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Harnacher l’IA générative : composer avec son impact transformateur sur le marché de l’emploi canadien

Cette étude explore l’impact potentiel de l’intelligence artificielle (IA) générative sur la main-d’œuvre canadienne au cours des cinq prochaines années. Grâce à deux approches novatrices — l’utilisation de ChatGPT pour évaluer le risque d’automatisation de l’IA générative dans les professions et l’utilisation de la base de données du Système d’information sur les professions et les compétences (SIPeC) récemment créée — nous analysons comment l’IA générative pourrait transformer les activités professionnelles et les exigences en matière de compétences dans différents secteurs et régions de l’économie canadienne.

Pour ce faire, nous évaluons la capacité technique estimée de l’IA générative à composer avec les diverses compétences et activités professionnelles associées à toutes les professions au Canada. Il est important de noter que cela ne tient pas compte de l’ensemble des considérations qui peuvent entrer en ligne de compte dans la décision d’une entreprise d’automatiser un emploi particulier. L’automatisation de certaines professions peut, par exemple, être limitée par la nécessité d’investissements importants, de nouvelles technologies ou de modifications des lois et réglementations. Toutefois, en se concentrant uniquement sur la faisabilité technique en lien avec l’IA générative, nos estimations peuvent être utilisées pour anticiper un spectre plus large de risques et d’opportunités.

Notre analyse révèle trois tendances significatives qui ont des implications importantes pour l’amélioration de la productivité et le développement de la main-d’œuvre. D’abord, l’impact de l’IA varie considérablement selon les différents types de compétences et d’activités professionnelles, les tâches de bureau et de traitement des données présentant le risque d’automatisation le plus élevé. Les compétences impliquant les interactions interpersonnelles et sociales et l’enseignement sont nettement moins vulnérables.

Ensuite, plutôt que d’éliminer des professions entières, l’IA générative est plus susceptible de transformer la nature des tâches au sein d’une activité professionnelle donnée. C’est ce qu’indiquent nos résultats, qui montrent qu’une liste de professions représentant 50 % de l’emploi total au Canada présente un risque d’automatisation modéré du fait de l’IA générative, ce qui laisse supposer une automatisation partielle plutôt que complète.

Enfin, il existe d’importantes variations entre les industries et les régions, en fonction du type et du nombre de professions présentes. Des secteurs comme le transport et l’entreposage affichent la plus forte proportion de professions à risque (56,4 %), tandis que d’autres, comme les services éducatifs, font preuve d’une plus grande résilience (3,1 %). Ces différences sont plus prononcées dans certaines régions, comme le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest, où les secteurs de la fabrication, de l’exploitation minière et des transports affichent des parts plus élevées d’emplois à risque que dans le reste du pays.

Le risque d’automatisation varie également d’une région à l’autre lorsqu’on examine les types de professions qui sont actuellement en forte demande. En Ontario et au Manitoba, par exemple, les professions en demande présentent un risque moyen d’automatisation lié à l’IA générative plus élevé qu’à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador.

Ces résultats ont d’importantes implications pour les décideurs politiques et les chefs d’entreprise qui cherchent à tirer parti de l’IA générative pour accroître la productivité. Principalement, les variations géographiques et sectorielles suggèrent la nécessité d’approches ciblées pour le développement de la main-d’œuvre et l’adoption de l’IA, et la réalisation des avantages de l’IA générative en termes de productivité nécessitera de relever d’importants défis de mise en œuvre, en particulier pour développer les compétences nécessaires de la main-d’œuvre.

L’IA générative pourrait contribuer à relever les défis du Canada en matière de productivité, mais la capture de ces gains nécessite une approche coordonnée du développement de l’infrastructure et de la préparation de la main-d’œuvre. Nos résultats suggèrent que les initiatives d’amélioration des compétences et de formation devraient donner la priorité au développement de compétences complémentaires — les compétences qui présentent un faible risque d’automatisation mais une valeur élevée dans un milieu de travail qui fait usage de l’IA. Il s’agit notamment des compétences sociales, managériales et de leadership qui, selon notre analyse, sont les moins menacées par l’automatisation due à l’IA générative. Cette étude contribue donc à la compréhension de la manière dont l’IA générative peut être déployée pour stimuler la productivité canadienne tout en soutenant une adaptation plus large de la main-d’œuvre.

Big Innovation in Small Places: Southeast Saskatchewan Demonstrates How Rural Innovators Can Lead Canada’s Economic Transformation

Ce Commentaire IRPP soutient que la voie vers une innovation et une productivité accrue passe par les communautés rurales, dont il est grand temps que les gouvernements fédéral et provinciaux reconnaissent le potentiel. Son auteur, Gordon More, directeur du Southeast Techhub (SETH) d’Estevan en Saskatchewan, y explique comment les régions rurales peuvent devenir des moteurs d’innovation si les gouvernements y soutiennent les modèles de conception locale et s’ils collaborent avec les leaders locaux selon leurs propres termes. L’auteur exhorte les gouvernements à aller au-delà des projets pilotes et à fournir plutôt un soutien prolongé et flexible qui fonctionne en accord avec les connaissances et l’expertise locales.

Kitimat et village de Kitamaat : De grands rêves au pays des Haislas

À la tête du chenal Douglas, sur la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique, s’étend le territoire ancestral de la nation Haisla, dont le mode de vie a toujours reposé sur la terre, la mer et la pêche.

L’arrivée des colons européens y avait marqué le début d’une période de maladies, d’oppression et de discrimination dont les Haislas ne sont pas encore complètement remis. Mais, ils ont repris leur destin en main, portés par des rêves plus ambitieux que ce que l’on croyait réalisable.

Englobant la municipalité de Kitimat et le village de Kitamaat de la nation Haisla, la région attire des projets industriels de grande envergure depuis plusieurs décennies grâce à son port en eau profonde qui permet d’accéder aux marchés internationaux.

Elle forme un pôle de développement industriel depuis qu’Alcan y a ouvert une aluminerie et une installation hydroélectrique au début des années 1950. Plus récemment, LNG Canada, mené par un consortium d’entreprises, a construit une installation de traitement et d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) de 40 milliards $ aux portes de la nation Haisla.

Historiquement, les Haislas ont peu profité de cet essor industriel, qui leur a surtout porté préjudice. Les choses ont changé depuis qu’ils ont négocié une part du gaz naturel du gazoduc Coastal GasLink qui alimente le terminal de LNG Canada, puis lancé leur propre projet de GNL. La construction de Cedar LNG, une installation flottante de traitement du GNL majoritairement détenue par les Haislas, devrait s’achever fin 2028, trois ans après le projet de LNG Canada.

À l’heure où le Canada est confronté au bouleversement de ses liens commerciaux avec les États-Unis, la possibilité d’accéder aux marchés asiatiques depuis Kitimat suscite de plus en plus d’intérêt. On a même proposé d’y reprendre l’exportation du pétrole, mais les Haislas et certains résidents ont prévenu qu’ils s’opposeraient à une telle décision.

La nation Haisla a apporté son soutien à l’industrie florissante du GNL parce qu’elle déplace vers l’Asie l’énergie au charbon et favorise ainsi la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Ailleurs dans la communauté et la province, d’autres soutiennent que les nouveaux projets feront plutôt obstacle à la réalisation des objectifs climatiques.

Quoi qu’il en soit, la réussite de ces grands projets montre qu’on peut accomplir de grandes choses au Canada tout en assurant des avantages durables aux peuples autochtones et en limitant les dommages écologiques. Mais ce fragile équilibre pourrait être ébranlé par une croissance plus importante. Certains craignent en outre que ce regain d’activité industrielle n’accentue la dépendance de Kitimat à l’égard d’une économie en dents de scie.

Le Cap-Breton: Quand une région charbonnière se tourne vers les énergies renouvelables

La sinueuse Cabot Trail, qui déploie ses 300 kilomètres autour du littoral escarpé de la pointe nord de l’île du Cap-Breton, offre des vues imprenables sur de verdoyantes collines, des falaises abruptes et l’immensité de l’océan Atlantique. D’abord appelée Unama’ki par les Micmacs, l’île a connu au fil des décennies de grands bouleversements provoqués par le déclin des industries dont elle dépendait : l’acier, la pêche à la morue et, surtout, le charbon.

Longtemps synonyme d’exploitation charbonnière, la région semble à l’orée d’un autre grand tournant depuis que la Nouvelle-Écosse s’est engagée à éliminer ses centrales au charbon d’ici à 2030 et à produire 80 % de son électricité à partir de sources d’énergie renouvelable.

Le charbon sert encore à produire environ 40 % de l’électricité de la province, y compris dans trois centrales de l’île du Cap-Breton.

Dans le cadre de sa transition énergétique, le gouvernement néo-écossais a annoncé son intention de stimuler le développement d’énergies propres, dont l’éolien en mer. Une évaluation du potentiel de l’éolien extracôtier a permis d’identifier plusieurs zones favorables, dont l’une au large de la côte nord-est du Cap-Breton. S’il se concrétise, ce projet pourrait donner le coup d’envoi à une toute nouvelle industrie dans la région et au développement d’autres carburants à faible teneur en carbone, notamment l’hydrogène vert.

Les communautés des Premières Nations du Cap-Breton, autrefois exclues des grands projets de développement, sont partenaires actionnaires de plusieurs initiatives d’énergie propre et devraient apporter une solide contribution à ce secteur en expansion.

De plus, la population de la région semble augmenter après des décennies de recul, surtout grâce à l’afflux d’étudiants étrangers qui lui offrent une nouvelle vitalité.

Mais les défis sont nombreux. Les projets d’éolien en mer et d’hydrogène vert nécessitent d’importants investissements, et l’on ignore dans quelle mesure ils seront touchés par la décision du président américain Donald Trump de suspendre tout nouveau projet d’éolien extracôtier aux États-Unis.

Malgré son potentiel, le Cap-Breton reste toutefois l’une des régions les plus pauvres du Canada, comme en témoignent ses taux de chômage et de pauvreté infantile supérieurs à la moyenne nationale.

Ses habitants sont aussi conscients que la transition nécessitera un changement de mentalité. Mais la plupart considèrent les énergies renouvelables comme une occasion à saisir plutôt qu’une menace à leur mode de vie.

Mesurer l’exposition de la main-d’œuvre des communautés face aux exportations américaines

Dans le cadre du projet Transformations communautaires de l’IRPP, nous avons beaucoup réfléchi à la manière dont les chocs externes peuvent affecter de manière disproportionnée la main-d’œuvre locale. Même lorsque le choc semble gérable au niveau national, il peut perturber considérablement l’activité économique dans certaines communautés à travers le pays, avec des conséquences sociales et économiques potentiellement durables.

Notre travail s’est largement concentré sur le potentiel de perturbation de la main-d’œuvre lié aux efforts mondiaux et nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. À l’aide d’une nouvelle méthodologie et d’une carte interactive, nous avons identifié les communautés où une grande partie de la main-d’œuvre est employée dans les secteurs ou les industries les plus susceptibles d’être affectés par la transition énergétique mondiale. Nous publions également une série de profils de communautés et de notes d’information qui contiennent des recommandations à l’intention des gouvernements.

Nous avons focalisé notre analyse au niveau communautaire parce que le risque de perturbation de la main-d’œuvre est le plus élevé dans les zones à forte concentration d’emplois dans certains secteurs précis. Dans ces communautés, ce ne sont pas seulement les travailleurs directement employés par les entreprises touchées qui sont confrontés à des perturbations. Cela peut affecter tout le monde, des fournisseurs locaux aux restaurants.

Avec l’émergence d’une guerre commerciale de plus en plus intense avec notre principal partenaire commercial, nous avons adapté notre méthodologie afin d’examiner le niveau d’exposition des communautés aux perturbations de la main-d’œuvre causées par les tarifs douaniers. Les droits de douane américains pourraient avoir un impact significatif sur les travailleurs des communautés dont une grande partie des emplois se trouve dans des secteurs dépendant des exportations vers les États-Unis.

Alors que l’incertitude plane sur les niveaux tarifaires et les produits auxquels ils pourraient s’appliquer, nos tableaux de bord permettent aux utilisateurs d’identifier les communautés où l’emploi est concentré dans les secteurs ciblés. Les gouvernements peuvent utiliser ces informations pour élaborer des programmes visant à atténuer les effets des droits de douane et à aider les communautés à diversifier leur économie et à réduire leur niveau d’exposition.

L’analyse

Les deux tableaux de bord ci-dessous présentent les résultats de notre analyse. Nous avons utilisé les divisions de recensement comme substitut aux communautés. L’exposition de la main-d’œuvre aux exportations américaines correspond au niveau moyen d’exposition industrielle d’une communauté, pondéré en fonction de la part de l’emploi dans chaque industrie. L’exposition industrielle est égale à la valeur des exportations américaines d’une industrie en tant que part de la production en 2021 des industries exportatrices de biens. Les industries qui n’exportent aucuns biens vers les États-Unis se voient attribuer la valeur 0 dans notre échelle de mesure. Les données sur l’emploi proviennent du recensement de 2021 (tableau 98-10-0592-01) et les données sur l’industrie proviennent des tableaux des ressources et des emplois (tableaux 12-10-0100-01 et 36-10-0488-01).

