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Transformations communautaires

Estevan: La ville énergétique de la Saskatchewan veut tracer sa propre voie

Note de l’équipe de rédaction (13 février 2025): Au début de l’année 2025, Jeremy Harrison, ministre de la Saskatchewan responsable de SaskPower, a déclaré que la province avait l’intention de remettre en état ses centrales électriques au charbon, notamment les centrales Boundary Dam et Shand d’Estevan, et de les maintenir en activité au-delà de 2030. Ceci sera fait en dépit des réglementations fédérales qui exigent l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon sans technologie de capture du carbone d’ici cette date. Le ministre a déclaré que le gouvernement provincial prendrait une décision finale sur l’avenir de ses centrales au charbon d’ici le 1er juillet.


Ce n’est pas la première fois qu’Estevan se trouve à la croisée des chemins.

Avec une histoire ancrée dans la production d’énergie électrique, de charbon, de pétrole et de gaz, cette ville de 10 900 habitants du sud-est de la Saskatchewan a connu tous les remous occasionnés par ses liens étroits avec les ressources naturelles – les booms comme les flops.

Alors que le Canada s’achemine vers la décarbonation de son réseau électrique, le gouvernement fédéral a adopté une réglementation qui impose d’éliminer d’ici à 2030 la production d’électricité à partir du charbon, une décision qui devrait toucher les mineurs du charbon et les travailleurs des centrales au charbon. À l’approche de l’échéance, beaucoup s’inquiètent à Estevan des effets de cette élimination sur leurs emplois, leurs revenus et leur mode de vie.

Les résidents craignent aussi les effets d’autres politiques climatiques sur leur communauté, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de la production pétrolière.

Parallèlement, plusieurs nouveaux projets d’énergie propre, dont un petit réacteur modulaire, une ferme solaire et une centrale géothermique, suscitent espoir et opportunités.

Selon le principal message qui s’est dégagé de nos entrevues avec les membres de la communauté, la « ville énergétique » d’Estevan possède la cohésion, la résilience, les compétences et les atouts nécessaires pour gérer sa transformation et créer de nouvelles sources de croissance économique. Mais ils s’inquiètent aussi de voir leurs vies et leurs moyens d’existence chamboulés, d’avoir peu à dire sur les changements à venir et de ne disposer d’aucun organisme pour tracer leur propre voie.

Défis communautaires

Élimination progressive du charbon

Environ le tiers de l’énergie électrique de la Saskatchewan est produite par du charbon dans trois centrales, dont la Boundary Dam Power Station d’Estevan. Deux mines de charbon alimentent ces centrales. La mine d’Estevan, propriété de la Westmoreland Coal Company, alimente l’installation de quatre unités de Boundary Dam.

Selon les règlements fédéraux, l’exploitation après 2030 d’une centrale thermique au charbon sera uniquement autorisée si elle utilise des technologies de capture et stockage du carbone (CSC) répondant aux rigoureuses normes de rendement en matière d’émissions. L’unité 3 de Boundary Dam est la seule centrale au charbon du Canada qui utilise ces technologies.

Les résidents d’Estevan sont vivement préoccupés par l’échéance de 2030 pour l’élimination des centrales au charbon et le règlement fédéral sur l’énergie propre visant la carboneutralité du réseau électrique d’ici à 2035, ce qui marquerait également la fin des centrales utilisant des technologies de CSC. Ils s’inquiètent des conséquences qui s’ensuivront sur les travailleurs et leurs familles, un sentiment maintes fois exprimé par les résidents que nous avons interviewés. Ils redoutent qu’il y ait des pertes d’emploi et des fermetures d’entreprise, que les nouveaux emplois ne suffiront pas à combler les pertes et qu’ils seront moins bien rémunérés.

« Quel est le prix humain d’une focalisation exclusive sur l’environnement ?, s’est interrogée Jackie Wall, ancienne directrice exécutive de la Chambre de commerce d’Estevan. Nous sommes prêts à tout faire pour créer un avenir plus durable. Pour autant, les ménages à faible revenu doivent aussi nourrir leurs enfants et leur assurer un foyer accueillant. »

Mais alors que SaskPower s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici à 2030 et à atteindre la carboneutralité avant 2050, et que le gouvernement de la Saskatchewan ne cesse de vanter ses compétences en durabilité auprès des investisseurs, l’élimination du charbon semble de plus en plus probable.

Cette élimination devrait principalement toucher les mineurs du charbon et les travailleurs des centrales électriques, mais les résidents redoutent aussi ses répercussions sur la communauté, certains disant craindre une possible chute du prix des maisons.

