| Location | The United States, focusing on the Appalachian (13 states), Lower Mississippi Delta (eight states) and Northern Border regions (four states) |
| Initiative | The Workforce Opportunity for Rural Communities Initiative |
| Program snapshot | In 2019, the U.S. Department of Laborâs Employment and Training Administration partnered with the Appalachian Regional Commission and the Delta Regional Authority â two regional economic development agencies â to launch the Workforce Opportunity for Rural Communities (WORC) Initiative. In 2023, the initiative expanded to include the Northern Border Regional Commission. Since its launch, six rounds of grants have invested over $209 million in 158 projects. The initiative awards grants to locally administered, place-based workforce development projects in rural communities that are grappling with long-term economic distress linked to the decline of traditional industries, such as coal mining, forestry and manufacturing. In 2024, the initiativeâs sixth funding round expanded eligibility for so-called energy communities, including those with brownfields and areas with a coal-plant or -mine closure, to link rural workforce development with decarbonization goals. The WORC Initiative supports projects that identify and address regional workforce needs and boost local employersâ competitiveness. Its goal is to help communities retain residents by connecting them to family-sustaining, in-demand and quality jobs through career training and supportive services. Examples of funded projects include locally delivered upskilling and retraining programs, vocational training and apprenticeships, career counselling and entrepreneurship support, short-term certification and qualification programs and initiatives to build employment pipelines with local employers. |
| Sector focus | Projects are driven by local conditions and priorities. The 158 grant projects to date span sectors such as health care, trade, information technology, aviation, manufacturing, aerospace, clean energy and agricultural technology. |
| Time frame | Launched in 2019, the WORC Initiative completed six grant rounds between 2019 and 2024. A seventh round is currently under development. |

| Location | France |
| Initiative | The Compte personnel de formation (âPersonal Training Accountâ) |
| Program snapshot | The Compte personnel de formation is a quasi-universal system that encourages all French working-age adults to engage in lifelong learning and skills development as part of a national strategic plan for anticipating labour market changes, including changes resulting from the net-zero transition. Workers are credited with an annual training allocation in a personal account that is managed by the state but funded through mandatory employer levies. Credits in the account can be redeemed for certified training. The digital delivery platform is also starting to enable workers to document and certify their skills and training as well as develop personalized learning plans to anticipate future career changes. While not specific to so-called green-task jobs, at least one region has used the program infrastructure to incentivize retraining for high-priority occupations in the green economy. Available data do not permit any conclusions on the take-up of training related to net-zero transition occupations, nor do data permit analyses of relative participation by workers in sectors that are more or less exposed to the impacts of the net-zero carbon commitments made by the French government. However, the program infrastructure and data systems offer a national model for monitoring and influencing workersâ training decisions and their alignment with demand during the net-zero transition. |
| Sector focus | The Compte personnel de formation is not sector specific but is adaptable as a tool to promote green-task jobs. |
| Time frame | The Compte personnel de formation was launched in 2018, building on an older program, with programmatic updates since. |
Les efforts dĂ©ployĂ©s Ă lâĂ©chelle mondiale et canadienne pour rĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă effet de serre et abandonner les combustibles fossiles ont soulevĂ© une question politique centrale : Comment la main-dâoeuvre, les secteurs et les rĂ©gions peuvent-ils sâadapter et dĂ©velopper les compĂ©tences nĂ©cessaires pour un avenir Ă faible intensitĂ© de carbone ?
Certaines communautĂ©s ressentiront les effets plus rapidement et plus sĂ©vĂšrement, en particulier les petites zones rurales ou isolĂ©es oĂč lâemploi est fortement concentrĂ© dans les secteurs exposĂ©s et oĂč la diversification Ă©conomique locale est limitĂ©e.
Bien que le Canada offre un large Ă©ventail de mesures de soutien en matiĂšre de formation, dâassurance-emploi et de dĂ©veloppement Ă©conomique rĂ©gional, de nombreux programmes sont conçus pour la population en gĂ©nĂ©ral plutĂŽt que pour rĂ©pondre aux besoins spĂ©cifiques des communautĂ©s exposĂ©es. Des interventions ciblĂ©es et adaptĂ©es au contexte local, qui intĂšgrent le dĂ©veloppement Ă©conomique et celui de la main-dâoeuvre, peuvent contribuer Ă combler cette lacune. La formation professionnelle et le dĂ©veloppement de la main-dâoeuvre sont des leviers essentiels pour permettre des transitions efficaces et Ă©quitables.
Cette Ă©tude passe en revue huit initiatives internationales, menĂ©es en Australie, au Danemark, en France, en Nouvelle-ZĂ©lande, en Espagne, au Royaume-Uni et aux Ătats-Unis, qui intĂšgrent des approches locales de la formation professionnelle et du dĂ©veloppement de la maindâoeuvre, conçues pour aider les travailleurs Ă rester dans leur communautĂ© ou Ă proximitĂ© tout en acquĂ©rant les compĂ©tences dont ils ont besoin pour trouver un emploi Ă long terme. ConsidĂ©rĂ©es dans leur ensemble, ces Ă©tudes de cas constituent un cadre complet et unique au Canada pour renforcer la rĂ©silience de la main-dâoeuvre dans le cadre de la transition vers la carboneutralitĂ©. Chaque cas fait ressortir des choix de conception, des stratĂ©gies, des dĂ©fis et des Ă©lĂ©ments fondamentaux spĂ©cifiques qui pourraient ĂȘtre adaptĂ©s aux institutions canadiennes et aux rĂ©alitĂ©s du marchĂ© du travail.
Ces derniĂšres annĂ©es, les gouvernements ont manifestĂ© un regain dâintĂ©rĂȘt pour les politiques industrielles, alors que le Canada fait face Ă des tensions gĂ©opolitiques et Ă lâincertitude commerciale, ainsi quâĂ des dĂ©fis Ă long terme tels que la transition Ă©nergĂ©tique mondiale. Bien que le Canada ait une longue histoire en matiĂšre de politiques industrielles, elles ne sâaccompagnent pas toujours de pratiques dâĂ©valuation solides et cohĂ©rentes. Cela peut perpĂ©tuer des politiques sous-optimales et empĂȘcher de tirer les leçons des succĂšs et des Ă©checs.
Les gouvernements du pays ont besoin dâun nouveau cadre dâĂ©valuation cohĂ©rent pour les politiques industrielles. Trop dâĂ©valuations se concentrent sur les questions de processus et dâexploitation sans tenir compte des informations nĂ©cessaires Ă la prise de dĂ©cisions en matiĂšre de financement. Bien que lâĂ©valuation des rĂ©sultats des politiques pose des dĂ©fis mĂ©thodologiques, les approches et les outils modernes offrent des perspectives prometteuses.