Pourquoi utiliser des figures interactives ? Le Canada compte 293 divisions de recensement et la plupart d’entre elles emploient au moins un travailleur dans plus de 10 industries exportatrices de biens. Les tableaux de bord sont le moyen le plus simple d’explorer et de transmettre nos conclusions. L’incertitude quant aux produits qui seront touchés et à l’ampleur de l’impact favorise également l’utilisation d’outils plus souples.

Quelques mises en garde

Bon nombre des mises en garde décrites dans notre méthodologie pour mesurer le niveau d’exposition des communautés aux perturbations de la main-d’œuvre s’appliquent également ici. Notre mesure de l’exposition industrielle est basée sur des moyennes nationales, qui ne reflètent pas nécessairement le commerce réel dans les divisions de recensement. Certaines communautés peuvent avoir beaucoup d’emplois dans des industries très exposées au niveau national, mais ces mêmes industries peuvent ne pas être aussi exposées au niveau local.

Les données de recensement ont également leurs limites. Certaines divisions de recensement sont trop vastes et ses communautés trop clairsemées pour constituer de bons indicateurs des communautés, et les chiffres de l’emploi pour certaines industries ne sont pas disponibles sous forme désagrégée (comme la production végétale et animale).

Tableau de bord 1 : Carte de l’exposition de la main-d’œuvre aux exportations américaines par division de recensement

Ce tableau de bord présente une carte des provinces et territoires canadiens par divisions de recensement, colorée en fonction de l’exposition estimée de leur main-d’œuvre aux exportations américaines en 2021. En cliquant sur les noms des provinces ou des territoires à droite, vous filtrerez l’affichage (en maintenant la touche Ctrl enfoncée, vous pourrez en choisir plusieurs). Le diagramme à barres situé à côté indique la part de la main-d’œuvre totale vivant dans les divisions de recensement dans les six niveaux d’exposition.

Le tableau sous la carte répertorie toutes les divisions de recensement de la province ou du territoire sélectionné, classées en fonction de l’exposition de la main-d’œuvre aux exportations américaines. Pour en savoir plus sur une division de recensement, cliquez dessus sur la carte et le tableau s’agrandira pour montrer les quatre principales industries contribuant au niveau d’exposition de la main-d’œuvre de la division de recensement. Vous pouvez afficher le tableau de bord en plein écran en cliquant sur le bouton situé dans le coin inférieur droit, à gauche de « Partager ».

 

Tableau de bord 2. Ventilation de l’exposition de la main-d’œuvre aux exportations américaines par division de recensement

Ce tableau de bord présente les 293 divisions de recensement du Canada à partir du même ensemble de données.

Chaque tuile représente une division de recensement. Sa taille est déterminée par la mesure sélectionnée. Par défaut, l’exposition de la main-d’œuvre aux exportations américaines est affichée, mais les utilisateurs peuvent également choisir de classer les données en fonction du nombre de travailleurs ou de la part de la main-d’œuvre locale.

Les utilisateurs peuvent se concentrer sur des industries ou des groupes d’industries précis en cliquant sur leur nom. Les industries ont été sélectionnées en raison d’une combinaison d’exposition élevée et de grandes concentrations d’emploi dans les divisions de recensement. Les principales industries sont toutes les industries exportatrices de biens pour lesquelles les exportations américaines représentaient plus de 40 % de la production en 2021.

Cliquez sur une division de recensement (tuile) pour en savoir plus. Recherchez une division de recensement sur la carte en utilisant la barre de recherche en bas à droite. Vous pouvez afficher le tableau de bord en plein écran en cliquant sur le bouton situé dans le coin inférieur droit, à gauche de « Partager ».

 

Encadré 1. Trouver votre communauté

Toutes les divisions de recensement sont identifiées par un nombre à quatre chiffres appelé DRIDU. Vous pouvez utiliser l’outil ci-dessous pour trouver le DRIDU de votre division de recensement. Consultez l’outil GéoRecherche de Statistique Canada pour plus d’information.

 

Téléchargez les données qui ont servi à créer ces tableaux de bord.

Plus d’œufs dans plus de paniers : Il faut réduire la vulnérabilité canadienne face aux tarifs américains, à commencer dans les communautés les plus affectées

Le président américain Donald Trump pensait peut-être que les droits de douane pousseraient le Canada vers une plus grande intégration avec les États-Unis, mais ils ont fait le contraire. Les Canadiens évitent les produits américains, annulent leurs vacances et vendent même leurs propriétés dans le sud.

Malgré des objectifs en constante mutation, les promesses non tenues et les menaces à la souveraineté du Canada, certains gardent encore espoir de pouvoir négocier avec l’administration Trump.

D’autres sont convaincus que le Canada peut obtenir des concessions en ripostant par des contre-tarifs et d’autres mesures punitives, même s’il est difficile d’avoir un impact significatif sur une économie plus de dix fois supérieure à la nôtre.

Le Canada n’est peut-être pas en mesure de contrôler ce que font les États-Unis, mais nous pouvons commencer à faire le travail nécessaire pour réduire l’influence économique qu’ils exercent sur nous. S’il est vrai que l’achat de produits canadiens peut être utile, notre marché intérieur n’est pas assez grand pour soutenir notre économie. Il est essentiel de diversifier tant la nature de nos exportations que les pays auxquels elles sont destinées.

Ce ne sera pas facile. Tout particulièrement pour les membres des communautés les plus touchées par les droits de douane.

Les gouvernements peuvent aider ces communautés à surmonter les impacts à court terme tout en s’efforçant de simultanément réorienter les économies locales et renforcer la résilience nationale.

LES CANADIENS : ENFIN ASSEZ DÉTERMINÉS POUR SE DIVERSIFIER ?

Les Canadiens se sentent trahis par un pays où se trouvent, pour beaucoup d’entre eux, familles, amis et collègues. Le Canada a signé de multiples accords de libre-échange avec les États-Unis en toute bonne foi, permettant aux entreprises privées des deux côtés de la frontière de réaliser des transactions mutuellement bénéfiques. La situation actuelle semble également différente des conflits commerciaux précédents, puisque le président Trump porte ouvertement atteinte à notre souveraineté.

La plupart des Canadiens ne veulent pas être Américains et sont prêts à tout pour défendre leur souveraineté.

Il sera essentiel de réduire l’influence économique que les États-Unis exercent sur nous. Nous avons mis la plupart de nos œufs dans le même panier avec le libre-échange américain, en attendant de notre allié de longue date qu’il respecte sa part du contrat.

Puisque nous ne pouvons plus compter sur les Américains, nous devons trouver d’autres œufs et d’autres paniers. Même si les États-Unis abandonnaient demain leurs menaces tarifaires, nous ne pouvons plus refermer les yeux sur les risques découverts. Préserver la souveraineté du Canada, c’est travailler avec le secteur privé pour réduire notre dépendance à l’égard de notre voisin.

Mais diversifier ses exportations est aussi difficile que lutter contre la gravité. Nous vivons à un jet de pierre de la plus grande économie du monde et y vendre nos biens a été facile, pratique et lucratif.

À court terme, l’économie de notre pays risque de rétrécir et le niveau de vie des Canadiens pourrait connaître un déclin. Mais à moyen et long terme, en changeant à la fois ce que nous produisons et pour qui nous le produisons, notre économie et notre pays en tant que tel pourraient s’en trouver plus forts et plus résilients.

Une figure montre les principaux pays destinataires des exportations canadiennes en 2024. Les États-Unis représentaient 76 % des exportations canadiennes cette année-là.

Pour réduire l’influence des États-Unis sur le Canada, nous devons augmenter les exportations vers d’autres marchés

Le Canada a vendu pour 547 milliards de dollars de marchandises aux États-Unis en 2024 (voir figure 1). La même année, nous avons vendu pour 173 milliards de dollars à d’autres pays. Cela signifie que 76 % des exportations de biens du Canada sont destinées aux États-Unis. Le Canada devra fournir un effort considérable pour rééquilibrer la situation et ainsi se défaire de l’effet de levier que les États-Unis exercent sur lui.

Le pétrole et le gaz, les véhicules et les pièces automobiles constituent nos principales exportations vers les États-Unis (voir figure 2). Elles contribuent significativement au PIB et à l’emploi au Canada. En 2022, 74 % du pétrole et du gaz produits et 54 % du matériel de transport fabriqué au pays étaient destinés à notre voisin du sud.

Le Canada a déjà fait un grand pas vers l’exportation de son pétrole et de son gaz vers d’autres marchés avec l’ouverture en 2024 de l’oléoduc agrandi Trans Mountain, ou TMX, qui va de l’Alberta à la côte ouest, et du gazoduc Coastal GasLink qui va du nord-est de la Colombie-Britannique à l’installation LNG Canada de Kitimat, qui devrait commencer ses exportations en 2025. Cependant, la capacité maximale du TMX ne représente qu’environ 18 % de la production canadienne de pétrole brut de novembre 2024. Elle pourrait atteindre 23 % si des modifications sont apportées, telles que l’ajout de stations de pompage. Il est également possible de construire un tronçon nord de l’oléoduc TMX pour acheminer le pétrole jusqu’à Kitimat, mais une farouche opposition à la présence de pétroliers dans le canal Douglas reste probable. L’installation de LNG Canada aura la capacité de traiter environ 11 % de la production de gaz naturel du pays. Plusieurs autres installations de gaz naturel liquéfié sont prévues, ce qui pourrait accroître considérablement la capacité du Canada à exporter vers des marchés autres que les États-Unis.

Une figure montre les principaux produits que le Canada a exportés vers les États-Unis et les importations correspondantes de ces produits des États-Unis vers le Canada en 2024. Le Canada a exporté pour 596 milliards de dollars de produits et en a importé pour 376 milliards.

Il est plus difficile d’orienter la construction automobile vers des marchés non américains, étant donné l’intégration étroite des secteurs canadien et américain. Toutefois, les fournisseurs de pièces automobiles, tels que Magna International, Linamar et Martinrea International, pourraient éventuellement accroître leurs exportations vers d’autres marchés.

LE CANADA A BESOIN D’UNE DIVERSITÉ DE MARCHÉS ET DE PRODUITS

Vendre nos principales sources d’exportation à d’autres pays ne suffira pas à améliorer notre résilience, car les secteurs du pétrole, du gaz naturel et de l’automobile sont également exposés aux perturbations du marché mondial. Par exemple, le Canada pourrait construire de multiples oléoducs vers ses côtes est et ouest, pour ensuite être confronté à une baisse de la demande mondiale de pétrole à mesure que la Chine, l’Europe et d’autres pays adoptent le transport électrique et l’énergie propre. Les technologies des batteries des véhicules électriques sont également en constante évolution, ce qui pourrait perturber les usines de fabrication de batteries lithium-ion. Pour être résilient, le Canada devra diversifier à la fois ses clients et les produits qu’il vend.

Une analyse réalisée en 2021 par Exportation et développement Canada donne des indications utiles sur les possibilités de choix des destinataires de nos ventes. Cette analyse a identifié d’importantes possibilités d’exportation pour le Canada, en supposant que les risques politiques, les accords de libre-échange et la proximité culturelle restent inchangés (ce qui n’est évidemment plus le cas). L’ensemble des débouchés non américains identifiés par Exportation et développement Canada représenterait moins d’un tiers de la valeur des exportations canadiennes actuelles vers les États-Unis (voir figure 3). Néanmoins, en saisissant ces occasions, le Canada pourrait doubler ses exportations vers les marchés non américains. Mais il y a aussi des considérations géopolitiques sur les marchés non américains, la Chine et l’Inde représentant certains des plus grands débouchés.

Le potentiel pourrait être plus important si le Canada diversifiait et élargissait les biens qu’il produit. Les marchés dont la croissance est plus certaine au cours du siècle à venir pourraient constituer de bons paris. Il s’agit notamment des minéraux essentiels, des matériaux pour batteries, de l’agriculture et de l’agroalimentaire, de l’uranium et de la potasse.

Une carte montre les possibilités d'exportation de biens et de services canadiens déterminées par Exportation et développement Canada, par continent. Les principaux partenaires commerciaux identifiés sont les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France, l'Inde, la Chine et l'Australie. La carte met également en évidence les marchés potentiels en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie.

Il y a également fort à parier que les dépenses mondiales en matière de défense augmenteront, y compris au Canada. Les entreprises canadiennes pourraient saisir certaines de ces opportunités, qui débouchent souvent sur des applications civiles.

La technologie est un autre domaine où il est possible de mieux saisir les opportunités du marché mondial, notamment dans les technologies propres, la biotechnologie et l’intelligence artificielle.

Il ne faut pas non plus oublier le potentiel de croissance des exportations de services, domaine dans lequel le Canada s’est davantage diversifié au cours de la dernière décennie.

