Le président américain Donald Trump pensait peut-être que les droits de douane pousseraient le Canada vers une plus grande intégration avec les États-Unis, mais ils ont fait le contraire. Les Canadiens évitent les produits américains, annulent leurs vacances et vendent même leurs propriétés dans le sud.
Malgré des objectifs en constante mutation, les promesses non tenues et les menaces à la souveraineté du Canada, certains gardent encore espoir de pouvoir négocier avec l’administration Trump.
D’autres sont convaincus que le Canada peut obtenir des concessions en ripostant par des contre-tarifs et d’autres mesures punitives, même s’il est difficile d’avoir un impact significatif sur une économie plus de dix fois supérieure à la nôtre.
Le Canada n’est peut-être pas en mesure de contrôler ce que font les États-Unis, mais nous pouvons commencer à faire le travail nécessaire pour réduire l’influence économique qu’ils exercent sur nous. S’il est vrai que l’achat de produits canadiens peut être utile, notre marché intérieur n’est pas assez grand pour soutenir notre économie. Il est essentiel de diversifier tant la nature de nos exportations que les pays auxquels elles sont destinées.
Ce ne sera pas facile. Tout particulièrement pour les membres des communautés les plus touchées par les droits de douane.
Les gouvernements peuvent aider ces communautés à surmonter les impacts à court terme tout en s’efforçant de simultanément réorienter les économies locales et renforcer la résilience nationale.
Les Canadiens se sentent trahis par un pays où se trouvent, pour beaucoup d’entre eux, familles, amis et collègues. Le Canada a signé de multiples accords de libre-échange avec les États-Unis en toute bonne foi, permettant aux entreprises privées des deux côtés de la frontière de réaliser des transactions mutuellement bénéfiques. La situation actuelle semble également différente des conflits commerciaux précédents, puisque le président Trump porte ouvertement atteinte à notre souveraineté.
La plupart des Canadiens ne veulent pas être Américains et sont prêts à tout pour défendre leur souveraineté.
Il sera essentiel de réduire l’influence économique que les États-Unis exercent sur nous. Nous avons mis la plupart de nos œufs dans le même panier avec le libre-échange américain, en attendant de notre allié de longue date qu’il respecte sa part du contrat.
Puisque nous ne pouvons plus compter sur les Américains, nous devons trouver d’autres œufs et d’autres paniers. Même si les États-Unis abandonnaient demain leurs menaces tarifaires, nous ne pouvons plus refermer les yeux sur les risques découverts. Préserver la souveraineté du Canada, c’est travailler avec le secteur privé pour réduire notre dépendance à l’égard de notre voisin.
Mais diversifier ses exportations est aussi difficile que lutter contre la gravité. Nous vivons à un jet de pierre de la plus grande économie du monde et y vendre nos biens a été facile, pratique et lucratif.
À court terme, l’économie de notre pays risque de rétrécir et le niveau de vie des Canadiens pourrait connaître un déclin. Mais à moyen et long terme, en changeant à la fois ce que nous produisons et pour qui nous le produisons, notre économie et notre pays en tant que tel pourraient s’en trouver plus forts et plus résilients.
Pour réduire l’influence des États-Unis sur le Canada, nous devons augmenter les exportations vers d’autres marchés
Le Canada a vendu pour 547 milliards de dollars de marchandises aux États-Unis en 2024 (voir figure 1). La même année, nous avons vendu pour 173 milliards de dollars à d’autres pays. Cela signifie que 76 % des exportations de biens du Canada sont destinées aux États-Unis. Le Canada devra fournir un effort considérable pour rééquilibrer la situation et ainsi se défaire de l’effet de levier que les États-Unis exercent sur lui.
Le pétrole et le gaz, les véhicules et les pièces automobiles constituent nos principales exportations vers les États-Unis (voir figure 2). Elles contribuent significativement au PIB et à l’emploi au Canada. En 2022, 74 % du pétrole et du gaz produits et 54 % du matériel de transport fabriqué au pays étaient destinés à notre voisin du sud.
Le Canada a déjà fait un grand pas vers l’exportation de son pétrole et de son gaz vers d’autres marchés avec l’ouverture en 2024 de l’oléoduc agrandi Trans Mountain, ou TMX, qui va de l’Alberta à la côte ouest, et du gazoduc Coastal GasLink qui va du nord-est de la Colombie-Britannique à l’installation LNG Canada de Kitimat, qui devrait commencer ses exportations en 2025. Cependant, la capacité maximale du TMX ne représente qu’environ 18 % de la production canadienne de pétrole brut de novembre 2024. Elle pourrait atteindre 23 % si des modifications sont apportées, telles que l’ajout de stations de pompage. Il est également possible de construire un tronçon nord de l’oléoduc TMX pour acheminer le pétrole jusqu’à Kitimat, mais une farouche opposition à la présence de pétroliers dans le canal Douglas reste probable. L’installation de LNG Canada aura la capacité de traiter environ 11 % de la production de gaz naturel du pays. Plusieurs autres installations de gaz naturel liquéfié sont prévues, ce qui pourrait accroître considérablement la capacité du Canada à exporter vers des marchés autres que les États-Unis.
Il est plus difficile d’orienter la construction automobile vers des marchés non américains, étant donné l’intégration étroite des secteurs canadien et américain. Toutefois, les fournisseurs de pièces automobiles, tels que Magna International, Linamar et Martinrea International, pourraient éventuellement accroître leurs exportations vers d’autres marchés.
Vendre nos principales sources d’exportation à d’autres pays ne suffira pas à améliorer notre résilience, car les secteurs du pétrole, du gaz naturel et de l’automobile sont également exposés aux perturbations du marché mondial. Par exemple, le Canada pourrait construire de multiples oléoducs vers ses côtes est et ouest, pour ensuite être confronté à une baisse de la demande mondiale de pétrole à mesure que la Chine, l’Europe et d’autres pays adoptent le transport électrique et l’énergie propre. Les technologies des batteries des véhicules électriques sont également en constante évolution, ce qui pourrait perturber les usines de fabrication de batteries lithium-ion. Pour être résilient, le Canada devra diversifier à la fois ses clients et les produits qu’il vend.
Une analyse réalisée en 2021 par Exportation et développement Canada donne des indications utiles sur les possibilités de choix des destinataires de nos ventes. Cette analyse a identifié d’importantes possibilités d’exportation pour le Canada, en supposant que les risques politiques, les accords de libre-échange et la proximité culturelle restent inchangés (ce qui n’est évidemment plus le cas). L’ensemble des débouchés non américains identifiés par Exportation et développement Canada représenterait moins d’un tiers de la valeur des exportations canadiennes actuelles vers les États-Unis (voir figure 3). Néanmoins, en saisissant ces occasions, le Canada pourrait doubler ses exportations vers les marchés non américains. Mais il y a aussi des considérations géopolitiques sur les marchés non américains, la Chine et l’Inde représentant certains des plus grands débouchés.
Le potentiel pourrait être plus important si le Canada diversifiait et élargissait les biens qu’il produit. Les marchés dont la croissance est plus certaine au cours du siècle à venir pourraient constituer de bons paris. Il s’agit notamment des minéraux essentiels, des matériaux pour batteries, de l’agriculture et de l’agroalimentaire, de l’uranium et de la potasse.
Il y a également fort à parier que les dépenses mondiales en matière de défense augmenteront, y compris au Canada. Les entreprises canadiennes pourraient saisir certaines de ces opportunités, qui débouchent souvent sur des applications civiles.
La technologie est un autre domaine où il est possible de mieux saisir les opportunités du marché mondial, notamment dans les technologies propres, la biotechnologie et l’intelligence artificielle.
Il ne faut pas non plus oublier le potentiel de croissance des exportations de services, domaine dans lequel le Canada s’est davantage diversifié au cours de la dernière décennie.
Le Canada est la dixième économie mondiale, mais se classe au 37e rang en termes de population. Nous ne pourrons pas maintenir notre niveau de vie si nous ne mettons pas l’accent sur les exportations. Cela signifie qu’il est dans notre intérêt de défendre un commerce sans entraves et fondé sur des règles dans le monde entier. Les accords commerciaux s’accompagnent d’un accord : chaque pays bénéficie d’une réduction des barrières commerciales et d’un accès accru au marché de l’autre. Lorsque les Canadiens sont ouverts à l’achat de produits internationaux, notre marché est plus attrayant pour les accords commerciaux. Nous ne voulons pas que cela change.
Par exemple, le Canada est sur le point de conclure un accord commercial global avec l’Union européenne qui offre un énorme potentiel économique. Avec la mise en œuvre provisoire de l’accord en 2017, les exportations canadiennes vers l’Europe ont augmenté de 31 % entre 2016 et 2023. Nos importations en provenance de l’Europe ont augmenté de 56 % au cours de la même période. Dix pays de l’Union européenne, dont la France et l’Italie, doivent encore ratifier l’accord. Une forte demande canadienne pour leurs produits pourrait contribuer à sceller l’accord.
Lorsqu’un pays, comme les États-Unis, menace de violer les accords commerciaux existants, il peut être possible de bénéficier d’un sentiment d’achat canadien pour détourner la consommation des importations américaines vers des produits de substitution canadiens. Ce sentiment pourrait être particulièrement utile aux entreprises canadiennes qui perdent des marchés à cause des droits de douane. L’impact le plus important proviendrait des gouvernements et des grandes entreprises qui changent de fournisseurs, mais les consommateurs individuels peuvent aussi avoir un impact collectif en changeant leurs habitudes d’achats de nourriture, d’alcool et de produits ménagers.
Bien entendu, il serait beaucoup plus facile d’acheter canadien si nous accélérions la réduction des barrières commerciales interprovinciales. Selon un rapport du Fonds monétaire international de 2019, les barrières commerciales internes du Canada équivalent à des droits de douane d’environ 21 %. L’Accord de libre-échange canadien, lancé en 2017, a établi plusieurs domaines à aborder, notamment la mobilité de la main-d’œuvre, les marchés publics, la conciliation et la coopération en matière de réglementation et le commerce des boissons alcoolisées. Il y a eu quelques succès notables, comme l’Accord de conciliation sur les normes d’efficacité énergétique pour les appareils électroménagers, mais les progrès dans d’autres domaines, comme celui des boissons alcoolisées, ont été lents.
Suite à la menace des droits de douane américains, Anita Anand, la ministre fédérale responsable du commerce intérieur, a promis d’accélérer la suppression des barrières commerciales internes et a récemment annoncé la suppression de près de la moitié des exceptions fédérales restantes à l’Accord sur le commerce intérieur.
Acheter canadien peut aider et le fera certainement, mais nous ne devons pas perdre de vue l’importance stratégique de liens commerciaux solides avec des pays du monde entier.
Les recherches menées par l’IRPP dans le cadre de son projet Transformations communautaires montrent qu’il est important de penser non seulement aux entreprises concernées et à leurs travailleurs, mais aussi aux communautés.