Lâauteur fait les recommandations suivantes aux gouvernements :
Le regain dâintĂ©rĂȘt pour la politique industrielle au Canada devrait sâaccompagner dâun regain dâintĂ©rĂȘt pour les pratiques dâĂ©valuation rigoureuses. Les gouvernements doivent briser le cycle de dĂ©sintĂ©rĂȘt pour lâĂ©valuation, compte tenu de lâampleur des politiques industrielles et des risques quâelles comportent. Des pratiques dâĂ©valuation rigoureuses sont essentielles Ă la mise en Ćuvre rĂ©ussie de la politique industrielle afin de relever les dĂ©fis les plus pressants au pays.
Le Canada est confrontĂ© Ă plusieurs obstacles Ă©conomiques convergents. Les efforts dĂ©ployĂ©s Ă lâĂ©chelle mondiale pour rĂ©duire les Ă©missions redĂ©finissent les industries phares telles que lâĂ©nergie et lâindustrie manufacturiĂšre. Lâautomatisation et lâintelligence artificielle reconfigurent les tĂąches professionnelles et les compĂ©tences requises dans tous les secteurs. LâĂ©volution de lâenvironnement commercial oblige le Canada Ă diversifier ses partenaires. En mĂȘme temps, de plus en plus de Canadiens ont un sentiment de prĂ©caritĂ© en raison de lâaugmentation du coĂ»t des produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, des logements inabordables et inaccessibles, et de lâinsĂ©curitĂ© de lâemploi.
Toute transformation Ă©conomique majeure apporte Ă la fois de nouvelles possibilitĂ©s et des risques. Certaines communautĂ©s seront plus sensibles aux perturbations de la main-dâĆuvre qui peuvent avoir des effets dâentraĂźnement sur toutes les entreprises et tous les mĂ©nages. La prospĂ©ritĂ© et la cohĂ©sion du pays dĂ©pendront en grande partie de la capacitĂ© des populations et des territoires les plus exposĂ©s Ă sâadapter au changement et Ă saisir les occasions favorables.
Le projet Transformations communautaires de lâInstitut de recherche en politiques publiques a mis en Ă©vidence le lien entre la vulnĂ©rabilitĂ© des communautĂ©s et la transition vers la carboneutralitĂ©, ainsi que les tarifs douaniers amĂ©ricains, et Ă©value actuellement la vulnĂ©rabilitĂ© aux tarifs chinois. Nos recherches et analyses, qui comprennent des profils de plusieurs communautĂ©s canadiennes et une sĂ©rie dâĂ©tudes de cas internationales, montrent que les stratĂ©gies locales sont plus susceptibles dâaider Ă renforcer la rĂ©silience des communautĂ©s que les approches mur Ă mur.
Le gouvernement fĂ©dĂ©ral peut mettre en place un continuum de stratĂ©gies â des rĂ©ponses rapides aux renouvellements Ă long terme â qui soit pratique, adaptĂ© au lieu et portĂ© par la communautĂ©, en plus dâĂȘtre conçu et gouvernĂ© conjointement avec les partenaires locaux. Il reposera sur quatre piliers qui se renforcent mutuellement â un dĂ©veloppement Ă©conomique stratĂ©gique menĂ© par la communautĂ©, un dĂ©veloppement des compĂ©tences proactif et coordonnĂ©, des mesures de soutien social adaptĂ©es Ă lâĂ©chelle de la communautĂ©, ainsi quâune politique industrielle ciblĂ©e, adaptĂ©e aux territoires et Ă©mancipatrice â, ces piliers sâappuyant sur un cinquiĂšme traversant tous les autres : un socle de donnĂ©es, dâĂ©valuation et dâapprentissage continu (voir figure 1).
Source : Institut de recherche en politiques publiques.
Les communautĂ©s ne sont pas Ă la recherche de plans uniformes et directifs pour leur Ă©conomie ou leur main-dâĆuvre, pas plus quâelles ne disposent plus des ressources nĂ©cessaires pour Ă©laborer leurs propres stratĂ©gies. PrĂšs de 10â% de la population canadienne vit dans 68 communautĂ©s exposĂ©es aux perturbations de la main-dâĆuvre quâentraĂźnera la rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă effet de serre au Canada et dans le monde. Un sous-ensemble de ces communautĂ©s est Ă©galement susceptible de subir des perturbations commerciales. Il sâagit le plus souvent de communautĂ©s rurales ou Ă©loignĂ©es, moins diversifiĂ©es sur le plan Ă©conomique (voir figure 2).
Sources : Calculs de lâInstitut de recherche en politiques publiques fondĂ©s sur lâindice dâĂ©loignement de Statistique Canada (2023) et sur les donnĂ©es du recensement de 2021. Pour plus dâinformations sur la mĂ©thodologie
utilisée, voir Chejfec et al. (2025).
Notes : Les figures et la description des mesures sont disponibles en haute résolution pour le panneau 2a et le panneau 2b.
Quâelles soient dĂ©jĂ confrontĂ©es Ă des perturbations ou quâelles craignent dâen subir dans les dĂ©cennies Ă venir, ces communautĂ©s sont Ă la recherche de plans qui garantiront leurs moyens de subsistance, qui retiendront les nouvelles gĂ©nĂ©rations et qui maintiendront leur qualitĂ© de vie. Les programmes de dĂ©veloppement Ă©conomique fĂ©dĂ©raux, provinciaux et territoriaux existants apportent un certain soutien, mais ne sont pas Ă©quipĂ©s pour guider les communautĂ©s dans des transformations Ă©conomiques et sociĂ©tales Ă grande Ă©chelle. En outre, lâengagement de la communautĂ© est souvent insuffisant.
Le gouvernement fĂ©dĂ©ral dispose dĂ©jĂ dâorganismes sur le terrain dans la plupart des communautĂ©s vulnĂ©rables. Les SADC sont financĂ©es par les agences de dĂ©veloppement rĂ©gional, mais sont dirigĂ©es par un conseil dâadministration composĂ© de membres de la communautĂ©. Pour lâinstant, elles soutiennent principalement les petites entreprises, mais elles pourraient faire lâobjet dâune expansion et ĂȘtre dotĂ©es de ressources pour :
Une approche du dĂ©veloppement des compĂ©tences plus proactive, coordonnĂ©e et ancrĂ©e dans les rĂ©alitĂ©s locales, qui tient compte des dĂ©fis et des possibilitĂ©s propres Ă chaque communautĂ©, peut contribuer Ă renforcer la rĂ©silience dont le Canada a besoin pour faire face aux vents contraires de lâĂ©conomie mondiale. Notre analyse rĂ©vĂšle que 19 communautĂ©s canadiennes, qui reprĂ©sentent environ 4â% de la main-dâĆuvre du pays, sont parmi les plus vulnĂ©rables dans le contexte de la transition vers la carboneutralitĂ© et face aux tarifs douaniers amĂ©ricains (voir figure 3).