ACHETER CANADIEN ÇA AIDE, MAIS ÇA A SES LIMITES

Le Canada est la dixième économie mondiale, mais se classe au 37e rang en termes de population. Nous ne pourrons pas maintenir notre niveau de vie si nous ne mettons pas l’accent sur les exportations. Cela signifie qu’il est dans notre intérêt de défendre un commerce sans entraves et fondé sur des règles dans le monde entier. Les accords commerciaux s’accompagnent d’un accord : chaque pays bénéficie d’une réduction des barrières commerciales et d’un accès accru au marché de l’autre. Lorsque les Canadiens sont ouverts à l’achat de produits internationaux, notre marché est plus attrayant pour les accords commerciaux. Nous ne voulons pas que cela change.

Par exemple, le Canada est sur le point de conclure un accord commercial global avec l’Union européenne qui offre un énorme potentiel économique. Avec la mise en œuvre provisoire de l’accord en 2017, les exportations canadiennes vers l’Europe ont augmenté de 31 % entre 2016 et 2023. Nos importations en provenance de l’Europe ont augmenté de 56 % au cours de la même période. Dix pays de l’Union européenne, dont la France et l’Italie, doivent encore ratifier l’accord. Une forte demande canadienne pour leurs produits pourrait contribuer à sceller l’accord.

Lorsqu’un pays, comme les États-Unis, menace de violer les accords commerciaux existants, il peut être possible de bénéficier d’un sentiment d’achat canadien pour détourner la consommation des importations américaines vers des produits de substitution canadiens. Ce sentiment pourrait être particulièrement utile aux entreprises canadiennes qui perdent des marchés à cause des droits de douane. L’impact le plus important proviendrait des gouvernements et des grandes entreprises qui changent de fournisseurs, mais les consommateurs individuels peuvent aussi avoir un impact collectif en changeant leurs habitudes d’achats de nourriture, d’alcool et de produits ménagers.

Bien entendu, il serait beaucoup plus facile d’acheter canadien si nous accélérions la réduction des barrières commerciales interprovinciales. Selon un rapport du Fonds monétaire international de 2019, les barrières commerciales internes du Canada équivalent à des droits de douane d’environ 21 %. L’Accord de libre-échange canadien, lancé en 2017, a établi plusieurs domaines à aborder, notamment la mobilité de la main-d’œuvre, les marchés publics, la conciliation et la coopération en matière de réglementation et le commerce des boissons alcoolisées. Il y a eu quelques succès notables, comme l’Accord de conciliation sur les normes d’efficacité énergétique pour les appareils électroménagers, mais les progrès dans d’autres domaines, comme celui des boissons alcoolisées, ont été lents.

Suite à la menace des droits de douane américains, Anita Anand, la ministre fédérale responsable du commerce intérieur, a promis d’accélérer la suppression des barrières commerciales internes et a récemment annoncé la suppression de près de la moitié des exceptions fédérales restantes à l’Accord sur le commerce intérieur.

Acheter canadien peut aider et le fera certainement, mais nous ne devons pas perdre de vue l’importance stratégique de liens commerciaux solides avec des pays du monde entier.

LA RÉORIENTATION DU COMMERCE SERA PLUS DIFFICILE POUR CERTAINES COMMUNAUTÉS

Les recherches menées par l’IRPP dans le cadre de son projet Transformations communautaires montrent qu’il est important de penser non seulement aux entreprises concernées et à leurs travailleurs, mais aussi aux communautés.

Les communautés où l’emploi est fortement concentré dans un seul secteur peuvent subir des conséquences importantes lorsqu’un employeur majeur est en difficulté. Il peut y avoir des licenciements, des annulations de contrats pour les fournisseurs et une baisse des dépenses dans les restaurants et les entreprises locales. Les administrations municipales peuvent également éprouver des difficultés si les recettes fiscales diminuent considérablement, et les prestataires de services à but non lucratif peuvent voir leurs dons diminuer alors qu’ils connaissent une augmentation de la demande de leurs services. Les prix de l’immobilier peuvent également chuter et les familles peuvent avoir donc plus de difficultés à déménager.

Les conséquences pour les membres de ces communautés ne sont pas seulement économiques. Les familles peuvent également être confrontées à un stress financier et psychologique important.

Cela signifie que tout plan visant à réorienter les liens commerciaux du Canada doit intégrer une série de mesures de soutien communautaire couvrant les besoins économiques, financiers et sociaux.

Plutôt que d’examiner les implications de propositions tarifaires spécifiques, qui sont toujours en cours, nous examinons le niveau d’exposition des communautés aux tarifs américains en utilisant une approche similaire à notre analyse du niveau d’exposition à la transition énergétique. Nous sélectionnons les secteurs dont les exportations vers les États-Unis sont importantes et nous identifions les communautés (ou divisions de recensement) dont plus de 5 % de la main-d’œuvre est employée dans ces secteurs (voir figure 4).

Par exemple, les communautés ayant de fortes concentrations d’emploi dans la production de pétrole et de gaz comprennent Fort McMurray et Cold Lake en Alberta et Fort Nelson en Colombie-Britannique. Les communautés ayant de fortes concentrations d’emploi dans la fabrication automobile comprennent Ingersoll et Windsor en Ontario. Sault Ste. Marie, en Ontario, et Sept-Îles, au Québec, ont respectivement de fortes concentrations d’emplois dans les secteurs de l’acier et de l’aluminium. Ces secteurs pourraient être confrontés à des droits de douane pouvant atteindre 50 %.

L'encadré comprend une liste des tarifs douaniers potentiels menacés par le président américain Trump sur les produits canadiens à partir du 24 février 2025.

Un graphique montre les divisions de recensement canadiennes ayant de fortes concentrations d'emploi dans trois secteurs susceptibles d'être touchés par les éventuels tarifs douaniers américains : la fabrication de métaux de première fusion, la fabrication de véhicules à moteur et l'extraction de pétrole et de gaz. Les communautés ayant de fortes concentrations d'emploi dans le secteur de l'acier et de l'aluminium comprennent Sault Ste. Marie, en Ontario, et Sept-Îles, au Québec. Les communautés ayant de fortes concentrations d'emploi dans la fabrication d'automobiles sont Ingersoll et Windsor en Ontario. Les divisions de recensement ayant de fortes concentrations d'emploi dans la production de pétrole et de gaz comprennent Fort McMurray et Cold Lake en Alberta, et Fort Nelson en Colombie-Britannique.

Si l’administration Trump a proposé des droits de douane de 10 % sur l’énergie et les minerais, soit moins que les 25 % qu’il a menacé d’imposer aux produits manufacturés, rien ne garantit qu’il s’y tiendra. Il est devenu évident que tout secteur dépendant des exportations vers les États-Unis pourrait être vulnérable face à un président imprévisible.

Bien entendu, l’impact sur ces communautés pourrait être réduit si les États-Unis décidaient d’abaisser leurs droits de douane, si les acheteurs américains s’efforçaient de trouver d’autres solutions ou si les entreprises canadiennes avaient facilement accès à d’autres marchés d’exportation.

Les répercussions les plus importantes du conflit commercial pourraient se faire sentir lorsque les entreprises réduiront leurs investissements au Canada, que les acheteurs américains ajusteront leurs chaînes d’approvisionnement ou que les entreprises canadiennes décideront de se délocaliser. Même si les droits de douane ne sont pas imposés, l’incertitude pourrait freiner considérablement les investissements pendant un certain temps.

LES GOUVERNEMENTS PEUVENT ATTÉNUER LE CHOC DE LA TRANSFORMATION ÉCONOMIQUE

Si les droits de douane américains sont mis en œuvre, un certain nombre de dommages à court terme seront inévitables. Mais les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent contribuer à en réduire l’ampleur et la durée grâce à plusieurs mesures clés :

  1. Encourager les investissements des entreprises liés à la diversité des marchés ou des produits. Le Canada a déjà expérimenté des crédits d’impôt à l’investissement pour encourager le développement et l’adoption de technologies et d’énergies propres. Un crédit d’impôt similaire couvrant 30 % des coûts en capital des investissements admissibles dans les technologies, le transport et l’équipement nécessaires pour réorienter ou développer de nouvelles exportations vers des marchés non américains pourrait contribuer à accélérer la diversification. Ce crédit pourrait également s’appliquer à l’expansion des capacités de transformation et de valeur ajoutée au Canada. Les provinces pourraient mettre en place leurs propres incitations.
  2. Accélérer les investissements dans les infrastructures de commerce et de transport. La Banque d’infrastructure du Canada (BIC) a réalisé des investissements importants dans les infrastructures de commerce et de transport, notamment l’agrandissement du port de Prince Rupert en Colombie-Britannique. Étant donné que la BIC catalyse les investissements privés, ses projets nécessitent moins de dépenses publiques. La BIC a également établi des partenariats fructueux avec les communautés autochtones dans le cadre de plusieurs projets.
  3. Identifier les moyens de stimuler la demande intérieure pour les produits concernés. Les gouvernements peuvent stimuler les achats de produits fabriqués au Canada et touchés par les droits de douane et accélérer les plans de réduction des barrières commerciales interprovinciales. Par exemple, Postes Canada, qui possède l’un des plus grands parcs de véhicules du pays, pourrait s’approvisionner en fourgonnettes de livraison électriques auprès de l’usine CAMI de GM à Ingersoll, en Ontario. La réduction des barrières commerciales interprovinciales pourrait donner la priorité aux secteurs les plus touchés.
  4. Aider les communautés concernées à élaborer des plans stratégiques de développement économique. Les communautés qui dépendent des exportations américaines devront peut-être réévaluer leurs plans de développement économique et réfléchir à la manière dont elles peuvent s’adapter. Précédemment, l’IRPP a proposé de développer les organisations du Réseau de développement des collectivités financées par le gouvernement fédéral afin d’apporter un soutien plus concret au développement économique communautaire stratégique dans les collectivités qui subissent des transformations économiques.
  5. Faciliter l’accès des travailleurs touchés aux soutiens au revenu. Les programmes destinés à soutenir les travailleurs en cas de perte d’emploi, tels que l’assurance-emploi (AE), peuvent ne pas être assez souples pour répondre aux impacts concentrés dans les petites communautés. Par exemple, les allocations de chômage ne sont pas disponibles ou sont difficiles à obtenir pour les ­travailleurs autonomes et les travailleurs à temps partiel, qui peuvent être touchés indirectement si le ralentissement de l’activité économique se répercute sur les fournisseurs et les restaurateurs locaux. En facilitant l’accès à l’AE et en augmentant les prestations, on pourrait atténuer le choc économique subi par une communauté. Le moment est venu de réexaminer la modernisation de l’AE, que le gouvernement fédéral a promis d’entreprendre en 2021, mais qui n’a fait que des progrès mineurs jusqu’à présent.

Avec le soutien des gouvernements à tous les niveaux et l’engagement du secteur privé et des communautés, le Canada pourra finalement sortir de la tourmente actuelle avec une économie plus forte et plus résiliente qui soutiendra un niveau de vie élevé dans tout le pays pour les décennies à venir.

Estevan: La ville énergétique de la Saskatchewan veut tracer sa propre voie

Note de l’équipe de rédaction (13 février 2025): Au début de l’année 2025, Jeremy Harrison, ministre de la Saskatchewan responsable de SaskPower, a déclaré que la province avait l’intention de remettre en état ses centrales électriques au charbon, notamment les centrales Boundary Dam et Shand d’Estevan, et de les maintenir en activité au-delà de 2030. Ceci sera fait en dépit des réglementations fédérales qui exigent l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon sans technologie de capture du carbone d’ici cette date. Le ministre a déclaré que le gouvernement provincial prendrait une décision finale sur l’avenir de ses centrales au charbon d’ici le 1er juillet.


Ce n’est pas la première fois qu’Estevan se trouve à la croisée des chemins.

Avec une histoire ancrée dans la production d’énergie électrique, de charbon, de pétrole et de gaz, cette ville de 10 900 habitants du sud-est de la Saskatchewan a connu tous les remous occasionnés par ses liens étroits avec les ressources naturelles – les booms comme les flops.

Alors que le Canada s’achemine vers la décarbonation de son réseau électrique, le gouvernement fédéral a adopté une réglementation qui impose d’éliminer d’ici à 2030 la production d’électricité à partir du charbon, une décision qui devrait toucher les mineurs du charbon et les travailleurs des centrales au charbon. À l’approche de l’échéance, beaucoup s’inquiètent à Estevan des effets de cette élimination sur leurs emplois, leurs revenus et leur mode de vie.

Les résidents craignent aussi les effets d’autres politiques climatiques sur leur communauté, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de la production pétrolière.

Parallèlement, plusieurs nouveaux projets d’énergie propre, dont un petit réacteur modulaire, une ferme solaire et une centrale géothermique, suscitent espoir et opportunités.

Selon le principal message qui s’est dégagé de nos entrevues avec les membres de la communauté, la « ville énergétique » d’Estevan possède la cohésion, la résilience, les compétences et les atouts nécessaires pour gérer sa transformation et créer de nouvelles sources de croissance économique. Mais ils s’inquiètent aussi de voir leurs vies et leurs moyens d’existence chamboulés, d’avoir peu à dire sur les changements à venir et de ne disposer d’aucun organisme pour tracer leur propre voie.