Les communautés où l’emploi est fortement concentré dans un seul secteur peuvent subir des conséquences importantes lorsqu’un employeur majeur est en difficulté. Il peut y avoir des licenciements, des annulations de contrats pour les fournisseurs et une baisse des dépenses dans les restaurants et les entreprises locales. Les administrations municipales peuvent également éprouver des difficultés si les recettes fiscales diminuent considérablement, et les prestataires de services à but non lucratif peuvent voir leurs dons diminuer alors qu’ils connaissent une augmentation de la demande de leurs services. Les prix de l’immobilier peuvent également chuter et les familles peuvent avoir donc plus de difficultés à déménager.
Les conséquences pour les membres de ces communautés ne sont pas seulement économiques. Les familles peuvent également être confrontées à un stress financier et psychologique important.
Cela signifie que tout plan visant à réorienter les liens commerciaux du Canada doit intégrer une série de mesures de soutien communautaire couvrant les besoins économiques, financiers et sociaux.
Plutôt que d’examiner les implications de propositions tarifaires spécifiques, qui sont toujours en cours, nous examinons le niveau d’exposition des communautés aux tarifs américains en utilisant une approche similaire à notre analyse du niveau d’exposition à la transition énergétique. Nous sélectionnons les secteurs dont les exportations vers les États-Unis sont importantes et nous identifions les communautés (ou divisions de recensement) dont plus de 5 % de la main-d’œuvre est employée dans ces secteurs (voir figure 4).
Par exemple, les communautés ayant de fortes concentrations d’emploi dans la production de pétrole et de gaz comprennent Fort McMurray et Cold Lake en Alberta et Fort Nelson en Colombie-Britannique. Les communautés ayant de fortes concentrations d’emploi dans la fabrication automobile comprennent Ingersoll et Windsor en Ontario. Sault Ste. Marie, en Ontario, et Sept-Îles, au Québec, ont respectivement de fortes concentrations d’emplois dans les secteurs de l’acier et de l’aluminium. Ces secteurs pourraient être confrontés à des droits de douane pouvant atteindre 50 %.
Si l’administration Trump a proposé des droits de douane de 10 % sur l’énergie et les minerais, soit moins que les 25 % qu’il a menacé d’imposer aux produits manufacturés, rien ne garantit qu’il s’y tiendra. Il est devenu évident que tout secteur dépendant des exportations vers les États-Unis pourrait être vulnérable face à un président imprévisible.
Bien entendu, l’impact sur ces communautés pourrait être réduit si les États-Unis décidaient d’abaisser leurs droits de douane, si les acheteurs américains s’efforçaient de trouver d’autres solutions ou si les entreprises canadiennes avaient facilement accès à d’autres marchés d’exportation.
Les répercussions les plus importantes du conflit commercial pourraient se faire sentir lorsque les entreprises réduiront leurs investissements au Canada, que les acheteurs américains ajusteront leurs chaînes d’approvisionnement ou que les entreprises canadiennes décideront de se délocaliser. Même si les droits de douane ne sont pas imposés, l’incertitude pourrait freiner considérablement les investissements pendant un certain temps.
Si les droits de douane américains sont mis en œuvre, un certain nombre de dommages à court terme seront inévitables. Mais les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent contribuer à en réduire l’ampleur et la durée grâce à plusieurs mesures clés :
Avec le soutien des gouvernements à tous les niveaux et l’engagement du secteur privé et des communautés, le Canada pourra finalement sortir de la tourmente actuelle avec une économie plus forte et plus résiliente qui soutiendra un niveau de vie élevé dans tout le pays pour les décennies à venir.
Note de l’équipe de rédaction (13 février 2025): Au début de l’année 2025, Jeremy Harrison, ministre de la Saskatchewan responsable de SaskPower, a déclaré que la province avait l’intention de remettre en état ses centrales électriques au charbon, notamment les centrales Boundary Dam et Shand d’Estevan, et de les maintenir en activité au-delà de 2030. Ceci sera fait en dépit des réglementations fédérales qui exigent l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon sans technologie de capture du carbone d’ici cette date. Le ministre a déclaré que le gouvernement provincial prendrait une décision finale sur l’avenir de ses centrales au charbon d’ici le 1er juillet.
Ce n’est pas la première fois qu’Estevan se trouve à la croisée des chemins.
Avec une histoire ancrée dans la production d’énergie électrique, de charbon, de pétrole et de gaz, cette ville de 10 900 habitants du sud-est de la Saskatchewan a connu tous les remous occasionnés par ses liens étroits avec les ressources naturelles – les booms comme les flops.
Alors que le Canada s’achemine vers la décarbonation de son réseau électrique, le gouvernement fédéral a adopté une réglementation qui impose d’éliminer d’ici à 2030 la production d’électricité à partir du charbon, une décision qui devrait toucher les mineurs du charbon et les travailleurs des centrales au charbon. À l’approche de l’échéance, beaucoup s’inquiètent à Estevan des effets de cette élimination sur leurs emplois, leurs revenus et leur mode de vie.
Les résidents craignent aussi les effets d’autres politiques climatiques sur leur communauté, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de la production pétrolière.
Parallèlement, plusieurs nouveaux projets d’énergie propre, dont un petit réacteur modulaire, une ferme solaire et une centrale géothermique, suscitent espoir et opportunités.
Selon le principal message qui s’est dégagé de nos entrevues avec les membres de la communauté, la « ville énergétique » d’Estevan possède la cohésion, la résilience, les compétences et les atouts nécessaires pour gérer sa transformation et créer de nouvelles sources de croissance économique. Mais ils s’inquiètent aussi de voir leurs vies et leurs moyens d’existence chamboulés, d’avoir peu à dire sur les changements à venir et de ne disposer d’aucun organisme pour tracer leur propre voie.
Près de 10 % de la population canadienne vit dans 68 communautés qui pourraient être exposées à une crise de main-d’œuvre au fur et à mesure que le Canada et le reste du monde réduiront leurs émissions de gaz à effet de serre. Les crises de main-d’œuvre peuvent être provoquées par des investissements technologiques, le déclin de certaines industries ou l’essor de nouveaux secteurs d’activité. Elles peuvent profiter à long terme à certaines communautés, mais nécessitent tout de même un soutien pour gérer la période de transformation.
Les communautés exposées ont une population moyenne plus faible et sont généralement éloignées et moins diversifiées économiquement. Elles font face à des défis et possibilités qui varient selon leurs propres atouts et situations. C’est pourquoi les stratégies communautaires sur mesure y ont de meilleures chances de succès que les approches descendantes et uniformisées.
Les programmes de développement économique fédéraux, provinciaux et territoriaux leur assurent actuellement un certain soutien, mais ils ne sont pas conçus pour guider les communautés lors de transformations économiques et sociétales de grande ampleur. De nombreux programmes font aussi abstraction d’un engagement communautaire adéquat et d’une approche structurée qui prenne en compte les besoins des communautés dans la prise de décisions.
Pour réduire l’exposition des communautés et favoriser leur résilience à long terme, l’Institut de recherche en politiques publiques formule les recommandations suivantes :
Ingersoll, ville de 13 700 habitants du sud-ouest de l’Ontario, abrite depuis 2022 l’une des premières installations de fabrication de véhicules électriques (VE) à grande échelle du Canada : l’usine de montage CAMI de General Motors.
La transition de CAMI, passée de la production des VUS à essence Chevrolet Equinox à celle de fourgonnettes de livraison entièrement électriques, a relancé l’usine et renouvelé les perspectives d’avenir de la communauté. Mais ce parcours a été semé d’embûches. La fermeture temporaire de l’usine pendant son réoutillage a suivi de près une grève survenue en 2019, la pandémie de COVID-19 a été déclarée l’année suivante, puis une pénurie de semi-conducteurs et d’autres composants a frappé l’économie mondiale. Cette série de perturbations a entraîné des mises à pied temporaires et permanentes. Aujourd’hui, la nouvelle usine a besoin d’effectifs moins nombreux aux compétences différentes.
L’aventure d’Ingersoll offre plusieurs leçons sur les défis soulevés par une transformation de la main-d’œuvre, elle met en évidence la vulnérabilité d’une communauté qui dépend d’un seul gros employeur, et elle illustre comment le passage à une économie mondiale faible en carbone peut toucher la production automobile, les travailleurs et les communautés à l’échelon local.
Malgré tout, il y a de bonnes raisons d’être optimiste. Ingersoll fait partie d’un vaste écosystème d’investissements en VE dans le sud de l’Ontario, qui comprend plusieurs usines de batteries et un projet de 15 milliards $ de Honda visant à durabiliser la fabrication de véhicules et de pièces d’automobiles dans cette région de la province.
Ingersoll est située sur l’un des meilleurs territoires agricoles du pays, et sa proximité avec d’importants réseaux de transport, la région du Grand Toronto et les États-Unis lui procure encore d’autres avantages.
Mais si la transformation d’Ingersoll constitue une réussite communautaire, des questions demeurent sur la gestion de cette transformation et sur l’efficacité du soutien offert aux travailleurs, aux employeurs et à la communauté. Sans compter l’éventualité de tarifs américains et de modifications aux politiques sur les VE, qui ajoute à l’incertitude ambiante.
Dans le cadre des efforts mondiaux visant à éviter les effets les plus dangereux des changements climatiques, le gouvernement fédéral a pris des engagements internationaux pour réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030 et pour parvenir à la carboneutralité d’ici 2050 (Gouvernement du Canada, 2024). Dans le même temps, les mesures prises par d’autres pays pour réduire les émissions de GES stimulent les investissements dans les nouvelles technologies, les sources d’énergie et les services qui transformeront les marchés et modifieront les schémas commerciaux (AIE, 2024a).
Beaucoup d’incertitude accompagne l’ampleur, la portée et le calendrier des transformations économiques et sociétales qui en résulteront au cours des prochaines décennies. Toutefois, la direction du changement dans de nombreux secteurs est claire, indépendamment des changements à court ou à long terme des politiques publiques canadiennes. En utilisant diverses approches analytiques fondées à la fois sur des données historiques et des scénarios futurs, il est possible d’identifier les communautés canadiennes susceptibles d’être touchées par des perturbations de la main-d’œuvre. Ces perturbations peuvent se traduire par des changements d’emploi généralisés, des besoins de requalification ou d’amélioration des compétences, des arrivées ou des départs de travailleurs, des pénuries de main-d’œuvre, des ajustements des revenus ou du chômage (voir encadré 1).
Une perturbation temporaire de la main-d’œuvre peut s’avérer positive à long terme pour une communauté ou une région. Par exemple, l’augmentation des investissements publics et privés dans la fabrication de véhicules électriques et de batteries dans le sud de l’Ontario a créé des occasions d’emploi. Mais certains travailleurs du secteur automobile pourraient avoir besoin de suivre des formations pour adapter leurs compétences à la transition vers les véhicules électriques. En fait, certaines entreprises des secteurs en croissance craignent qu’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée et un manque de logements pour les travailleurs ne freinent le rythme de la croissance (Chambre de commerce de l’Ontario, 2023; Statistique Canada, 2024a).
