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The Workforce Opportunity for Rural Communities Initiative

Location The United States, focusing on the Appalachian (13 states), Lower Mississippi Delta (eight states) and Northern Border regions (four states)

Initiative The Workforce Opportunity for Rural Communities Initiative

Program snapshot In 2019, the U.S. Department of Labor’s Employment and Training Administration partnered with the Appalachian Regional Commission and the Delta Regional Authority — two regional economic development agencies — to launch the Workforce Opportunity for Rural Communities (WORC) Initiative. In 2023, the initiative expanded to include the Northern Border Regional Commission. Since its launch, six rounds of grants have invested over $209 million in 158 projects. The initiative awards grants to locally administered, place-based workforce development projects in rural communities that are grappling with long-term economic distress linked to the decline of traditional industries, such as coal mining, forestry and manufacturing. In 2024, the initiative’s sixth funding round expanded eligibility for so-called energy communities, including those with brownfields and areas with a coal-plant or -mine closure, to link rural workforce development with decarbonization goals. The WORC Initiative supports projects that identify and address regional workforce needs and boost local employers’ competitiveness. Its goal is to help communities retain residents by connecting them to family-sustaining, in-demand and quality jobs through career training and supportive services. Examples of funded projects include locally delivered upskilling and retraining programs, vocational training and apprenticeships, career counselling and entrepreneurship support, short-term certification and qualification programs and initiatives to build employment pipelines with local employers.

Sector focus Projects are driven by local conditions and priorities. The 158 grant projects to date span sectors such as health care, trade, information technology, aviation, manufacturing, aerospace, clean energy and agricultural technology.

Time frame Launched in 2019, the WORC Initiative completed six grant rounds between 2019 and 2024. A seventh round is currently under development.

Aligning Training with the Transition

Location France

Initiative The Compte personnel de formation (“Personal Training Account”)

Program snapshot The Compte personnel de formation is a quasi-universal system that encourages all French working-age adults to engage in lifelong learning and skills development as part of a national strategic plan for anticipating labour market changes, including changes resulting from the net-zero transition. Workers are credited with an annual training allocation in a personal account that is managed by the state but funded through mandatory employer levies. Credits in the account can be redeemed for certified training. The digital delivery platform is also starting to enable workers to document and certify their skills and training as well as develop personalized learning plans to anticipate future career changes. While not specific to so-called green-task jobs, at least one region has used the program infrastructure to incentivize retraining for high-priority occupations in the green economy. Available data do not permit any conclusions on the take-up of training related to net-zero transition occupations, nor do data permit analyses of relative participation by workers in sectors that are more or less exposed to the impacts of the net-zero carbon commitments made by the French government. However, the program infrastructure and data systems offer a national model for monitoring and influencing workers’ training decisions and their alignment with demand during the net-zero transition.

Sector focus The Compte personnel de formation is not sector specific but is adaptable as a tool to promote green-task jobs.

Time frame The Compte personnel de formation was launched in 2018, building on an older program, with programmatic updates since.

Enseignements tirés des approches axées sur le lieu sur la voie de la carboneutralité

Les efforts dĂ©ployĂ©s Ă  l’échelle mondiale et canadienne pour rĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre et abandonner les combustibles fossiles ont soulevĂ© une question politique centrale : Comment la main-d’oeuvre, les secteurs et les rĂ©gions peuvent-ils s’adapter et dĂ©velopper les compĂ©tences nĂ©cessaires pour un avenir Ă  faible intensitĂ© de carbone ?

Certaines communautĂ©s ressentiront les effets plus rapidement et plus sĂ©vĂšrement, en particulier les petites zones rurales ou isolĂ©es oĂč l’emploi est fortement concentrĂ© dans les secteurs exposĂ©s et oĂč la diversification Ă©conomique locale est limitĂ©e.

Bien que le Canada offre un large Ă©ventail de mesures de soutien en matiĂšre de formation, d’assurance-emploi et de dĂ©veloppement Ă©conomique rĂ©gional, de nombreux programmes sont conçus pour la population en gĂ©nĂ©ral plutĂŽt que pour rĂ©pondre aux besoins spĂ©cifiques des communautĂ©s exposĂ©es. Des interventions ciblĂ©es et adaptĂ©es au contexte local, qui intĂšgrent le dĂ©veloppement Ă©conomique et celui de la main-d’oeuvre, peuvent contribuer Ă  combler cette lacune. La formation professionnelle et le dĂ©veloppement de la main-d’oeuvre sont des leviers essentiels pour permettre des transitions efficaces et Ă©quitables.

Cette Ă©tude passe en revue huit initiatives internationales, menĂ©es en Australie, au Danemark, en France, en Nouvelle-ZĂ©lande, en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis, qui intĂšgrent des approches locales de la formation professionnelle et du dĂ©veloppement de la maind’oeuvre, conçues pour aider les travailleurs Ă  rester dans leur communautĂ© ou Ă  proximitĂ© tout en acquĂ©rant les compĂ©tences dont ils ont besoin pour trouver un emploi Ă  long terme. ConsidĂ©rĂ©es dans leur ensemble, ces Ă©tudes de cas constituent un cadre complet et unique au Canada pour renforcer la rĂ©silience de la main-d’oeuvre dans le cadre de la transition vers la carboneutralitĂ©. Chaque cas fait ressortir des choix de conception, des stratĂ©gies, des dĂ©fis et des Ă©lĂ©ments fondamentaux spĂ©cifiques qui pourraient ĂȘtre adaptĂ©s aux institutions canadiennes et aux rĂ©alitĂ©s du marchĂ© du travail.

A Model Evaluation Framework for Industrial Policy in Canada

Ces derniĂšres annĂ©es, les gouvernements ont manifestĂ© un regain d’intĂ©rĂȘt pour les politiques industrielles, alors que le Canada fait face Ă  des tensions gĂ©opolitiques et Ă  l’incertitude commerciale, ainsi qu’à des dĂ©fis Ă  long terme tels que la transition Ă©nergĂ©tique mondiale. Bien que le Canada ait une longue histoire en matiĂšre de politiques industrielles, elles ne s’accompagnent pas toujours de pratiques d’évaluation solides et cohĂ©rentes. Cela peut perpĂ©tuer des politiques sous-optimales et empĂȘcher de tirer les leçons des succĂšs et des Ă©checs.

Les gouvernements du pays ont besoin d’un nouveau cadre d’évaluation cohĂ©rent pour les politiques industrielles. Trop d’évaluations se concentrent sur les questions de processus et d’exploitation sans tenir compte des informations nĂ©cessaires Ă  la prise de dĂ©cisions en matiĂšre de financement. Bien que l’évaluation des rĂ©sultats des politiques pose des dĂ©fis mĂ©thodologiques, les approches et les outils modernes offrent des perspectives prometteuses.

L’auteur fait les recommandations suivantes aux gouvernements :

  1. Les décideurs de haut niveau doivent faire preuve de leadership, avec un engagement explicite au plus haut niveau possible pour évaluer la politique industrielle, soutenu par des ressources suffisantes.
  2. Encourager l’évaluation des politiques industrielles en rehaussant leur statut dans les dĂ©cisions budgĂ©taires et financiĂšres.
  3. CrĂ©er une unitĂ© dĂ©diĂ©e et centralisĂ©e chargĂ©e de l’évaluation des politiques industrielles, dotĂ©e de ressources supplĂ©mentaires par rapport aux budgets des unitĂ©s d’évaluation ministĂ©rielles existantes.
  4. Énoncer des lignes directrices claires pour l’évaluation des politiques industrielles au moyen de mĂ©canismes tels qu’une directive du Conseil des ministres, et rendre obligatoire la publication de toutes les Ă©valuations.
  5. Élaborer un calendrier d’évaluation des politiques industrielles synchronisĂ© avec les dĂ©cisions clĂ©s en matiĂšre de financement, telles que les cycles budgĂ©taires.
  6. Concevoir un systĂšme d’évaluations accĂ©lĂ©rĂ©es pour les dĂ©cisions en matiĂšre de politiques industrielles afin de fournir suffisamment d’informations pour Ă©clairer la prise de dĂ©cision fondĂ©e sur des donnĂ©es probantes.
  7. Élaborer un modĂšle gĂ©nĂ©ral de logique pour aider Ă  structurer les Ă©valuations des politiques industrielles et traduire les rĂ©sultats et les impacts en indicateurs de performance mesurables.
  8. Adopter une approche cohĂ©rente en matiĂšre d’évaluation des politiques industrielles et de diffusion des rĂ©sultats afin de permettre la comparaison entre les diffĂ©rentes politiques, y compris les dĂ©penses fiscales.
  9. Investir dans les technologies numĂ©riques avancĂ©es, telles que l’analyse des mĂ©gadonnĂ©es, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique, afin d’amĂ©liorer la conception des politiques industrielles et de rĂ©duire le coĂ»t des Ă©valuations.