Dynamiser les stratégies de transformation communautaire

Près de 10 % de la population canadienne vit dans 68 communautés qui pourraient être exposées à une crise de main-d’œuvre au fur et à mesure que le Canada et le reste du monde réduiront leurs émissions de gaz à effet de serre. Les crises de main-d’œuvre peuvent être provoquées par des investissements technologiques, le déclin de certaines industries ou l’essor de nouveaux secteurs d’activité. Elles peuvent profiter à long terme à certaines communautés, mais nécessitent tout de même un soutien pour gérer la période de transformation.

Les communautés exposées ont une population moyenne plus faible et sont généralement éloignées et moins diversifiées économiquement. Elles font face à des défis et possibilités qui varient selon leurs propres atouts et situations. C’est pourquoi les stratégies communautaires sur mesure y ont de meilleures chances de succès que les approches descendantes et uniformisées.

Les programmes de développement économique fédéraux, provinciaux et territoriaux leur assurent actuellement un certain soutien, mais ils ne sont pas conçus pour guider les communautés lors de transformations économiques et sociétales de grande ampleur. De nombreux programmes font aussi abstraction d’un engagement communautaire adéquat et d’une approche structurée qui prenne en compte les besoins des communautés dans la prise de décisions.

Pour réduire l’exposition des communautés et favoriser leur résilience à long terme, l’Institut de recherche en politiques publiques formule les recommandations suivantes :

  1. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux devraient mieux tenir compte du lieu géographique lorsqu’ils évaluent le financement d’un projet et les incitations financières à l’investissement.
  • À l’exemple de l’approche adoptée aux États-Unis, où les « communautés énergétiques » se sont vus alloué des fonds supplémentaires en vertu de la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act), les gouvernements canadiens pourraient définir des critères d’admissibilité permettant à certaines communautés de bénéficier d’une attention particulière et de meilleures incitations à l’investissement privé. À
  1. Le gouvernements fédéral devrait élargir le mandat et accroître les ressources financières des organismes du Programme de développement des collectivités, au sein et aux environs des communautés exposées.
  • Situés au cœur des communautés et dirigés par des leaders communautaires, les organismes de ce programme fédéral sont bien placés pour soutenir les transformations fondées sur une planification stratégique de développement économique, mais leurs ressources ne suffisent pas à la tâche.
  1. Le gouvernement fédéral devrait créer un Centre canadien de transformation communautaire ayant pour mandat de fournir les informations nécessaires pour soutenir les communautés et l’élaboration de programmes gouvernementaux.
  • Cette plateforme centralisée, qui pourrait relever d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada, recueillerait et produirait analyses de marché, données communautaires et études de cas en appui aux stratégies communautaires et aux programmes de soutien public les plus efficaces.

Ingersoll : La ville ontarienne qui mène la transition vers les VE

Ingersoll, ville de 13 700 habitants du sud-ouest de l’Ontario, abrite depuis 2022 l’une des premières installations de fabrication de véhicules électriques (VE) à grande échelle du Canada : l’usine de montage CAMI de General Motors.

La transition de CAMI, passée de la production des VUS à essence Chevrolet Equinox à celle de fourgonnettes de livraison entièrement électriques, a relancé l’usine et renouvelé les perspectives d’avenir de la communauté. Mais ce parcours a été semé d’embûches. La fermeture temporaire de l’usine pendant son réoutillage a suivi de près une grève survenue en 2019, la pandémie de COVID-19 a été déclarée l’année suivante, puis une pénurie de semi-conducteurs et d’autres composants a frappé l’économie mondiale. Cette série de perturbations a entraîné des mises à pied temporaires et permanentes. Aujourd’hui, la nouvelle usine a besoin d’effectifs moins nombreux aux compétences différentes.

L’aventure d’Ingersoll offre plusieurs leçons sur les défis soulevés par une transformation de la main-d’œuvre, elle met en évidence la vulnérabilité d’une communauté qui dépend d’un seul gros employeur, et elle illustre comment le passage à une économie mondiale faible en carbone peut toucher la production automobile, les travailleurs et les communautés à l’échelon local.

Malgré tout, il y a de bonnes raisons d’être optimiste. Ingersoll fait partie d’un vaste écosystème d’investissements en VE dans le sud de l’Ontario, qui comprend plusieurs usines de batteries et un projet de 15 milliards $ de Honda visant à durabiliser la fabrication de véhicules et de pièces d’automobiles dans cette région de la province.

Ingersoll est située sur l’un des meilleurs territoires agricoles du pays, et sa proximité avec d’importants réseaux de transport, la région du Grand Toronto et les États-Unis lui procure encore d’autres avantages.

Mais si la transformation d’Ingersoll constitue une réussite communautaire, des questions demeurent sur la gestion de cette transformation et sur l’efficacité du soutien offert aux travailleurs, aux employeurs et à la communauté. Sans compter l’éventualité de tarifs américains et de modifications aux politiques sur les VE, qui ajoute à l’incertitude ambiante.

Une méthodologie pour mesurer le niveau d’exposition des communautés

Introduction

Dans le cadre des efforts mondiaux visant à éviter les effets les plus dangereux des changements climatiques, le gouvernement fédéral a pris des engagements internationaux pour réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030 et pour parvenir à la carboneutralité d’ici 2050 (Gouvernement du Canada, 2024). Dans le même temps, les mesures prises par d’autres pays pour réduire les émissions de GES stimulent les investissements dans les nouvelles technologies, les sources d’énergie et les services qui transformeront les marchés et modifieront les schémas commerciaux (AIE, 2024a).

Beaucoup d’incertitude accompagne l’ampleur, la portée et le calendrier des transformations économiques et sociétales qui en résulteront au cours des prochaines décennies. Toutefois, la direction du changement dans de nombreux secteurs est claire, indépendamment des changements à court ou à long terme des politiques publiques canadiennes. En utilisant diverses approches analytiques fondées à la fois sur des données historiques et des scénarios futurs, il est possible d’identifier les communautés canadiennes susceptibles d’être touchées par des perturbations de la main-d’œuvre. Ces perturbations peuvent se traduire par des changements d’emploi généralisés, des besoins de requalification ou d’amélioration des compétences, des arrivées ou des départs de travailleurs, des pénuries de main-d’œuvre, des ajustements des revenus ou du chômage (voir encadré 1).

Une perturbation temporaire de la main-d’œuvre peut s’avérer positive à long terme pour une communauté ou une région. Par exemple, l’augmentation des investissements publics et privés dans la fabrication de véhicules électriques et de batteries dans le sud de l’Ontario a créé des occasions d’emploi. Mais certains travailleurs du secteur automobile pourraient avoir besoin de suivre des formations pour adapter leurs compétences à la transition vers les véhicules électriques. En fait, certaines entreprises des secteurs en croissance craignent qu’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée et un manque de logements pour les travailleurs ne freinent le rythme de la croissance (Chambre de commerce de l’Ontario, 2023; Statistique Canada, 2024a).

Tous les niveaux de gouvernement peuvent jouer un rôle en aidant les travailleurs, les employeurs et les communautés à anticiper les changements et à devenir plus résilients. Identifier l’exposition potentielle au niveau communautaire pourrait aider les gouvernements fédéral et provinciaux à mieux cibler les investissements dans le développement économique, la formation et les projets de réduction des émissions de GES.

C’est dans cette optique que l’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) a lancé le projet Transformations communautaires, une initiative pluriannuelle qui explore les défis et les opportunités auxquels sont confrontés les travailleurs et les communautés, ainsi que les actions que les gouvernements peuvent entreprendre pour mieux les soutenir. L’IRPP mène depuis longtemps des recherches sur les politiques gouvernementales de soutien aux travailleurs canadiens, notamment sur les politiques relatives aux compétences et à la formation des adultes, et à l’assurance-emploi. Compte tenu de l’ampleur de ce projet, l’IRPP s’est associé au Community Data Program du Réseau canadien de développement économique communautaire et à The Energy Mix, et a engagé plusieurs experts externes pour réaliser des études détaillées afin d’appuyer et de compléter son travail.

L’objectif du projet n’est pas de prédire l’avenir, mais plutôt d’explorer les domaines d’exposition et les politiques qui peuvent renforcer la résilience. Grâce à des recherches, à l’analyse des données et aux entretiens avec des personnes qui travaillent dans les secteurs et vivent dans les communautés susceptibles d’être touchées, le projet recueillera des informations, des points de vue et des conseils qui peuvent soutenir la prise de décision gouvernementale et permettre aux travailleurs et aux communautés de naviguer avec succès dans la transformation dans les années à venir.

Un élément clé du projet est une carte interactive du niveau d’exposition des communautés, qui repose sur une méthodologie élaborée au cours de plus d’une année de collecte de données, d’analyse et de consultation d’experts.

Les sections suivantes décrivent la méthodologie utilisée pour mettre la carte au point. Celle-ci et les données qui y sont associées seront librement accessibles sur le site Web de l’IRPP. Les commentaires que nous recevrons nous permettront d’y apporter des ajustements et d’en améliorer continuellement l’utilité.

Cartographier les niveaux d’exposition jette les bases d’une recherche et d’une analyse plus approfondies

La carte classe les communautés en fonction de leur niveau d’exposition aux perturbations de la main-d’œuvre associées aux transformations qui risquent de découler des efforts de réduction des émissions de GES au Canada et dans le monde.

Nous nous concentrons sur la probabilité d’une perturbation importante de la main-d’œuvre pour deux raisons.

Tout d’abord, de nombreuses publications examinent le lien entre les changements majeurs sur les marchés du travail locaux et les changements dans les conditions socioéconomiques des communautés (Alasia et al., 2008 ; O’Hagan et Cecil, 2007 ; Vermeulen et Braakmann, 2023 ; Weaver et al., 2024). Lorsqu’une part importante de la main-d’œuvre locale est confrontée à des perturbations, les conséquences peuvent atteindre l’économie au niveau communautaire, des domaines tels que le logement (Notowidigdo, 2020) et le niveau de confiance dans les institutions gouvernementales et communautaires (Wietzke, 2015).

Deuxièmement, la perturbation de la main-d’œuvre est étroitement liée au dialogue international qui évolue vers l’idée qu’une transition centrée sur les gens est un facteur essentiel au succès de la transformation du système énergétique au rythme et à l’échelle requis pour éviter les pires impacts des changements climatiques (AIE, 2021). Les transitions centrées sur l’être humain se concentrent sur des approches politiques qui garantissent des emplois décents et la protection des travailleurs, améliorent le développement social et économique, renforcent l’équité, l’inclusion et la justice, et incluent les personnes en tant que participants actifs dans le processus (AIE, 2024b).

Pour mesurer le niveau d’exposition aux perturbations de la main-d’œuvre, nous avons choisi une méthodologie qui n’est pas liée à une orientation particulière des politiques gouvernementales ou à un scénario de réduction des émissions au niveau mondial. Cette approche permet de discuter des risques et des opportunités de manière plus approfondie, indépendamment des débats politiques actuels ou des hypothèses concernant le rythme de l’évolution du marché mondial. Elle nous permet également de nous concentrer sur les concepts fondamentaux d’exposition et de résilience des communautés, et non sur les changements qui sont plus difficiles à prévoir et qui échappent en grande partie au contrôle des communautés locales.

Dans les communautés où la proportion de travailleurs directement exposés à une perturbation est élevée, il y a également plus de risques de perturbations indirectes qui affectent la communauté de manière plus générale. Par exemple, la fermeture d’une grande installation dans une petite communauté peut également affecter les entreprises qui fournissent des biens ou des services à cette installation et à ses travailleurs.

L’accent mis sur les travailleurs qui travaillent directement dans les secteurs et les installations les plus susceptibles d’être perturbés constitue une estimation de base du niveau de perturbation globale qu’une communauté pourrait subir. D’autres facteurs peuvent également influencer la situation des travailleurs, notamment leur âge et leur niveau d’éducation, la ­proximité de la communauté avec d’autres centres de population et la disponibilité préexistante de services de formation et de soutien. Au niveau communautaire, il peut également y avoir des investissements planifiés qui réduiront l’exposition et qui ne sont pas encore reflétés dans les données. Par exemple, l’usine d’assemblage automobile de General Motors à Ingersoll, en Ontario, est passée à la fabrication de camionnettes de livraison entièrement électriques, ce qui a contribué à améliorer la résilience du principal employeur de la communauté (IRPP, 2025).

Une description de la manière dont le niveau d’exposition est défini dans le rapport et les causes de l’exposition.

Afin de saisir certains de ces autres perspectives et facteurs locaux, nous avons sélectionné 10 communautés à travers le Canada pour en établir le profil, en combinant des entretiens avec des personnes qui travaillent et vivent dans les zones susceptibles d’être touchées, ainsi que des recherches et analyses de données locales. Les membres de l’équipe de projet se rendent dans les communautés pour recueillir les points de vue des dirigeants locaux. Les communautés ont été sélectionnées de manière à garantir la diversité des secteurs et des régions. Une liste de ces communautés figure à l’annexe A. Chaque profil sera disponible sur le site Web de l’IRPP au fur et à mesure de leur réalisation.