Tous les niveaux de gouvernement peuvent jouer un rôle en aidant les travailleurs, les employeurs et les communautés à anticiper les changements et à devenir plus résilients. Identifier l’exposition potentielle au niveau communautaire pourrait aider les gouvernements fédéral et provinciaux à mieux cibler les investissements dans le développement économique, la formation et les projets de réduction des émissions de GES.
C’est dans cette optique que l’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) a lancé le projet Transformations communautaires, une initiative pluriannuelle qui explore les défis et les opportunités auxquels sont confrontés les travailleurs et les communautés, ainsi que les actions que les gouvernements peuvent entreprendre pour mieux les soutenir. L’IRPP mène depuis longtemps des recherches sur les politiques gouvernementales de soutien aux travailleurs canadiens, notamment sur les politiques relatives aux compétences et à la formation des adultes, et à l’assurance-emploi. Compte tenu de l’ampleur de ce projet, l’IRPP s’est associé au Community Data Program du Réseau canadien de développement économique communautaire et à The Energy Mix, et a engagé plusieurs experts externes pour réaliser des études détaillées afin d’appuyer et de compléter son travail.
L’objectif du projet n’est pas de prédire l’avenir, mais plutôt d’explorer les domaines d’exposition et les politiques qui peuvent renforcer la résilience. Grâce à des recherches, à l’analyse des données et aux entretiens avec des personnes qui travaillent dans les secteurs et vivent dans les communautés susceptibles d’être touchées, le projet recueillera des informations, des points de vue et des conseils qui peuvent soutenir la prise de décision gouvernementale et permettre aux travailleurs et aux communautés de naviguer avec succès dans la transformation dans les années à venir.
Un élément clé du projet est une carte interactive du niveau d’exposition des communautés, qui repose sur une méthodologie élaborée au cours de plus d’une année de collecte de données, d’analyse et de consultation d’experts.
Les sections suivantes décrivent la méthodologie utilisée pour mettre la carte au point. Celle-ci et les données qui y sont associées seront librement accessibles sur le site Web de l’IRPP. Les commentaires que nous recevrons nous permettront d’y apporter des ajustements et d’en améliorer continuellement l’utilité.
La carte classe les communautés en fonction de leur niveau d’exposition aux perturbations de la main-d’œuvre associées aux transformations qui risquent de découler des efforts de réduction des émissions de GES au Canada et dans le monde.
Nous nous concentrons sur la probabilité d’une perturbation importante de la main-d’œuvre pour deux raisons.
Tout d’abord, de nombreuses publications examinent le lien entre les changements majeurs sur les marchés du travail locaux et les changements dans les conditions socioéconomiques des communautés (Alasia et al., 2008 ; O’Hagan et Cecil, 2007 ; Vermeulen et Braakmann, 2023 ; Weaver et al., 2024). Lorsqu’une part importante de la main-d’œuvre locale est confrontée à des perturbations, les conséquences peuvent atteindre l’économie au niveau communautaire, des domaines tels que le logement (Notowidigdo, 2020) et le niveau de confiance dans les institutions gouvernementales et communautaires (Wietzke, 2015).
Deuxièmement, la perturbation de la main-d’œuvre est étroitement liée au dialogue international qui évolue vers l’idée qu’une transition centrée sur les gens est un facteur essentiel au succès de la transformation du système énergétique au rythme et à l’échelle requis pour éviter les pires impacts des changements climatiques (AIE, 2021). Les transitions centrées sur l’être humain se concentrent sur des approches politiques qui garantissent des emplois décents et la protection des travailleurs, améliorent le développement social et économique, renforcent l’équité, l’inclusion et la justice, et incluent les personnes en tant que participants actifs dans le processus (AIE, 2024b).
Pour mesurer le niveau d’exposition aux perturbations de la main-d’œuvre, nous avons choisi une méthodologie qui n’est pas liée à une orientation particulière des politiques gouvernementales ou à un scénario de réduction des émissions au niveau mondial. Cette approche permet de discuter des risques et des opportunités de manière plus approfondie, indépendamment des débats politiques actuels ou des hypothèses concernant le rythme de l’évolution du marché mondial. Elle nous permet également de nous concentrer sur les concepts fondamentaux d’exposition et de résilience des communautés, et non sur les changements qui sont plus difficiles à prévoir et qui échappent en grande partie au contrôle des communautés locales.
Dans les communautés où la proportion de travailleurs directement exposés à une perturbation est élevée, il y a également plus de risques de perturbations indirectes qui affectent la communauté de manière plus générale. Par exemple, la fermeture d’une grande installation dans une petite communauté peut également affecter les entreprises qui fournissent des biens ou des services à cette installation et à ses travailleurs.
L’accent mis sur les travailleurs qui travaillent directement dans les secteurs et les installations les plus susceptibles d’être perturbés constitue une estimation de base du niveau de perturbation globale qu’une communauté pourrait subir. D’autres facteurs peuvent également influencer la situation des travailleurs, notamment leur âge et leur niveau d’éducation, la proximité de la communauté avec d’autres centres de population et la disponibilité préexistante de services de formation et de soutien. Au niveau communautaire, il peut également y avoir des investissements planifiés qui réduiront l’exposition et qui ne sont pas encore reflétés dans les données. Par exemple, l’usine d’assemblage automobile de General Motors à Ingersoll, en Ontario, est passée à la fabrication de camionnettes de livraison entièrement électriques, ce qui a contribué à améliorer la résilience du principal employeur de la communauté (IRPP, 2025).
Afin de saisir certains de ces autres perspectives et facteurs locaux, nous avons sélectionné 10 communautés à travers le Canada pour en établir le profil, en combinant des entretiens avec des personnes qui travaillent et vivent dans les zones susceptibles d’être touchées, ainsi que des recherches et analyses de données locales. Les membres de l’équipe de projet se rendent dans les communautés pour recueillir les points de vue des dirigeants locaux. Les communautés ont été sélectionnées de manière à garantir la diversité des secteurs et des régions. Une liste de ces communautés figure à l’annexe A. Chaque profil sera disponible sur le site Web de l’IRPP au fur et à mesure de leur réalisation.
L’exercice de cartographie et les profils des communautés, ainsi que des consultations et des analyses supplémentaires, seront utilisés pour élaborer cinq notes d’information qui examinent les mesures spécifiques que les gouvernements peuvent prendre pour renforcer la résilience des travailleurs et des communautés. La première note d’information, disponible sur le site Web de l’IRPP, se penche sur les stratégies de transformation menées par les communautés. D’autres études approfondies seront publiées en 2025 et 2026.
Notre méthode de mesure du niveau d’exposition des communautés s’appuie sur des recherches sur les conséquences de la réduction des émissions sur l’emploi. Par exemple, certaines études se sont concentrées sur l’emploi dans la production et la distribution de combustibles fossiles (Stanford, 2021). D’autres ont examiné la part des salaires de la communauté provenant de secteurs à forte intensité d’émissions, ou la part des travailleurs employés dans des secteurs susceptibles de subir les effets d’une transformation mondiale (Comptables professionnels agréés Canada, s. d. ; Samson et al., 2022). La modélisation économique est un autre outil souvent utilisé pour estimer les possibles changements relatifs aux emplois en lien avec divers scénarios de politique climatique (Clean Energy Canada, 2023; Navius Research, 2023).
Chaque approche a ses avantages et ses inconvénients. Aucune ne tient compte de toutes les sources potentielles d’exposition, de toutes les interactions ou de toutes les nuances locales qui jouent un rôle dans la situation des travailleurs et des communautés. L’IRPP et ses organisations partenaires ont exploré diverses options méthodologiques tout au long des années 2023 et 2024, en testant différentes approches et en consultant des experts externes.
En fin de compte, nous avons opté pour une approche qui tire parti des données publiques disponibles pour estimer la mesure dans laquelle les communautés dépendent de secteurs qui sont déjà touchés par la transformation ou qui sont susceptibles de l’être. Pour saisir les différents défis auxquels les communautés pourraient être confrontées, nous avons sélectionné trois indicateurs de base. Pour ces trois indicateurs, nous utilisons la part de l’emploi local ou la présence d’installations à fortes émissions pour estimer la pertinence de ces secteurs pour une communauté.
En l’absence de seuils concrets pour déterminer ce qui rend une communauté exposée, nous nous concentrons sur les communautés qui obtiennent les scores les plus élevés. Nous classons les communautés afin d’identifier les domaines dans lesquels il convient de concentrer les efforts en matière de recherche et de politique.
Pour les trois indicateurs, il existe un petit nombre de communautés situées tout en haut de la distribution et dont les scores sont significativement plus élevés que la moyenne nationale. Nous avons classé chaque communauté dans l’un des six groupes de niveau d’exposition, allant de « Pas exposée » à « La plus exposée », afin de saisir ces tendances dans la distribution de chacun des indicateurs (voir tableau 1).
Les seuils sont conçus pour identifier les communautés les mieux notées pour les trois mesures en utilisant une approche standardisée et facile à comprendre. Les recherches futures pourraient identifier d’autres façons de regrouper les données ou d’autres seuils pour mesurer différents niveaux d’exposition.
L’application de ces regroupements aux trois mesures nous permet de comparer les communautés entre elles et à l’intérieur des groupes. Nous n’additionnons pas tous les scores pour obtenir un score d’exposition unique pour chaque communauté. Cette approche nous obligerait à formuler des hypothèses sur l’importance ou le poids relatif de chacun des trois types d’exposition. En outre, la combinaison des mesures masquerait également la source de l’exposition, ce qui est important pour valider les résultats au niveau local et élaborer une réponse politique ciblée.
Nous calculons plutôt une quatrième mesure, que nous appelons « communautés au score le plus élevé ». Pour cette mesure, nous sélectionnons le score le plus élevé parmi les indicateurs EGE, EI et EM pour chaque communauté. Les communautés identifiées comme les plus exposées dans la mesure des scores les plus élevés sont parmi les 2 % de communautés les plus exposées dans au moins une des trois mesure du niveau d’exposition. Par exemple, une communauté qui a obtenu un score parmi les 2 % les plus élevés pour l’indicateur EGE, parmi les 5 % les plus élevés pour l’indicateur IS et parmi les 5 % les plus élevés pour l’indicateur EM se verrait attribuer le score « La plus exposée » sur la base de son classement parmi les 2 % les plus élevés pour l’indicateur EGE.
Cette approche aidera les gouvernements et les communautés à avoir une vue d’ensemble du niveau d’exposition sans avoir à développer un indice complexe qui perdrait le lien direct avec les réalités du terrain.
Pour faciliter l’analyse et la visualisation à l’échelle nationale, les « communautés » sur lesquelles nous nous penchons correspondent aux divisions de recensement[1]. La méthodologie pourrait toutefois être appliquée à toute autre unité de division géographique. Les divisions de recensement présentent deux avantages : elles sont suffisamment grandes pour délimiter une zone où les temps de transport sont raisonnables dans la plupart des régions canadiennes ; et elles couvrent l’ensemble du pays, ce qui garantit que nous avons pris en compte les communautés et les travailleurs urbains, ruraux et éloignés. Voir l’encadré 2 pour une discussion sur certaines des limites associées à l’utilisation des divisions de recensement.