Le regain d’intĂ©rĂȘt pour la politique industrielle au Canada devrait s’accompagner d’un regain d’intĂ©rĂȘt pour les pratiques d’évaluation rigoureuses. Les gouvernements doivent briser le cycle de dĂ©sintĂ©rĂȘt pour l’évaluation, compte tenu de l’ampleur des politiques industrielles et des risques qu’elles comportent. Des pratiques d’évaluation rigoureuses sont essentielles Ă  la mise en Ɠuvre rĂ©ussie de la politique industrielle afin de relever les dĂ©fis les plus pressants au pays.

Les gens et les lieux doivent ĂȘtre au cƓur du Plan d’action pour des emplois durables

Le Canada est confrontĂ© Ă  plusieurs obstacles Ă©conomiques convergents. Les efforts dĂ©ployĂ©s Ă  l’échelle mondiale pour rĂ©duire les Ă©missions redĂ©finissent les industries phares telles que l’énergie et l’industrie manufacturiĂšre. L’automatisation et l’intelligence artificielle reconfigurent les tĂąches professionnelles et les compĂ©tences requises dans tous les secteurs. L’évolution de l’environnement commercial oblige le Canada Ă  diversifier ses partenaires. En mĂȘme temps, de plus en plus de Canadiens ont un sentiment de prĂ©caritĂ© en raison de l’augmentation du coĂ»t des produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, des logements inabordables et inaccessibles, et de l’insĂ©curitĂ© de l’emploi.

Toute transformation Ă©conomique majeure apporte Ă  la fois de nouvelles possibilitĂ©s et des risques. Certaines communautĂ©s seront plus sensibles aux perturbations de la main-d’Ɠuvre qui peuvent avoir des effets d’entraĂźnement sur toutes les entreprises et tous les mĂ©nages. La prospĂ©ritĂ© et la cohĂ©sion du pays dĂ©pendront en grande partie de la capacitĂ© des populations et des territoires les plus exposĂ©s Ă  s’adapter au changement et Ă  saisir les occasions favorables.

Le projet Transformations communautaires de l’Institut de recherche en politiques publiques a mis en Ă©vidence le lien entre la vulnĂ©rabilitĂ© des communautĂ©s et la transition vers la carboneutralitĂ©, ainsi que les tarifs douaniers amĂ©ricains, et Ă©value actuellement la vulnĂ©rabilitĂ© aux tarifs chinois. Nos recherches et analyses, qui comprennent des profils de plusieurs communautĂ©s canadiennes et une sĂ©rie d’études de cas internationales, montrent que les stratĂ©gies locales sont plus susceptibles d’aider Ă  renforcer la rĂ©silience des communautĂ©s que les approches mur Ă  mur.

Recommandation gĂ©nĂ©rale : Le Plan d’action pour des emplois durables offre l’occasion de faire de la rĂ©silience des communautĂ©s le point central de la stratĂ©gie du Canada face Ă  l’évolution de l’économie mondiale.

Le gouvernement fĂ©dĂ©ral peut mettre en place un continuum de stratĂ©gies — des rĂ©ponses rapides aux renouvellements Ă  long terme — qui soit pratique, adaptĂ© au lieu et portĂ© par la communautĂ©, en plus d’ĂȘtre conçu et gouvernĂ© conjointement avec les partenaires locaux. Il reposera sur quatre piliers qui se renforcent mutuellement — un dĂ©veloppement Ă©conomique stratĂ©gique menĂ© par la communautĂ©, un dĂ©veloppement des compĂ©tences proactif et coordonnĂ©, des mesures de soutien social adaptĂ©es Ă  l’échelle de la communautĂ©, ainsi qu’une politique industrielle ciblĂ©e, adaptĂ©e aux territoires et Ă©mancipatrice —, ces piliers s’appuyant sur un cinquiĂšme traversant tous les autres : un socle de donnĂ©es, d’évaluation et d’apprentissage continu (voir figure 1).

Source : Institut de recherche en politiques publiques.

Pilier 1 : Les communautĂ©s devraient tenir les rĂȘnes de leurs projets d’avenir

Les communautĂ©s ne sont pas Ă  la recherche de plans uniformes et directifs pour leur Ă©conomie ou leur main-d’Ɠuvre, pas plus qu’elles ne disposent plus des ressources nĂ©cessaires pour Ă©laborer leurs propres stratĂ©gies. PrĂšs de 10 % de la population canadienne vit dans 68 communautĂ©s exposĂ©es aux perturbations de la main-d’Ɠuvre qu’entraĂźnera la rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre au Canada et dans le monde. Un sous-ensemble de ces communautĂ©s est Ă©galement susceptible de subir des perturbations commerciales. Il s’agit le plus souvent de communautĂ©s rurales ou Ă©loignĂ©es, moins diversifiĂ©es sur le plan Ă©conomique (voir figure 2).

Sources : Calculs de l’Institut de recherche en politiques publiques fondĂ©s sur l’indice d’éloignement de Statistique Canada (2023) et sur les donnĂ©es du recensement de 2021. Pour plus d’informations sur la mĂ©thodologie
utilisée, voir Chejfec et al. (2025).
Notes : Les figures et la description des mesures sont disponibles en haute résolution pour le panneau 2a et le panneau 2b.

Qu’elles soient dĂ©jĂ  confrontĂ©es Ă  des perturbations ou qu’elles craignent d’en subir dans les dĂ©cennies Ă  venir, ces communautĂ©s sont Ă  la recherche de plans qui garantiront leurs moyens de subsistance, qui retiendront les nouvelles gĂ©nĂ©rations et qui maintiendront leur qualitĂ© de vie. Les programmes de dĂ©veloppement Ă©conomique fĂ©dĂ©raux, provinciaux et territoriaux existants apportent un certain soutien, mais ne sont pas Ă©quipĂ©s pour guider les communautĂ©s dans des transformations Ă©conomiques et sociĂ©tales Ă  grande Ă©chelle. En outre, l’engagement de la communautĂ© est souvent insuffisant.

Recommandation clé : Élargir le mandat et accroĂźtre les ressources financiĂšres des SociĂ©tĂ©s d’aide au dĂ©veloppement des collectivitĂ©s (SADC) dans les communautĂ©s exposĂ©es.

Le gouvernement fĂ©dĂ©ral dispose dĂ©jĂ  d’organismes sur le terrain dans la plupart des communautĂ©s vulnĂ©rables. Les SADC sont financĂ©es par les agences de dĂ©veloppement rĂ©gional, mais sont dirigĂ©es par un conseil d’administration composĂ© de membres de la communautĂ©. Pour l’instant, elles soutiennent principalement les petites entreprises, mais elles pourraient faire l’objet d’une expansion et ĂȘtre dotĂ©es de ressources pour :

  • Soutenir la planification et la coordination du dĂ©veloppement Ă©conomique stratĂ©gique.
  • Mieux harmoniser la formation de la main-d’Ɠuvre locale avec les plans Ă©conomiques et les grands projets.
  • Codiriger des carrefours de soutien communautaire Ă  intervention rapide servant de point d’accĂšs unique au soutien social et Ă  d’autres services personnalisĂ©s en cas de perturbation, telle que des mises Ă  pied Ă  grande Ă©chelle.

Pilier 2 : Le dĂ©veloppement des compĂ©tences doit ĂȘtre proactif et ĂȘtre inclus dans les investissements

Une approche du dĂ©veloppement des compĂ©tences plus proactive, coordonnĂ©e et ancrĂ©e dans les rĂ©alitĂ©s locales, qui tient compte des dĂ©fis et des possibilitĂ©s propres Ă  chaque communautĂ©, peut contribuer Ă  renforcer la rĂ©silience dont le Canada a besoin pour faire face aux vents contraires de l’économie mondiale. Notre analyse rĂ©vĂšle que 19 communautĂ©s canadiennes, qui reprĂ©sentent environ 4 % de la main-d’Ɠuvre du pays, sont parmi les plus vulnĂ©rables dans le contexte de la transition vers la carboneutralitĂ© et face aux tarifs douaniers amĂ©ricains (voir figure 3).