L’exercice de cartographie et les profils des communautés, ainsi que des consultations et des analyses supplémentaires, seront utilisés pour élaborer cinq notes d’information qui examinent les mesures spécifiques que les gouvernements peuvent prendre pour renforcer la résilience des travailleurs et des communautés. La première note d’information, disponible sur le site Web de l’IRPP, se penche sur les stratégies de transformation menées par les communautés. D’autres études approfondies seront publiées en 2025 et 2026.

Trois façons de mesurer l’exposition des communautés

Notre méthode de mesure du niveau d’exposition des communautés s’appuie sur des recherches sur les conséquences de la réduction des émissions sur l’emploi. Par exemple, certaines études se sont concentrées sur l’emploi dans la production et la distribution de combustibles fossiles (Stanford, 2021). D’autres ont examiné la part des salaires de la communauté provenant de secteurs à forte intensité d’émissions, ou la part des travailleurs employés dans des secteurs susceptibles de subir les effets d’une transformation mondiale (Comptables professionnels agréés Canada, s. d. ; Samson et al., 2022). La modélisation économique est un autre outil souvent utilisé pour estimer les possibles changements relatifs aux emplois en lien avec divers scénarios de politique climatique (Clean Energy Canada, 2023; Navius Research, 2023).

Chaque approche a ses avantages et ses inconvénients. Aucune ne tient compte de toutes les sources potentielles d’exposition, de toutes les interactions ou de toutes les nuances locales qui jouent un rôle dans la situation des travailleurs et des communautés. L’IRPP et ses organisations partenaires ont exploré diverses options méthodologiques tout au long des années 2023 et 2024, en testant différentes approches et en consultant des experts externes.

En fin de compte, nous avons opté pour une approche qui tire parti des données publiques disponibles pour estimer la mesure dans laquelle les communautés dépendent de secteurs qui sont déjà touchés par la transformation ou qui sont susceptibles de l’être. Pour saisir les différents défis auxquels les communautés pourraient être confrontées, nous avons sélectionné trois indicateurs de base. Pour ces trois indicateurs, nous utilisons la part de l’emploi local ou la présence d’installations à fortes émissions pour estimer la pertinence de ces secteurs pour une communauté.

  1. Exposition des grands émetteurs (EGE) : Les communautés sont classées en fonction des émissions des grandes installations divisées par la taille de la population active de la communauté. Une usine de production de ciment, par exemple, peut être un grand émetteur, un employeur, un contracteur et un consommateur dans une petite communauté.
  2. Exposition à l’intensité (EI) : Les communautés sont classées en fonction de l’intensité moyenne des émissions des secteurs qui emploient des personnes dans la communauté, pondérée par la part de la main-d’œuvre locale dans ces secteurs. Par exemple, une communauté peut avoir de nombreux petits employeurs actifs dans la fabrication de produits alimentaires et le transport par camion, deux secteurs à forte intensité d’émissions.
  3. Exposition des marchés (EM) : Les communautés sont classées en fonction de la proportion d’emplois dans les secteurs orientés vers l’exportation qui subissent ou devraient subir d’importantes transformations sur le marché mondial. Par exemple, les communautés ayant une forte proportion d’emplois dans la construction automobile ne sont pas prises en compte dans les indices EGE ou EI, car la plupart des émissions automobiles sont associées à la combustion d’essence ou de diesel dans un véhicule en circulation, et non à la fabrication du véhicule. Toutefois, l’abandon des véhicules à essence au profit des véhicules électriques à l’échelle mondiale entraîne d’importantes perturbations sur les marchés, ce qui peut entraîner des perturbations au niveau de la main-d’œuvre dans les communautés ayant une forte proportion d’emplois dans ce secteur.

En l’absence de seuils concrets pour déterminer ce qui rend une communauté exposée, nous nous concentrons sur les communautés qui obtiennent les scores les plus élevés. Nous classons les communautés afin d’identifier les domaines dans lesquels il convient de concentrer les efforts en matière de recherche et de politique.

Pour les trois indicateurs, il existe un petit nombre de communautés situées tout en haut de la distribution et dont les scores sont significativement plus élevés que la moyenne nationale. Nous avons classé chaque communauté dans l’un des six groupes de niveau d’exposition, allant de « Pas exposée » à « La plus exposée », afin de saisir ces tendances dans la distribution de chacun des indicateurs (voir tableau 1).

Les seuils sont conçus pour identifier les communautés les mieux notées pour les trois mesures en utilisant une approche standardisée et facile à comprendre. Les recherches futures pourraient identifier d’autres façons de regrouper les données ou d’autres seuils pour mesurer différents niveaux d’exposition.

L’application de ces regroupements aux trois mesures nous permet de comparer les communautés entre elles et à l’intérieur des groupes. Nous n’additionnons pas tous les scores pour obtenir un score d’exposition unique pour chaque communauté. Cette approche nous obligerait à formuler des hypothèses sur l’importance ou le poids relatif de chacun des trois types d’exposition. En outre, la combinaison des mesures masquerait également la source de l’exposition, ce qui est important pour valider les résultats au niveau local et élaborer une réponse politique ciblée.

Un tableau présente les six catégories d’exposition, de pas exposée à très exposée, ainsi qu'une définition pour chaque catégorie. Les communautés les plus exposées sont celles qui se situent dans les 2 % de communautés les plus exposées.

Nous calculons plutôt une quatrième mesure, que nous appelons « communautés au score le plus élevé ». Pour cette mesure, nous sélectionnons le score le plus élevé parmi les indicateurs EGE, EI et EM pour chaque communauté. Les communautés identifiées comme les plus exposées dans la mesure des scores les plus élevés sont parmi les 2 % de communautés les plus exposées dans au moins une des trois mesure du niveau d’exposition. Par exemple, une communauté qui a obtenu un score parmi les 2 % les plus élevés pour l’indicateur EGE, parmi les 5 % les plus élevés pour l’indicateur IS et parmi les 5 % les plus élevés pour l’indicateur EM se verrait attribuer le score « La plus exposée » sur la base de son classement parmi les 2 % les plus élevés pour l’indicateur EGE.

Cette approche aidera les gouvernements et les communautés à avoir une vue d’ensemble du niveau d’exposition sans avoir à développer un indice complexe qui perdrait le lien direct avec les réalités du terrain.

Pour faciliter l’analyse et la visualisation à l’échelle nationale, les « communautés » sur lesquelles nous nous penchons correspondent aux divisions de recensement[1]. La méthodologie pourrait toutefois être appliquée à toute autre unité de division géographique. Les divisions de recensement présentent deux avantages : elles sont suffisamment grandes pour délimiter une zone où les temps de transport sont raisonnables dans la plupart des régions canadiennes ; et elles couvrent l’ensemble du pays, ce qui garantit que nous avons pris en compte les communautés et les travailleurs urbains, ruraux et éloignés. Voir l’encadré 2 pour une discussion sur certaines des limites associées à l’utilisation des divisions de recensement.

Une explication de certaines des limites de l'utilisation des données du recensement de 2021, des divisions de recensement et des catégories d’exposition dans la méthodologie.

Notre approche se veut transparente, reproductible et vérifiable. Les sources de données utilisées sont publiques et mises à jour régulièrement, ce qui nous permettra, ainsi qu’à d’autres chercheurs, de suivre les changements au fur et à mesure que de nouvelles données seront disponibles.

Les commentaires que l’IRPP recevra sur la carte et de nouvelles sources de données nous permettrons de réfléchir à l’approche et à la méthodologie et de procéder à des ajustements périodiques. D’autres domaines du projet, tels que les profils des communautés et les notes d’orientation, peuvent également fournir des informations ou poser de nouvelles questions qui nous amèneront à analyser les données d’une nouvelle manière.

Exposition des grands émetteurs

Le score d’exposition des grands émetteurs (EGE) pour une communauté est calculé en divisant les émissions totales des grands émetteurs (GE) dans la division de recensement par la taille de la population active de la communauté.

Une équation montre comment le score d’exposition des grands émetteurs a été calculé.

Sources des données

Les données relatives aux installations pour 2021 proviennent de l’ensemble de données sur les GES déclarés par les installations, qui fait partie du Programme de déclaration des gaz à effet de serre d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) (ECCC, s. d.). Ce programme exige que les installations émettant plus de 10 kilotonnes en équivalent de dioxyde de carbone (éq. CO2) soumettent un rapport au ministère (ECCC, 2023). Les données sont mises à jour chaque année et comprennent des informations sur l’installation, telles que son nom, son emplacement, sa société déclarante et son secteur d’activité[2], ainsi qu’une ventilation des émissions par GES. Toutes les installations incluses dans cet ensemble de données sont appelées grands émetteurs (GE) (tableau 2).

Nous excluons les installations de transport par pipeline (SCIAN 486) parce que l’emploi est susceptible d’être réparti entre plusieurs divisions de recensement. Les totaux des émissions communautaires ont été calculés en alignant les coordonnées géographiques des installations individuelles sur la division de recensement correspondante.

Les chiffres de la population active du recensement de 2021 par division de recensement proviennent de Statistique Canada. Les chiffres de la population active comprennent toutes les personnes âgées de 15 ans et plus qui avaient un emploi ou étaient au chômage au moment de la réponse.

En 2021, 1 681 installations ont déclaré à ECCC des émissions annuelles de plus de 10 000 tonnes d’éq. CO2. 152 autres ont choisi de déclarer volontairement leurs émissions bien qu’elles n’aient pas atteint le seuil (ECCC, 2023). Ensemble, elles ont émis directement l’équivalent de 285 mégatonnes (millions de tonnes) de GES, soit 43 % de toutes les émissions nationales de cette année-là.

Les émissions des GE sont fortement concentrées dans un petit nombre de régions et d’industries[3]. Les 10 principales installations émettrices en 2021 (moins de 0,5 % des installations) étaient responsables de 22 % de l’ensemble des émissions des GE. Il s’agit notamment de la production d’électricité à partir de charbon et de gaz naturel, de l’extraction de pétrole et de gaz, et du transport par pipeline[4]. Ces industries, ainsi que les raffineries de pétrole, ont produit le plus d’émissions, représentant plus de 60 % des émissions totales des GE en 2021. Parmi les autres sous-secteurs à fortes émissions figurent la fabrication de métaux, de minéraux non métalliques et de produits chimiques, ainsi que l’extraction minière et l’exploitation de carrières. Le plus grand nombre d’installations individuelles déclarantes se trouve dans le secteur de l’extraction conventionnelle de pétrole et de gaz, qui représente près de 40 % du total (670 installations).

Un tableau énumère les noms des installations les plus émettrices, la municipalité, la division de recensement et la province où elles sont situées, l'industrie, le nom de l'entreprise et leurs émissions en 2021.

Plus de la moitié des émissions des GE provenaient d’installations déclarées en Alberta (53 %), les deuxième et troisième proportions les plus élevées provenant de l’Ontario (16 %) et de la Saskatchewan (10 %). Sur les 293 divisions de recensement que compte le Canada, 78 n’ont déclaré aucun GE en 2021.

Points forts de l’indicateur de sensibilité des installations

L’un des avantages de la mesure de l’EGE est qu’elle permet une estimation directe des émissions industrielles au niveau de la communauté. Bien que les données sur les émissions régionales ne soient pas accessibles au public par l’intermédiaire de Statistique Canada, la base de données des GE de ECCC (2024) comprend les coordonnées géographiques de toutes les installations qui produisent une déclaration. À l’aide d’un logiciel d’analyse spatiale, nous avons attribué chaque installation à une division de recensement. Nous avons ensuite calculé les émissions totales des grands émetteurs dans une communauté en additionnant les émissions de toutes les installations situées dans la division de recensement. Nous avons ensuite divisé le total des émissions des installations de la division de recensement par le nombre de personnes dans la population active locale pour calculer le niveau d’exposition des grands émetteurs (voir la figure 1 et le tableau 3).

En raison de leur taille, de la nature de leur production ou de la disponibilité des ressources naturelles, les grandes installations émettrices sont susceptibles d’être situées dans des zones rurales ou éloignées ou dans de petites municipalités, loin des grands centres de population. C’est pourquoi notre indicateur se compose à la fois des ­émissions des grands émetteurs dans une division de recensement, ce qui donne une idée de l’ampleur de la décarbonation nécessaire, et de la taille de la main-d’œuvre de la division de recensement, ce qui permet d’estimer dans quelle mesure la division de recensement est tributaire de ses grandes installations émettrices. La présence de grands émetteurs dans une communauté est une source évidente d’exposition, car ils sont responsables d’une part disproportionnée de toutes les émissions.

Une figure montre le score d’exposition des grands émetteurs des divisions de recensement et la taille de leur population active.

Un tableau présente les scores d’exposition des grands émetteurs des divisions de recensement, la taille de la population active locale, la taille de la population active locale en proportion de celle du Canada, la taille médiane de la population active locale et les scores minimum, médian et maximum d’exposition des grands émetteurs.