Notre approche se veut transparente, reproductible et vérifiable. Les sources de données utilisées sont publiques et mises à jour régulièrement, ce qui nous permettra, ainsi qu’à d’autres chercheurs, de suivre les changements au fur et à mesure que de nouvelles données seront disponibles.
Les commentaires que l’IRPP recevra sur la carte et de nouvelles sources de données nous permettrons de réfléchir à l’approche et à la méthodologie et de procéder à des ajustements périodiques. D’autres domaines du projet, tels que les profils des communautés et les notes d’orientation, peuvent également fournir des informations ou poser de nouvelles questions qui nous amèneront à analyser les données d’une nouvelle manière.
Exposition des grands émetteurs
Le score d’exposition des grands émetteurs (EGE) pour une communauté est calculé en divisant les émissions totales des grands émetteurs (GE) dans la division de recensement par la taille de la population active de la communauté.
Sources des données
Les données relatives aux installations pour 2021 proviennent de l’ensemble de données sur les GES déclarés par les installations, qui fait partie du Programme de déclaration des gaz à effet de serre d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) (ECCC, s. d.). Ce programme exige que les installations émettant plus de 10 kilotonnes en équivalent de dioxyde de carbone (éq. CO2) soumettent un rapport au ministère (ECCC, 2023). Les données sont mises à jour chaque année et comprennent des informations sur l’installation, telles que son nom, son emplacement, sa société déclarante et son secteur d’activité[2], ainsi qu’une ventilation des émissions par GES. Toutes les installations incluses dans cet ensemble de données sont appelées grands émetteurs (GE) (tableau 2).
Nous excluons les installations de transport par pipeline (SCIAN 486) parce que l’emploi est susceptible d’être réparti entre plusieurs divisions de recensement. Les totaux des émissions communautaires ont été calculés en alignant les coordonnées géographiques des installations individuelles sur la division de recensement correspondante.
Les chiffres de la population active du recensement de 2021 par division de recensement proviennent de Statistique Canada. Les chiffres de la population active comprennent toutes les personnes âgées de 15 ans et plus qui avaient un emploi ou étaient au chômage au moment de la réponse.
En 2021, 1 681 installations ont déclaré à ECCC des émissions annuelles de plus de 10 000 tonnes d’éq. CO2. 152 autres ont choisi de déclarer volontairement leurs émissions bien qu’elles n’aient pas atteint le seuil (ECCC, 2023). Ensemble, elles ont émis directement l’équivalent de 285 mégatonnes (millions de tonnes) de GES, soit 43 % de toutes les émissions nationales de cette année-là.
Les émissions des GE sont fortement concentrées dans un petit nombre de régions et d’industries[3]. Les 10 principales installations émettrices en 2021 (moins de 0,5 % des installations) étaient responsables de 22 % de l’ensemble des émissions des GE. Il s’agit notamment de la production d’électricité à partir de charbon et de gaz naturel, de l’extraction de pétrole et de gaz, et du transport par pipeline[4]. Ces industries, ainsi que les raffineries de pétrole, ont produit le plus d’émissions, représentant plus de 60 % des émissions totales des GE en 2021. Parmi les autres sous-secteurs à fortes émissions figurent la fabrication de métaux, de minéraux non métalliques et de produits chimiques, ainsi que l’extraction minière et l’exploitation de carrières. Le plus grand nombre d’installations individuelles déclarantes se trouve dans le secteur de l’extraction conventionnelle de pétrole et de gaz, qui représente près de 40 % du total (670 installations).
Plus de la moitié des émissions des GE provenaient d’installations déclarées en Alberta (53 %), les deuxième et troisième proportions les plus élevées provenant de l’Ontario (16 %) et de la Saskatchewan (10 %). Sur les 293 divisions de recensement que compte le Canada, 78 n’ont déclaré aucun GE en 2021.
Points forts de l’indicateur de sensibilité des installations
L’un des avantages de la mesure de l’EGE est qu’elle permet une estimation directe des émissions industrielles au niveau de la communauté. Bien que les données sur les émissions régionales ne soient pas accessibles au public par l’intermédiaire de Statistique Canada, la base de données des GE de ECCC (2024) comprend les coordonnées géographiques de toutes les installations qui produisent une déclaration. À l’aide d’un logiciel d’analyse spatiale, nous avons attribué chaque installation à une division de recensement. Nous avons ensuite calculé les émissions totales des grands émetteurs dans une communauté en additionnant les émissions de toutes les installations situées dans la division de recensement. Nous avons ensuite divisé le total des émissions des installations de la division de recensement par le nombre de personnes dans la population active locale pour calculer le niveau d’exposition des grands émetteurs (voir la figure 1 et le tableau 3).
En raison de leur taille, de la nature de leur production ou de la disponibilité des ressources naturelles, les grandes installations émettrices sont susceptibles d’être situées dans des zones rurales ou éloignées ou dans de petites municipalités, loin des grands centres de population. C’est pourquoi notre indicateur se compose à la fois des émissions des grands émetteurs dans une division de recensement, ce qui donne une idée de l’ampleur de la décarbonation nécessaire, et de la taille de la main-d’œuvre de la division de recensement, ce qui permet d’estimer dans quelle mesure la division de recensement est tributaire de ses grandes installations émettrices. La présence de grands émetteurs dans une communauté est une source évidente d’exposition, car ils sont responsables d’une part disproportionnée de toutes les émissions.
Au Canada, les politiques visant à décarboner les GE devraient être les principaux moteurs de la réduction des émissions d’ici 2030 (Dion et Linden-Fraser, 2024). Les grands émetteurs sont déjà soumis à des politiques climatiques fédérales ou provinciales/territoriales telles que les règlements fédéraux sur l’élimination progressive du charbon, le système fédéral de tarification fondé sur le rendement, le règlement de l’Alberta sur l’innovation technologique et la réduction des émissions (Technology Innovation and Emissions Reduction regulation) ou le système de plafonnement et d’échange de droits d’émission du Québec. Même si les politiques et les objectifs climatiques changent, il est peu probable que le Canada parvienne à des réductions d’émissions significatives sans décarboner ses plus grands émetteurs, car ils représentent plus de 40 % des émissions nationales.
De nombreuses installations sont également d’importants exportateurs, ce qui les expose aux changements de la demande mondiale pour leurs produits ou à des mesures commerciales telles que le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne (UE), qui vise à garantir que les importations d’acier, d’aluminium, de fer, de ciment, d’électricité, d’hydrogène et d’engrais à forte intensité d’émissions n’érodent pas la compétitivité des fabricants européens soumis au système d’échange de quotas d’émission de l’UE (Commission européenne, s. d.). En outre, un nombre croissant de pays s’efforcent de décarboner leurs industries lourdes en adoptant des technologies innovantes (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, 2024). Les installations qui ne décarbonent pas risquent d’être moins compétitives à l’avenir (Institut climatique du Canada, 2021).
Limites de l’indicateur d’exposition des grands émetteurs
L’une des principales limites de cette unité de mesure est qu’elle ne tient pas compte du nombre de travailleurs d’une communauté qui travaillent directement dans les installations des grands émetteurs. Cependant, l’emploi direct n’est qu’un facteur parmi d’autres de l‘exposition des communautés. Par exemple, l’installation peut faire appel à des entrepreneurs locaux pour la construction ou des services de traiteur. Les employés peuvent également être d’importants acheteurs de biens ou de services auprès de petites entreprises. D’autres entreprises peuvent dépendre de l’infrastructure développée pour l’installation, comme un port ou une ligne de chemin de fer. Les collectivités locales peuvent également bénéficier des recettes de l’impôt foncier, qui permettent d’accroître les services publics et l’emploi.
Une limite plus importante est que les données de recensement sur l’emploi ne correspondent pas toujours à l’emploi dans les grandes installations. Nous utilisons les données du recensement sur l’emploi en fonction du lieu de résidence, ce qui ne tient pas compte des travailleurs qui vivent en dehors de la division de recensement où se trouve l’installation, ni de ceux qui se rendent dans la division de recensement pour un emploi saisonnier ou temporaire. Par exemple, un travailleur qui habite à Montréal mais qui se rend dans un camp minier éloigné dans le nord du Québec pour y travailler ne serait pas comptabilisé parmi les employés dans la division de recensement où il travaille. L’IRPP entreprendra une analyse supplémentaire en utilisant des données basées sur le lieu de travail des personnes et leurs habitudes de déplacement.
Pour comprendre pleinement le rôle d’une grande installation dans une communauté, il faut analyser celle-ci de manière plus approfondie.
Exposition à l’intensité
Le score d’exposition à l’intensité (EI) d’une communauté est égal à l’intensité moyenne des émissions des secteurs employant des personnes dans la communauté, pondérée par la part de la main-d’œuvre locale employée (ou ayant été employée) dans ces secteurs.
Sources de données
Les données nationales sur l’intensité des émissions par secteur économique proviennent de la base de données sur l’intensité des émissions canadiennes de l’Institut climatique du Canada développé par 440 Mégatonnes (Institut climatique du Canada, s. d.). Pour calculer l’intensité des émissions des secteurs canadiens, les auteurs répartissent les émissions nationales du Rapport d’inventaire national (RIN) entre les secteurs responsables et divisent leurs émissions par la valeur ajoutée du secteur (ou PIB). Il s’agit de la valeur générée par une industrie en 2021, moins le coût des matériaux et des services utilisés dans la production, et provient des tableaux des ressources et des emplois de Statistique Canada (Statistique Canada, 2024b).
Selon les normes internationales de comptabilisation du carbone, les émissions sont regroupées dans l’une des trois catégories ou portées (voir figure 2 ; Greenhouse Gas Protocol, s. d.). Les émisions de portée 1 (scope selon le vocabulaire du Greenhouse Gas Protocol en anglais) comprennent les émissions produites dans l’installation ou par les transports contrôlés par l’entreprise. Les émissions de portée 2 font référence aux émissions provenant de l’électricité, du chauffage, du refroidissement ou de la vapeur achetés par l’entreprise. Les émissions de portée 3 comprennent les émissions liées à la chaîne d’approvisionnement.
Dans ce cas, les auteurs de la base de données de l’Institut climatique du Canada, développée par 400 Mégatonnes, attribuent les émissions en amont de la portée 3 (telles que celles provenant des intrants achetés) aux industries et répartissent les émissions en aval de la portée 3 (émissions provenant de l’utilisation du produit ou du service final) entre 51 catégories de demande finale pour les dépenses ou les exportations (Stiebert et Sawyer, s. d.). Ils utilisent les données sur l’énergie et les émissions des installations au niveau de l’industrie pour faire correspondre les émissions des portées 1 et 2 du RIN à des industries spécifiques, et les tableaux nationaux symétriques des entrées-sorties pour modéliser la manière dont le carbone incorporé passe par les chaînes d’approvisionnement (émissions de portée 3). Cependant, comme les données ne comprennent pas les émissions associées à l’utilisation de produits dans d’autres pays, l’intensité des émissions de certaines industries peut parfois être sous-estimée ou surestimée (voir les limites ci-dessous).