Sources : Calculs de l’IRPP d’aprùs Chejfec et al. (2025) et Chejfec (2025).
Notes : Le niveau d’exposition dĂ©pend de facteurs sous-jacents propres aux communautĂ©s, tels que la concentration de la main-d’Ɠuvre dans des secteurs Ă  forte intensitĂ© d’émissions ou orientĂ©s vers l’exportation. Il ne repose pas sur les politiques actuelles ou sur celles qui pourraient ĂȘtre adoptĂ©es Ă  l’avenir au Canada ou dans d’autres pays. L’analyse est fondĂ©e sur les donnĂ©es de 2021. La figure identifie le nombre de divisions de recensement figurant parmi les 10 % les plus Ă©levĂ©s pour au moins un des trois indicateurs de vulnĂ©rabilitĂ© Ă  la transition vers la carboneutralitĂ©, et parmi les 10 % les plus exposĂ©s aux tarifs douaniers amĂ©ricains. Pour les besoins de l’analyse, les communautĂ©s sont dĂ©finies comme des divisions de recensement. Les encadrĂ©s de part et d’autre de la figure identifient les sous-secteurs les plus vulnĂ©rables face aux tarifs douaniers et Ă  la transition vers la carboneutralitĂ©. Selon Statistique Canada, les secteurs Ă©conomiques sont dĂ©signĂ©s par des codes Ă  deux chiffres du SystĂšme de classification des industries de l’AmĂ©rique du Nord (SCIAN), et les sous-secteurs sont des regroupements de groupes industriels et correspondent Ă  des codes Ă  trois chiffres.

Les communautĂ©s susceptibles d’ĂȘtre affectĂ©es nĂ©gativement par la transition vers la carboneutralitĂ© ont tendance Ă  avoir, en moyenne, une proportion plus Ă©levĂ©e de travailleurs ĂągĂ©s de plus de 55 ans, une plus grande proportion de main-d’Ɠuvre autochtone et un taux de diplomation postsecondaire plus faible que dans les collectivitĂ©s non vulnĂ©rables. Les entreprises, en particulier celles des zones rurales, continuent de signaler des pĂ©nuries de main-d’Ɠuvre. ­Les communautĂ©s autochtones, rurales et isolĂ©es se heurtent Ă  des obstacles en matiĂšre de formation et d’éducation, avec un accĂšs Ă  moins d’établissements d’enseignement et un rĂ©seau Internet inadĂ©quat. La responsabilitĂ© de l’organisation et du financement de la formation et de l’éducation des adultes incombe souvent aux travailleurs, tandis que la formation offerte par les employeurs s’adresse gĂ©nĂ©ralement aux employĂ©s plus jeunes, plus scolarisĂ©s et travaillant Ă  temps plein.

De nombreux programmes gouvernementaux, y compris ceux proposĂ©s dans le cadre des ententes sur le dĂ©veloppement du marchĂ© du travail, se concentrent sur le chĂŽmage actuel plutĂŽt que sur les possibilitĂ©s futures. Les services ne sont souvent disponibles qu’aprĂšs la perte d’un emploi, l’objectif Ă©tant de permettre aux personnes de retrouver un travail le plus rapidement possible. En mĂȘme temps, les programmes orientĂ©s vers l’avenir ont tendance Ă  se concentrer sur des secteurs spĂ©cifiques, de maniĂšre assez restreinte. À l’échelle locale, les options de formation ne sont pas toujours alignĂ©es sur les plans de dĂ©veloppement Ă©conomique ou sur la capacitĂ© Ă  tirer parti des possibilitĂ©s et des retombĂ©es pour la communautĂ© issues de grands projets.

Recommandation clé : Tous les niveaux de gouvernement devraient faciliter de maniĂšre proactive les partenariats entre les employeurs, les Ă©tablissements de formation, les syndicats et les organismes communautaires locaux afin de maximiser les retombĂ©es locales des grands projets et d’adapter les mesures de soutien Ă  l’apprentissage aux besoins locaux.

Étant donnĂ© que de nombreux grands projets proposĂ©s se dĂ©rouleront dans des communautĂ©s rurales ou Ă©loignĂ©es, les gouvernements peuvent collaborer avec les organismes concernĂ©s pour garantir l’accĂšs Ă  une formation professionnelle et la mise en place de mesures complĂ©mentaires de soutien social adaptĂ©es. Pour les communautĂ©s qui le souhaitent, ces partenariats pourraient constituer la base d’accords de transformation communautaire Ă  long terme, conçus et dirigĂ©s conjointement (comme dans l’étude de cas sur les accords pour une transition juste en Espagne).

Pilier 3 : En cas de perturbation, l’ensemble de la communautĂ© doit ĂȘtre soutenu

L’impact des perturbations Ă©conomiques, y compris les mises Ă  pied Ă  grande Ă©chelle et les fermetures d’entreprises, dĂ©passe largement les travailleurs et les entreprises directement touchĂ©s : il s’étend aux chaĂźnes d’approvisionnement, aux services locaux, aux entreprises, aux marchĂ©s du logement et aux familles (voir figure 4).

Une perte d’emploi gĂ©nĂ©ralisĂ©e peut avoir un impact sur le tissu social et Ă©conomique des communautĂ©s. Le chĂŽmage peut aggraver les problĂšmes de santĂ© mentale. Les travailleurs qui doivent voyager sur de plus longues distances pour trouver un autre emploi ont moins de temps Ă  consacrer Ă  l’engagement communautaire, ce qui peut nuire Ă  la cohĂ©sion sociale. La baisse des revenus des mĂ©nages due Ă  la perte d’emploi peut affecter les revenus des entreprises et des administrations locales, tandis que l’incertitude Ă©conomique peut entraĂźner une baisse des prix de l’immobilier et freiner les investissements dans l’économie locale.

Source : Institut de recherche en politiques publiques, d’aprùs Dallaire-Fortier, 2024.

Recommandation clé : Le gouvernement fĂ©dĂ©ral devrait collaborer avec les provinces et les territoires pour crĂ©er un fonds de transformation communautaire afin de fonder, d’agrandir et d’activer des carrefours provinciaux et territoriaux de soutien communautaire Ă  intervention rapide, dirigĂ©s conjointement avec des partenaires communautaires locaux.

Des carrefours de soutien communautaire Ă  intervention rapide serviraient de guichets uniques dans la phase initiale d’une fermeture importante ou d’une mise Ă  pied collective. Plusieurs modĂšles de services existent dĂ©jĂ  au Canada, notamment les services de transition communautaires en Colombie-Britannique et les Centres POWER d’intervention en matiĂšre d’emploi pour protĂ©ger les travailleurs ontariens (Centres POWER).

Un fonds de transformation communautaire permettrait de crĂ©er des carrefours lĂ  oĂč il n’en existe pas et d’étendre la portĂ©e, la capacitĂ© et les ressources des modĂšles partiels dans les provinces qui offrent dĂ©jĂ  des services comparables. DĂšs leur mise en service, ces carrefours dĂ©ploieraient un ensemble de mesures d’aide préétablies et adaptĂ©es au contexte local, comprenant des sĂ©ances d’information prĂ©coces, des Ă©valuations rapides et personnalisĂ©es des besoins des individus, et des foires sur le bien-ĂȘtre pour identifier les besoins en matiĂšre de santĂ© mentale, de dĂ©pendance, de conseils financiers et d’assistance juridique ou locative. Ils pourraient Ă©galement coordonner leurs actions avec les SADC pour identifier de nouvelles possibilitĂ©s d’emploi et d’entreprise. Le personnel peut fournir une orientation pratique pour l’accĂšs Ă  l’assurance-emploi et Ă  d’autres aides au revenu Ă  plus long terme, ainsi qu’aux services provinciaux d’emploi et de formation. Ils pourraient Ă©galement effectuer des orientations rapides vers des services communautaires et de logement.