Au Canada, les politiques visant à décarboner les GE devraient être les principaux moteurs de la réduction des émissions d’ici 2030 (Dion et Linden-Fraser, 2024). Les grands émetteurs sont déjà soumis à des politiques climatiques fédérales ou provinciales/territoriales telles que les règlements fédéraux sur l’élimination progressive du charbon, le système fédéral de tarification fondé sur le rendement, le règlement de l’Alberta sur l’innovation technologique et la réduction des émissions (Technology Innovation and Emissions Reduction regulation) ou le système de plafonnement et d’échange de droits d’émission du Québec. Même si les politiques et les objectifs climatiques changent, il est peu probable que le Canada parvienne à des réductions d’émissions significatives sans décarboner ses plus grands émetteurs, car ils représentent plus de 40 % des émissions nationales.

De nombreuses installations sont également d’importants exportateurs, ce qui les expose aux changements de la demande mondiale pour leurs produits ou à des mesures commerciales telles que le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne (UE), qui vise à garantir que les importations d’acier, d’aluminium, de fer, de ciment, d’électricité, d’hydrogène et d’engrais à forte intensité d’émissions n’érodent pas la compétitivité des fabricants européens soumis au système d’échange de quotas d’émission de l’UE (Commission européenne, s. d.). En outre, un nombre croissant de pays s’efforcent de décarboner leurs industries lourdes en adoptant des technologies innovantes (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, 2024). Les installations qui ne décarbonent pas risquent d’être moins compétitives à l’avenir (Institut climatique du Canada, 2021).

Limites de l’indicateur d’exposition des grands émetteurs

L’une des principales limites de cette unité de mesure est qu’elle ne tient pas compte du nombre de travailleurs d’une communauté qui travaillent directement dans les installations des grands émetteurs. Cependant, l’emploi direct n’est qu’un facteur parmi d’autres de l‘exposition des communautés. Par exemple, l’installation peut faire appel à des entrepreneurs locaux pour la construction ou des services de traiteur. Les employés peuvent également être d’importants acheteurs de biens ou de services auprès de petites entreprises. D’autres entreprises peuvent dépendre de l’infrastructure développée pour l’installation, comme un port ou une ligne de chemin de fer. Les collectivités locales peuvent également bénéficier des recettes de l’impôt foncier, qui permettent d’accroître les services publics et l’emploi.

Une limite plus importante est que les données de recensement sur l’emploi ne correspondent pas toujours à l’emploi dans les grandes installations. Nous utilisons les données du recensement sur l’emploi en fonction du lieu de résidence, ce qui ne tient pas compte des travailleurs qui vivent en dehors de la division de recensement où se trouve l’installation, ni de ceux qui se rendent dans la division de recensement pour un emploi saisonnier ou temporaire. Par exemple, un travailleur qui habite à Montréal mais qui se rend dans un camp minier éloigné dans le nord du Québec pour y travailler ne serait pas comptabilisé parmi les employés dans la division de recensement où il travaille. L’IRPP entreprendra une analyse supplémentaire en utilisant des données basées sur le lieu de travail des personnes et leurs habitudes de déplacement.

Pour comprendre pleinement le rôle d’une grande installation dans une communauté, il faut analyser celle-ci de manière plus approfondie.

Exposition à l’intensité

Le score d’exposition à l’intensité (EI) d’une communauté est égal à l’intensité moyenne des émissions des secteurs employant des personnes dans la communauté, pondérée par la part de la main-d’œuvre locale employée (ou ayant été employée) dans ces secteurs.

Une équation montre comment le score d’exposition à l’intensité a été calculé.

Sources de données

Les données nationales sur l’intensité des émissions par secteur économique proviennent de la base de données sur l’intensité des émissions canadiennes de l’Institut climatique du Canada développé par 440 Mégatonnes (Institut climatique du Canada, s. d.). Pour calculer l’intensité des émissions des secteurs canadiens, les auteurs répartissent les émissions nationales du Rapport d’inventaire national (RIN) entre les secteurs responsables et divisent leurs émissions par la valeur ajoutée du secteur (ou PIB). Il s’agit de la valeur générée par une industrie en 2021, moins le coût des matériaux et des services utilisés dans la production, et provient des tableaux des ressources et des emplois de Statistique Canada (Statistique Canada, 2024b).

Selon les normes internationales de comptabilisation du carbone, les émissions sont regroupées dans l’une des trois catégories ou portées (voir figure 2 ; Greenhouse Gas Protocol, s. d.). Les émisions de portée 1 (scope selon le vocabulaire du Greenhouse Gas Protocol en anglais) comprennent les émissions produites dans l’installation ou par les transports contrôlés par l’entreprise. Les émissions de portée 2 font référence aux émissions provenant de l’électricité, du chauffage, du refroidissement ou de la vapeur achetés par l’entreprise. Les émissions de portée 3 comprennent les émissions liées à la chaîne d’approvisionnement.

Dans ce cas, les auteurs de la base de données de l’Institut climatique du Canada, développée par 400 Mégatonnes, attribuent les émissions en amont de la portée 3 (telles que celles provenant des intrants achetés) aux industries et répartissent les émissions en aval de la portée 3 (émissions provenant de l’utilisation du produit ou du service final) entre 51 catégories de demande finale pour les dépenses ou les exportations (Stiebert et Sawyer, s. d.). Ils utilisent les données sur l’énergie et les émissions des installations au niveau de l’industrie pour faire correspondre les émissions des portées 1 et 2 du RIN à des industries spécifiques, et les tableaux nationaux symétriques des entrées-sorties pour modéliser la manière dont le carbone incorporé passe par les chaînes d’approvisionnement (émissions de portée 3). Cependant, comme les données ne comprennent pas les émissions associées à l’utilisation de produits dans d’autres pays, l’intensité des émissions de certaines industries peut parfois être sous-estimée ou surestimée (voir les limites ci-dessous).

En 2021, environ 67 mégatonnes d’éq. CO2 ont été attribuées, dans les portées, à la fabrication de produits du pétrole et du charbon, qui comprend les raffineries de pétrole. Cela comprend les émissions directes provenant de la combustion pendant la production, les achats d’électricité et les émissions intégrées dans tous les intrants du secteur. Les émissions résultant de l’utilisation de produits (tels que l’asphalte, les carburants et les huiles) sont réparties entre les acheteurs, tels que les industries qui utilisent les produits comme intrants, ou à la demande finale lorsqu’ils sont exportés ou achetés par les ménages et les gouvernements.

Une illustration montre comment les émissions de carbone sont regroupées en trois catégories ou portées. La portée 1 comprend les émissions directes, la portée 2 comprend les émissions indirectes et la portée 3 comprend les émissions en amont et en aval.

Les chiffres de la population active du recensement de 2021 par industrie (code SCIAN à 4 chiffres) et par division de recensement proviennent de Statistique Canada (2022b). Les chiffres de la population active comprennent toutes les personnes âgées de 15 ans et plus qui étaient employées ou en chômage au moment de la réponse. Étant donné que les données sur l’intensité des émissions sont disponibles pour une sélection d’industries et de groupes d’industries (qui ne se chevauchent pas et qui couvrent pratiquement toute l’économie), nous avons agrégé les chiffres de la population active du recensement pour les faire correspondre lorsque nécessaire.

Nous avons également utilisé le Registre des entreprises de 2021 de Statistique Canada (Statistique Canada, 2022a) pour estimer approximativement le nombre d’emplois dans les industries non couvertes par nos données de recensement. Plus précisément, nous avons décomposé les services publics (SCIAN 221) en production d’électricité à partir de combustibles fossiles (221112), en distribution de gaz naturel (2212) et en réseaux d’aqueduc, d’égout et autres (2213). Nous avons exclu le reste de la production d’électricité (hydroélectricité, énergies renouvelables et nucléaire) parce que les données sur l’intensité des émissions ne sont disponibles que pour le groupe industriel parent (2211 production, transport et distribution d’électricité), ce qui surestimerait le niveau d’exposition des emploi dans ces sous-secteurs. Nous excluons également l’emploi dans les cultures agricoles (111) et l’élevage et l’aquaculture (112), car les chiffres de l’emploi sont regroupés dans les données de recensement en un sous-secteur combiné appelé « fermes » (voir limitations).

Sur la base des émissions totales dans les trois portées, les industries les plus émettrices en 2021 étaient l’extraction de pétrole et de gaz, la fabrication de produits alimentaires, la fabrication de produits du pétrole et du charbon, et la production d’électricité. Certaines industries produisent la majeure partie de leurs émissions lors de la production (portée 1), comme celle de la production d’électricité. Pour d’autres, comme la fabrication de produits alimentaires, de produits pétroliers et de produits du charbon, les émissions sont en grande partie intégrées dans les matériaux utilisés pour la production (portée 3; voir tableau 4).

Toutefois, si l’on se base sur l’intensité des émissions, qui est l’objet de cet indicateur, les secteurs à plus forte intensité d’émissions en 2021 sont la production animale et l’aquaculture, l’eau et les égouts, la sidérurgie, la fabrication de produits du pétrole et du charbon, et le transport par voie d’eau.

Ces industries, ainsi que les autres présentées dans le tableau 4, produisent le plus d’émissions par rapport à la valeur de leurs biens. Cela peut être dû au numérateur (aux émissions élevées), au dénominateur (à la faible valeur de la production) ou aux deux[5].

Un tableau dresse la liste des industries les plus émettrices selon la portée 1, la portée 2 et la portée 3. Pour les trois portées, les industries les plus émettrices en 2021 sont l'extraction de pétrole et de gaz, la fabrication de produits alimentaires, la fabrication de produits du pétrole et du charbon, et la production d'électricité.

Comme la base de données comprend la plupart des secteurs économiques, les 293 divisions de recensement ont toutes des emplois dans les industries pour lesquelles l’intensité des émissions est suivie.

Pour calculer cet indicateur, nous ajoutons l’intensité des émissions associés aux portées 1, 2 et 3 pour chaque sous-secteur et industrie inclus dans la base de données de ­l’intensité des émissions canadiennes. Nous calculons ensuite l’intensité moyenne des émissions des sous-secteurs et des industries au niveau de la communauté, pondérée par la part de la main-d’œuvre locale employée (ou ayant été employée) dans ces sous-secteurs et industries (voir figure 3, tableau 5).

Avantages de l’indicateur d’exposition à l’intensité

L’intensité des émissions mesure le quantité d’émissions de GES nécessaires pour produire des produits et des services d’une valeur d’un dollar. Il s’agit d’un indicateur raisonnable de l’exposition du secteur aux efforts canadiens et mondiaux de réduction des émissions de GES et aux forces des marchés qui favorisent de plus en plus une production à faibles émissions. Une intensité d’émissions plus élevée indique l’ampleur de l’exposition aux intrants à forte intensité d’émissions susceptibles de voir leur coût augmenter, aux politiques climatiques ou aux mesures commerciales susceptibles d’accroître les coûts de production, et à l’évolution de la demande du marché vers des produits à plus faible teneur en carbone. À mesure que les efforts mondiaux de réduction des émissions de GES s’accélèrent au cours des prochaines décennies, les entreprises à faible intensité d’émissions devraient être plus rentables (Institut climatique du Canada, 2021). Les entreprises dont les marges bénéficiaires sont étroites peuvent également avoir du mal à se permettre des réductions d’émissions si des investissements importants sont nécessaires et qu’il est difficile d’obtenir un financement à faible coût (CCC, 2024).

La mesure de la proportion d’emplois dans les secteurs à forte intensité d’émissions indique la dépendance des communautés à l’égard de secteurs susceptibles d’être plus exposés à l’augmentation des coûts. Elle donne une image plus complète d’une communauté que la mesure de l’exposition des grands émetteurs, car elle tient compte des petits employeurs dans toute une série de secteurs à forte intensité d’émissions, y compris la fabrication de denrées alimentaires et le transport par camion.

Parmi ces secteurs, ceux qui exportent seront soumis à la pression d’autres pays avec des ajustements carbone aux frontières, actuellement en place dans l’UE et envisagés par le Royaume-Uni, l’Australie et le Japon (Banque mondiale, 2024). Les secteurs qui ne parviennent pas à suivre leurs concurrents internationaux pourraient être confrontés à une baisse de la demande de leurs produits, les industries s’efforçant de réduire l’intensité des émissions de leurs chaînes d’approvisionnement.

En outre, certains secteurs à forte intensité d’émissions sont soumis à des systèmes et réglementations fédéraux et provinciaux de tarification du carbone industriel. D’autres peuvent être confrontés à une augmentation des coûts liés à l’achat de carburants tels que l’essence et le diesel, qui sont couverts par la taxe sur les carburants et le Règlement sur les combustibles propres. Le coût de l’essence pourrait augmenter de 54 cents par litre d’ici 2030 selon les politiques publiques présentement planifiées[6]. Les entreprises qui peuvent passer à des carburants moins polluants ou à des sources d’énergie de ­rechange seront en mesure d’éviter ces nouveaux coûts d’intrants ou de transport.