Sources : Calculs de lâIRPP dâaprĂšs Chejfec et al. (2025) et Chejfec (2025).
Notes : Le niveau dâexposition dĂ©pend de facteurs sous-jacents propres aux communautĂ©s, tels que la concentration de la main-dâĆuvre dans des secteurs Ă forte intensitĂ© dâĂ©missions ou orientĂ©s vers lâexportation. Il ne repose pas sur les politiques actuelles ou sur celles qui pourraient ĂȘtre adoptĂ©es Ă lâavenir au Canada ou dans dâautres pays. Lâanalyse est fondĂ©e sur les donnĂ©es de 2021. La figure identifie le nombre de divisions de recensement figurant parmi les 10 % les plus Ă©levĂ©s pour au moins un des trois indicateurs de vulnĂ©rabilitĂ© Ă la transition vers la carboneutralitĂ©, et parmi les 10 % les plus exposĂ©s aux tarifs douaniers amĂ©ricains. Pour les besoins de lâanalyse, les communautĂ©s sont dĂ©finies comme des divisions de recensement. Les encadrĂ©s de part et dâautre de la figure identifient les sous-secteurs les plus vulnĂ©rables face aux tarifs douaniers et Ă la transition vers la carboneutralitĂ©. Selon Statistique Canada, les secteurs Ă©conomiques sont dĂ©signĂ©s par des codes Ă deux chiffres du SystĂšme de classification des industries de lâAmĂ©rique du Nord (SCIAN), et les sous-secteurs sont des regroupements de groupes industriels et correspondent Ă des codes Ă trois chiffres.
Les communautĂ©s susceptibles dâĂȘtre affectĂ©es nĂ©gativement par la transition vers la carboneutralitĂ© ont tendance Ă avoir, en moyenne, une proportion plus Ă©levĂ©e de travailleurs ĂągĂ©s de plus de 55 ans, une plus grande proportion de main-dâĆuvre autochtone et un taux de diplomation postsecondaire plus faible que dans les collectivitĂ©s non vulnĂ©rables. Les entreprises, en particulier celles des zones rurales, continuent de signaler des pĂ©nuries de main-dâĆuvre. ÂLes communautĂ©s autochtones, rurales et isolĂ©es se heurtent Ă des obstacles en matiĂšre de formation et dâĂ©ducation, avec un accĂšs Ă moins dâĂ©tablissements dâenseignement et un rĂ©seau Internet inadĂ©quat. La responsabilitĂ© de lâorganisation et du financement de la formation et de lâĂ©ducation des adultes incombe souvent aux travailleurs, tandis que la formation offerte par les employeurs sâadresse gĂ©nĂ©ralement aux employĂ©s plus jeunes, plus scolarisĂ©s et travaillant Ă temps plein.
De nombreux programmes gouvernementaux, y compris ceux proposĂ©s dans le cadre des ententes sur le dĂ©veloppement du marchĂ© du travail, se concentrent sur le chĂŽmage actuel plutĂŽt que sur les possibilitĂ©s futures. Les services ne sont souvent disponibles quâaprĂšs la perte dâun emploi, lâobjectif Ă©tant de permettre aux personnes de retrouver un travail le plus rapidement possible. En mĂȘme temps, les programmes orientĂ©s vers lâavenir ont tendance Ă se concentrer sur des secteurs spĂ©cifiques, de maniĂšre assez restreinte. Ă lâĂ©chelle locale, les options de formation ne sont pas toujours alignĂ©es sur les plans de dĂ©veloppement Ă©conomique ou sur la capacitĂ© Ă tirer parti des possibilitĂ©s et des retombĂ©es pour la communautĂ© issues de grands projets.
Ătant donnĂ© que de nombreux grands projets proposĂ©s se dĂ©rouleront dans des communautĂ©s rurales ou Ă©loignĂ©es, les gouvernements peuvent collaborer avec les organismes concernĂ©s pour garantir lâaccĂšs Ă une formation professionnelle et la mise en place de mesures complĂ©mentaires de soutien social adaptĂ©es. Pour les communautĂ©s qui le souhaitent, ces partenariats pourraient constituer la base dâaccords de transformation communautaire Ă long terme, conçus et dirigĂ©s conjointement (comme dans lâĂ©tude de cas sur les accords pour une transition juste en Espagne).
Lâimpact des perturbations Ă©conomiques, y compris les mises Ă pied Ă grande Ă©chelle et les fermetures dâentreprises, dĂ©passe largement les travailleurs et les entreprises directement touchĂ©s : il sâĂ©tend aux chaĂźnes dâapprovisionnement, aux services locaux, aux entreprises, aux marchĂ©s du logement et aux familles (voir figure 4).
Une perte dâemploi gĂ©nĂ©ralisĂ©e peut avoir un impact sur le tissu social et Ă©conomique des communautĂ©s. Le chĂŽmage peut aggraver les problĂšmes de santĂ© mentale. Les travailleurs qui doivent voyager sur de plus longues distances pour trouver un autre emploi ont moins de temps Ă consacrer Ă lâengagement communautaire, ce qui peut nuire Ă la cohĂ©sion sociale. La baisse des revenus des mĂ©nages due Ă la perte dâemploi peut affecter les revenus des entreprises et des administrations locales, tandis que lâincertitude Ă©conomique peut entraĂźner une baisse des prix de lâimmobilier et freiner les investissements dans lâĂ©conomie locale.
Source : Institut de recherche en politiques publiques, dâaprĂšs Dallaire-Fortier, 2024.
Des carrefours de soutien communautaire Ă intervention rapide serviraient de guichets uniques dans la phase initiale dâune fermeture importante ou dâune mise Ă pied collective. Plusieurs modĂšles de services existent dĂ©jĂ au Canada, notamment les services de transition communautaires en Colombie-Britannique et les Centres POWER dâintervention en matiĂšre dâemploi pour protĂ©ger les travailleurs ontariens (Centres POWER).
