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Démunis et oubliés : comment sortir les personnes seules de l’extrême pauvreté

15 septembre 2020 Imprimer

Montréal — Ébranlés par la pandémie de COVID-19, les gouvernements du pays restructurent actuellement leurs programmes de soutien du revenu pour aider les citoyens touchés par la baisse de leurs revenus et empêcher une hausse marquée du nombre de Canadiens pauvres. Or les adultes vivant seuls sans personne à charge représentent une proportion démesurée des pauvres du pays et peinent souvent à subvenir à leurs besoins fondamentaux en raison d’un revenu nettement inférieur au seuil de la pauvreté. Ils forment en quelque sorte les « oubliés » de nos programmes de réduction de la pauvreté, qui privilégient les aînés et les familles avec enfants. Un nouveau rapport de l’IRPP analyse les conséquences de cette extrême pauvreté et présente les recommandations de trois experts en politiques sociales visant à remettre sur pied les personnes seules qui en souffrent.

À partir de données sur 69 000 personnes seules qui touchent de l’aide sociale à Toronto, Dean Herd, Yuna Kim et Christine Carrasco (de la ville de Toronto) mettent en évidence leurs caractéristiques personnelles, la complexité de leurs besoins et les obstacles à l’emploi qu’elles doivent surmonter. Si leur étude est centrée sur la métropole canadienne, ses conclusions offrent de précieuses informations aux décideurs de tout le pays à l’heure où le nombre croissant d’assistés sociaux vivant seuls et le faible soutien financier qui leur est offert sont devenus un enjeu d’intérêt national.

Contrairement à une idée répandue, cette catégorie d’assistés sociaux n’est pas majoritairement formée de jeunes hommes : 38 p. 100 sont des femmes et 38 p. 100 ont 45 ans ou plus, seuls 20 p. 100 étant des hommes de moins de 30 ans. Leur niveau de scolarité est aussi très variable : environ le tiers n’avaient pas terminé leurs études secondaires, mais pas moins de 30 p. 100 possédaient une attestation d’études postsecondaires. Leur contexte d’immigration varie tout autant : 43 p. 100 sont des citoyens naturalisés et des résidents permanents, soit presque autant que les Canadiens de naissance, 14 p. 100 étant des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Les auteurs soulignent ce facteur clé : les mesures de soutien du revenu — aide sociale, crédits d’impôt ou prestations supplémentaires — sont beaucoup moins généreuses pour les personnes seules que pour les familles. À la différence de nombreux parents uniques, qui ont bénéficié des prestations pour enfants et de programmes ciblés pour sortir de la pauvreté, les personnes seules ont rarement accès à d’autres formes de soutien que de maigres prestations d’assistance sociale.

À l’examen de ces résultats, les trois experts préconisent d’importantes réformes à l’intention des « pauvres oubliés ». Sherri Torjman, conseillère en politique sociale et chercheuse à la Fondation Maytree, propose de renforcer le filet social en restructurant l’Assurance-emploi ou l’Allocation canadienne pour les travailleurs (un crédit d’impôt remboursable pour citoyens à faible revenu). Alain Noël, professeur à l’Université de Montréal, plaide notamment pour l’augmentation des prestations d’assurance sociale et de meilleurs services sociaux et d’emploi pour ceux qui affrontent un ensemble complexe de difficultés. Et Ron Kneebone, professeur à l’Université de Calgary, recommande de fonder les ajustements annuels au coût de la vie sur les charges locatives, le coût prohibitif des loyers étant la principale difficulté rencontrée par les plus pauvres de nos concitoyens.

La refonte des programmes de soutien du revenu en cette période de pandémie offre à nos décideurs l’occasion de s’attaquer concrètement à l’extrême pauvreté chez les personnes seules et de sortir de l’oubli les Canadiens les plus vulnérables.

On peut télécharger l’étude Canada’s Forgotten Poor? Putting Singles Living in Deep Poverty on the Policy Radarde Dean Herd, Yuna Kim, et Christine Carrasco sur le site de l’Institut (irpp.org).


L’Institut de recherche en politiques publiques est un organisme canadien indépendant, bilingue et sans but lucratif, basé à Montréal. Pour vous tenir au courant de ses activités, veuillez vous abonner à sa liste d’envoi.

Renseignements : Cléa Desjardins — Tél. : 514-245-2139 — cdesjardins@nullirpp.org

Canada’s Forgotten Poor? Putting Singles Living in Deep Poverty on the Policy Radar

Canada’s Forgotten Poor? Putting Singles Living in Deep Poverty on the Policy Radar

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