Nous avons tous les mêmes besoins de base : un toit sur nos têtes, du pain sur la table et une vie heureuse, a souligné Gordon More, directeur exécutif de Southeast TechHub, qui offre un soutien aux jeunes entreprises de technologie de la région d’Estevan. « Et quand vous retirez à quelqu’un les moyens d’y répondre, peu importe la raison, vous suscitez d’énormes craintes. »

Les résidents redoutent aussi que les changements leur soient imposés par des forces externes, et que le processus ne donne pas priorité à leurs besoins. Ce qui alimente le scepticisme, au point de « remettre en cause la raison même de la transition, à savoir les changements climatiques », et d’en inciter plusieurs à résister « aux gens qui cherchent à mener une transition qui profite à tous ».

Une photo de la centrale électrique SaskPower Boundary Dam. Il s'agit d'un grand bâtiment gris avec quatre cheminées blanche et orange s'élevant du toit. Une cheminée plus importante se trouve à gauche du bâtiment. L'arrière-plan montre un plan d’eau et des champs verdoyants.

Une photo de l'ancien maire d'Estevan, Roy Ludwig, se rendant au rodéo annuel de la KCRA à bord d'une Jeep noire.

 

Photo de Gordon More, directeur du Southeast TechHub. Il porte un manteau brun, une chemise blanche et un pantalon foncé.

Ottawa avait alloué 35 millions $ sur cinq ans à l’Initiative canadienne de transition pour le charbon pour faciliter l’adaptation des travailleurs et communautés qui dépendent du charbon en soutenant l’acquisition de compétences et la diversification économique, dont près de 3 millions $ sont allés à Estevan. Mais cette aide financière, lancée en 2018, a pris fin le 31 mars 2023. Un fonds d’infrastructure distinct de 150 millions $ devrait aussi prendre fin en 2025, Estevan en ayant reçu 7,75 millions pour revitaliser son centre-ville.

Pour Gordon More, ces sommes sont dérisoires par rapport aux engagements financiers des États-Unis et de l’Union européenne. Il a aussi noté que Collie, ville d’environ 7 600 habitants du sud-ouest de l’Australie, a reçu du gouvernement de l’État 662 millions $ AUD pour mener à terme la fermeture d’une mine de charbon, attirer des investissements et lancer des initiatives locales de formation.

Il a résumé bon nombre des frustrations de la communauté dans une lettre ouverte au premier ministre Justin Trudeau, dans laquelle il déplore le maigre soutien que le gouvernement fédéral a apporté à ses efforts de création d’emplois. « Je m’efforce par différents moyens de remplacer les emplois perdus, écrit-il, et les dirigeants du pays me répondent par un tissu de banalités. »

En septembre 2024, Estevan a reçu 5 millions $ du gouvernement de la Saskatchewan en appui à la transition charbon et à Southeast TechHub, qui se sont ajoutés aux 8 millions $ déjà annoncés par la province.

La ville s’efforce aussi de stimuler la collaboration entre la province et Ottawa, a renchéri Roy Ludwig, ancien maire d’Estevan : « Nous avons besoin d’un soutien accru, d’un meilleur dialogue et d’une collaboration plus étroite entre la province et le gouvernement fédéral pour aider ces communautés à réussir leur transition. Je veux qu’ils comprennent notre situation et les amener à collaborer, sans posture politique d’un côté ni de l’autre, à se retrousser les manches et à travailler avec nous pour trouver les solutions qui nous aideront à réussir. Nous avons toujours eu le même but : en finir avec l’animosité. »

Anthony Sernick, nouveau maire d’Estevan élu le 13 novembre 2024, s’est dit déterminé à poursuivre activement de multiples possibilités de développement économique lors d’une assemblée réunissant tous les candidats.

Agriculture et production pétrolière et gazière

Les politiques de réduction des émissions devraient aussi avoir un impact sur les production pétrolière et gazière locale, de même que sur l’autre gros employeur de la communauté : le secteur agricole.

Après l’Alberta, la Saskatchewan est le deuxième producteur de pétrole brut au pays, et la région de Weyburn-Estevan est l’une des quatre premières régions productrices de pétrole de la province. On dénombre aussi plusieurs installations de production et de traitement du gaz naturel dans le secteur.

Ottawa a annoncé des mesures visant à limiter avant 2030 les émissions de pétrole et de gaz à 35 % au-dessous de leurs niveaux de 2019 et à réduire les émissions de méthane générées par les producteurs de pétrole et de gaz. Ces mesures ont suscité une vive opposition de la part du gouvernement de la Saskatchewan et un sérieux conflit entre les deux camps.

La communauté a déjà connu les hauts et les bas du secteur pétrolier et gazier. En 2015 et 2016, la chute des prix du pétrole avait entraîné des fermetures d’entreprise, des mises à pied et une baisse des prix du logement.

L’autre secteur d’activité majeur est l’agriculture. Estevan compte plus de 200 entreprises agricoles qui produisent un éventail de produits dont du blé, du canola, du foin et de la viande de bœuf.

Les producteurs agricoles craignent que la tarification fédérale du carbone  – autre mesure de réduction des émissions liées aux changements climatiques – fera augmenter le coût des intrants. Ils ont réclamé des exemptions, notamment pour le gaz naturel, le propane et les engrais. L’essence et le carburant diesel utilisés sur les fermes sont déjà exemptés.