Un fonds de transformation communautaire permettrait de crĂ©er des carrefours lĂ oĂč il nâen existe pas et dâĂ©tendre la portĂ©e, la capacitĂ© et les ressources des modĂšles partiels dans les provinces qui offrent dĂ©jĂ des services comparables. DĂšs leur mise en service, ces carrefours dĂ©ploieraient un ensemble de mesures dâaide préétablies et adaptĂ©es au contexte local, comprenant des sĂ©ances dâinformation prĂ©coces, des Ă©valuations rapides et personnalisĂ©es des besoins des individus, et des foires sur le bien-ĂȘtre pour identifier les besoins en matiĂšre de santĂ© mentale, de dĂ©pendance, de conseils financiers et dâassistance juridique ou locative. Ils pourraient Ă©galement coordonner leurs actions avec les SADC pour identifier de nouvelles possibilitĂ©s dâemploi et dâentreprise. Le personnel peut fournir une orientation pratique pour lâaccĂšs Ă lâassurance-emploi et Ă dâautres aides au revenu Ă plus long terme, ainsi quâaux services provinciaux dâemploi et de formation. Ils pourraient Ă©galement effectuer des orientations rapides vers des services communautaires et de logement.
La politique industrielle peut aider les grands employeurs Ă sâadapter aux changements structurels tout en renforçant les bases Ă©conomiques des communautĂ©s. Les communautĂ©s rurales et autochtones risquent de subir tout le poids des transformations Ă©conomiques, tout en Ă©tant confrontĂ©es Ă dâautres dĂ©fis et perspectives que dans les centres urbains. Les leviers de la politique industrielle du Canada restent fragmentĂ©s et axĂ©s sur les projets, favorisant les grands promoteurs disposant de capacitĂ©s administratives.
Les communautĂ©s autochtones, les entreprises rurales et les administrations locales se heurtent souvent Ă des obstacles qui les empĂȘchent dâaccĂ©der aux capitaux privĂ©s ou publics en raison de leur taille limitĂ©e, de la nĂ©cessitĂ© dâobtenir des garanties ou des exigences en matiĂšre de partage des risques. Les politiques industrielles locales peuvent aider Ă surmonter ces obstacles et Ă tirer parti des connaissances, des ressources et des rĂ©seaux locaux tout en assurant leur cohĂ©rence avec les objectifs nationaux (voir figure 5).
Source : IRPP, dâaprĂšs lâOrganisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomique (OCDE), 2025.
Les profils de certaines communautĂ©s vulnĂ©rables, rĂ©alisĂ©s par lâIRPP Ă partir dâentretiens locaux, offrent des points de vue concrets sur lâincidence rĂ©elle quâauraient une politique industrielle coordonnĂ©e et un suivi effectif.
Ă Estevan, en Saskatchewan, la communautĂ© redoute la fermeture Ă©ventuelle de deux centrales et dâune mine de charbon. Les dirigeants locaux appellent Ă une rĂ©ponse coordonnĂ©e Ă long terme, qui sâappuie sur des projets Ă©mergents tels quâun petit rĂ©acteur nuclĂ©aire modulaire et sur des projets liĂ©s aux matĂ©riaux pour batteries et aux Ă©nergies renouvelables.
Ă Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest, la fermeture des mines de diamants avant lâouverture de nouvelles mines de minĂ©raux critiques pourrait perturber la main-dâĆuvre locale en lâabsence dâune planification efficace et ciblĂ©e. Les premiers ministres des territoires ont demandĂ© une majoration de 15â% du crĂ©dit dâimpĂŽt pour lâexploration miniĂšre (CIEM) afin dâaccĂ©lĂ©rer les investissements et de compenser les coĂ»ts plus Ă©levĂ©s de lâexploration dans les territoires.
Ă Ingersoll, en Ontario, lâusine de montage CAMI de General Motors (GM) a obtenu le soutien du gouvernement pour passer Ă la production de fourgonnettes de livraison Ă©lectriques BrightDrop. En octobre 2025, GM a annoncĂ© quâelle mettrait fin Ă cette production dans lâusine CAMI. Les perspectives de la communautĂ© dĂ©pendent maintenant de lâobtention dâune nouvelle gamme de produits ou dâun nouveau projet de fabrication.
Ă Sault-Sainte-Marie, en Ontario, Algoma Steel traverse deux transformations majeures. Dâune part, le passage Ă un four Ă arc Ă©lectrique pour rĂ©duire ses Ă©missions et gagner en flexibilitĂ©â; dâautre part, la rĂ©orientation vers des produits plus demandĂ©s au sein mĂȘme du Canada. La combinaison de ces investissements avec des politiques dâapprovisionnement local et des infrastructures clĂ©s (comme un nouveau port) permettra de stimuler la demande tout en protĂ©geant les emplois.
Pour aider les employeurs et les travailleurs des communautĂ©s vulnĂ©rables Ă sâadapter aux transformations structurelles de lâĂ©conomie, les programmes fĂ©dĂ©raux devraient intĂ©grer une approche locale dans les politiques industrielles, incluant des crĂ©dits dâimpĂŽt, des subventions, un approvisionnement et des prĂȘts. Les investissements dans les grands projets doivent ĂȘtre liĂ©s aux compĂ©tences locales, aux infrastructures et aux possibilitĂ©s de propriĂ©tĂ©. Les gouvernements devraient investir dans le renforcement des capacitĂ©s locales afin que les communautĂ©s disposant de ressources limitĂ©es puissent participer Ă la planification et Ă la coordination industrielles. Cette approche concilie compĂ©titivitĂ© et cohĂ©sion, en veillant Ă ce que chaque projet majeur crĂ©e une valeur durable et inclusive pour les populations et les territoires qui lâaccueillent.
Une planification communautaire efficace dans un environnement de changement Ă©conomique exige de synthĂ©tiser des informations complexes et intersectorielles, notamment : lâexposition aux perturbations dans les diffĂ©rents secteurs dâactivitĂ©â; les prĂ©visions de la demande pour les professions Ă©mergentes et les nouvelles compĂ©tencesâ; la capacitĂ©, lâaccessibilitĂ© et la qualitĂ© des parcours de formation locauxâ; les rĂ©sultats documentĂ©s et les enseignements tirĂ©s de communautĂ©s comparablesâ; ainsi que lâadmissibilitĂ© aux programmes de soutien et leur popularitĂ©. Pourtant, ces informations sont fragmentĂ©es entre les ministĂšres fĂ©dĂ©raux (Emploi et DĂ©veloppement social Canada, Ressources naturelles Canada, Innovation, Sciences et DĂ©veloppement Ă©conomique Canada, etc.) et les enquĂȘtes de Statistique Canada, qui utilisent des mĂ©thodologies et des dĂ©finitions distinctes et difficiles Ă concilier. Les communautĂ©s exposĂ©es, souvent Ă court de ressources et de capacitĂ©s, doivent faire face Ă des dĂ©fis techniques et Ă des sources de donnĂ©es Ă©parses, alors mĂȘme quâelles devraient se concentrer sur la planification stratĂ©gique de leur transformation Ă©conomique. La figure 6 rĂ©sume ces dĂ©fis, ainsi que les principaux besoins en matiĂšre de coordination des donnĂ©es nĂ©cessaires pour soutenir les communautĂ©s.
