergies non renouvelables. La réalité, c’est aussi que toutes les sources d’énergie ont un impact, qu’il soit social ou environnemental. Rien n’est gratuit en ce monde. »
Dans la communauté, l’irritation est profonde quand on parle d’éliminer les combustibles fossiles et leurs impacts. Comme le dit Ron Burnett : « L’élimination des combustibles fossiles est une plaisanterie quand on en fait une question de qualité de vie. Tout ce que nous utilisons vient de la pétrochimie [des plastiques aux textiles]. Nous sommes une économie de ressources. Un immense pays avec d’immenses ressources que nous continuerons d’exploiter. Nous ne serons jamais la Silicon Valley. Mais nous devons trouver le moyen de développer nos ressources de manière responsable, et le plus vite sera le mieux. »
Avec d’autres, Lani Gibson souhaiterait qu’on ne réduise pas Kitimat à un centre industriel : « Si la ville dépend à ce point de l’industrie, c’est parce qu’on nous définit constamment de cette façon. Cela enrage beaucoup de nos résidents. À leurs yeux, nous sommes bien plus que ça. Les gens choisissent de vivre ici pour la beauté de notre écosystème, de cette forêt pluviale tempérée qui nous entoure. »
Selon plusieurs personnes interviewées, les efforts des gouvernements fédéral et provincial en matière de transition énergétique et professionnelle ne se rendent pas jusqu’à leur communauté. « Ils concentrent très peu de ces efforts dans la région, soutient Paul LeBlanc, car nous formons une petite communauté. » En fait, croit-il, c’est surtout l’industrie qui fait progresser la transition carbone en appliquant la réglementation.
Même si les gouvernements fédéral et provincial veulent un grand virage, ont noté d’autres intervenants, il faut d’abord parler des moyens d’atténuer les risques de la transition pour en assurer la réussite. « On ne peut pas l’imposer, puis supposer que tout le monde suivra, affirme Michael Pucci. La transition est un défi colossal. Personne ne s’y oppose, mais il faut absolument parler du rapport entre risques et avantages. […] Car il reste d’importantes questions à régler, de l’accès aux bornes de recharge et au carburant en passant par les risques associés à l’utilisation des nouvelles technologies. »
Les projets LNG Canada et Cedar LNG, de même que la modernisation de la fonderie de Rio Tinto, préfigurent une ère de renouveau économique pour Kitimat et la nation Haisla. Autrefois exclus des efforts de développement industriel, les Haislas ont été partie prenante des récentes consultations menées avec l’industrie et tireront d’importants avantages financiers du projet Cedar LNG, dont ils sont actionnaires majoritaires.
Mais les défis à relever ne manquent pas. Certains résidents se sont inquiétés d’une nouvelle activité industrielle qui pourrait engendrer les mêmes cycles d’expansion-récession qu’a déjà connus Kitimat et qui expliquent sa dépendance économique à l’égard d’un combustible fossile appelé à disparaître. Face à la profonde mutation du commerce mondial et de la géopolitique internationale, Kitimat pourrait aussi être touché par une augmentation des exportations canadiennes vers les marchés non américains, qui serait susceptible de créer des sources de conflit et des risques environnementaux.
Nos discussions avec des dirigeants communautaires ont fait ressortir les grands thèmes suivants : une perception d’un décalage entre les réalités locales et les décisions politiques de haut niveau, un soutien insuffisant à un véritable changement et une faible participation communautaire aux échanges sur la transformation économique.
La décarbonation de l’économie dans cette région du Nord crée des tensions entre son ambition affichée et son application pratique, le processus suscitant chez de nombreux citoyens un mélange de soutien et de scepticisme.
Tous les participants ont insisté sur l’importance d’être pleinement entendus et pris en compte par les gouvernements, comme dans les autres communautés dont nous avons dressé le profil. Aucune approche uniforme ne sera efficace, puisque les initiatives de transformation économique doivent être adaptées aux besoins locaux.
La charge de travail de la municipalité et de la nation Haisla dépasse leur capacité de gérer les défis de la transition. D’où la nécessité d’une aide gouvernementale à plusieurs niveaux qui, avant toute chose, doit être conçue en fonction des enjeux propres à la région.
Malgré tout, les entreprises préparent le terrain à la transformation économique de cette région éloignée. Kitimat et la nation Haisla collaborent à l’optimisation de leurs forces et déploient des efforts novateurs qui tracent déjà la voie des progrès à venir.