Photo d'une grande moissonneuse-batteuse verte récoltant un champ de céréales.

Ian Boxall, président de l’Association des producteurs agricoles de la Saskatchewan, déclarait en septembre 2023, dans un témoignage devant le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts, que les sources d’énergie à combustion propre comme l’hydrogène, l’éolien et le solaire tiennent leurs promesses mais que leur application reste limitée car elles n’ont toujours pas l’efficacité des sources d’énergie qui permettent de chauffer les granges et de sécher le grain.

« Ces technologies ne peuvent encore assurer ce qui doit être fait pendant les froids hivers de la Saskatchewan, disait-il. Nous voulons réduire l’utilisation des combustibles fossiles. Mais comment alimenter nos tracteurs et moissonneuses-batteuses 18 heures par jour au printemps ? Comment alimenter la locomotive qui transporte les produits qui poussent en Saskatchewan, en plein centre du pays, et doit les mener à bon port ? »

Selon les calculs de l’association, une charge de carburant de 65 $ coûte environ 5,17 $ l’acre à un producteur de céréales de la province. Les  fermiers qui ont des employés pourront toucher une compensation de la Remise canadienne sur le carbone pour les petites entreprises annoncée dans le budget fédéral d’avril 2024, qui prévoit des paiements rétroactifs couvrant la période 2019-2023.

Forces de la communauté

Si l’inquiétude est grande dans l’ensemble de la communauté, les participants aux entrevues ont aussi exprimé l’espoir et la fierté que leur inspirent la résilience, les compétences et l’esprit d’innovation d’Estevan.

L’industrie minière et celle des combustibles fossiles ont créé au fil du temps des emplois bien rémunérés et une main-d’œuvre hautement qualifiée, notamment des ingénieurs, soudeurs, mécaniciens, électriciens et opérateurs d’équipement lourd, dont les salaires sont généralement au-dessus de la moyenne. Dans la région d’Estevan, le revenu annuel médian des travailleurs de l’exploitation houillère s’élevait en 2021 à 149 000 $, comparativement à 53 600 $ pour les travailleurs de tous les secteurs industriels.

« C’est une belle vie, a reconnu Roy Ludwig, qui a travaillé 45 ans dans l’extraction du charbon avant de prendre sa retraite en 2021. Les mineurs gagnent bien leur vie et dépensent beaucoup d’argent », en grande partie dans la communauté.

L’industrie du charbon et de la production d’électricité est le principal employeur d’Estevan et des communautés environnantes. Plus encore, elle incarne un mode de vie qui remonte à plusieurs générations. Ce qui explique la cohésion et la force d’Estevan, selon Roy Ludwig. De nombreuses familles tirent leur origine de contrées comme le pays de Galles et partagent le souvenir de la grève des mineurs du charbon d’Estevan de 1931. « C’est devenu générationnel », observe-t-il.

« La principale force d’Estevan, c’est sa capacité de reconnaître la nécessité d’innover au bon moment », a affirmé Tania Andrist, directrice exécutive de l’innovation et de la recherche appliquée au Southeast College, l’un des sept collèges communautaires régionaux de la Saskatchewan, qui possède un campus à Estevan. « L’esprit d’entreprise est très présent », sans doute en raison de la proximité de la frontière américaine ou de la distance qui sépare la ville des décideurs. À ses yeux, la transformation économique en cours est une incitation à l’innovation permanente.

Photo d'un panneau de bienvenue. Le panneau indique, en anglais, « Estevan, The Energy City », qu’on peut traduire par « Estevan, la ville de l'énergie ». Quatre épis de blé sont représentés. Deux colonnes de briques brunes encadrent le panneau. À l'arrière-plan, des arbres dénudés et un ciel bleu. Une légère couche de neige recouvre le premier plan.

Selon Ashley Drobot, agente de développement des affaires de l’entreprise d’énergie géothermique DEEP Earth Energy Production Corp., l’emplacement d’Estevan dans le sud-est de la Saskatchewan a créé un sentiment d’indépendance plus marqué que dans les communautés de l’ouest de la province, qui ont souvent des liens plus étroits avec l’Alberta. Cet emplacement a permis à Estevan de développer plus facilement ses propres secteurs d’activité, une grande partie des services de la ville étant assurés par de nombreuses petites entreprises locales. Sa proximité avec les marchés américains, des liaisons ferroviaires bien établies et sa connexion au réseau électrique de la province ajoutent à ces avantages.