En 2021, environ 67 mégatonnes d’éq. CO2 ont été attribuées, dans les portées, à la fabrication de produits du pétrole et du charbon, qui comprend les raffineries de pétrole. Cela comprend les émissions directes provenant de la combustion pendant la production, les achats d’électricité et les émissions intégrées dans tous les intrants du secteur. Les émissions résultant de l’utilisation de produits (tels que l’asphalte, les carburants et les huiles) sont réparties entre les acheteurs, tels que les industries qui utilisent les produits comme intrants, ou à la demande finale lorsqu’ils sont exportés ou achetés par les ménages et les gouvernements.
Les chiffres de la population active du recensement de 2021 par industrie (code SCIAN à 4 chiffres) et par division de recensement proviennent de Statistique Canada (2022b). Les chiffres de la population active comprennent toutes les personnes âgées de 15 ans et plus qui étaient employées ou en chômage au moment de la réponse. Étant donné que les données sur l’intensité des émissions sont disponibles pour une sélection d’industries et de groupes d’industries (qui ne se chevauchent pas et qui couvrent pratiquement toute l’économie), nous avons agrégé les chiffres de la population active du recensement pour les faire correspondre lorsque nécessaire.
Nous avons également utilisé le Registre des entreprises de 2021 de Statistique Canada (Statistique Canada, 2022a) pour estimer approximativement le nombre d’emplois dans les industries non couvertes par nos données de recensement. Plus précisément, nous avons décomposé les services publics (SCIAN 221) en production d’électricité à partir de combustibles fossiles (221112), en distribution de gaz naturel (2212) et en réseaux d’aqueduc, d’égout et autres (2213). Nous avons exclu le reste de la production d’électricité (hydroélectricité, énergies renouvelables et nucléaire) parce que les données sur l’intensité des émissions ne sont disponibles que pour le groupe industriel parent (2211 production, transport et distribution d’électricité), ce qui surestimerait le niveau d’exposition des emploi dans ces sous-secteurs. Nous excluons également l’emploi dans les cultures agricoles (111) et l’élevage et l’aquaculture (112), car les chiffres de l’emploi sont regroupés dans les données de recensement en un sous-secteur combiné appelé « fermes » (voir limitations).
Sur la base des émissions totales dans les trois portées, les industries les plus émettrices en 2021 étaient l’extraction de pétrole et de gaz, la fabrication de produits alimentaires, la fabrication de produits du pétrole et du charbon, et la production d’électricité. Certaines industries produisent la majeure partie de leurs émissions lors de la production (portée 1), comme celle de la production d’électricité. Pour d’autres, comme la fabrication de produits alimentaires, de produits pétroliers et de produits du charbon, les émissions sont en grande partie intégrées dans les matériaux utilisés pour la production (portée 3; voir tableau 4).
Toutefois, si l’on se base sur l’intensité des émissions, qui est l’objet de cet indicateur, les secteurs à plus forte intensité d’émissions en 2021 sont la production animale et l’aquaculture, l’eau et les égouts, la sidérurgie, la fabrication de produits du pétrole et du charbon, et le transport par voie d’eau.
Ces industries, ainsi que les autres présentées dans le tableau 4, produisent le plus d’émissions par rapport à la valeur de leurs biens. Cela peut être dû au numérateur (aux émissions élevées), au dénominateur (à la faible valeur de la production) ou aux deux[5].
Comme la base de données comprend la plupart des secteurs économiques, les 293 divisions de recensement ont toutes des emplois dans les industries pour lesquelles l’intensité des émissions est suivie.
Pour calculer cet indicateur, nous ajoutons l’intensité des émissions associés aux portées 1, 2 et 3 pour chaque sous-secteur et industrie inclus dans la base de données de l’intensité des émissions canadiennes. Nous calculons ensuite l’intensité moyenne des émissions des sous-secteurs et des industries au niveau de la communauté, pondérée par la part de la main-d’œuvre locale employée (ou ayant été employée) dans ces sous-secteurs et industries (voir figure 3, tableau 5).
Avantages de l’indicateur d’exposition à l’intensité
L’intensité des émissions mesure le quantité d’émissions de GES nécessaires pour produire des produits et des services d’une valeur d’un dollar. Il s’agit d’un indicateur raisonnable de l’exposition du secteur aux efforts canadiens et mondiaux de réduction des émissions de GES et aux forces des marchés qui favorisent de plus en plus une production à faibles émissions. Une intensité d’émissions plus élevée indique l’ampleur de l’exposition aux intrants à forte intensité d’émissions susceptibles de voir leur coût augmenter, aux politiques climatiques ou aux mesures commerciales susceptibles d’accroître les coûts de production, et à l’évolution de la demande du marché vers des produits à plus faible teneur en carbone. À mesure que les efforts mondiaux de réduction des émissions de GES s’accélèrent au cours des prochaines décennies, les entreprises à faible intensité d’émissions devraient être plus rentables (Institut climatique du Canada, 2021). Les entreprises dont les marges bénéficiaires sont étroites peuvent également avoir du mal à se permettre des réductions d’émissions si des investissements importants sont nécessaires et qu’il est difficile d’obtenir un financement à faible coût (CCC, 2024).
La mesure de la proportion d’emplois dans les secteurs à forte intensité d’émissions indique la dépendance des communautés à l’égard de secteurs susceptibles d’être plus exposés à l’augmentation des coûts. Elle donne une image plus complète d’une communauté que la mesure de l’exposition des grands émetteurs, car elle tient compte des petits employeurs dans toute une série de secteurs à forte intensité d’émissions, y compris la fabrication de denrées alimentaires et le transport par camion.
Parmi ces secteurs, ceux qui exportent seront soumis à la pression d’autres pays avec des ajustements carbone aux frontières, actuellement en place dans l’UE et envisagés par le Royaume-Uni, l’Australie et le Japon (Banque mondiale, 2024). Les secteurs qui ne parviennent pas à suivre leurs concurrents internationaux pourraient être confrontés à une baisse de la demande de leurs produits, les industries s’efforçant de réduire l’intensité des émissions de leurs chaînes d’approvisionnement.
En outre, certains secteurs à forte intensité d’émissions sont soumis à des systèmes et réglementations fédéraux et provinciaux de tarification du carbone industriel. D’autres peuvent être confrontés à une augmentation des coûts liés à l’achat de carburants tels que l’essence et le diesel, qui sont couverts par la taxe sur les carburants et le Règlement sur les combustibles propres. Le coût de l’essence pourrait augmenter de 54 cents par litre d’ici 2030 selon les politiques publiques présentement planifiées[6]. Les entreprises qui peuvent passer à des carburants moins polluants ou à des sources d’énergie de rechange seront en mesure d’éviter ces nouveaux coûts d’intrants ou de transport.
Même en cas de changement dans le cocktail actuel de politiques publiques, les secteurs à forte intensité d’émissions sont plus susceptibles d’être soumis aux politiques climatiques nationales, aux mesures commerciales internationales et aux forces concurrentielles du marché.
Limites de l’indicateur d’intensité et de sensibilité
Les données sur l’intensité des émissions couvrent toutes les émissions nationales dans la plupart des secteurs économiques, mais ne sont disponibles que sous la forme d’une moyenne nationale pour une combinaison spécifique de sous-secteurs et de groupes d’industries. Si la moyenne nationale de l’intensité des émissions par secteur constitue une estimation raisonnable dans la plupart des cas, elle peut sous-estimer ou surestimer l’intensité des émissions – et donc l‘exposition – des installations locales ou des entreprises qui diffèrent de la moyenne.
C’est pourquoi nous avons ajusté l’approche pour certains secteurs. Par exemple, les données sur l’intensité des émissions du secteur de l’électricité sont disponibles pour le sous-secteur production, transport et distribution d’électricité (SCIAN 2211), mais pas pour les industries qu’il englobe, qui comprennent à la fois des sources d’énergie à faibles émissions telles que les énergies renouvelables, l’hydroélectricité et le nucléaire, ainsi que la production d’électricité à partir de charbon et de gaz naturel.
Étant donné que la moyenne nationale pour le sous-secteur est susceptible de surestimer le niveau d’exposition des communautés ayant des emplois dans la production d’énergie à faibles émissions, nous excluons l’emploi dans ces industries du calcul de l’exposition à l’intensité pour la communauté. Cela sous-estime l’exposition des communautés ayant des emplois dans la production d’électricité à partir de combustibles fossiles, mais la production d’électricité à partir de charbon et de gaz naturel est prise en compte dans la mesure du niveau d’exposition des grands émetteurs.
Les autres sous-secteurs touchés par le défi que représente l’utilisation d’une intensité d’émissions moyenne nationale sont les cultures agricoles (111) et l’élevage et l’aquaculture (112), qui sont en grande partie regroupées sous le nom de « fermes » dans les données du recensement de 2021. L’intensité moyenne des émissions de la production animale est nettement plus élevée que celle de la production végétale (7,4 kg contre 1,9 kg d’éq. CO2 par dollar), et l’intensité des émissions peut varier considérablement d’un produit à l’autre et d’une région à l’autre (Institut climatique du Canada, s. d.).
Pour y remédier, nous excluons du calcul le sous-secteur des fermes. Nous pouvons cependant nous retrouver avec une sous-estimation du niveau d’exposition de certaines communautés agricoles, car certaines fermes peuvent être à forte intensité d’émissions et être des employeurs importants dans la communauté. Les prochaines versions de la carte pourront inclure les exploitations agricoles sur la base de données locales relatives aux produits spécifiques fabriqués.
Enfin, les données sur les émissions dans les différentes portées sont dérivées du nombre total d’émissions dans le Rapport d’inventaire national, qui ne comprend que les émissions canadiennes. Cela signifie que les émissions de portée 3 peuvent parfois être sous-estimées, comme dans le cas de l’exportation de produits canadiens qui génèrent des émissions lorsqu’ils sont utilisés à l’extérieur du pays, ou surestimées, comme lorsque les produits canadiens dépendent d’intrants importés qui sont moins générateurs d’émissions que les options de rechange canadiennes.
L’exposition des marchés (EM) identifie les secteurs orientés vers l’exportation dans lesquels les marchés mondiaux se transforment déjà ou sont susceptibles de se transformer dans le cadre de divers scénarios mondiaux avec différents niveaux d’action climatique. Les secteurs ont été sélectionnés en examinant les tendances mondiales ainsi que divers scénarios mondiaux prospectifs de transformation économique et énergétique, avec un accent particulier sur le World Energy Outlook de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une source reconnue et crédible d’analyse et de projections énergétiques (encadré 3).