Pilier 4 : Les stratĂ©gies industrielles devraient adopter une approche locale qui encourage l’innovation et les initiatives locales

La politique industrielle peut aider les grands employeurs Ă  s’adapter aux changements structurels tout en renforçant les bases Ă©conomiques des communautĂ©s. Les communautĂ©s rurales et autochtones risquent de subir tout le poids des transformations Ă©conomiques, tout en Ă©tant confrontĂ©es Ă  d’autres dĂ©fis et perspectives que dans les centres urbains. Les leviers de la politique industrielle du Canada restent fragmentĂ©s et axĂ©s sur les projets, favorisant les grands promoteurs disposant de capacitĂ©s administratives.

Les communautĂ©s autochtones, les entreprises rurales et les administrations locales se heurtent souvent Ă  des obstacles qui les empĂȘchent d’accĂ©der aux capitaux privĂ©s ou publics en raison de leur taille limitĂ©e, de la nĂ©cessitĂ© d’obtenir des garanties ou des exigences en matiĂšre de partage des risques. Les politiques industrielles locales peuvent aider Ă  surmonter ces obstacles et Ă  tirer parti des connaissances, des ressources et des rĂ©seaux locaux tout en assurant leur cohĂ©rence avec les objectifs nationaux (voir figure 5).

Source : IRPP, d’aprĂšs l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomique (OCDE), 2025.

Les profils de certaines communautĂ©s vulnĂ©rables, rĂ©alisĂ©s par l’IRPP Ă  partir d’entretiens locaux, offrent des points de vue concrets sur l’incidence rĂ©elle qu’auraient une politique industrielle coordonnĂ©e et un suivi effectif.

À Estevan, en Saskatchewan, la communautĂ© redoute la fermeture Ă©ventuelle de deux centrales et d’une mine de charbon. Les dirigeants locaux appellent Ă  une rĂ©ponse coordonnĂ©e Ă  long terme, qui s’appuie sur des projets Ă©mergents tels qu’un petit rĂ©acteur nuclĂ©aire modulaire et sur des projets liĂ©s aux matĂ©riaux pour batteries et aux Ă©nergies renouvelables.

À Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest, la fermeture des mines de diamants avant l’ouverture de nouvelles mines de minĂ©raux critiques pourrait perturber la main-d’Ɠuvre locale en l’absence d’une planification efficace et ciblĂ©e. Les premiers ministres des territoires ont demandĂ© une majoration de 15 % du crĂ©dit d’impĂŽt pour l’exploration miniĂšre (CIEM) afin d’accĂ©lĂ©rer les investissements et de compenser les coĂ»ts plus Ă©levĂ©s de l’exploration dans les territoires.

À Ingersoll, en Ontario, l’usine de montage CAMI de General Motors (GM) a obtenu le soutien du gouvernement pour passer Ă  la production de fourgonnettes de livraison Ă©lectriques BrightDrop. En octobre 2025, GM a annoncĂ© qu’elle mettrait fin Ă  cette production dans l’usine CAMI. Les perspectives de la communautĂ© dĂ©pendent maintenant de l’obtention d’une nouvelle gamme de produits ou d’un nouveau projet de fabrication.

À Sault-Sainte-Marie, en Ontario, Algoma Steel traverse deux transformations majeures. D’une part, le passage Ă  un four Ă  arc Ă©lectrique pour rĂ©duire ses Ă©missions et gagner en flexibilité ; d’autre part, la rĂ©orientation vers des produits plus demandĂ©s au sein mĂȘme du Canada. La combinaison de ces investissements avec des politiques d’approvisionnement local et des infrastructures clĂ©s (comme un nouveau port) permettra de stimuler la demande tout en protĂ©geant les emplois.

Recommandation clé : Aider les grands employeurs Ă  s’adapter aux changements structurels de l’économie et Ă  garantir des retombĂ©es pour la communautĂ©.

Pour aider les employeurs et les travailleurs des communautĂ©s vulnĂ©rables Ă  s’adapter aux transformations structurelles de l’économie, les programmes fĂ©dĂ©raux devraient intĂ©grer une approche locale dans les politiques industrielles, incluant des crĂ©dits d’impĂŽt, des subventions, un approvisionnement et des prĂȘts. Les investissements dans les grands projets doivent ĂȘtre liĂ©s aux compĂ©tences locales, aux infrastructures et aux possibilitĂ©s de propriĂ©tĂ©. Les gouvernements devraient investir dans le renforcement des capacitĂ©s locales afin que les communautĂ©s disposant de ressources limitĂ©es puissent participer Ă  la planification et Ă  la coordination industrielles. Cette approche concilie compĂ©titivitĂ© et cohĂ©sion, en veillant Ă  ce que chaque projet majeur crĂ©e une valeur durable et inclusive pour les populations et les territoires qui l’accueillent.

Pilier 5 : Les donnĂ©es sur les communautĂ©s et les travailleurs doivent ĂȘtre faciles d’accĂšs et d’utilisation

Une planification communautaire efficace dans un environnement de changement Ă©conomique exige de synthĂ©tiser des informations complexes et intersectorielles, notamment : l’exposition aux perturbations dans les diffĂ©rents secteurs d’activité ; les prĂ©visions de la demande pour les professions Ă©mergentes et les nouvelles compĂ©tences ; la capacitĂ©, l’accessibilitĂ© et la qualitĂ© des parcours de formation locaux ; les rĂ©sultats documentĂ©s et les enseignements tirĂ©s de communautĂ©s comparables ; ainsi que l’admissibilitĂ© aux programmes de soutien et leur popularitĂ©. Pourtant, ces informations sont fragmentĂ©es entre les ministĂšres fĂ©dĂ©raux (Emploi et DĂ©veloppement social Canada, Ressources naturelles Canada, Innovation, Sciences et DĂ©veloppement Ă©conomique Canada, etc.) et les enquĂȘtes de Statistique Canada, qui utilisent des mĂ©thodologies et des dĂ©finitions distinctes et difficiles Ă  concilier. Les communautĂ©s exposĂ©es, souvent Ă  court de ressources et de capacitĂ©s, doivent faire face Ă  des dĂ©fis techniques et Ă  des sources de donnĂ©es Ă©parses, alors mĂȘme qu’elles devraient se concentrer sur la planification stratĂ©gique de leur transformation Ă©conomique. La figure 6 rĂ©sume ces dĂ©fis, ainsi que les principaux besoins en matiĂšre de coordination des donnĂ©es nĂ©cessaires pour soutenir les communautĂ©s.

Source : Institut de recherche en politiques publiques.

Sans accĂšs facile Ă  des donnĂ©es actuelles et pertinentes, les communautĂ©s risquent d’ĂȘtre retardĂ©es dans leurs actions, de mal placer leurs investissements et de manquer des occasions favorables. Ces consĂ©quences s’aggravent Ă  mesure que les dĂ©lais de transition deviennent plus serrĂ©s, limitant la capacitĂ© et le temps disponibles pour la formation proactive de la main-d’Ɠuvre, la diversification Ă©conomique et la planification des infrastructures, tous des Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires pour attĂ©nuer les effets des perturbations Ă©conomiques.

Une synthĂšse coordonnĂ©e et une communication claire des donnĂ©es orientĂ©es vers les utilisateurs sont nĂ©cessaires. Il s’agit notamment d’intĂ©grer les sources existantes, d’harmoniser les dĂ©finitions et les zones gĂ©ographiques, de combler les lacunes critiques (par exemple, par rapport au caractĂšre opportun, au niveau de dĂ©tail Ă  l’échelle locale, Ă  l’utilisation et aux rĂ©sultats des programmes) et de prĂ©senter les informations dans un format adaptĂ© aux besoins de la communautĂ©. Cette fonction de coordination ne relĂšve d’aucun ministĂšre en particulier et nĂ©cessite une approche transversale, axĂ©e sur les besoins des communautĂ©s vulnĂ©rables en matiĂšre de donnĂ©es et de planification.

Recommandation clé : Créer un centre canadien de transformation communautaire, en phase avec le Secrétariat des emplois durables, afin de combler les lacunes en matiÚre de données.

InspirĂ© du modĂšle de gouvernance du Centre canadien d’information sur l’énergie, le centre proposĂ© servirait de point d’accĂšs centralisĂ© Ă  l’information publique pour harmoniser les ensembles de donnĂ©es, publier des donnĂ©es et des tableaux de bord Ă  l’échelle des communautĂ©s et orienter les utilisateurs Ă  travers les programmes fĂ©dĂ©raux et provinciaux.