Avec plus de 3 200 employés à temps plein à l’échelle de la province, dont environ 300 à Estevan, SaskPower – la société d’État qui exploite la centrale électrique Boundary Dam – a une forte présence dans la ville et les communautés environnantes. SaskPower valorise les compétences de ses employés, a soutenu son directeur de l’exploitation Kory Hayko. Au fur et à mesure du processus de transformation, « nous passons beaucoup de temps dans nos installations pour discuter de ses impacts sur notre personnel. Chaque employé, chaque être humain a des choix dans la vie. Et nous essayons d’expliquer clairement tous ces choix. Surtout, nous voulons que nos employés choisissent SaskPower ».

La société d’État s’efforce d’identifier de nouvelles opportunités à long terme pour ses effectifs. Pour l’instant, elle a toutefois besoin d’employés qualifiés pour maintenir l’exploitation de ses centrales. À l’heure d’une pénurie de main-d’œuvre généralisée et du vieillissement de la population active, SaskPower dit prioriser le déploiement maximal des compétences de ses employés plutôt que leur recyclage.

Photo des travaux de construction en cours dans l'installation géothermique de DEEP Earth Energy. Une vue aérienne montre trois grands bâtiments cylindriques. Devant les bâtiments se trouvent de nombreux camions de transport.

Opportunités

Développement économique

Pour maintenir en vie l’industrie du charbon au-delà de 2030, beaucoup à Estevan ont fondé leurs espoirs sur la capture et le stockage du carbone (CSC). Le système CSC de Boundary Dam est conçu pour capturer jusqu’à 100 % du dioxyde de soufre et 90 % des émissions de dioxyde de carbone. Selon SaskPower, plus de 6 millions de tonnes de dioxyde de carbone ont été capturées depuis le début des opérations.

Mais le système, installé en 2014, a connu des problèmes techniques et n’a pas pleinement répondu aux attentes. Une analyse du Institute for Energy Economics and Financial Analysis a révélé que Boundary Dam n’atteint pas ses cibles de CSC. Et selon une mise en garde du International CCS Knowledge Centre, basé à Regina, il sera très difficile d’atteindre ces cibles avant la date butoir de 2035 pour la décarbonation du réseau, vu l’état actuel des technologies de CSC. SaskPower envisage toutefois de convertir ses installations au gaz naturel pour renforcer la résilience de son réseau en période de forte demande.

Plusieurs projets d’énergie propre sont en cours de développement dans la région
d’Estevan. La société privée DEEP Earth Energy cherche à établir la première centrale géothermique à grande échelle au Canada, qui pourrait produire jusqu’à 200 mégawatts d’énergie propre. L’énergie géothermique est générée par la chaleur stockée dans la croûte terrestre. DEEP Earth Energy a récemment annoncé un partenariat avec l’entreprise Oppy en vue de construire une serre chauffée par la centrale géothermique.

De son côté, Ottawa collabore avec les provinces et territoires au déploiement de petits réacteurs modulaires (PRM), une nouvelle catégorie de réacteurs nucléaires. SaskPower a choisi la région d’Estevan comme site du premier PRM de la province. Elle a retenu deux endroits comme site potentiel et devrait annoncer sa décision en 2025. Ottawa s’est engagé à fournir une aide de 74 millions $ au développement du PRM d’Estevan. Si tout est confirmé, le réacteur commencerait à produire de l’énergie dans une dizaine d’années. Les coûts et le calendrier restent toutefois incertains étant donné la nouveauté de cette technologie.

SaskPower collabore aussi avec l’entreprise Iyuhána Solar LP à l’installation d’une centrale solaire de 100 mégawatts, la plus grande de la province à ce jour, près d’Estevan. La construction devrait commencer début 2025, ce qui créera des emplois dans la région, et la centrale pourrait être mise en service fin 2026.

Ce projet est conçu en partenariat avec la Première Nation Ocean Man, qui détient une participation en capital de 10 %. Connie Big Eagle, cheffe de la Première Nation Ocean Man, a déclaré par communiqué que le projet créera des emplois et des revenus « qui renforceront la stabilité et la durabilité de notre bande ».

À Weyburn, à environ une heure de route d’Estevan, l’entreprise Enbridge et un consortium formé de Premières Nations et de la Nation métisse de la Saskatchewan ont annoncé leur intention de développer un projet d’énergie éolienne qui produiraite 200 mégawatts d’électricité, ce qui permettrait d’alimenter plus de 100 000 foyers par année. L’entrée en service pourrait avoir lieu en 2027.

Les Premières Nations et les Métis du partenariat pourront acquérir une participation de 30 % dans le projet. « C’est un véritable tournant pour les nations autochtones, les Métis et les Premières Nations », a déclaré par communiqué Matthew Peigan, chef de la Première Nation de Pasqua, l’un des membres du consortium. « Ce projet produira de l’électricité sans émission pour la Saskatchewan et sera une source de revenus stable qui profitera à nos peuples pendant de longues années. »  Certains résidents de Weyburn se sont toutefois opposés au développement pour des raisons de santé et de nuisance sonore.