Même en cas de changement dans le cocktail actuel de politiques publiques, les secteurs à forte intensité d’émissions sont plus susceptibles d’être soumis aux politiques climatiques nationales, aux mesures commerciales internationales et aux forces concurrentielles du marché.

Une figure montre le score d’exposition à l'intensité des divisions de recensement et la taille de leur population active.

Un tableau présente les scores d’exposition à l’intensité des divisions de recensement, la taille de la population active locale, la taille de la population active locale en proportion de celle du Canada, la taille médiane de la population active locale et les scores d’exposition à l’intensité minimum, médian et maximum.

Limites de l’indicateur d’intensité et de sensibilité

Les données sur l’intensité des émissions couvrent toutes les émissions nationales dans la plupart des secteurs économiques, mais ne sont disponibles que sous la forme d’une moyenne nationale pour une combinaison spécifique de sous-secteurs et de groupes d’industries. Si la moyenne nationale de l’intensité des émissions par secteur constitue une estimation raisonnable dans la plupart des cas, elle peut sous-estimer ou surestimer l’intensité des émissions – et donc l‘exposition – des installations locales ou des entreprises qui diffèrent de la moyenne.

C’est pourquoi nous avons ajusté l’approche pour certains secteurs. Par exemple, les données sur l’intensité des émissions du secteur de l’électricité sont disponibles pour le sous-secteur production, transport et distribution d’électricité (SCIAN 2211), mais pas pour les industries qu’il englobe, qui comprennent à la fois des sources d’énergie à faibles émissions telles que les énergies renouvelables, l’hydroélectricité et le nucléaire, ainsi que la production d’électricité à partir de charbon et de gaz naturel.

Étant donné que la moyenne nationale pour le sous-secteur est susceptible de surestimer le niveau d’exposition des communautés ayant des emplois dans la production d’énergie à faibles émissions, nous excluons l’emploi dans ces industries du calcul de l’exposition à l’intensité pour la communauté. Cela sous-estime l’exposition des communautés ayant des emplois dans la production d’électricité à partir de combustibles fossiles, mais la production d’électricité à partir de charbon et de gaz naturel est prise en compte dans la mesure du niveau d’exposition des grands émetteurs.

Les autres sous-secteurs touchés par le défi que représente l’utilisation d’une intensité d’émissions moyenne nationale sont les cultures agricoles (111) et l’élevage et l’aquaculture (112), qui sont en grande partie regroupées sous le nom de « fermes » dans les données du recensement de 2021. L’intensité moyenne des émissions de la production animale est nettement plus élevée que celle de la production végétale (7,4 kg contre 1,9 kg d’éq. CO2 par dollar), et l’intensité des émissions peut varier considérablement d’un produit à l’autre et d’une région à l’autre (Institut climatique du Canada, s. d.).

Pour y remédier, nous excluons du calcul le sous-secteur des fermes. Nous pouvons cependant nous retrouver avec une sous-estimation du niveau d’exposition de certaines communautés agricoles, car certaines fermes peuvent être à forte intensité d’émissions et être des employeurs importants dans la communauté. Les prochaines versions de la carte pourront inclure les exploitations agricoles sur la base de données locales relatives aux produits spécifiques fabriqués.

Enfin, les données sur les émissions dans les différentes portées sont dérivées du nombre total d’émissions dans le Rapport d’inventaire national, qui ne comprend que les émissions canadiennes. Cela signifie que les émissions de portée 3 peuvent parfois être sous-estimées, comme dans le cas de l’exportation de produits canadiens qui génèrent des émissions lorsqu’ils sont utilisés à l’extérieur du pays, ou surestimées, comme lorsque les produits canadiens dépendent d’intrants importés qui sont moins générateurs d’émissions que les options de rechange canadiennes.

Susceptibilité du marché

L’exposition des marchés (EM) identifie les secteurs orientés vers l’exportation dans lesquels les marchés mondiaux se transforment déjà ou sont susceptibles de se transformer dans le cadre de divers scénarios mondiaux avec différents niveaux d’action climatique. Les secteurs ont été sélectionnés en examinant les tendances mondiales ainsi que divers scénarios mondiaux prospectifs de transformation économique et énergétique, avec un accent particulier sur le World Energy Outlook de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une source reconnue et crédible d’analyse et de projections énergétiques (encadré 3).

Une vue d'ensemble des trois scénarios de transformation de l'énergie de l'Agence internationale de l'énergie contenus dans ses Perspectives énergétiques mondiales 2024.

Sur la base de l’examen des scénarios de l’AIE et d’autres tendances et scénarios, nous avons sélectionné six secteurs qui connaîtront des transformations majeures dans le cadre des multiples voies de transformation de l’énergie au niveau mondial, appelés secteurs d’exposition des marchés (EM) : l’extraction du charbon, du pétrole et du gaz, les activités de soutien à l’extraction minière, de pétrole et de gaz, ainsi que la fabrication de pétrole, de produits chimiques et d’équipements de transport. Le principal élément d’incertitude qui diffère d’un scénario à l’autre est le rythme de la transformation, l’évolution du marché étant plus rapide dans les scénarios carboneutres que dans les scénarios de politiques énoncées et de promesses annoncés. D’autres éléments justifiant la sélection de chaque secteur sont présentés ci-dessous. Le score d’EM de chaque communauté est égal à la part de la main-d’œuvre locale employée (ou ayant été employée) dans les secteurs d’EM.

Une équation montre comment l’exposition des marchés a été calculée.

Sources de données

Nous avons sélectionné les scénarios suivant un examen des tendances du marché, ainsi que sur la base des scénarios de réduction des émissions à l’échelle mondiale et nationale. Les chiffres de la population active par secteur et division de recensement proviennent du recensement 2021 de Statistique Canada (Statistique Canada, 2022b). Ces chiffres comprennent toutes les personnes âgées de 15 ans et plus, qui étaient employées ou en chômage au moment de la réponse. 4 des 293 divisions de recensement du Canada n’ont déclaré aucun emploi dans les secteurs d’EM en 2021.

Exploitation du charbon

Le Canada a produit 47 millions de tonnes de charbon en 2022, dont 59 % de charbon métallurgique utilisé pour la fabrication de l’acier et 41 % de charbon thermique utilisé pour la production d’électricité. La production de charbon du Canada a diminué de 32 % entre 2012 et 2022, le charbon thermique étant à l’origine de 75 % de cette baisse. En 2022, le Canada a exporté 77 % du charbon qu’il a produit (Ressources naturelles Canada, 2024a). En 2023, environ 10 000 personnes travaillaient dans le secteur du charbon (CCIE, n.d.-a).

La demande de charbon diminue dans tous les scénarios de transformation de l’énergie que nous avons examinés. Dans le World Energy Outlook 2024 de l’AIE, la demande mondiale de charbon diminue de 47 % entre 2023 et 2050 selon le scénario STEPS, et de 77 % selon le scénario APS (figure 4). La région Asie-Pacifique devrait représenter plus de 80 % de la demande de charbon en 2050 dans les deux scénarios. La production nord-américaine chute de 80 % dans le scénario STEPS et de 93 % dans le scénario APS (AIE, 2024c). La demande de charbon thermique utilisé pour la production d’électricité diminue plus rapidement que celle de charbon métallurgique utilisé pour la fabrication de l’acier, et il pourrait y avoir une pénurie à court terme dans l’offre mondiale qui augmenterait la demande de charbon métallurgique canadien au cours de la prochaine décennie (Griffin, 2024).

Un diagramme à barres montre l'évolution de la demande intérieure et mondiale de pétrole, de gaz naturel et de charbon, selon les projections de l'Agence internationale de l'énergie et du régulateur canadien de l'énergie, en fonction de différents scénarios.

Le rapport 2023 de la Régie de l’énergie du Canada (REC), intitulé Avenir énergétique du Canada, montre que l’électricité produite à partir du charbon sera principalement éliminée d’ici 2030 dans l’ensemble du Canada (REC, 2024a). Le Japon, qui était la destination de 52 % des exportations de charbon thermique du Canada en 2022, s’est engagé à passer aux énergies renouvelables pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions pour 2030 et 2050 (RNCan, 2024a; Bureau du Premier ministre du Japon, 2023). La Chine, qui était la destination de 27 % des exportations de charbon métallurgique du Canada en 2022, investit dans la production d’acier à faibles émissions qui n’utilise pas de charbon métallurgique (RNCan, 2024a; Shen et Schäpe, 2024; Zoryk et Sanders, 2023).

Production de pétrole brut et produits pétroliers

Le Canada a produit 4,7 millions de barils de pétrole brut par jour en août 2024, dont 4,2 millions de barils par jour – soit 89 % – ont été exportés (CCIE, s. d.-b). La plupart des exportations sont destinées aux États-Unis, mais la mise en service de l’oléoduc Trans Mountain, qui relie l’Alberta à la côte de la Colombie-Britannique, en mai 2024, permet d’expédier 890 000 barils par jour vers l’Asie et d’autres destinations (Williams, 2024). En 2023, les exportations de brut du Canada étaient évaluées à 124 G$, soit 16 % de la valeur totale des exportations du pays (REC, 2024b). Le Canada produit également environ 2 millions de barils par jour de produits pétroliers finis tels que l’essence, les carburants aviation et les matières premières pétrochimiques (CCIE, s. d.-b). Les pré-raffinerie de l’Alberta et de la Saskatchewan transforment le bitume issu de la production de sables bitumineux en pétrole brut synthétique, traitant environ 42 % du bitume produit au Canada en 2022 (REC, 2022).

La demande de pétrole canadien dépend fortement du rythme et de l’ampleur de l’action climatique mondiale. Dans le scénario de la Régie de l’énergie du Canada selon lequel le monde parvient à la carboneutralité d’ici 2050, la production canadienne de pétrole brut atteint son maximum en 2026, puis diminue régulièrement par la suite, pour atteindre 1,22 million de barils par jour en 2050, soit une baisse de 76 % par rapport aux niveaux de 2022. D’autres incertitudes pèsent sur le secteur, notamment la capacité d’exportation nationale et le coût des technologies de décarbonation telles que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC) (REC, 2023).

Dans les scénarios de l’AIE, la demande mondiale de pétrole diminue de 6 % entre 2023 et 2050 dans le scénario STEPS et de 46 % dans le scénario APS (figure 4). Fait important pour le Canada, la demande de pétrole des États-Unis diminue de 38 % dans le scénario STEPS et de 73 % dans le scénario APS au cours de la même période (AIE, 2024c). Un changement dans les politiques climatiques des États-Unis pourrait influencer la trajectoire de la demande de pétrole (Brown, 2024). Les perspectives énergétiques de BP montrent que la demande mondiale de pétrole diminue à la fois dans le cadre de la trajectoire actuelle et dans celui du scénario de carboneutralité (BP, 2024).

Les transports représentent la plus grande part de la demande mondiale de pétrole, et l’électrification des transports est la principale source de baisse de cette demande. Les véhicules électriques et à pile à combustible remplacent déjà 1,8 million de barils de pétrole par jour, et Bloomberg New Energy Finance prévoit qu’ils remplaceront trois fois plus de pétrole d’ici 2029 (Doherty, 2024).

Production de gaz naturel

Le Canada a produit 16 millions de mètres cubes de gaz naturel en août 2024, et en a exporté 7 millions de mètres cubes, soit 43 %. Le Canada produit et exporte davantage de gaz naturel pendant les mois d’hiver (CCIE, s. d.-c). La plupart des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis, bien que la construction d’installations de gaz naturel liquéfié (GNL) sur la côte ouest permette d’exporter vers les marchés asiatiques.

Le Canada compte sept terminaux d’exportation de GNL à divers stades de développement, quatre installations de liquéfaction de GNL et deux usines d’importation de GNL en activité (RNCan, 2023). LNG Canada, à Kitimat, en Colombie-Britannique, devrait commencer au milieu de 2025 à exploiter son terminal ayant coûté 40 G$. Le terminal traitera environ 11 % de la production actuelle de gaz canadien (Nickel et Disavino, 2024). Cinq autres projets de GNL ont reçu des permis d’exportation (RNCan, 2024b).

La demande mondiale de gaz naturel dépend fortement de la trajectoire de l’action climatique mondiale. Dans le scénario STEPS de l’AIE, la demande de gaz naturel augmente de 5 % entre 2023 et 2050. Toutefois, dans le scénario APS, la demande de gaz naturel diminue de 41 % au cours de la même période. La demande américaine diminue dans les deux scénarios, de 38 % dans le scénario STEPS et de 72 % dans le scénario APS. En revanche, la demande dans la région Asie-Pacifique augmente de 28 % dans le scénario STEPS et diminue de 39 % dans le scénario APS (AIE, 2024c). Les décisions relatives au rythme et à l’ampleur de l’électrification, ainsi que les investissements dans les énergies renouvelables et le stockage en batterie, seront des facteurs déterminants de la demande future de gaz naturel.