Source : Institut de recherche en politiques publiques.
Sans accĂšs facile Ă des donnĂ©es actuelles et pertinentes, les communautĂ©s risquent dâĂȘtre retardĂ©es dans leurs actions, de mal placer leurs investissements et de manquer des occasions favorables. Ces consĂ©quences sâaggravent Ă mesure que les dĂ©lais de transition deviennent plus serrĂ©s, limitant la capacitĂ© et le temps disponibles pour la formation proactive de la main-dâĆuvre, la diversification Ă©conomique et la planification des infrastructures, tous des Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires pour attĂ©nuer les effets des perturbations Ă©conomiques.
Une synthĂšse coordonnĂ©e et une communication claire des donnĂ©es orientĂ©es vers les utilisateurs sont nĂ©cessaires. Il sâagit notamment dâintĂ©grer les sources existantes, dâharmoniser les dĂ©finitions et les zones gĂ©ographiques, de combler les lacunes critiques (par exemple, par rapport au caractĂšre opportun, au niveau de dĂ©tail Ă lâĂ©chelle locale, Ă lâutilisation et aux rĂ©sultats des programmes) et de prĂ©senter les informations dans un format adaptĂ© aux besoins de la communautĂ©. Cette fonction de coordination ne relĂšve dâaucun ministĂšre en particulier et nĂ©cessite une approche transversale, axĂ©e sur les besoins des communautĂ©s vulnĂ©rables en matiĂšre de donnĂ©es et de planification.
InspirĂ© du modĂšle de gouvernance du Centre canadien dâinformation sur lâĂ©nergie, le centre proposĂ© servirait de point dâaccĂšs centralisĂ© Ă lâinformation publique pour harmoniser les ensembles de donnĂ©es, publier des donnĂ©es et des tableaux de bord Ă lâĂ©chelle des communautĂ©s et orienter les utilisateurs Ă travers les programmes fĂ©dĂ©raux et provinciaux.
En commençant par intĂ©grer les donnĂ©es fĂ©dĂ©rales existantes Ă lâaide de dĂ©finitions normalisĂ©es et de zones gĂ©ographiques locales, le centre pourrait ensuite intĂ©grer progressivement les sources dâinformation provinciales, territoriales, municipales et autochtones, au fur et Ă mesure que les partenariats se dĂ©veloppent. Le centre pourrait Ă©galement suivre les rĂ©sultats et Ă©tablir des indicateurs de performance afin de favoriser une Ă©valuation des politiques fondĂ©e sur des donnĂ©es probantes et de fournir des signaux prĂ©coces â comme une hausse du chĂŽmage ou une baisse des prix de lâimmobilier âindiquant quâune intervention rapide pourrait ĂȘtre nĂ©cessaire au niveau communautaire. Cela permettrait dâajuster les investissements et de les rĂ©affecter Ă des stratĂ©gies qui donnent des rĂ©sultats sur le terrain.
Des outils internationaux comparables pourraient illustrer le concept. Par exemple, le Climate and Economic Justice Screening Tool (CEJST) aide les agences fĂ©dĂ©rales amĂ©ricaines Ă identifier les communautĂ©s dĂ©favorisĂ©es dans le cadre des programmes Justice40 en combinant huit catĂ©gories de vulnĂ©rabilitĂ©s pour Ă©tablir des critĂšres dĂ©cisionnels clairs pour les investissements communautaires. Cet outil a Ă©tĂ© abrogĂ© en janvier 2025 sous lâadministration Trump. En Europe, lâindice rĂ©gional de vulnĂ©rabilitĂ© Ă la transition Ă©cologique fournit une mesure composite de la vulnĂ©rabilitĂ© des rĂ©gions europĂ©ennes aux reconfigurations socioĂ©conomiques liĂ©es Ă la transition Ă©cologique. Il distingue les impacts directs (dĂ©pendance aux combustibles fossiles, industrie) et les impacts indirects (agriculture et utilisation des terres, tourisme, Ă©nergie, transport) et Ă©value la relation entre la vulnĂ©rabilitĂ© environnementale rĂ©gionale et la rĂ©partition des revenus.
Le centre pourrait Ă©galement constituer une bibliothĂšque vivante regroupant des Ă©tudes de cas, des guides de planification communautaire et des enseignements tirĂ©s dâexpĂ©riences nationales et internationales afin de soutenir la planification locale et de permettre un mentorat entre administrations. Il pourrait constituer une infrastructure pour les communautĂ©s de pratique, permettant de rapprocher des communautĂ©s confrontĂ©es Ă des dĂ©fis similaires afin de partager leurs approches et dâĂ©viter la redondance de leurs efforts.