Plusieurs participants aux entrevues ont noté que ces nouveaux projets pourraient nécessiter certaines compétences que les travailleurs utilisent déjà dans leurs emplois actuels. Par exemple, plusieurs métiers essentiels à la production d’énergie à partir du charbon pourraient servir au projet du petit réacteur modulaire. Cependant, l’impact global de la transformation sur l’emploi dépendra fortement des projets retenus et de leur calendrier.

De l’avis de l’ancien maire Roy Ludwig, le PRM et l’installation de capture et stockage du carbone de Boundary Dam pourraient devenir deux sources d’emplois : « Nous espérons que les pouvoirs en place, au fédéral comme au provincial, trouveront un moyen de maintenir l’exploitation de la mine de charbon jusqu’à ce que la centrale nucléaire soit fonctionnelle. »

Le processus de déclassement et de réhabilitation qui suivra la fermeture de la mine pourrait se prolonger jusqu’à la retraite de ses travailleurs actuels, estime l’ancien maire. Les travailleurs de la prochaine génération n’auront plus accès à ces emplois de l’extraction houillère mais profiteront d’autres formations et possibilités.

Tirant parti des fonds d’infrastructure de l’Initiative canadienne de transition pour l’industrie du charbon, Estevan revitalise son centre-ville dans l’espoir d’y attirer de nouvelles entreprises. Roy Ludwig et d’autres ont fait valoir plusieurs occasions d’affaires, comme le recyclage des aubes de turbine, la construction de serres, la surveillance par drones d’installations éloignées, une usine de recyclage de pièces d’automobile ou encore un projet de traitement des grains.

« Chaque occasion d’affaires ne représente que quelques emplois, précise Roy Ludwig, mais le total des emplois créés pourrait bien atténuer certains de nos problèmes. »

Une autre possibilité réside dans le stockage d’énergie par batterie. SaskPower a mis en service son premier système par batterie et prévoit d’ajouter du stockage en différents endroits – peut-être même à Estevan –, alors qu’elle étudie de nouvelles interconnexions de réseau avec les provinces et les États américains adjacents, soutient Kory Hayko.

Certains participants ont aussi évoqué la possibilité d’utiliser le charbon à d’autres fins que la combustion. « Le charbon n’est pas un problème en soi, a souligné Jackie Wall, ancienne directrice de la chambre de commerce. C’est l’énergie produite par la combustion du charbon qui pose problème. Or le charbon peut servir à d’autres usages dans d’autres secteurs » comme celui du graphite ou du graphène, une substance utilisée dans les cellules solaires, les batteries et les piles à combustible.

Une photo du centre d'éducation Ocean Man. Un bâtiment devant lequel sont garées plusieurs voitures. Un panneau indiquant le nom du centre d'éducation se trouve devant le bâtiment et les voitures. Une couche de neige recouvre le sol.

Une photo du Southeast College. Un grand bâtiment en briques beiges et en panneaux gris. Une route se trouve au premier plan. La neige recouvre le sol devant le bâtiment et le long de la route.

Merissa Scarlett, la nouvelle directrice de la Chambre de commerce d’Estevan, souhaite que la ville saisisse un maximum d’occasions pour créer des emplois, mais aussi pour dynamiser à long terme son économie : « Aucun projet individuel ne remplacera les emplois perdus, mais nous pouvons renforcer l’économie locale grâce une série d’investissements plus modestes. »

Compétences et formation

Le campus d’Estevan du Southeast College se voit lui-même comme faisant partie intégrante de la transformation et se positionne comme un centre de formation en technologies énergétiques durables.

Alors que SaskPower s’apprête à produire 100 mégawatts de nouvelle puissance solaire, le collège est en pourparlers avec la Première Nation Ocean Man au sujet d’un programme d’apprentissage basé sur la terre (ABT) pour préparer les citoyens à de nouvelles possibilités de travail, a noté Tania Andrist, directrice de l’innovation et de la recherche appliquée du collège.

« Nous nous voyons comme la solution, a-t-elle affirmé. Nous devons déterminer comment appliquer ce programme sur les 10 prochaines années pour qu’il profite pleinement à la communauté » grâce une combinaison de recherches collaboratives, de partenariats et d’ententes d’investissement.

Le Centre pour l’innovation durable du collège travaille en partenariat avec Southeast TechHub en vue d’établir un Centre d’innovation en développement énergétique qui soutiendra différents programmes de recherche appliquée et de formation.

Parmi les initiatives envisagées, le projet « Hydrogen Hub » vise à déterminer si le charbon de lignite d’Estevan peut servir à produire de l’hydrogène. Citons aussi un centre de données alimenté à l’énergie solaire, un laboratoire de chimie organique et un mini-réseau de formation et de développement de produits pour différents projets d’énergie propre.