Sur la base de l’examen des scénarios de l’AIE et d’autres tendances et scénarios, nous avons sélectionné six secteurs qui connaîtront des transformations majeures dans le cadre des multiples voies de transformation de l’énergie au niveau mondial, appelés secteurs d’exposition des marchés (EM) : l’extraction du charbon, du pétrole et du gaz, les activités de soutien à l’extraction minière, de pétrole et de gaz, ainsi que la fabrication de pétrole, de produits chimiques et d’équipements de transport. Le principal élément d’incertitude qui diffère d’un scénario à l’autre est le rythme de la transformation, l’évolution du marché étant plus rapide dans les scénarios carboneutres que dans les scénarios de politiques énoncées et de promesses annoncés. D’autres éléments justifiant la sélection de chaque secteur sont présentés ci-dessous. Le score d’EM de chaque communauté est égal à la part de la main-d’œuvre locale employée (ou ayant été employée) dans les secteurs d’EM.
Sources de données
Nous avons sélectionné les scénarios suivant un examen des tendances du marché, ainsi que sur la base des scénarios de réduction des émissions à l’échelle mondiale et nationale. Les chiffres de la population active par secteur et division de recensement proviennent du recensement 2021 de Statistique Canada (Statistique Canada, 2022b). Ces chiffres comprennent toutes les personnes âgées de 15 ans et plus, qui étaient employées ou en chômage au moment de la réponse. 4 des 293 divisions de recensement du Canada n’ont déclaré aucun emploi dans les secteurs d’EM en 2021.
Exploitation du charbon
Le Canada a produit 47 millions de tonnes de charbon en 2022, dont 59 % de charbon métallurgique utilisé pour la fabrication de l’acier et 41 % de charbon thermique utilisé pour la production d’électricité. La production de charbon du Canada a diminué de 32 % entre 2012 et 2022, le charbon thermique étant à l’origine de 75 % de cette baisse. En 2022, le Canada a exporté 77 % du charbon qu’il a produit (Ressources naturelles Canada, 2024a). En 2023, environ 10 000 personnes travaillaient dans le secteur du charbon (CCIE, n.d.-a).
La demande de charbon diminue dans tous les scénarios de transformation de l’énergie que nous avons examinés. Dans le World Energy Outlook 2024 de l’AIE, la demande mondiale de charbon diminue de 47 % entre 2023 et 2050 selon le scénario STEPS, et de 77 % selon le scénario APS (figure 4). La région Asie-Pacifique devrait représenter plus de 80 % de la demande de charbon en 2050 dans les deux scénarios. La production nord-américaine chute de 80 % dans le scénario STEPS et de 93 % dans le scénario APS (AIE, 2024c). La demande de charbon thermique utilisé pour la production d’électricité diminue plus rapidement que celle de charbon métallurgique utilisé pour la fabrication de l’acier, et il pourrait y avoir une pénurie à court terme dans l’offre mondiale qui augmenterait la demande de charbon métallurgique canadien au cours de la prochaine décennie (Griffin, 2024).
Le rapport 2023 de la Régie de l’énergie du Canada (REC), intitulé Avenir énergétique du Canada, montre que l’électricité produite à partir du charbon sera principalement éliminée d’ici 2030 dans l’ensemble du Canada (REC, 2024a). Le Japon, qui était la destination de 52 % des exportations de charbon thermique du Canada en 2022, s’est engagé à passer aux énergies renouvelables pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions pour 2030 et 2050 (RNCan, 2024a; Bureau du Premier ministre du Japon, 2023). La Chine, qui était la destination de 27 % des exportations de charbon métallurgique du Canada en 2022, investit dans la production d’acier à faibles émissions qui n’utilise pas de charbon métallurgique (RNCan, 2024a; Shen et Schäpe, 2024; Zoryk et Sanders, 2023).
Production de pétrole brut et produits pétroliers
Le Canada a produit 4,7 millions de barils de pétrole brut par jour en août 2024, dont 4,2 millions de barils par jour – soit 89 % – ont été exportés (CCIE, s. d.-b). La plupart des exportations sont destinées aux États-Unis, mais la mise en service de l’oléoduc Trans Mountain, qui relie l’Alberta à la côte de la Colombie-Britannique, en mai 2024, permet d’expédier 890 000 barils par jour vers l’Asie et d’autres destinations (Williams, 2024). En 2023, les exportations de brut du Canada étaient évaluées à 124 G$, soit 16 % de la valeur totale des exportations du pays (REC, 2024b). Le Canada produit également environ 2 millions de barils par jour de produits pétroliers finis tels que l’essence, les carburants aviation et les matières premières pétrochimiques (CCIE, s. d.-b). Les pré-raffinerie de l’Alberta et de la Saskatchewan transforment le bitume issu de la production de sables bitumineux en pétrole brut synthétique, traitant environ 42 % du bitume produit au Canada en 2022 (REC, 2022).
La demande de pétrole canadien dépend fortement du rythme et de l’ampleur de l’action climatique mondiale. Dans le scénario de la Régie de l’énergie du Canada selon lequel le monde parvient à la carboneutralité d’ici 2050, la production canadienne de pétrole brut atteint son maximum en 2026, puis diminue régulièrement par la suite, pour atteindre 1,22 million de barils par jour en 2050, soit une baisse de 76 % par rapport aux niveaux de 2022. D’autres incertitudes pèsent sur le secteur, notamment la capacité d’exportation nationale et le coût des technologies de décarbonation telles que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CUSC) (REC, 2023).
Dans les scénarios de l’AIE, la demande mondiale de pétrole diminue de 6 % entre 2023 et 2050 dans le scénario STEPS et de 46 % dans le scénario APS (figure 4). Fait important pour le Canada, la demande de pétrole des États-Unis diminue de 38 % dans le scénario STEPS et de 73 % dans le scénario APS au cours de la même période (AIE, 2024c). Un changement dans les politiques climatiques des États-Unis pourrait influencer la trajectoire de la demande de pétrole (Brown, 2024). Les perspectives énergétiques de BP montrent que la demande mondiale de pétrole diminue à la fois dans le cadre de la trajectoire actuelle et dans celui du scénario de carboneutralité (BP, 2024).
Les transports représentent la plus grande part de la demande mondiale de pétrole, et l’électrification des transports est la principale source de baisse de cette demande. Les véhicules électriques et à pile à combustible remplacent déjà 1,8 million de barils de pétrole par jour, et Bloomberg New Energy Finance prévoit qu’ils remplaceront trois fois plus de pétrole d’ici 2029 (Doherty, 2024).
Production de gaz naturel
Le Canada a produit 16 millions de mètres cubes de gaz naturel en août 2024, et en a exporté 7 millions de mètres cubes, soit 43 %. Le Canada produit et exporte davantage de gaz naturel pendant les mois d’hiver (CCIE, s. d.-c). La plupart des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis, bien que la construction d’installations de gaz naturel liquéfié (GNL) sur la côte ouest permette d’exporter vers les marchés asiatiques.
Le Canada compte sept terminaux d’exportation de GNL à divers stades de développement, quatre installations de liquéfaction de GNL et deux usines d’importation de GNL en activité (RNCan, 2023). LNG Canada, à Kitimat, en Colombie-Britannique, devrait commencer au milieu de 2025 à exploiter son terminal ayant coûté 40 G$. Le terminal traitera environ 11 % de la production actuelle de gaz canadien (Nickel et Disavino, 2024). Cinq autres projets de GNL ont reçu des permis d’exportation (RNCan, 2024b).
La demande mondiale de gaz naturel dépend fortement de la trajectoire de l’action climatique mondiale. Dans le scénario STEPS de l’AIE, la demande de gaz naturel augmente de 5 % entre 2023 et 2050. Toutefois, dans le scénario APS, la demande de gaz naturel diminue de 41 % au cours de la même période. La demande américaine diminue dans les deux scénarios, de 38 % dans le scénario STEPS et de 72 % dans le scénario APS. En revanche, la demande dans la région Asie-Pacifique augmente de 28 % dans le scénario STEPS et diminue de 39 % dans le scénario APS (AIE, 2024c). Les décisions relatives au rythme et à l’ampleur de l’électrification, ainsi que les investissements dans les énergies renouvelables et le stockage en batterie, seront des facteurs déterminants de la demande future de gaz naturel.
L’analyse de la Régie de l’énergie du Canada montre également que la demande de gaz naturel pour l’utilisation finale au Canada diminue de 11 % dans le scénario prenant en compte les mesures actuelles, de 51 % dans un scénario de carboneutralité canadienne et de 67 % dans un scénario de carboneutralité mondiale (figure 4 ; REC, 2023).
L’autre défi pour les projets canadiens de GNL est la concurrence mondiale. Les fournisseurs des États-Unis, du Qatar et du Mozambique peuvent produire du GNL à moindre coût (O’Connor, 2024). Le World Energy Outlook (2024c) de l’AIE indique que l’offre de GNL pourrait dépasser la demande d’ici 2030 dans ses trois scénarios si tous les projets en cours de construction sont achevés à temps. Si l’offre mondiale dépasse la demande mondiale, les prix internationaux du gaz baisseront et il y aura une concurrence féroce entre les fournisseurs de GNL. Le gaz naturel pourrait également être de plus en plus concurrencé par des gaz à faibles émissions tels que le biométhane, l’hydrogène à faibles émissions et le e-méthane (AIE, 2024d).
Fabrication de matériel de transport
En 2023, le Canada comptait plus de 3 500 entreprises actives dans la fabrication de matériel de transport, contribuant à hauteur d’environ 28 G$ au PIB du pays et employant plus de 200 000 personnes (ISDE, 2023a). Le secteur comprend les véhicules à moteur et leurs pièces, l’aérospatiale et ses pièces, le matériel roulant ferroviaire et la construction de navires et d’embarcations. Les véhicules à moteur et leurs pièces, ainsi que les aéronefs et autres équipements de transport et leurs pièces représentaient environ 17 % des exportations de biens du Canada en 2023 (Affaires mondiales Canada, 2024). En 2021, près de 70 % de tous les travailleurs canadiens du secteur de la fabrication de matériel de transport travaillaient sur l’assemblage et les pièces de véhicules automobiles, 22 % sur l’aérospatiale et le reste sur les chemins de fer, les navires et d’autres parties du sous-secteur (Statistique Canada, 2022b).
Il est fort probable que le transport routier connaisse une transformation importante au cours des prochaines décennies. Au niveau mondial, près d’une voiture sur cinq vendue en 2023 était électrique, ce qui représente une augmentation de 35 % d’une année sur l’autre (AIE, 2024e). Dans le scénario STEPS de l’AIE, une voiture vendue sur deux sera un véhicule électrique à batterie ou un véhicule hybride rechargeable d’ici 2035, et davantage de camionnettes, de bus et de camions seront électriques (figure 5 ; AIE, 2024e). L’Electric Vehicle Outlook 2024 de Bloomberg reconnaît que la transition vers les véhicules électriques s’est ralentie à court terme, mais prévoit tout de même que 73 % des véhicules de tourisme, 66 % des fourgonnettes commerciales et 43 % des poids lourds ne produiront aucune émission d’ici 2040 dans son scénario de transition économique (BNEF, 2024b).