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Carte interactive en ligne de lâexposition des communautĂ©s Ă la transition vers la carboneutralitĂ© : Cette carte offre une reprĂ©sentation visuelle des communautĂ©s du Canada exposĂ©es aux perturbations de la main-dâĆuvre liĂ©es Ă la transition vers la carboneutralitĂ©. Elle est accompagnĂ©e dâun document mĂ©thodologique dĂ©taillĂ© qui dĂ©crit comment la carte a Ă©tĂ© créée. |
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Carte interactive en ligne de lâexposition des communautĂ©s aux droits de douane amĂ©ricains : LâIRPP a créé une carte interactive et un tableau de bord des communautĂ©s exposĂ©es aux tarifs douaniers amĂ©ricains. LâIRPP a Ă©galement publiĂ© un commentaire sur les moyens dont le Canada dispose pour rĂ©duire sa vulnĂ©rabilitĂ© Ă ces droits de douane. |
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Notes dâinformation : Ces notes dâinformation explorent divers domaines et outils de politiques publiques, tels que le dĂ©veloppement Ă©conomique dirigĂ© par les communautĂ©s, le dĂ©veloppement des compĂ©tences axĂ© sur le lieu, les mesures de soutien social, la politique industrielle axĂ© sur le lieu et lâassurance-emploi, oĂč les gouvernements peuvent appuyer les communautĂ©s et les travailleurs au cours des transformations Ă©conomiques. Elles formulent des recommandations Ă lâintention des diffĂ©rents niveaux de gouvernement. |
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Profils communautaires : Dix communautĂ©s du Canada ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es pour faire lâobjet de profils plus dĂ©taillĂ©s. Ces profils permettent de mieux comprendre les dĂ©fis et les atouts propres Ă chaque communautĂ© et sont Ă©laborĂ©s Ă partir de tĂ©moignages et de perspectives de personnes qui y vivent et y travaillent. JusquâĂ prĂ©sent, lâIRPP a publiĂ© des profils pour Ingersoll (Ontario), Estevan (Saskatchewan), Cap Breton (Nouvelle-Ăcosse), Kitimat et village de Kitamaat (Colombie-Britannique), Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest) et Channel-Port aux Basques (Terre-Neuve-et-Labrador). |
Les pipelines font Ă nouveau lâobjet de vifs dĂ©bats, des tables rondes politiques aux discussions de cuisine. Alors que le Canada traverse une pĂ©riode difficile dans ses relations avec son principal partenaire commercial, avec lâincertitude Ă©conomique que cela entraĂźne, beaucoup voient les pipelines comme une panacĂ©e. En effet, le souvenir des booms pĂ©troliers des derniĂšres dĂ©cennies â et des retombĂ©es Ă©conomiques quâils ont gĂ©nĂ©rĂ©es â est encore frais dans lâesprit des travailleurs et des entreprises, ainsi que dans celui des communautĂ©s qui en ont bĂ©nĂ©ficiĂ©. Les Canadiens craignant dĂ©sormais les consĂ©quences des tensions commerciales, il nâest pas surprenant quâils sâintĂ©ressent de prĂšs aux solutions Ă©conomiques qui ont fait leurs preuves.
La nouvelle Loi visant Ă bĂątir le Canada du gouvernement fĂ©dĂ©ral et lâengagement de lâAlberta envers la construction d’un pipeline vers la cĂŽte ouest pourraient crĂ©er les conditions propices Ă la mise en place dâune nouvelle infrastructure pĂ©troliĂšre. Mais le diable est dans les dĂ©tails. La dynamique du marchĂ© pĂ©trolier a considĂ©rablement changĂ© au cours des deux derniĂšres dĂ©cennies, et lâĂ©volution future des prix mondiaux du pĂ©trole est incertaine. Ajoutez Ă cela le dĂ©fi de sâassurer le soutien des populations autochtones le long du tracĂ© prĂ©vu de lâolĂ©oduc, et le dossier commercial en faveur de ce nouveau projet devient compliquĂ©.
Cette Ă©tude Ă©value la viabilitĂ© dâun nouveau pipeline et formule les observations suivantes :
Pour ces raisons, la dĂ©cision relative Ă la construction dâun nouvel olĂ©oduc ne devrait pas ĂȘtre laissĂ©e uniquement au marchĂ©. Seuls les gouvernements peuvent dĂ©terminer si un pipeline sert lâintĂ©rĂȘt public. RĂ©trospectivement, la dĂ©cision fĂ©dĂ©rale de construire le projet dâagrandissement du rĂ©seau de Trans Mountain Ă©tait la bonne, mĂȘme compte tenu de son coĂ»t Ă©levĂ©. Mais il nâest pas certain quâun autre pipeline offrira les mĂȘmes avantages, en particulier si lâon tient compte de lâensemble des risques et des avantages.
Il est impossible de prĂ©dire lâavenir avec certitude, mais les Canadiens mĂ©ritent une Ă©valuation claire et transparente des risques et des avantages potentiels associĂ©s Ă un nouveau pipeline.
Le Canada est confrontĂ© Ă des dĂ©fis multiples qui frappent de toutes parts, mettent en pĂ©ril sa sĂ©curitĂ© Ă©conomique future et notre mode de vie. Des menaces pĂšsent sur notre souverainetĂ© et notre principale relation commerciale est mise Ă mal. La gĂ©opolitique est en tourmente. Une pĂ©nurie de logements sĂ©vit dâun ocĂ©an Ă lâautre et nos infrastructures essentielles sont dĂ©ficientes.
La politique industrielle, par laquelle les gouvernements encouragent dĂ©libĂ©rĂ©ment des activitĂ©s Ă©conomiques afin dâobtenir des rĂ©sultats que ne produiraient pas les seules forces du marchĂ©, peut aider Ă relever certains des dĂ©fis les plus urgents auxquels nous sommes confrontĂ©s. Mais elle ne doit ĂȘtre mise en Ćuvre que dans le cadre dâune stratĂ©gie solide basĂ©e sur des objectifs clairs, et ĂȘtre accompagnĂ©e dâune Ă©valuation rigoureuse et de bonnes pratiques de gouvernance.
Le Canada revendique une longue histoire de politiques industrielles, jalonnĂ©e de succĂšs et dâĂ©checs. Les nombreuses leçons que lâon peut en tirer peuvent aider les gouvernements Ă dĂ©cider quand, oĂč et comment utiliser les leviers de la politique industrielle, et comment la mettre en Ćuvre de la meilleure façon possible.
Nous avons recueilli les avis et conseils dâun grand nombre dâexperts, de parties prenantes et de dĂ©tenteurs de droits sur une pĂ©riode dâun peu plus de deux ans, au cours de laquelle nous avons aussi tenu quatre ateliers.
Nous formulons les recommandations suivantes pour les gouvernements qui souhaiteraient mettre en Ćuvre une politique industrielle :
Alors que les gouvernements fĂ©dĂ©ral, des provinces et des territoires du Canada sâefforcent de trouver des rĂ©ponses Ă un contexte commercial et gĂ©opolitique en constante Ă©volution, la politique industrielle peut jouer un rĂŽle clĂ© dans certains domaines. Le premier ministre Mark Carney a Ă©noncĂ© sept prioritĂ©s dans sa lettre de mandat au gouvernement en mai 2025. Plusieurs de ces prioritĂ©s, comme le logement et la dĂ©fense, peuvent ĂȘtre soutenues par la politique industrielle.
Nous proposons pour notre part six objectifs ou missions prioritaires Ă poursuivre dans le cadre dâune stratĂ©gie globale de politique industrielle pour le Canadaâ:
La politique industrielle a sa place dans toute rĂ©ponse crĂ©dible aux dĂ©fis qui sâen viennent, mais il est essentiel quâelle soit concentrĂ©e sur nos prioritĂ©s absolues. Nous devons aussi nous aussi inspirer des leçons du passĂ© et de lâexpĂ©rience dâautres pays, afin de nous assurer que les politiques industrielles atteignent leurs objectifs sans gaspiller les ressources publiques.