Estevan doit aussi relever le défi d’attirer et de conserver de nouveaux travailleurs. La communauté parvient difficilement à pourvoir les postes en soins de santé, et les ­nouveaux arrivants à faible salaire se heurtent à l’absence de transport public ou d’autobus entre Estevan et Regina. « Il nous faut des options de transport abordables et des aménagements municipaux pour convaincre les travailleurs de s’installer à Estevan et persuader nos jeunes d’y rester », a souligné la conseillère municipale Shelly Veroba, qui dirigeait le comité consultatif du Plan de sécurité et de bien-être dans les collectivités.

Perspectives communautaires

Peut-être plus encore que de la transformation elle-même, les participants se sont dits inquiets de l’absence de contrôle local et d’organisme supervisant les changements à venir. Ils redoutent ainsi que leur mode de vie s’en trouve perturbé sans que la communauté ait vraiment son mot dire sur le processus et sur son propre avenir.

Certains se sont interrogés sur l’influence réelle d’une petite communauté comme Estevan et d’une province sans aucun député au caucus du gouvernement fédéral. « Ces questions ont leur importance quand les décideurs élaborent des politiques et attribuent des fonds, a relevé Tania Andrist. L’incapacité d’accéder aux premiers responsables est parfois un obstacle. »

« Si une foule d’investissements circulent un peu partout, a-t-elle ajouté, comment les attirer ici et créer de l’enthousiasme s’ils vont plutôt à de grandes villes comme Saskatoon ou Calgary ? »

On s’est aussi demandé si les décideurs de l’extérieur comprennent vraiment les besoins d’Estevan. « Venez y passer une semaine en plein hiver, mais sans complet-cravate, leur suggère Andria Brady, directrice générale de Community Futures Sunrise à Weyburn. Nos étés sont magnifiques, mais venez plutôt quand il faut monter le chauffage. »

Photo de Merissa Scarlett, directrice générale de la Chambre de commerce d'Estevan. Elle porte un tailleur à carreaux, une chemise blanche et des lunettes.

L’attribution des fonds de transition est aussi une source de frustration. « Quand on transforme une communauté, il faut un véritable dialogue sur l’endroit où ces fonds auront le plus d’impact, a noté Jackie Wall. Nous souhaiterions que ce dialogue repose davantage sur les besoins de la communauté, et qu’il soit mené avec les organismes gouvernementaux pour déterminer comment utiliser le mieux possible l’argent des contribuables. »

Pour sa part, Centraide Estevan craint l’effet de la transition sur les donateurs. La communauté d’Estevan est plutôt généreuse, et le téléthon de Centraide 2024 a amassé une somme record en grande partie grâce aux dons de SaskPower, de Westmoreland Mining et de leurs employés.

« En cas de mises à pied, la communauté aura besoin de soutien accru en santé mentale et en toxicomanie, a noté Heidi Hesselink, directrice de Centraide Estevan. Et si nos revenus chutent au même moment, il nous faudra réduire nos services alors qu’ils seront plus nécessaires que jamais ».

Selon Mark Pettitt, président de Centraide Estevan, les travailleurs pourraient aussi avoir besoin de soutien pour gérer les conséquences financières de la transition : « Les familles touchées devraient être conseillées, comme on le fait pour les fermiers lorsqu’ils sont endettés. » Agriculture et Agroalimentaire Canada offre en effet un Service de médiation en matière d’endettement agricole, qui assure sans frais médiation et conseils financiers.

Les personnes interviewées avaient des avis divergents sur les projets d’énergie alternative en cours, certaines s’interrogeant sur leur faisabilité et leur capacité de fournir une puissance électrique fiable à tarif abordable. Les projets de la centrale géothermique et du petit réacteur modulaire ont reçu un certain appui parce qu’ils impliquent des tâches semblables à celles qu’accomplissent déjà les travailleurs du pétrole et du charbon. Mais le solaire, l’éolien et le stockage par batterie sont vus comme un pari plus risqué qui vient avec moins d’occasions d’emploi.

Les résidents sont aussi partagés sur la nécessité d’éliminer le charbon, certains doutant que les nouvelles possibilités d’emploi et de développement des affaires se concrétisent avant 2030. « Certains sont réticents, d’autres acceptent la situation et examinent les opportunités », selon Tania Andrist. Quoi qu’il en soit, « c’est le marché qui réclame la fin du charbon ».

La plus grande source d’irritation est sans doute la polarisation que la transition a engendrée entre partis politiques et ordres de gouvernement. « La politisation de tous bords est pénible à voir, a déploré Gordon More, de Southeast TechHub. Il y a vraiment trop peu d’écoute. »

« Il y a ici un état d’esprit voulant qu’à l’Est, tout le monde est malveillant et n’écoute personne, a ajouté Andria Brady. Et que les politiciens d’Ottawa doivent à tout prix nous écouter. »

Plusieurs ont exhorté les ordres de gouvernement à travailler en partenariat plutôt qu’en adversaires. « Il faudrait parler davantage des moyens de faciliter les choses tous ensemble, selon Andria Brady. On n’accomplit jamais rien en s’opposant les uns aux autres. » Le résultat serait différent et nettement meilleur « en travaillant conjointement et en nous écoutant. »

Une photo de quatre personnes. De gauche à droite, Heidi Hesselink, directrice générale de Centraide Estevan, Shelly Veroba, conseillère municipale d'Estevan, Lynn Trobert, trésorière de Centraide Estevan, et Mark Pettitt, président de Centraide Estevan.