Aux États-Unis, 10 % des nouvelles voitures vendues en 2023 étaient électriques (AIE, 2024e). Le Canada a également atteint la barre des 10 % cette même année (REC, 2024c). Au premier trimestre 2020, 19 603 nouveaux véhicules électriques à batterie, hybrides ou hybrides rechargeables ont été immatriculés au Canada. Quatre ans plus tard, ce nombre avait plus que quadruplé en atteignant 83 344 (Statistique Canada, 2024c).
Le Canada a également réalisé d’importants investissements dans la fabrication de véhicules électriques et de batteries. Les investissements liés à la production de véhicules électriques et de batteries au pays s’élèvent à 52,6 G$ d’ici 2024, dont environ 19 G$ ont été investis au cours des deux années précédentes (AccelerateZev, s. d.).
Les industries canadiennes du transport aérien ont également défini des objectifs ambitieux pour parvenir à la carboneutralité d’ici 2050 (Transports Canada, 2022). Les États membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ont adopté un objectif collectif à long terme de réduction nette des émissions de carbone d’ici à 2050 (OACI, 2022). Toutefois, les technologies nécessaires à la décarbonation de ces industries en sont à des stades de développement plus précoces, de sorte que la transformation pourrait être plus lente à se concrétiser (AIE, 2023a).
Bombardier, le plus grand fabricant aéronautique du Canada, a entrepris des recherches sur un nouveau type d’avion dans le but de réduire les émissions de carbone de 50 % (Bombardier, s. d.). Du carburant aviation durable est désormais vendu au Canada, avec un premier achat par WestJet auprès de Shell Aviation en 2024 (WestJet, 2024).
Fabrication de produits chimiques
Le Canada comptait plus de 3 500 entreprises actives dans la fabrication de produits chimiques en 2023, contribuant à hauteur d’environ 31 G$ au PIB du pays et employant plus de 90 000 personnes (ISDE, 2023b). Les produits chimiques de base et industriels, les plastiques et les caoutchoucs représentaient 5,5 % des exportations de biens du Canada en 2023 (Affaires mondiales Canada, 2024). Environ 72 % des exportations sont destinées aux États-Unis et 7 % à la Chine (CCC, 2024).
Dix-neuf grandes installations de fabrication de produits pétrochimiques et de gaz industriels sont responsables de plus de 75 % des émissions du secteur (CCC, 2024). Dans le même temps, bon nombre des technologies nécessaires pour réduire les émissions de GES reposent sur le secteur chimique. Viser de plus faibles émissions constitue une occasion de croissance pour la fabrication de produits chimiques (par exemple, les plastiques dans les véhicules électriques, les résines protégeant les panneaux solaires, les réfrigérants dans les pompes à chaleur). Au niveau international, des investissements ont été réalisés dans des produits chimiques à zéro émission, notamment grâce au craquage électrique, un processus utilisé pour décomposer les gros hydrocarbures en molécules plus petites, et des installations d’ammoniac à faible émission de carbone (CEC, 2024).
La demande de produits chimiques primaires pourrait également diminuer avec l’augmentation du recyclage des plastiques et une utilisation plus efficace des engrais (AIE, 2023b). Le scénario NZE de l’AIE repose sur une large adoption du recyclage chimique dans les économies avancées d’ici 2050 (AIE, 2024c). Présentement, la Chine augmente également sa production pétrochimique nationale et est sur le point de remplacer de plus en plus les importations de produits pétrochimiques en provenance d’autres régions (AIE, 2024c).
La transition énergétique entraîne une convergence des secteurs, certaines sociétés pétrolières et gazières s’orientant vers les marchés des produits chimiques. Dans le même temps, certaines entreprises de produits chimiques se lancent dans le traitement du lithium, la fabrication de batteries et l’ammoniac propre. La transformation du secteur présente à la fois de nouvelles opportunités et des risques (Yankovitz et al., 2023).
Avantages de l’indicateur d’exposition des marchés
L’indicateur d’exposition des marchés englobe des secteurs et des communautés qui ne sont pas identifiés dans les autres indicateurs (voir figure 6 et tableau 6). Par exemple, la construction automobile a une faible intensité d’émissions par rapport à d’autres secteurs identifiés dans l’indicateur d’exposition à l’intensité. Toutefois, les mesures basées sur les émissions ne tiennent pas compte de la transformation majeure du marché qui se produit à mesure que le secteur automobile passe de la production de véhicules à essence et à moteur diesel à celle de véhicules électriques.
L’indicateur d’exposition des marchés se concentre sur les secteurs d’exportation et sur différentes sources d’exposition qui ne sont pas liées aux émissions de GES. Par exemple, le défi le plus important auquel est confronté le secteur de la production pétrolière est la baisse à long terme de la demande mondiale pour ce produit.
Cette mesure est également la seule qui soit tournée vers l’avenir et qui tienne compte de l’évolution potentielle des marchés en réponse aux efforts déployés au niveau mondial et national pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, on s’attend à ce que la fabrication de produits chimiques subisse une transformation significative du marché, avec de nouvelles opportunités de produits et de nouvelles sources de concurrence qui ne sont pas prises en compte si l’on considère uniquement les émissions sectorielles. Les communautés qui sont exposées aux marchés peuvent s’attendre à un avenir positif si les entreprises et les communautés peuvent se positionner pour s’adapter et développer de nouveaux produits qui s’alignent sur les orientations futures de la demande.
Limites de l’indicateur d’exposition des marchés
Les scénarios mondiaux prospectifs ne sont pas des prédictions, et le calendrier, l’échelle et la portée des transformations des marchés mondiaux sont incertains. La compétitivité de la production de gaz naturel au Canada, par exemple, dépend fortement des fluctuations de l’offre et de la demande mondiales, ainsi que des coûts de production par rapport aux concurrents. Cependant, il peut toujours être approprié d’identifier une communauté ayant un nombre important d’emplois dans la production de gaz naturel comme exposée, étant donné le risque de volatilité du marché dans les années à venir.
La sélection des secteurs peut ne pas tenir compte de différences importantes au niveau local qui peuvent être importantes pour déterminer le degré d’exposition de la communauté. Par exemple, la baisse de la demande de charbon thermique pour la production d’électricité devrait être plus rapide que la baisse de la demande de charbon métallurgique pour la fabrication de l’acier. Toutefois, catégoriser une communauté où est produit du charbon métallurgique comme exposée peut aider à souligner la nécessité d’un plan communautaire à plus long terme pour faire face à l’abandon du charbon par le secteur mondial de la production d’acier.
L’IRPP invite les communautés, les travailleurs, les entreprises, les associations industrielles, les gouvernements, les ONG, les chercheurs et toute autre personne intéressée par le projet à nous faire part de leurs commentaires et de leurs questions. N’hésitez pas à nous contacter à l’adresse communitytransformations@nullirpp.org si vous avez des questions ou des commentaires, ou pour vous entretenir avec l’équipe à l’origine de ce projet.
[1] Les divisions de recensement sont des groupes de municipalités voisines utilisés par Statistique Canada. Elles sont censées agir comme des comtés ou des districts régionaux et servent de zones géographiques intermédiaires entre la province ou le territoire et la municipalité (sous-division de recensement). En 2021, il y avait 293 divisions de recensement à travers le pays.
[2] Tous les ensembles de données utilisés classent les secteurs et les industries selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN). Développé par les gouvernements du Canada, des États-Unis et du Mexique, ce système vise à fournir des définitions communes pour les types d’activité économique dans les trois pays.
[3] Selon Statistique Canada, les secteurs économiques sont désignés par des codes à deux chiffres du Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN). Les sous-secteurs sont des groupes de groupes industriels et correspondent à des codes à trois chiffres. Les groupes industriels sont constitués d’industries, désignées par des codes SCIAN à quatre chiffres.
[4] Les installations de transport par pipeline (SCIAN 486) sont exclues de notre analyse car l’emploi est susceptible d’être réparti entre plusieurs divisions de recensement (voir les données de FS).
[5] Cela en fait un indicateur moins fiable pour certaines industries telles que les «systèmes d’eau, d’égouts et autres» (NAICS 2213), qui ne sont pas particulièrement émettrices mais sont considérées comme intensives en émissions en raison de la valeur relativement faible de leur production.
[6] Sur la base des estimations de la trajectoire du coût de l’essence (37 cents d’ici à 2030, Agence du revenu du Canada, 2023) et des augmentations de prix résultant de la réglementation sur les carburants propres (jusqu’à 17 cents d’ici à 2030 ; Ammar et al., 2023).
Dans le cadre du projet Transformations communautaires, nous publierons les profils de municipalités situées dans les dix divisions de recensement suivantes, qui ont été sélectionnées sur la base des résultats de notre exercice de cartographie. Notre intention est de couvrir un groupe diversifié de communautés à travers le Canada, avec des sources variées d’exposition. Pour établir les profils, The Energy Mix et l’IRPP ont interrogé les parties prenantes locales.
Communautés et divisions de recensement concernées :
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Ce rapport étudie les effets de la tarification des émissions, comme la redevance fédérale sur les combustibles et la taxe carbone de la Colombie-Britannique. Il se penche sur l’impact de ces politiques sur les ménages en fonction de leur niveau de revenu, de leur région et de leur type de famille. L’analyse s’inscrit dans un contexte de hausse de l’inflation, en particulier entre juin 2021 et juin 2022, lorsque les prix à la consommation ont fortement augmenté. L’une des principales questions abordées est de savoir si la tarification des émissions contribue de manière significative à l’augmentation globale des coûts et comment les mesures gouvernementales, telles que les remises, peuvent contribuer à alléger le fardeau financier des ménages[1].
En utilisant des données historiques détaillées, nous constatons que la tarification des émissions a eu un impact minime sur l’inflation. Contrairement aux idées reçues, nous montrons que ces politiques (et toutes les autres taxes indirectes intégrées dans les produits achetés par les consommateurs) n’ont contribué qu’à une augmentation globale d’environ 0,5 % des prix à la consommation depuis 2019, ce qui ne représente qu’une petite fraction de l’augmentation de plus de 19 % de ces prix au cours de cette période. La plupart des augmentations de prix sont dues à des facteurs mondiaux, tels que la flambée des prix de l’énergie et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, plutôt qu’à des politiques climatiques nationales. Ainsi, si la tarification des émissions influe sur les coûts, son rôle dans l’inflation est relativement faible par rapport à d’autres pressions économiques.
Il est important de souligner l’efficacité des remises gouvernementales pour compenser les coûts pour la plupart des ménages canadiens. Grâce à la Remise canadienne sur le carbone, les ménages reçoivent des paiements trimestriels qui dépassent souvent les dépenses supplémentaires engendrées par le prix des émissions. Cela signifie que de nombreuses familles, en particulier celles à faible revenu, sont protégées de l’impact financier négatif de la tarification des émissions et que certaines d’entre elles peuvent même bénéficier d’un gain financier net. Dans les provinces couvertes par le système fédéral de tarification, les remises compensent généralement la taxe sur les carburants, ce qui garantit que la plupart des Canadiens n’ont pas à payer de frais importants en raison de la politique climatique.