Si les gouvernements mettent en Ćuvre de bonnes politiques, bien exĂ©cutĂ©es, le Canada pourra Ă©merger des prĂ©sents dĂ©fis plus fort et plus uni.
Le succĂšs ou lâĂ©chec de politiques industrielles passĂ©es a largement Ă©tĂ© liĂ© Ă leur conception et leur mise en Ćuvre. Puisquâelles crĂ©ent des conflits potentiels â rĂ©els ou perçus â entre lâintĂ©rĂȘt public et lâintĂ©rĂȘt privĂ© des entreprises, les politiques industrielles requiĂšrent un niveau supplĂ©mentaire de prudence et de diligence qui va au-delĂ de ce que lâon peut attendre de programmes impliquant des transferts aux individus ou vers dâautres niveaux de gouvernement.
Nous proposons un cadre pour une politique industrielle réussie qui repose sur trois éléments fondamentaux : 1) une stratégie solide; 2) une bonne gouvernance; 3) une évaluation rigoureuse (figure A).
Une stratĂ©gie solide passe par une phase de conception Ă©tablissant des prioritĂ©s et des objectifs clairs, une analyse des lacunes et des dĂ©faillances qui empĂȘchent le secteur privĂ© dâinvestir dans ces prioritĂ©s, ainsi quâune Ă©valuation de lâefficacitĂ© des politiques existantes. Elle suppose Ă©galement une analyse minutieuse des approches (axĂ©es sur la mission ou basĂ©e sur une technologie, par exemple) et des instruments (comme un prĂȘt ou un crĂ©dit dâimpĂŽt) afin de dĂ©terminer lesquels seront les plus efficaces et les plus efficients pour atteindre les rĂ©sultats souhaitĂ©s. On devra Ă©galement prĂ©voir un plan de mise en Ćuvre et de suivi, et la possibilitĂ© dâajuster les paramĂštres de la politique au fil du temps.
La bonne gouvernance nĂ©cessite une combinaison dâexpertise, autant pour le personnel quâĂ travers un rĂ©seau plus large, un alignement sur les activitĂ©s dâautres niveaux de gouvernement ou de partenaires internationaux, ainsi que le choix des institutions les mieux placĂ©es pour rĂ©ussir. La mise en place dâune unitĂ© centrale chargĂ©e de guider et soutenir lâĂ©laboration et la mise en Ćuvre des politiques au sein du gouvernement permettrait de garantir la cohĂ©rence et lâapplication des meilleures pratiques.
Une Ă©valuation rigoureuse est Ă la base de tous les aspects dâune politique industrielle rĂ©ussie, en fournissant une boucle de rĂ©troaction continue par laquelle les leçons apprises enrichissent les dĂ©cisions futures sur la conception, le choix des instruments et la mise en Ćuvre. Des indicateurs de performance normalisĂ©s Ă©clairent la prise de dĂ©cision, en permettant de comparer diffĂ©rents types de politiques industrielles Ă travers les organisations chargĂ©es de les mettre en Ćuvre. Les Ă©valuations peuvent Ă©galement servir Ă communiquer les performances dâun programme Ă la population.
Bien que ces trois piliers soient essentiels au succĂšs dâune politique industrielle, ils ne doivent pas avoir pour effet de limiter l’audace ou l’ambition. En fait, une analyse minutieuse pourrait montrer quâun investissement public ciblĂ©, Ă court terme, et de grande envergure produirait de meilleurs rĂ©sultats Ă©conomiques et sociĂ©taux quâune intervention limitĂ©e et graduelle, divisĂ©e entre plusieurs objectifs. Cependant, les approches audacieuses doivent ĂȘtre appuyĂ©es par une analyse minutieuse et communiquĂ©es clairement Ă la population, souvent sceptique. De telles approches doivent Ă©galement ĂȘtre conçues et mises en Ćuvre en coordination avec les diffĂ©rents ordres de gouvernements et en collaboration avec les peuples autochtones.
Un nouveau visiteur de Channel-Port aux Basques, municipalitĂ© nichĂ©e entre mer et montagnes Ă lâextrĂ©mitĂ© sud-ouest de Terre-Neuve, ne remarquerait probablement jamais que la tempĂȘte post-tropicale Fiona est passĂ©e par lĂ le 24 septembre 2022. Au cours des annĂ©es qui ont suivi, certains quartiers de cette ville dâenviron 3 500 habitants ont tout simplement Ă©tĂ© effacĂ©s. Soit les maisons ont Ă©tĂ© emportĂ©es par la mer lorsque Fiona a soulevĂ© ces vagues violentes, soit elles ont Ă©tĂ© dĂ©molies plus tard par mesure de prĂ©caution. Dâautres maisons restent vides, vouĂ©es Ă la dĂ©molition.
Pour les habitants de cet endroit Ă©loignĂ©, escarpĂ© et offrant une vue imprenable sur la mer, cette absence est profondĂ©ment ressentie. Certains habitants ont tout simplement dĂ©mĂ©nagĂ©, tandis que dâautres tentent encore de se remettre de la catastrophe. On dit que les gens ont dĂ©sormais peur de lâocĂ©an, qui fait tellement partie de la vie ici.
La tempĂȘte Fiona est un autre coup dur pour une rĂ©gion qui avait dĂ©jĂ du mal Ă gĂ©nĂ©rer de nouvelles opportunitĂ©s Ă©conomiques. Aujourdâhui, lâaccent est mis sur la reconstruction, quâil sâagisse de logements ou de la remise en Ă©tat du sentier et de la plage de Grand Bay West, trĂšs apprĂ©ciĂ©s des habitants de la ville. Les travaux de reconstruction et de rĂ©paration ont alimentĂ© lâactivitĂ© Ă©conomique de la rĂ©gion ces derniĂšres annĂ©es.
Lâun des Ă©lĂ©ments stables de lâĂ©conomie locale est son principal employeur, Marine Atlantique, une agence fĂ©dĂ©rale qui assure toute lâannĂ©e le service quotidien de traversiers entre North Sydney, sur lâĂźle du Cap-Breton en Nouvelle-Ăcosse, et Channel-Port aux Basques. En Ă©tĂ©, une liaison saisonniĂšre avec Argentia, sur la presquâĂźle dâAvalon Ă Terre-Neuve, est assurĂ©e trois fois par semaine.