En commençant par intĂ©grer les donnĂ©es fĂ©dĂ©rales existantes Ă  l’aide de dĂ©finitions normalisĂ©es et de zones gĂ©ographiques locales, le centre pourrait ensuite intĂ©grer progressivement les sources d’information provinciales, territoriales, municipales et autochtones, au fur et Ă  mesure que les partenariats se dĂ©veloppent. Le centre pourrait Ă©galement suivre les rĂ©sultats et Ă©tablir des indicateurs de performance afin de favoriser une Ă©valuation des politiques fondĂ©e sur des donnĂ©es probantes et de fournir des signaux prĂ©coces — comme une hausse du chĂŽmage ou une baisse des prix de l’immobilier —indiquant qu’une intervention rapide pourrait ĂȘtre nĂ©cessaire au niveau communautaire. Cela permettrait d’ajuster les investissements et de les rĂ©affecter Ă  des stratĂ©gies qui donnent des rĂ©sultats sur le terrain.

Des outils internationaux comparables pourraient illustrer le concept. Par exemple, le Climate and Economic Justice Screening Tool (CEJST) aide les agences fĂ©dĂ©rales amĂ©ricaines Ă  identifier les communautĂ©s dĂ©favorisĂ©es dans le cadre des programmes Justice40 en combinant huit catĂ©gories de vulnĂ©rabilitĂ©s pour Ă©tablir des critĂšres dĂ©cisionnels clairs pour les investissements communautaires. Cet outil a Ă©tĂ© abrogĂ© en janvier 2025 sous l’administration Trump. En Europe, l’indice rĂ©gional de vulnĂ©rabilitĂ© Ă  la transition Ă©cologique fournit une mesure composite de la vulnĂ©rabilitĂ© des rĂ©gions europĂ©ennes aux reconfigurations socioĂ©conomiques liĂ©es Ă  la transition Ă©cologique. Il distingue les impacts directs (dĂ©pendance aux combustibles fossiles, industrie) et les impacts indirects (agriculture et utilisation des terres, tourisme, Ă©nergie, transport) et Ă©value la relation entre la vulnĂ©rabilitĂ© environnementale rĂ©gionale et la rĂ©partition des revenus.

Le centre pourrait Ă©galement constituer une bibliothĂšque vivante regroupant des Ă©tudes de cas, des guides de planification communautaire et des enseignements tirĂ©s d’expĂ©riences nationales et internationales afin de soutenir la planification locale et de permettre un mentorat entre administrations. Il pourrait constituer une infrastructure pour les communautĂ©s de pratique, permettant de rapprocher des communautĂ©s confrontĂ©es Ă  des dĂ©fis similaires afin de partager leurs approches et d’éviter la redondance de leurs efforts.

Pour en savoir plus :

Carte interactive en ligne de l’exposition des communautĂ©s Ă  la transition vers la carboneutralitĂ© : Cette carte offre une reprĂ©sentation visuelle des communautĂ©s du Canada exposĂ©es aux perturbations de la main-d’Ɠuvre liĂ©es Ă  la transition vers la carboneutralitĂ©. Elle est accompagnĂ©e d’un document mĂ©thodologique dĂ©taillĂ© qui dĂ©crit comment la carte a Ă©tĂ© créée.

Carte interactive en ligne de l’exposition des communautĂ©s aux droits de douane amĂ©ricains : L’IRPP a créé une carte interactive et un tableau de bord des communautĂ©s exposĂ©es aux tarifs douaniers amĂ©ricains. L’IRPP a Ă©galement publiĂ© un commentaire sur les moyens dont le Canada dispose pour rĂ©duire sa vulnĂ©rabilitĂ© Ă  ces droits de douane.

Notes d’information : Ces notes d’information explorent divers domaines et outils de politiques publiques, tels que le dĂ©veloppement Ă©conomique dirigĂ© par les communautĂ©s, le dĂ©veloppement des compĂ©tences axĂ© sur le lieu, les mesures de soutien social, la politique industrielle axĂ© sur le lieu et l’assurance-emploi, oĂč les gouvernements peuvent appuyer les communautĂ©s et les travailleurs au cours des transformations Ă©conomiques. Elles formulent des recommandations Ă  l’intention des diffĂ©rents niveaux de gouvernement.

Profils communautaires : Dix communautĂ©s du Canada ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es pour faire l’objet de profils plus dĂ©taillĂ©s. Ces profils permettent de mieux comprendre les dĂ©fis et les atouts propres Ă  chaque communautĂ© et sont Ă©laborĂ©s Ă  partir de tĂ©moignages et de perspectives de personnes qui y vivent et y travaillent. Jusqu’à prĂ©sent, l’IRPP a publiĂ© des profils pour Ingersoll (Ontario), Estevan (Saskatchewan), Cap Breton (Nouvelle-Écosse), Kitimat et village de Kitamaat (Colombie-Britannique), Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest) et Channel-Port aux Basques (Terre-Neuve-et-Labrador).

Pipe Dream or Panacea? Evaluating the Case for Oil Pipelines in Canada

Les pipelines font Ă  nouveau l’objet de vifs dĂ©bats, des tables rondes politiques aux discussions de cuisine. Alors que le Canada traverse une pĂ©riode difficile dans ses relations avec son principal partenaire commercial, avec l’incertitude Ă©conomique que cela entraĂźne, beaucoup voient les pipelines comme une panacĂ©e. En effet, le souvenir des booms pĂ©troliers des derniĂšres dĂ©cennies — et des retombĂ©es Ă©conomiques qu’ils ont gĂ©nĂ©rĂ©es — est encore frais dans l’esprit des travailleurs et des entreprises, ainsi que dans celui des communautĂ©s qui en ont bĂ©nĂ©ficiĂ©. Les Canadiens craignant dĂ©sormais les consĂ©quences des tensions commerciales, il n’est pas surprenant qu’ils s’intĂ©ressent de prĂšs aux solutions Ă©conomiques qui ont fait leurs preuves.

La nouvelle Loi visant Ă  bĂątir le Canada du gouvernement fĂ©dĂ©ral et l’engagement de l’Alberta envers la construction d’un pipeline vers la cĂŽte ouest pourraient crĂ©er les conditions propices Ă  la mise en place d’une nouvelle infrastructure pĂ©troliĂšre. Mais le diable est dans les dĂ©tails. La dynamique du marchĂ© pĂ©trolier a considĂ©rablement changĂ© au cours des deux derniĂšres dĂ©cennies, et l’évolution future des prix mondiaux du pĂ©trole est incertaine. Ajoutez Ă  cela le dĂ©fi de s’assurer le soutien des populations autochtones le long du tracĂ© prĂ©vu de l’olĂ©oduc, et le dossier commercial en faveur de ce nouveau projet devient compliquĂ©.

Cette Ă©tude Ă©value la viabilitĂ© d’un nouveau pipeline et formule les observations suivantes :