Voici certains des enjeux à résoudre soulevés par les résidents et les dirigeants communautaires pour assurer la réussite des initiatives économiques :
L’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) a conçu une méthodologie pour mesurer l’exposition des communautés aux crises de main-d’œuvre suscitées par la lutte planétaire contre les changements climatiques. Cette méthodologie utilise trois indices pour noter et classer les divisions de recensement de tout le pays. D’après leur classement, les divisions de recensement sont réparties entre six groupes selon un niveau d’exposition variant de « pas exposé » à « le plus exposé ».
Les trois indices sont les suivants : exposition des grands émetteurs (émissions des grandes installations par rapport à la taille de la communauté), exposition à l’intensité (taux d’emploi dans les secteurs à forte intensité d’émissions), et exposition des marchés (taux d’emploi dans les secteurs dont le marché international est appelé à se transformer).
Cette analyse est illustrée par une carte interactive élaborée de concert avec le Programme de données communautaires du Réseau canadien de développement économique. Elle est accessible sur le site de l’IRPP (https://irpp.org/fr/carte-interactive-
exposition-des-communautes/), où l’on trouvera aussi une description détaillée de la méthodologie utilisée.
En complément de cet exercice de cartographie, l’IRPP a dressé le profil de 10 communautés du pays en menant une série d’entrevues avec les gens qui y vivent et y travaillent. La plupart des communautés retenues sont situées dans les divisions de recensement les plus exposées, mais d’autres ont été choisies en raison de développements à venir ou d’expériences antérieures. Les profils visent à couvrir diverses régions du pays et formes d’activités économiques. Ces instantanés ont pour but d’enrichir la réflexion sur les défis et possibilités des communautés, de même qu’à faire connaître le point de vue de leurs résidents.
Kitimat et le village de Kitamaat en Colombie-Britannique est l’une des zones sélectionnées. Bien que la région ne soit pas actuellement identifiée comme exposée, l’évaluation changera une fois que les nouvelles installations LNG Canada et Cedar LNG seront opérationnelles et que leurs émissions de gaz à effet de serre seront prises en compte dans les données. La communauté a été choisie en raison de l’émergence de la nouvelle industrie du gaz naturel liquéfié, et des opportunités et défis qu’elle a
apportés au district de Kitimat et à la nation Haisla.
The Energy Mix a réalisé des entrevues avec des membres de la communauté de Kitimat et dans le village de Kitamaat. La vice-présidente à la recherche de l’IRPP, Rachel Samson, s’est également rendue sur place pour rencontrer des leaders de la communauté de la nation Haisla.
Ci-dessous, nous détaillons l’analyse de l’exposition du Kitimat. Les autres données non utilisées dans l’analyse, comme les changements démographiques, le taux de chômage et les caractéristiques démographiques des travailleurs, sont tirées du recensement de 2021. Le nombre d’installations est tiré du Registre des entreprises de Statistique Canada de juin 2020.
Pour toutes questions sur le profil ou l’analyse, prière de contacter :
communitytransformations@nullirpp.org.
Ce profil communautaire est publié dans le cadre du projet Transformations communautaires de l’IRPP. Il a été rédigé par The Energy Mix et l’IRPP. La révision linguistique de la version anglaise originale a été effectuée par Rosanna Tamburri avec l’aide de Dena Abtahi. L’analyse des données a été effectuée par Ricardo Chejfec, la traduction par Michel Beauchamp, la correction d’épreuves par Maxime Goldstyn, la coordination éditoriale et la révision de la traduction par Étienne Tremblay, la production par Chantal Létourneau, la gestion de la publication par Rosanna Tamburri et la direction artistique par Anne Tremblay. Les photos sont de Spruce Tree Media et, à titre gracieux, de LNG Canada et Cedar LNG.
L’illustration de couverture est de Paul Windsor, un artiste haisla/heiltsuk qui est né et a grandi à Kitimat. Il vit et travaille aujourd’hui à Vancouver et sur les terres traditionnelles des peuples Salish de la côte. Artiste prolifique dont les œuvres sont largement diffusées par Native Northwest Publications, il est aussi muraliste et concepteur de produits. Ses ancêtres remontent par sa mère, Miriam Windsor, au clan Blackfish de la nation Haisla. Découvrez-le sur Instagram @paulwindsornwcoast.
Le projet Transformations communautaires a été financé en partie par la fondation McConnell et Vancity. Fermement attaché à son indépendance éditoriale, l’IRPP conserve le plein contrôle du contenu de toutes ses publications.
Ce texte est une traduction de Kitimat and Kitamaat village : Dreaming Big in the Land of the Haisla.
Pour citer ce document :
Institut de recherche en politiques publiques. (2025). Kitimat et village de Kitamaat : de grands rêves au pays des Haislas. Institut de recherche en politiques publiques.
Nous sommes sincèrement reconnaissants aux personnes suivantes de leur riche contribution :