Le service de traversiers mis en place pour la premiĂšre fois en 1898, a fait de Channel-Port aux Basques le principal port dâentrĂ©e Ă Terre-Neuve. Ce service est protĂ©gĂ© par la constitution en vertu de la lĂ©gislation adoptĂ©e lors de lâentrĂ©e de Terre-Neuve-et-Labrador dans la fĂ©dĂ©ration en 1949 et est considĂ©rĂ© comme faisant partie de la route transcanadienne.
Les traversiers sont dâimposants colosses blancs issus de lâingĂ©nierie moderne dans un paysage autrement sauvage. Ils transportent des passagers, des vĂ©hicules et des marchandises dâun cĂŽtĂ© Ă lâautre du dĂ©troit de Cabot, avec des remorques de tracteur garĂ©es nez Ă nez en leur sein.
Comme la plupart des grandes industries au Canada, le transport maritime est confrontĂ© Ă des changements Ă mesure que le monde connaĂźt une transformation Ă©nergĂ©tique. Marine Atlantique a Ă©valuĂ© son inventaire dâĂ©missions et a Ă©tabli une feuille de route pour parvenir Ă la carboneutralitĂ© dâici 2050, en insistant sur la rĂ©duction de la consommation de carburant de ses traversiers et de ses terminaux.
Dâautres changements se profilent Ă©galement Ă lâhorizon, la province cherchant Ă exploiter lâĂ©nergie Ă©olienne pour dĂ©velopper une industrie des Ă©nergies renouvelables et diversifier son Ă©conomie.
LâIRPP a publiĂ© en mai lâĂ©tude de Matthias Oschinski et Ruhanie Walia intitulĂ©e Harnessing Generative AI: Navigating the Transformative Impact on Canada’s Labour Market. Celui-ci se penchait sur le risque dâautomatisation des professions canadiennes. Ils suivaient une mĂ©thodologie innovante, n se servant de grands modĂšles de langage (GML) pour remplacer des experts humains afin dâĂ©valuer dans quelle mesure les outils dâIA gĂ©nĂ©rative pourraient maĂźtriser diffĂ©rentes compĂ©tences et activitĂ©s professionnelles.
Je pense que cette technique pourrait ĂȘtre trĂšs utile Ă un large Ă©ventail de chercheurs et dâanalystes, tant au sein du gouvernement que dans le reste de la sociĂ©tĂ©. Il sâavĂšre que la tĂąche principale, qui consiste Ă fournir systĂ©matiquement Ă un GML une liste dâĂ©lĂ©ments afin dâobtenir une rĂ©ponse structurĂ©e (comme une note comprise entre 1 et 5), est Ă©tonnamment simple Ă mettre en Ćuvre avec les outils modernes.
Bien sĂ»r, la question nâest pas seulement de savoir si nous pouvons utiliser un GML, mais si nous devons le faire. En tant que nouvelle mĂ©thodologie utilisant des outils Ă©mergents et parfois peu fiables, les rĂ©sultats doivent ĂȘtre abordĂ©s avec prudence. En mĂȘme temps, la seule façon dâapprendre est dâexpĂ©rimenter.
Ă cette fin, jâai reproduit la premiĂšre partie de lâĂ©tude dâOschinski et Walia (en produisant des Ă©valuations gĂ©nĂ©rĂ©es par lâIA pour les compĂ©tences et les activitĂ©s professionnelles) et lâai publiĂ©e afin que dâautres puissent lâutiliser et lâadapter. Vous pouvez y accĂ©der en cliquant sur le lien ci-dessous.
JâespĂšre que ce projet encouragera dâautres chercheurs Ă expĂ©rimenter cette nouvelle approche de lâanalyse du marchĂ© du travail.
Le code fourni vous servira Ă :
Je remercie Matthias Oschinski et Ruhani Walia dâavoir dĂ©veloppĂ© la mĂ©thodologie originale, dâavoir autorisĂ© la reproduction de leur Ă©tude et dâavoir apportĂ© leurs prĂ©cieux commentaires sur une version prĂ©liminaire du prĂ©sent guide.
Les opinions exprimĂ©es ici, ainsi que les erreurs Ă©ventuelles contenues dans le notebook qui lâaccompagne, sont les miennes. Ce notebook a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© avec lâaide de Gemini (2.5 Pro Preview), dans le cadre de mon apprentissage du framework DSPy. Jâassume lâentiĂšre responsabilitĂ© de son contenu et de son exactitude.
Ă lâheure de la transition Ă©nergĂ©tique et face Ă la perspective dâune vaste reconfiguration des Ă©changes commerciaux, lâĂ©conomie mondiale traverse une pĂ©riode tumultueuse qui touche du mĂȘme coup la place quây occupe le Canada.
Les rĂ©percussions qui sâensuivent sont considĂ©rables pour lâensemble des travailleurs canadiens, mais plus encore pour les communautĂ©s oĂč les emplois sont fortement concentrĂ©s dans les secteurs exposĂ©s Ă des perturbations Ă©conomiques, y compris les communautĂ©s autochtones qui dĂ©pendent de lâindustrie des ressources.
Souvent situĂ©es en rĂ©gion rurale ou Ă©loignĂ©e, ces communautĂ©s attirent plus difficilement des travailleurs qualifiĂ©s et ont un moindre accĂšs Ă des formations. Entre autres problĂšmes, de nombreux travailleurs hĂ©sitent Ă suivre Ă leurs frais une formation sans lien avec des occasions dâemploi.
Les formations parrainĂ©es par lâemployeur sont partie intĂ©grante de lâĂ©cosystĂšme dâĂ©ducation et dâapprentissage, mais elles ne renforcent pas nĂ©cessairement la rĂ©silience de la main-dâĆuvre. DiffĂ©rents ordres de gouvernement offrent des programmes qui remĂ©dient Ă certaines lacunes, mais leur ampleur et leur portĂ©e limitĂ©es en restreignent lâefficacitĂ©. Et trop souvent, la planification du dĂ©veloppement Ă©conomique nâest pas coordonnĂ©e au dĂ©veloppement des compĂ©tences locales, ce qui prive dâimportantes occasions les entreprises et les travailleurs.
En adoptant une approche du développement des compétences axée sur le lieu, à la fois proactive, coordonnée et adaptée aux défis et possibilités de chaque communauté, le Canada favoriserait la résilience dont il a besoin pour affronter les turbulences mondiales.
Pour prĂ©parer les travailleurs des communautĂ©s exposĂ©es Ă lâavenir qui les attend, lâInstitut de recherche en politiques publiques formule les recommandations suivantes :