  1. Des raisons existent en faveur d’un autre pipeline vers l’ouest afin d’accĂ©der aux marchĂ©s asiatiques.
  • Les États-Unis, principal client du Canada pour le pĂ©trole brut, ont augmentĂ© leur production pĂ©troliĂšre, contribuant ainsi Ă  un excĂ©dent de l’offre dans les rĂ©gions desservies par nos olĂ©oducs.
  • Les raffineurs amĂ©ricains payaient autrefois un supplĂ©ment pour le pĂ©trole brut canadien, ce qui a favorisĂ© la construction d’une grande partie de nos olĂ©oducs existants vers le sud. Aujourd’hui, l’Alberta vend ses produits sur un marchĂ© saturĂ©. Le pĂ©trole de l’Alberta se vend Ă  prix rĂ©duit en raison de la qualitĂ© de son brut et de son Ă©loignement des nouveaux marchĂ©s.
  • Les pipelines actuels du Canada sont presque saturĂ©s. Un manque de capacitĂ© pourrait rĂ©duire la valeur du pĂ©trole et limiter la production pĂ©troliĂšre Ă  l’avenir, car le transport ferroviaire est trop coĂ»teux dans un contexte de baisse des prix du pĂ©trole.
  • Un nouveau pipeline vers l’ouest permettrait de vendre le pĂ©trole canadien Ă  des prix plus proches des prix mondiaux, rĂ©duisant ainsi les remises. D’autres pipelines, tels que l’olĂ©oduc Keystone XL vers les États-Unis, pourraient ĂȘtre plus rapides et moins coĂ»teux Ă  construire, mais impliqueraient des distances plus longues vers les marchĂ©s cibles, ce qui augmenterait les coĂ»ts.
  1. Un nouveau pipeline risque d’aggraver la situation du secteur pĂ©trolier et gazier canadien.
  • Un rĂ©seau de pipelines trop dĂ©veloppĂ© peut Ă©roder la valeur des ressources pĂ©troliĂšres et gaziĂšres du Canada et rĂ©duire la viabilitĂ© des pipelines existants, comme le pipeline principal d’Enbridge qui relie l’Alberta au Midwest amĂ©ricain et Ă  l’Ontario. Si les pipelines sont sous-utilisĂ©s, les droits de passage augmentent et les coĂ»ts pour les transporteurs de pĂ©trole s’accroissent, ce qui pourrait Ă  terme compromettre la viabilitĂ© du pipeline.
  • Si les prĂ©visions relatives Ă  la consommation mondiale de pĂ©trole ont augmentĂ© au cours des derniĂšres annĂ©es, cela s’explique principalement par une offre plus facilement accessible Ă  des prix plus bas. La baisse des prix du pĂ©trole rĂ©duira l’attrait des investissements dans la production de nouveaux sables bitumineux.
  • Si l’augmentation de la production pĂ©troliĂšre ne se concrĂ©tise pas aprĂšs la construction de l’olĂ©oduc, les risques liĂ©s Ă  une capacitĂ© excĂ©dentaire et Ă  une hausse des coĂ»ts de transport augmentent.
  1. Il devient de plus en plus difficile pour le gouvernement fĂ©dĂ©ral d’imposer la construction d’un pipeline sur les territoires autochtones.
  • Les dĂ©cisions judiciaires rĂ©centes montrent que le gouvernement doit faire un effort sĂ©rieux pour remplir son obligation de consulter les communautĂ©s autochtones. Les attentes tendent de plus en plus vers l’exigence du consentement des PremiĂšres Nations touchĂ©es de maniĂšre substantielle.

Pour ces raisons, la dĂ©cision relative Ă  la construction d’un nouvel olĂ©oduc ne devrait pas ĂȘtre laissĂ©e uniquement au marchĂ©. Seuls les gouvernements peuvent dĂ©terminer si un pipeline sert l’intĂ©rĂȘt public. RĂ©trospectivement, la dĂ©cision fĂ©dĂ©rale de construire le projet d’agrandissement du rĂ©seau de Trans Mountain Ă©tait la bonne, mĂȘme compte tenu de son coĂ»t Ă©levĂ©. Mais il n’est pas certain qu’un autre pipeline offrira les mĂȘmes avantages, en particulier si l’on tient compte de l’ensemble des risques et des avantages.

Il est impossible de prĂ©dire l’avenir avec certitude, mais les Canadiens mĂ©ritent une Ă©valuation claire et transparente des risques et des avantages potentiels associĂ©s Ă  un nouveau pipeline.

Construire l’avenir : Comment la politique industrielle peut renforcer l’économie et la souverainetĂ© du Canada

Le Canada est confrontĂ© Ă  des dĂ©fis multiples qui frappent de toutes parts, mettent en pĂ©ril sa sĂ©curitĂ© Ă©conomique future et notre mode de vie. Des menaces pĂšsent sur notre souverainetĂ© et notre principale relation commerciale est mise Ă  mal. La gĂ©opolitique est en tourmente. Une pĂ©nurie de logements sĂ©vit d’un ocĂ©an Ă  l’autre et nos infrastructures essentielles sont dĂ©ficientes.

La politique industrielle, par laquelle les gouvernements encouragent dĂ©libĂ©rĂ©ment des activitĂ©s Ă©conomiques afin d’obtenir des rĂ©sultats que ne produiraient pas les seules forces du marchĂ©, peut aider Ă  relever certains des dĂ©fis les plus urgents auxquels nous sommes confrontĂ©s. Mais elle ne doit ĂȘtre mise en Ɠuvre que dans le cadre d’une stratĂ©gie solide basĂ©e sur des objectifs clairs, et ĂȘtre accompagnĂ©e d’une Ă©valuation rigoureuse et de bonnes pratiques de gouvernance.

Le Canada revendique une longue histoire de politiques industrielles, jalonnĂ©e de succĂšs et d’échecs. Les nombreuses leçons que l’on peut en tirer peuvent aider les gouvernements Ă  dĂ©cider quand, oĂč et comment utiliser les leviers de la politique industrielle, et comment la mettre en Ɠuvre de la meilleure façon possible.

RECOMMENDATIONS

Nous avons recueilli les avis et conseils d’un grand nombre d’experts, de parties prenantes et de dĂ©tenteurs de droits sur une pĂ©riode d’un peu plus de deux ans, au cours de laquelle nous avons aussi tenu quatre ateliers.

Nous formulons les recommandations suivantes pour les gouvernements qui souhaiteraient mettre en Ɠuvre une politique industrielle :

  1. DĂ©velopper une stratĂ©gie qui identifie les objectifs prioritaires, ou « missions », et un nombre limitĂ© d’initiatives stratĂ©giques, de projets, de secteurs et de technologies qui permettront d’atteindre ces objectifs.
  2. Analyser ce qui limite l’investissement privĂ© dans les domaines ciblĂ©s et se concentrer sur l’élimination de ces obstacles.
  3. Examiner les politiques industrielles existantes dans tous les ministĂšres et sociĂ©tĂ©s d’État afin d’évaluer l’efficacitĂ© de ces programmes. Le cas Ă©chĂ©ant, rĂ©affecter les fonds aux missions prioritaires et aux programmes les plus performants.
  4. Choisir et concevoir des politiques industrielles visant à promouvoir la réconciliation économique avec les Autochtones et la pleine participation économique de toutes et tous.
  5. Mettre en place un centre d’excellence sur la politique industrielle afin d’aider les ministùres à concevoir et mettre en Ɠuvre des politiques efficaces et efficientes.
  6. Tirer parti des capacitĂ©s et de l’expertise d’institutions indĂ©pendantes qualifiĂ©es, comme les sociĂ©tĂ©s d’État.

DES PRIORITÉS DE POLITIQUE INDUSTRIELLE

Alors que les gouvernements fĂ©dĂ©ral, des provinces et des territoires du Canada s’efforcent de trouver des rĂ©ponses Ă  un contexte commercial et gĂ©opolitique en constante Ă©volution, la politique industrielle peut jouer un rĂŽle clĂ© dans certains domaines. Le premier ministre Mark Carney a Ă©noncĂ© sept prioritĂ©s dans sa lettre de mandat au gouvernement en mai 2025. Plusieurs de ces prioritĂ©s, comme le logement et la dĂ©fense, peuvent ĂȘtre soutenues par la politique industrielle.

Nous proposons pour notre part six objectifs ou missions prioritaires Ă  poursuivre dans le cadre d’une stratĂ©gie globale de politique industrielle pour le Canada :

  1. DĂ©fendre la souverainetĂ© canadienne : renforcer la capacitĂ© de production de la dĂ©fense et les chaĂźnes d’approvisionnement nationales tout en dĂ©veloppant les infrastructures Ă  double usage.
  2. Diversifier les Ă©changes internationaux du Canada : rĂ©duire la dĂ©pendance envers les États-Unis tout en diminuant les risques liĂ©s Ă  la chaĂźne d’approvisionnement.
  3. BĂątir une Ă©conomie durable et prĂȘte pour l’avenir : positionner l’économie canadienne de façon Ă  ce qu’elle prospĂšre face aux transformations structurelles qu’entraĂźneront les changements climatiques, la transition vers une Ă©conomie Ă  faibles Ă©missions de carbone et l’essor de l’intelligence artificielle.
  4. Faire avancer la rĂ©conciliation Ă©conomique avec les Autochtones et leur autodĂ©termination : faire tomber les obstacles auxquels sont confrontĂ©s les communautĂ©s, les entreprises et les populations autochtones pour accĂ©der Ă  des capitaux abordables et participer Ă  la vie Ă©conomique.
  5. Favoriser la pleine participation Ă©conomique : abolir les obstacles aux opportunitĂ©s liĂ©s Ă  l’appartenance ethnique, au sexe ou aux caractĂ©ristiques socioĂ©conomiques, et veiller Ă  ce qu’aucune rĂ©gion du pays ne soit laissĂ©e pour compte.
  6. Stimuler l’innovation pour rĂ©soudre la crise du logement : tirer parti de la prĂ©fabrication, du logement modulaire, de l’impression 3D et d’autres idĂ©es pour doubler le rythme de construction des logements.