L’analyse de la Régie de l’énergie du Canada montre également que la demande de gaz naturel pour l’utilisation finale au Canada diminue de 11 % dans le scénario prenant en compte les mesures actuelles, de 51 % dans un scénario de carboneutralité canadienne et de 67 % dans un scénario de carboneutralité mondiale (figure 4 ; REC, 2023).

L’autre défi pour les projets canadiens de GNL est la concurrence mondiale. Les fournisseurs des États-Unis, du Qatar et du Mozambique peuvent produire du GNL à moindre coût (O’Connor, 2024). Le World Energy Outlook (2024c) de l’AIE indique que l’offre de GNL pourrait dépasser la demande d’ici 2030 dans ses trois scénarios si tous les projets en cours de construction sont achevés à temps. Si l’offre mondiale dépasse la demande mondiale, les prix internationaux du gaz baisseront et il y aura une concurrence féroce entre les fournisseurs de GNL. Le gaz naturel pourrait également être de plus en plus concurrencé par des gaz à faibles émissions tels que le biométhane, l’hydrogène à faibles émissions et le e-méthane (AIE, 2024d).

Un diagramme à barres montre la part réelle et projetée des ventes mondiales de camions, de bus, de camionnettes et de voitures électriques entre 2015 et 2035. D'ici 2035, une voiture sur deux vendue sera un véhicule électrique à batterie ou un véhicule hybride rechargeable. Davantage de camionnettes, d'autobus et de camions seront électriques.

Fabrication de matériel de transport

En 2023, le Canada comptait plus de 3 500 entreprises actives dans la fabrication de matériel de transport, contribuant à hauteur d’environ 28 G$ au PIB du pays et employant plus de 200 000 personnes (ISDE, 2023a). Le secteur comprend les véhicules à moteur et leurs pièces, l’aérospatiale et ses pièces, le matériel roulant ferroviaire et la construction de navires et d’embarcations. Les véhicules à moteur et leurs pièces, ainsi que les aéronefs et autres équipements de transport et leurs pièces représentaient environ 17 % des exportations de biens du Canada en 2023 (Affaires mondiales Canada, 2024). En 2021, près de 70 % de tous les travailleurs canadiens du secteur de la fabrication de matériel de transport travaillaient sur l’assemblage et les pièces de véhicules automobiles, 22 % sur l’aérospatiale et le reste sur les chemins de fer, les navires et d’autres parties du sous-secteur (Statistique Canada, 2022b).

Il est fort probable que le transport routier connaisse une transformation importante au cours des prochaines décennies. Au niveau mondial, près d’une voiture sur cinq vendue en 2023 était électrique, ce qui représente une augmentation de 35 % d’une année sur l’autre (AIE, 2024e). Dans le scénario STEPS de l’AIE, une voiture vendue sur deux sera un véhicule électrique à batterie ou un véhicule hybride rechargeable d’ici 2035, et davantage de camionnettes, de bus et de camions seront électriques (figure 5 ; AIE, 2024e). L’Electric Vehicle Outlook 2024 de Bloomberg reconnaît que la transition vers les véhicules électriques s’est ralentie à court terme, mais prévoit tout de même que 73 % des véhicules de tourisme, 66 % des fourgonnettes commerciales et 43 % des poids lourds ne produiront aucune émission d’ici 2040 dans son scénario de transition économique (BNEF, 2024b).

Aux États-Unis, 10 % des nouvelles voitures vendues en 2023 étaient électriques (AIE, 2024e). Le Canada a également atteint la barre des 10 % cette même année (REC, 2024c). Au premier trimestre 2020, 19 603 nouveaux véhicules électriques à batterie, hybrides ou hybrides rechargeables ont été immatriculés au Canada. Quatre ans plus tard, ce nombre avait plus que quadruplé en atteignant 83 344 (Statistique Canada, 2024c).

Le Canada a également réalisé d’importants investissements dans la fabrication de véhicules électriques et de batteries. Les investissements liés à la production de véhicules électriques et de batteries au pays s’élèvent à 52,6 G$ d’ici 2024, dont environ 19 G$ ont été investis au cours des deux années précédentes (AccelerateZev, s. d.).

Les industries canadiennes du transport aérien ont également défini des objectifs ambitieux pour parvenir à la carboneutralité d’ici 2050 (Transports Canada, 2022). Les États membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ont adopté un objectif collectif à long terme de réduction nette des émissions de carbone d’ici à 2050 (OACI, 2022). Toutefois, les technologies nécessaires à la décarbonation de ces industries en sont à des stades de développement plus précoces, de sorte que la transformation pourrait être plus lente à se concrétiser (AIE, 2023a).

Bombardier, le plus grand fabricant aéronautique du Canada, a entrepris des recherches sur un nouveau type d’avion dans le but de réduire les émissions de carbone de 50 % (Bombardier, s. d.). Du carburant aviation durable est désormais vendu au Canada, avec un premier achat par WestJet auprès de Shell Aviation en 2024 (WestJet, 2024).

Fabrication de produits chimiques

Le Canada comptait plus de 3 500 entreprises actives dans la fabrication de produits chimiques en 2023, contribuant à hauteur d’environ 31 G$ au PIB du pays et employant plus de 90 000 personnes (ISDE, 2023b). Les produits chimiques de base et industriels, les plastiques et les caoutchoucs représentaient 5,5 % des exportations de biens du ­Canada en 2023 (Affaires mondiales Canada, 2024). Environ 72 % des exportations sont destinées aux États-Unis et 7 % à la Chine (CCC, 2024).

Dix-neuf grandes installations de fabrication de produits pétrochimiques et de gaz industriels sont responsables de plus de 75 % des émissions du secteur (CCC, 2024). Dans le même temps, bon nombre des technologies nécessaires pour réduire les émissions de GES reposent sur le secteur chimique. Viser de plus faibles émissions constitue une occasion de croissance pour la fabrication de produits chimiques (par exemple, les plastiques dans les véhicules électriques, les résines protégeant les panneaux solaires, les réfrigérants dans les pompes à chaleur). Au niveau international, des investissements ont été réalisés dans des produits chimiques à zéro émission, notamment grâce au craquage électrique, un processus utilisé pour décomposer les gros hydrocarbures en molécules plus petites, et des installations d’ammoniac à faible émission de carbone (CEC, 2024).

La demande de produits chimiques primaires pourrait également diminuer avec l’augmentation du recyclage des plastiques et une utilisation plus efficace des engrais (AIE, 2023b). Le scénario NZE de l’AIE repose sur une large adoption du recyclage chimique dans les économies avancées d’ici 2050 (AIE, 2024c). Présentement, la Chine augmente également sa production pétrochimique nationale et est sur le point de remplacer de plus en plus les importations de produits pétrochimiques en provenance d’autres régions (AIE, 2024c).

La transition énergétique entraîne une convergence des secteurs, certaines sociétés pétrolières et gazières s’orientant vers les marchés des produits chimiques. Dans le même temps, certaines entreprises de produits chimiques se lancent dans le traitement du lithium, la fabrication de batteries et l’ammoniac propre. La transformation du secteur présente à la fois de nouvelles opportunités et des risques (Yankovitz et al., 2023).

Avantages de l’indicateur d’exposition des marchés

L’indicateur d’exposition des marchés englobe des secteurs et des communautés qui ne sont pas identifiés dans les autres indicateurs (voir figure 6 et tableau 6). Par exemple, la construction automobile a une faible intensité d’émissions par rapport à d’autres secteurs identifiés dans l’indicateur d’exposition à l’intensité. Toutefois, les mesures basées sur les émissions ne tiennent pas compte de la transformation majeure du marché qui se produit à mesure que le secteur automobile passe de la production de véhicules à essence et à moteur diesel à celle de véhicules électriques.

L’indicateur d’exposition des marchés se concentre sur les secteurs d’exportation et sur différentes sources d’exposition qui ne sont pas liées aux émissions de GES. Par exemple, le défi le plus important auquel est confronté le secteur de la production pétrolière est la baisse à long terme de la demande mondiale pour ce produit.

Cette mesure est également la seule qui soit tournée vers l’avenir et qui tienne compte de l’évolution potentielle des marchés en réponse aux efforts déployés au niveau mondial et national pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, on s’attend à ce que la fabrication de produits chimiques subisse une transformation significative du ­marché, avec de nouvelles opportunités de produits et de nouvelles sources de concurrence qui ne sont pas prises en compte si l’on considère uniquement les émissions sectorielles. Les communautés qui sont exposées aux marchés peuvent s’attendre à un avenir positif si les entreprises et les communautés peuvent se positionner pour s’adapter et développer de nouveaux produits qui s’alignent sur les orientations futures de la demande.

Une figure montre le score d’exposition des marchés des divisions de recensement et la taille de leur population active.

Un tableau présente les scores d’exposition des marchés des divisions de recensement, la taille de la population active locale, la taille de la population active locale en proportion de celle du Canada, la taille médiane de la population active locale, ainsi que les scores minimum, médian et maximum d’exposition des marchés.

Limites de l’indicateur d’exposition des marchés

Les scénarios mondiaux prospectifs ne sont pas des prédictions, et le calendrier, l’échelle et la portée des transformations des marchés mondiaux sont incertains. La compétitivité de la production de gaz naturel au Canada, par exemple, dépend fortement des fluctuations de l’offre et de la demande mondiales, ainsi que des coûts de production par rapport aux concurrents. Cependant, il peut toujours être approprié d’identifier une communauté ayant un nombre important d’emplois dans la production de gaz naturel comme exposée, étant donné le risque de volatilité du marché dans les années à venir.

La sélection des secteurs peut ne pas tenir compte de différences importantes au niveau local qui peuvent être importantes pour déterminer le degré d’exposition de la communauté. Par exemple, la baisse de la demande de charbon thermique pour la production d’électricité devrait être plus rapide que la baisse de la demande de charbon métallurgique pour la fabrication de l’acier. Toutefois, catégoriser une communauté où est produit du charbon métallurgique comme exposée peut aider à souligner la nécessité d’un plan communautaire à plus long terme pour faire face à l’abandon du charbon par le secteur mondial de la production d’acier.

Communiquer avec l’IRPP

L’IRPP invite les communautés, les travailleurs, les entreprises, les associations industrielles, les gouvernements, les ONG, les chercheurs et toute autre personne intéressée par le projet à nous faire part de leurs commentaires et de leurs questions. N’hésitez pas à nous contacter à l’adresse communitytransformations@nullirpp.org si vous avez des questions ou des commentaires, ou pour vous entretenir avec l’équipe à l’origine de ce projet.


[1] Les divisions de recensement sont des groupes de municipalités voisines utilisés par Statistique Canada. Elles sont censées agir comme des comtés ou des districts régionaux et servent de zones géographiques intermédiaires entre la province ou le territoire et la municipalité (sous-division de recensement). En 2021, il y avait 293 divisions de recensement à travers le pays.

[2] Tous les ensembles de données utilisés classent les secteurs et les industries selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN). Développé par les gouvernements du Canada, des États-Unis et du Mexique, ce système vise à fournir des définitions communes pour les types d’activité économique dans les trois pays.

[3] Selon Statistique Canada, les secteurs économiques sont désignés par des codes à deux chiffres du Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN). Les sous-secteurs sont des groupes de groupes industriels et correspondent à des codes à trois chiffres. Les groupes industriels sont constitués d’industries, désignées par des codes SCIAN à quatre chiffres.

[4] Les installations de transport par pipeline (SCIAN 486) sont exclues de notre analyse car l’emploi est susceptible d’être réparti entre plusieurs divisions de recensement (voir les données de FS).

[5] Cela en fait un indicateur moins fiable pour certaines industries telles que les «systèmes d’eau, d’égouts et autres» (NAICS 2213), qui ne sont pas particulièrement émettrices mais sont considérées comme intensives en émissions en raison de la valeur relativement faible de leur production.

[6] Sur la base des estimations de la trajectoire du coût de l’essence (37 cents d’ici à 2030, Agence du revenu du Canada, 2023) et des augmentations de prix résultant de la réglementation sur les carburants propres (jusqu’à 17 cents d’ici à 2030 ; Ammar et al., 2023).


ANNEXE A : PROFILS DES COMMUNAUTÉS

Dans le cadre du projet Transformations communautaires, nous publierons les profils de municipalités situées dans les dix divisions de recensement suivantes, qui ont été sélectionnées sur la base des résultats de notre exercice de cartographie. Notre intention est de couvrir un groupe diversifié de communautés à travers le Canada, avec des sources variées d’exposition. Pour établir les profils, The Energy Mix et l’IRPP ont interrogé les parties prenantes locales.

Communautés et divisions de recensement concernées :

  • Cape Breton (Cape Breton)
  • Estevan, Saskatchewan (Division No. 1)
  • Fort McMurray, Alberta (Division No. 16)
  • Ingersoll, Ontario (Oxford)
  • Kitimat, Colombie-Britannique (Kitimat-Stikine)
  • Neepawa, Manitoba (division No. 15)
  • Port-Daniel-Gascons, Québec (Le Rocher-Percé)
  • Sault Ste. Marie, Ontario (Algoma)
  • Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest (Région 6)

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