Malgré tout, on a relevé quelques signes indiquant la possibilité de regagner un certain contrôle local. Depuis la restructuration de Diversification de l’économie de l’Ouest Canada en deux agences de développement régional, dont Développement économique Canada pour les Prairies, « les représentants locaux sont beaucoup plus présents sur le terrain et plus intéressés à discuter de ces questions », a dit Jackie Wall. L’impact de ce changement sera d’autant plus important si les dirigeants « font confiance aux représentants [qu’ils ont] ­embauchés dans les communautés pour leur fournir une précieuse rétroaction sur les moyens de répartir les fonds de manière à soutenir plus efficacement la transition ».

Ce qu’il faut faire

La polarisation suscitée par la transformation économique, l’impasse politique qui s’est enracinée entre les gouvernements fédéral et provincial, de même que la perception d’une absence d’écoute généralisée, sont apparus comme les principaux thèmes de nos conversations avec les membres de la communauté et sont vus comme les plus grands obstacles à une transformation réussie.

Les entrevues ont aussi révélé une profonde irritation face à la lenteur d’un processus décisionnel qui a entravé la capacité d’offrir des formations, alors même que des fonds fédéraux étaient prévus à cet effet. Les participants ont déploré que certains programmes aient pris fin prématurément, et que d’autres étaient trop peu flexibles pour soutenir les opportunités et les besoins locaux.

De nombreuses entrevues ont montré qu’une meilleure écoute constituait une première étape essentielle à l’élimination des obstacles vers une transformation efficace.

En revanche, quelques projets et secteurs laissent présager l’essor d’une nouvelle économie : la ferme solaire de SaskPower; la centrale géothermique de DEEP Earth Energy; le petit réacteur modulaire; la stratégie de revitalisation du centre-ville visant à créer un secteur commercial résilient et diversifié; l’industrie agricole locale; et la création d’un centre de formation en technologies énergétiques durables.

Deux des propositions en matière d’énergie propres intègrent la participation des communautés autochtones.

Pour concrétiser ces efforts, insistent les résidents, les décisions doivent s’appuyer sur la communauté. Estevan progressera plus loin et plus rapidement sur la voie d’une économie décarbonée et diversifiée en bénéficiant d’un soutien externe. Mais le processus décisionnel doit débuter par la consultation et le consentement à une vaste échelle de la communauté.

Les initiatives fédérales et provinciales de transformation économique ne pourront réussir que si les politiciens et les décideurs :

  • Sont à l’écoute de la communauté.
  • Permettent aux citoyens et aux intervenants locaux de fixer le rythme et l’orientation des discussions.
  • Consacrent plus de temps à créer des liens et à interagir pour mieux comprendre les préoccupations locales.
  • Recherchent et saisissent les occasions de soutenir la créativité et l’innovation selon une approche ascendante.
  • Fournissent des données, des études de cas et des ressources – mais uniquement après avoir instauré la confiance nécessaire pour que leur contribution soit acceptée et appréciée.
  • Trouvent les moyens de soutenir des programmes de formation ciblés qui aident les résidents à tirer profit ou à créer eux-mêmes de nouvelles opportunités.
  • Prennent en compte, au-delà du développement économique et des emplois, les besoins en matière de santé mentale et de toxicomanie, de gestion financière et de flexibilité du régime d’assurance-emploi.

En résumé, Estevan a autant de raisons d’espérer que de s’inquiéter. Ses résidents savent qu’un grand changement se prépare, et qu’il s’accompagnera de défis et d’opportunités. Ils sont prêts à y faire face. Mais avant toutes choses, ils recherchent chaque occasion de faire entendre leur voix.

L’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) a mis au point une méthodologie permettant de mesurer le niveau d’exposition des communautés face aux perturbations de la main-d’oeuvre suivant les efforts pour lutter contre les changements climatiques. À l’aide de trois indicateurs, la méthodologie permet d’évaluer et de classer les divisions de recensement à travers le pays. Sur la base de ce classement, chaque division de recensement est classée dans l’un des six groupes suivants, allant de « pas exposée » à « la plus exposée ».

Les trois indicateurs sont l’exposition des grands émetteurs (les émissions des grandes installations divisées par la taille de la communauté), l’exposition à l’intensité (la proportion d’emplois dans les secteurs à forte intensité d’émission), et l’exposition des marchés (la proportion d’emplois dans les secteurs orientés vers l’exportation qui subissent ou devraient subir des transformations sur le marché mondial).