La politique industrielle a sa place dans toute rĂ©ponse crĂ©dible aux dĂ©fis qui s’en viennent, mais il est essentiel qu’elle soit concentrĂ©e sur nos prioritĂ©s absolues. Nous devons aussi nous aussi inspirer des leçons du passĂ© et de l’expĂ©rience d’autres pays, afin de nous assurer que les politiques industrielles atteignent leurs objectifs sans gaspiller les ressources publiques.

Si les gouvernements mettent en Ɠuvre de bonnes politiques, bien exĂ©cutĂ©es, le Canada pourra Ă©merger des prĂ©sents dĂ©fis plus fort et plus uni.

COMMENT BIEN MENER UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE

Le succĂšs ou l’échec de politiques industrielles passĂ©es a largement Ă©tĂ© liĂ© Ă  leur conception et leur mise en Ɠuvre. Puisqu’elles crĂ©ent des conflits potentiels — rĂ©els ou perçus — entre l’intĂ©rĂȘt public et l’intĂ©rĂȘt privĂ© des entreprises, les politiques industrielles requiĂšrent un niveau supplĂ©mentaire de prudence et de diligence qui va au-delĂ  de ce que l’on peut attendre de programmes impliquant des transferts aux individus ou vers d’autres niveaux de gouvernement.

Nous proposons un cadre pour une politique industrielle réussie qui repose sur trois éléments fondamentaux : 1) une stratégie solide; 2) une bonne gouvernance; 3) une évaluation rigoureuse (figure A).

Une stratĂ©gie solide passe par une phase de conception Ă©tablissant des prioritĂ©s et des objectifs clairs, une analyse des lacunes et des dĂ©faillances qui empĂȘchent le secteur privĂ© d’investir dans ces prioritĂ©s, ainsi qu’une Ă©valuation de l’efficacitĂ© des politiques existantes. Elle suppose Ă©galement une analyse minutieuse des approches (axĂ©es sur la mission ou basĂ©e sur une technologie, par exemple) et des instruments (comme un prĂȘt ou un crĂ©dit d’impĂŽt) afin de dĂ©terminer lesquels seront les plus efficaces et les plus efficients pour atteindre les rĂ©sultats souhaitĂ©s. On devra Ă©galement prĂ©voir un plan de mise en Ɠuvre et de suivi, et la possibilitĂ© d’ajuster les paramĂštres de la politique au fil du temps.

La bonne gouvernance nĂ©cessite une combinaison d’expertise, autant pour le personnel qu’à travers un rĂ©seau plus large, un alignement sur les activitĂ©s d’autres niveaux de gouvernement ou de partenaires internationaux, ainsi que le choix des institutions les mieux placĂ©es pour rĂ©ussir. La mise en place d’une unitĂ© centrale chargĂ©e de guider et soutenir l’élaboration et la mise en Ɠuvre des politiques au sein du gouvernement permettrait de garantir la cohĂ©rence et l’application des meilleures pratiques.

Une Ă©valuation rigoureuse est Ă  la base de tous les aspects d’une politique industrielle rĂ©ussie, en fournissant une boucle de rĂ©troaction continue par laquelle les leçons apprises enrichissent les dĂ©cisions futures sur la conception, le choix des instruments et la mise en Ɠuvre. Des indicateurs de performance normalisĂ©s Ă©clairent la prise de dĂ©cision, en permettant de comparer diffĂ©rents types de politiques industrielles Ă  travers les organisations chargĂ©es de les mettre en Ɠuvre. Les Ă©valuations peuvent Ă©galement servir Ă  communiquer les performances d’un programme Ă  la population.

Bien que ces trois piliers soient essentiels au succĂšs d’une politique industrielle, ils ne doivent pas avoir pour effet de limiter l’audace ou l’ambition. En fait, une analyse minutieuse pourrait montrer qu’un investissement public ciblĂ©, Ă  court terme, et de grande envergure produirait de meilleurs rĂ©sultats Ă©conomiques et sociĂ©taux qu’une intervention limitĂ©e et graduelle, divisĂ©e entre plusieurs objectifs. Cependant, les approches audacieuses doivent ĂȘtre appuyĂ©es par une analyse minutieuse et communiquĂ©es clairement Ă  la population, souvent sceptique. De telles approches doivent Ă©galement ĂȘtre conçues et mises en Ɠuvre en coordination avec les diffĂ©rents ordres de gouvernements et en collaboration avec les peuples autochtones.

Channel-Port aux Basques : Regard vers l’avenir aprĂšs l’ouragan Fiona

Un nouveau visiteur de Channel-Port aux Basques, municipalitĂ© nichĂ©e entre mer et montagnes Ă  l’extrĂ©mitĂ© sud-ouest de Terre-Neuve, ne remarquerait probablement jamais que la tempĂȘte post-tropicale Fiona est passĂ©e par lĂ  le 24 septembre 2022. Au cours des annĂ©es qui ont suivi, certains quartiers de cette ville d’environ 3 500 habitants ont tout simplement Ă©tĂ© effacĂ©s. Soit les maisons ont Ă©tĂ© emportĂ©es par la mer lorsque Fiona a soulevĂ© ces vagues violentes, soit elles ont Ă©tĂ© dĂ©molies plus tard par mesure de prĂ©caution. D’autres maisons restent vides, vouĂ©es Ă  la dĂ©molition.

Pour les habitants de cet endroit Ă©loignĂ©, escarpĂ© et offrant une vue imprenable sur la mer, cette absence est profondĂ©ment ressentie. Certains habitants ont tout simplement dĂ©mĂ©nagĂ©, tandis que d’autres tentent encore de se remettre de la catastrophe. On dit que les gens ont dĂ©sormais peur de l’ocĂ©an, qui fait tellement partie de la vie ici.

La tempĂȘte Fiona est un autre coup dur pour une rĂ©gion qui avait dĂ©jĂ  du mal Ă  gĂ©nĂ©rer de nouvelles opportunitĂ©s Ă©conomiques. Aujourd’hui, l’accent est mis sur la reconstruction, qu’il s’agisse de logements ou de la remise en Ă©tat du sentier et de la plage de Grand Bay West, trĂšs apprĂ©ciĂ©s des habitants de la ville. Les travaux de reconstruction et de rĂ©paration ont alimentĂ© l’activitĂ© Ă©conomique de la rĂ©gion ces derniĂšres annĂ©es.

L’un des Ă©lĂ©ments stables de l’économie locale est son principal employeur, Marine Atlantique, une agence fĂ©dĂ©rale qui assure toute l’annĂ©e le service quotidien de traversiers entre North Sydney, sur l’üle du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse, et Channel-Port aux Basques. En Ă©tĂ©, une liaison saisonniĂšre avec Argentia, sur la presqu’üle d’Avalon Ă  Terre-Neuve, est assurĂ©e trois fois par semaine.

Le service de traversiers mis en place pour la premiĂšre fois en 1898, a fait de Channel-Port aux Basques le principal port d’entrĂ©e Ă  Terre-Neuve. Ce service est protĂ©gĂ© par la constitution en vertu de la lĂ©gislation adoptĂ©e lors de l’entrĂ©e de Terre-Neuve-et-Labrador dans la fĂ©dĂ©ration en 1949 et est considĂ©rĂ© comme faisant partie de la route transcanadienne.

Les traversiers sont d’imposants colosses blancs issus de l’ingĂ©nierie moderne dans un paysage autrement sauvage. Ils transportent des passagers, des vĂ©hicules et des marchandises d’un cĂŽtĂ© Ă  l’autre du dĂ©troit de Cabot, avec des remorques de tracteur garĂ©es nez Ă  nez en leur sein.

Comme la plupart des grandes industries au Canada, le transport maritime est confrontĂ© Ă  des changements Ă  mesure que le monde connaĂźt une transformation Ă©nergĂ©tique. Marine Atlantique a Ă©valuĂ© son inventaire d’émissions et a Ă©tabli une feuille de route pour parvenir Ă  la carboneutralitĂ© d’ici 2050, en insistant sur la rĂ©duction de la consommation de carburant de ses traversiers et de ses terminaux.

D’autres changements se profilent Ă©galement Ă  l’horizon, la province cherchant Ă  exploiter l’énergie Ă©olienne pour dĂ©velopper une industrie des Ă©nergies renouvelables et diversifier son Ă©conomie.

Évaluation du potentiel d’automatisation par l’IA gĂ©nĂ©rative des compĂ©tences et professions du SIPeC

Guide Ă  l’intention des chercheurs et des gouvernements pour reproduire la mĂ©thode employĂ©e par Oschinski et Walia (2025) avec DSPy.

Survol

L’IRPP a publiĂ© en mai l’étude de Matthias Oschinski et Ruhanie Walia intitulĂ©e Harnessing Generative AI: Navigating the Transformative Impact on Canada’s Labour Market. Celui-ci se penchait sur le risque d’automatisation des professions canadiennes. Ils suivaient une mĂ©thodologie innovante, n se servant de grands modĂšles de langage (GML) pour remplacer des experts humains afin d’évaluer dans quelle mesure les outils d’IA gĂ©nĂ©rative pourraient maĂźtriser diffĂ©rentes compĂ©tences et activitĂ©s professionnelles.

Je pense que cette technique pourrait ĂȘtre trĂšs utile Ă  un large Ă©ventail de chercheurs et d’analystes, tant au sein du gouvernement que dans le reste de la sociĂ©tĂ©. Il s’avĂšre que la tĂąche principale, qui consiste Ă  fournir systĂ©matiquement Ă  un GML une liste d’élĂ©ments afin d’obtenir une rĂ©ponse structurĂ©e (comme une note comprise entre 1 et 5), est Ă©tonnamment simple Ă  mettre en Ɠuvre avec les outils modernes.

Bien sĂ»r, la question n’est pas seulement de savoir si nous pouvons utiliser un GML, mais si nous devons le faire. En tant que nouvelle mĂ©thodologie utilisant des outils Ă©mergents et parfois peu fiables, les rĂ©sultats doivent ĂȘtre abordĂ©s avec prudence. En mĂȘme temps, la seule façon d’apprendre est d’expĂ©rimenter.

À cette fin, j’ai reproduit la premiĂšre partie de l’étude d’Oschinski et Walia (en produisant des Ă©valuations gĂ©nĂ©rĂ©es par l’IA pour les compĂ©tences et les activitĂ©s professionnelles) et l’ai publiĂ©e afin que d’autres puissent l’utiliser et l’adapter. Vous pouvez y accĂ©der en cliquant sur le lien ci-dessous.

J’espĂšre que ce projet encouragera d’autres chercheurs Ă  expĂ©rimenter cette nouvelle approche de l’analyse du marchĂ© du travail.

Le code fourni vous servira Ă  :

  • RĂ©aliser vos propres versions de cette expĂ©rience, en comparant mĂȘme diffĂ©rents modĂšles ou paramĂštres.
  • Suivre l’évolution de ces Ă©valuations Ă  mesure que de nouveaux outils d’IA apparaissent et que nous comprenons mieux leurs capacitĂ©s.
  • Adapter le script pour interroger les GML sur un sujet complĂštement diffĂ©rent, avec votre propre liste de termes et d’expressions.

Remerciement et avertissement

Je remercie Matthias Oschinski et Ruhani Walia d’avoir dĂ©veloppĂ© la mĂ©thodologie originale, d’avoir autorisĂ© la reproduction de leur Ă©tude et d’avoir apportĂ© leurs prĂ©cieux commentaires sur une version prĂ©liminaire du prĂ©sent guide.

Les opinions exprimĂ©es ici, ainsi que les erreurs Ă©ventuelles contenues dans le notebook qui l’accompagne, sont les miennes. Ce notebook a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© avec l’aide de Gemini (2.5 Pro Preview), dans le cadre de mon apprentissage du framework DSPy. J’assume l’entiĂšre responsabilitĂ© de son contenu et de son exactitude.

Travailleurs résilients, communautés résilientes

À l’heure de la transition Ă©nergĂ©tique et face Ă  la perspective d’une vaste reconfiguration des Ă©changes commerciaux, l’économie mondiale traverse une pĂ©riode tumultueuse qui touche du mĂȘme coup la place qu’y occupe le Canada.

Les rĂ©percussions qui s’ensuivent sont considĂ©rables pour l’ensemble des travailleurs canadiens, mais plus encore pour les communautĂ©s oĂč les emplois sont fortement concentrĂ©s dans les secteurs exposĂ©s Ă  des perturbations Ă©conomiques, y compris les communautĂ©s autochtones qui dĂ©pendent de l’industrie des ressources.

Souvent situĂ©es en rĂ©gion rurale ou Ă©loignĂ©e, ces communautĂ©s attirent plus difficilement des travailleurs qualifiĂ©s et ont un moindre accĂšs Ă  des formations. Entre autres problĂšmes, de nombreux travailleurs hĂ©sitent Ă  suivre Ă  leurs frais une formation sans lien avec des occasions d’emploi.

Les formations parrainĂ©es par l’employeur sont partie intĂ©grante de l’écosystĂšme d’éducation et d’apprentissage, mais elles ne renforcent pas nĂ©cessairement la rĂ©silience de la main-d’Ɠuvre. DiffĂ©rents ordres de gouvernement offrent des programmes qui remĂ©dient Ă  certaines lacunes, mais leur ampleur et leur portĂ©e limitĂ©es en restreignent l’efficacitĂ©. Et trop souvent, la planification du dĂ©veloppement Ă©conomique n’est pas coordonnĂ©e au dĂ©veloppement des compĂ©tences locales, ce qui prive d’importantes occasions les entreprises et les travailleurs.

En adoptant une approche du développement des compétences axée sur le lieu, à la fois proactive, coordonnée et adaptée aux défis et possibilités de chaque communauté, le Canada favoriserait la résilience dont il a besoin pour affronter les turbulences mondiales.

Pour prĂ©parer les travailleurs des communautĂ©s exposĂ©es Ă  l’avenir qui les attend, l’Institut de recherche en politiques publiques formule les recommandations suivantes :

  1. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux devraient offrir des programmes de formation flexibles et adaptés aux défis et possibilités des communautés exposées.
  • Au lieu de limiter les programmes de formation Ă  certains secteurs, compĂ©tences ou candidats, les gouvernements devraient offrir un financement flexible qui suscite un Ă©ventail d’idĂ©es de dĂ©veloppement Ă©conomique innovantes de la part des gouvernements locaux, employeurs, Ă©tablissements d’enseignement, chambres de commerce, syndicats, centres technologiques et organismes compĂ©tents.
  1. Les organismes du RĂ©seau de dĂ©veloppement des collectivitĂ©s du Canada (RDCC) financĂ©s par Ottawa devraient jouer Ă  l’échelon local un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant de coordination entre la planification Ă©conomique et le dĂ©veloppement des compĂ©tences.
  • Forts d’un mandat Ă©largi et d’un financement supplĂ©mentaire, les organismes du RDCC devraient assurer, de concert avec les agences de dĂ©veloppement Ă©conomique rĂ©gional qui les soutiennent, la coordination et le renforcement des liens entre les acteurs locaux et rĂ©gionaux qui contribuent au dĂ©veloppement Ă©conomique et au perfectionnement des compĂ©tences.
  1. Les gouvernements fĂ©dĂ©ral, provinciaux, territoriaux, municipaux et autochtones devraient activement faciliter les partenariats pour le dĂ©veloppement des compĂ©tences entre employeurs, Ă©tablissements d’enseignement, syndicats et organismes communautaires afin de tirer le maximum d’avantages locaux des grands projets.
  • Plusieurs grands projets sont prĂ©vus dans des communautĂ©s rurales ou Ă©loignĂ©es et leurs environs. Les compĂ©tences requises pour les projets devraient ĂȘtre dĂ©terminĂ©es tĂŽt dans le processus. Tous les niveaux de gouvernement devraient travailler avec les organismes compĂ©tents pour assurer la disponibilitĂ© et l’accessibilitĂ© des formations.