L’analyse est présentée sous forme de carte interactive, développée en collaboration avec le Community Data Program du Réseau canadien de développement économique communautaire. On peut la consulter sur le site Web de l’IRPP (irpp.org/fr/transformations-communautaires). Vous trouverez une description détaillée de notre méthodologie sur notre site Web.

Pour compléter son travail de cartographie, l’IRPP s’est penché sur 10 communautés à travers le pays pour en offrir un profil détaillé et y conduire une série d’entrevue avec les gens qui y résident et y travaillent. La plupart des communautés choisies sont situées dans les divisions de recensement les plus exposées, mais certaines ont été choisies en raison des développements attendus ou d’expériences passées. Les profils ont pour but de couvrir une grande variété de régions et d’activités économiques. Ces aperçus offrent un regard supplémentaire sur les défis et les opportunités de chaque communauté et permettent à ses résidents de partager leurs points de vue.

La municipalité d’Estevan en Saskatchewan est l’une des communautés dont nous faisons le profil. Nous l’avons sélectionné en raison de sa division de recensement (Division No. 1, Saskatchewan) qui obtient un des scores les plus élevé. Son score est lié à la grande proportion d’emplois dans les industries de l’extraction de charbon, de gaz et de pétrole et dans la production d’électricité par le charbon.

The Energy Mix a mené des entrevues avec des membres de la communauté d’Estevan, la plus grande municipalité de la division de recensement. La vice-présidente à la recherche de l’IRPP s’est également rendue sur place pour discuter avec des leaders de la communauté.

La page suivante présente un résumé de l’analyse du niveau d’exposition de la Division No. 1, Saskatchewan (qui s’étend vers l’est à partir d’Estevan jusqu’à la frontière du Manitoba, et au nord au-delà de Stoughton). Les informations supplémentaires non utilisées dans l’analyse, comme les changements démographiques, les caractéristiques démographiques des travailleurs et le taux de chômage proviennent du recensement de 2021.

Pour toute question sur le profil ou l’analyse, veuillez nous contacter à communitytransformations@nullirpp.org.

Illustrations et tableaux avec le nom de la division de recensement dans laquelle se trouve Estevan, le niveau d’exposition de la division de recensement par type, population et taille de la main-d'œuvre ; le taux de chômage et le taux d'activité pour la division de recensement et la province ; une carte de la Saskatchewan montre la division de recensement Division No. 1 et l’emplacement d’Estevan.

Tableau indiquant le nombre de travailleurs, le revenu médian, l'âge, le niveau d'éducation post-secondaire, le nombre d'installations et le nombre de grandes installations dans les secteurs sensibles.


Ce profil communautaire est publié dans le cadre du projet Transformations communautaires de l’IRPP. Il a été rédigé par The Energy Mix et l’IRPP. La révision linguistique de la version anglaise originale a été effectuée par Rosanna Tamburri et Abigail Jackson. L’analyse des données a été effectuée par Ricardo Chejfec, la traduction par Michel Beauchamp, la correction d’épreuves et la coordination éditoriale par Étienne Tremblay, la gestion de la publication par Rosanna Tamburri, la production par Chantal Létourneau et la direction artistique par Anne Tremblay. Les photos sont de James Caswell, de DEEP Earth Energy et de SaskPower.

Le projet Transformations communautaires a été financé en partie par la fondation ­McConnell et Vancity. Fermement attaché à son indépendance éditoriale, l’IRPP conserve le plein contrôle du contenu de toutes ses publications.

Ce texte est une traduction de Estevan: Saskatchewan’s energy city seeks to chart its own course.

Pour citer ce document :

Institut de recherche en politiques publiques. (2025). Estevan : la ville énergétique de la Saskatchewan veut tracer sa propre voie. Institut de recherche en politiques publiques.

Remerciements

Nous remercions les personnes suivantes d’avoir pris le temps de partager avec nous leurs idées et leurs expériences.

  • Tania Andrist, directrice de l’innovation et de la recherche appliquée au Southeast College
  • Andria Brady, directrice générale, Community Futures Sunrise (Weyburn)
  • Ashley Drobot, Développement des affaires, DEEP Earth Energy Corporation
  • Kory Hayko, chef de l’exploitation, et Joel Cherry, conseiller en relations médias et gestion des enjeux, SaskPower
  • Heidi Hesselink, directrice, Centraide Estevan
  • Roy Ludwig, ancien maire d’Estevan
  • Gordon More, directeur, Southeast TechHub
  • Mark Pettitt, président, Centraide Estevan
  • Merissa Scarlett, directrice, Chambre de commerce d’Estevan
  • Angud Singh, coordonnateur au développement économique, Développement économique Estevan
  • Lynn Trobert, trésorière, Centraide Estevan
  • Shelly Veroba, conseillère municipale, Estevan, et directrice du comité consultatif du Plan de sécurité et de bien-être dans les collectivités
  • Jackie Wall, ancienne directrice, Chambre de commerce d’Estevan