L’impact de la tarification des émissions varie considérablement d’une région à l’autre et d’un type de ménage à l’autre. Les provinces comme la Saskatchewan, qui dépendent fortement des combustibles fossiles, connaissent des coûts plus élevés que des provinces comme le Québec, où les énergies renouvelables à faibles émissions contribuent de manière prédominante dans la production d’électricité. En outre, les ménages à faible revenu et les familles avec enfants ont tendance à consacrer une plus grande part de leur revenu aux produits de première nécessité, ce qui les rend plus vulnérables aux augmentations de prix. Cependant, ces groupes ont également tendance à bénéficier le plus du système de remboursement du gouvernement fédéral, qui contribue à réduire la pression financière qu’ils pourraient autrement subir en raison de l’augmentation des coûts de l’énergie induite par les politiques climatiques.
Si la tarification des émissions a une incidence directe sur les coûts de l’énergie, elle a également des effets indirects sur d’autres biens et services. Étant donné que de nombreux secteurs dépendent des prix de l’énergie, l’augmentation des coûts peut se répercuter sur les chaînes d’approvisionnement et affecter les prix d’articles tels que les denrées alimentaires et les biens ménagers. Toutefois, nous constatons que ces effets indirects sont relativement modestes, en particulier par rapport à d’autres pressions inflationnistes. Par exemple, l’augmentation du prix mondial du pétrole a eu un impact bien plus important sur les coûts globaux que les politiques nationales de tarification des émissions.
L’un des facteurs qui influencent la manière dont la tarification des émissions affecte les ménages est la consommation régionale d’énergie. Les habitudes de consommation d’énergie et les types d’énergie utilisés varient grandement d’une province à l’autre, ce qui a une incidence sur la charge financière imposée aux ménages. Par exemple, des provinces comme l’Alberta, qui dépendent fortement du gaz naturel pour le chauffage, connaissent des coûts plus élevés en raison de la tarification des émissions que les provinces qui s’appuient davantage sur les sources d’énergie renouvelables. Nous constatons également que la conception des politiques, telles que les systèmes de tarification des émissions pour les grands émetteurs industriels, permet d’éviter que ces coûts accrus ne soient entièrement répercutés sur les consommateurs, ce qui atténue encore l’impact global sur les ménages.
Les résultats de ce rapport soulignent l’importance de concevoir des politiques climatiques qui protègent les ménages vulnérables. Grâce aux remises et aux crédits, les ménages à faible revenu peuvent être protégés des effets potentiellement régressifs de la tarification des émissions, ce qui garantit que ces politiques ne nuisent pas de manière disproportionnée à ceux qui sont le moins en mesure de supporter des coûts plus élevés. De cette manière, les politiques climatiques peuvent être conçues pour réduire les émissions et maintenir l’accessibilité financière pour les familles canadiennes.
Ce rapport apporte une autre précieuse contribution en guidant soigneusement le lecteur à travers les étapes de l’estimation de l’effet de la tarification des émissions sur le prix des biens et des services. En décomposant ces étapes de manière méthodique et transparente, nous contribuons à dissiper les malentendus courants qui sont apparus dans le débat public sur la tarification des émissions. Nombreux sont ceux qui pensent que la tarification des émissions entraîne une hausse significative du coût de la vie, mais cette explication détaillée montre que la réalité est plus nuancée. En guidant les lecteurs dans l’interaction entre les différences régionales, les conceptions des politiques et les modes de consommation, nous clarifions un sujet complexe et aidons les décideurs politiques et le public à mieux comprendre l’impact réel de la tarification des émissions. Qui plus est, les résultats présentés ici surestiment probablement les coûts à court terme de la tarification des émissions, car les ménages peuvent changer leurs habitudes ou prendre certaines décisions (comme utiliser des appareils plus écoénergétiques, mieux isoler leurs maisons, faire installer une thermopompe ou utiliser davantage les transports en commun, etc.) qui amoindrissent l’impact de la tarification des émissions sur leur budget.
Enfin, si l’action en faveur du climat a un coût initial, elle présente des avantages à long terme. Réduire les émissions aujourd’hui permet d’éviter les conséquences économiques et environnementales plus graves des changements climatiques non maîtrisés. Bien que ces politiques entraînent des coûts à court terme, il s’agit d’investissements nécessaires pour éviter que les ménages et l’économie dans son ensemble ne subissent des pressions financières plus importantes à l’avenir.
Dans l’ensemble, nous montrons que la tarification des émissions a un impact relativement faible sur l’inflation et l’abordabilité générale lorsqu’elle est considérée dans le contexte de facteurs économiques plus larges. L’utilisation de remises gouvernementales joue un rôle crucial dans la compensation des coûts pour la plupart des ménages, garantissant que les politiques climatiques ne créent pas de charge financière indue. En expliquant soigneusement les étapes de l’estimation des effets de la tarification des émissions, nous contribuons à un débat public plus clair et mieux informé. Grâce à une conception réfléchie des politiques, nous démontrons que le Canada peut lutter contre les changements climatiques tout en maintenant l’abordabilité pour ses citoyens.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pourraient encore mieux faire comprendre au public l’impact de la tarification des émissions en procédant à une analyse transparente de ses effets sur les ménages en fonction des revenus, des régions, de la taille de la famille, etc. Et là où il y a des lacunes dans le soutien, les gouvernements peuvent ajuster ou introduire de nouvelles politiques. La Colombie-Britannique, par exemple, pourrait adopter une approche de remboursement similaire à celle du gouvernement fédéral afin de s’assurer que davantage de ménages reçoivent plus que ce qu’ils paient en taxe carbone.
L’analyse met également en évidence des problèmes d’abordabilité qui ne sont pas liés aux politiques climatiques. La lenteur de la croissance des revenus érode le pouvoir d’achat de nombreux ménages et leur fait perdre du terrain.
Des ajustements politiques réfléchis, ainsi qu’une politique davantage axée sur la croissance des revenus, permettraient aux gouvernements de poursuivre les objectifs climatiques sans compromettre l’abordabilité générale des biens et services pour les ménages canadiens.
[1] La présente analyse se sert des versions 30.0.2 et 20.1 de la Base de données et Modèle de simulation de politiques sociales de Statistique Canada. Les hypothèses et les calculs qui sous-tendent les résultats de la simulation ont été préparés par les auteurs et la responsabilité de l’utilisation et de l’interprétation de ces
sdonnées incombe entièrement aux auteurs.
Les pays à revenu faible et moyen (PRFM) représentent environ 72 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), et cette proportion ne cesse de croître. Si aucune mesure n’est prise pour endiguer la croissance des émissions dans ces pays, l’objectif commun de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en deçà de deux degrés par rapport aux niveaux préindustriels ne sera pas atteint.
Dans le même temps, les pays à revenu élevé — dont le Canada et l’Allemagne — sont responsables de la plus grande partie des émissions qui se sont accumulées dans l’atmosphère et disposent d’une plus grande capacité financière pour investir dans des actions visant à réduire les GES. Dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, les pays à revenu élevé se sont engagés à mobiliser au moins 100 G$ par an en faveur de l’action climatique dans les pays à faible revenu, et sont sur le point de fixer un nouvel objectif collectif quantifié en matière de financement climatique lors de la 29e Conférence des Parties qui se tiendra en 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan.
Cette étude explique les raisons qui sous-tendent le financement de la lutte contre les changements climatiques dans les PRFM et examine de manière critique la façon dont les flux financiers actuels sont alloués. Il constate que les programmes existants peuvent être améliorés de manière significative. Par exemple, les processus sont longs et lourds, et l’utilisation proposée d’une grande partie des fonds n’a qu’un rapport ténu avec les changements climatiques. Le problème réside en partie dans le fait que le financement de la lutte climatique a été développé à partir des approches existantes en matière d’aide au développement, au lieu de repartir des enseignements tirés des approches les plus efficaces et les plus efficientes en matière de réduction des émissions.
Les efforts de réduction des émissions dans les pays à revenu élevé s’appuient largement sur des incitations financières pour atteindre leurs objectifs nationaux en matière de climat, comme la tarification du carbone, les enchères inversées pour les énergies renouvelables ou les crédits d’impôt à la production. Mais le soutien financier qu’ils apportent aux PRFM consiste presque exclusivement en subventions et en prêts, destinés à financer des projets liés au climat, des formations et des conférences, ainsi que d’autres objectifs « abstraits ».
Nous soutenons que le financement international de l’action climatique devrait utiliser davantage les paiements basés sur les résultats, en particulier par le biais d’enchères inversées pour les subventions basées sur des résultats climatiques ciblés. Les enchères inversées sollicitent des offres de la part de fournisseurs potentiels du résultat souhaité et sélectionnent les offres les moins chères. Lorsque les résultats sont mesurables — comme dans le cas de la production d’énergie renouvelable et du paiement par kilowattheure — ces subventions pourraient contribuer à l’augmentation rapide des investissements nécessaires pour réduire les émissions de GES dans les PRFM. Le mécanisme pourrait également s’appliquer aux projets d’élimination du carbone et d’adaptation.
Cette approche, que nous appelons « enchères sur l’impact climatique », présenterait de nombreuses caractéristiques attrayantes pour les pays donateurs et bénéficiaires : un meilleur rapport coût-efficacité, un accès amélioré au financement climatique pour les petites et moyennes entreprises, et des résultats mesurables. Cela permettrait aux fonds fournis par les pays à revenu élevé d’être plus étendus et de cibler les projets qui produisent les plus grands bénéfices locaux et mondiaux.
Le Canada est confronté à une grave crise du logement. Le gouvernement fédéral a dévoilé deux initiatives majeures au cours des dernières années, mais aucune n’a ciblé de manière adéquate les « logements profondément abordables » nécessaires pour mettre fin à l’itinérance et aux logements inadéquats parmi les ménages à très faibles et faibles revenus. La meilleure façon d’y parvenir est d’adopter une approche coordonnée qui combine les mécanismes disponibles à tous les niveaux de gouvernement. En outre, les gouvernements devraient adopter des définitions claires et cohérentes du logement « abordable » et « profondément abordable », basées sur le revenu, pour l’ensemble des programmes. Cela permettrait aux gouvernements de fixer des priorités claires et de cumuler les subventions gouvernementales tout en permettant le suivi des résultats par rapport aux objectifs fixés.
La politique industrielle – l’utilisation des pouvoirs fiscaux des gouvernements pour influencer le niveau l’activité du secteur privé ou son orientation – est revenue sur le devant de la scène ces dernières années, à la lumière d’événements tels que la pandémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ces événements ont mis en évidence certains des risques économiques et liés à aux chaînes d’approvisionnements qui sont associés à la perte de la capacité de production nationale. Cela a incité certains de nos alliés, en particulier les États-Unis, à prendre des initiatives majeures en matière de politique industrielle, telles que la Inflation Reduction Act et la CHIPS and Science Act.
Il est aussi devenu communément admis que certains de nos plus grands défis politiques nécessitent une action accélérée du secteur privé et d’importants investissements en capital. La lutte contre les changements climatiques et les risques liés aux chaînes d’approvisionnements sont deux des nombreux défis pour lesquels les gouvernements ont besoin que les entreprises réagissent de manière à soutenir les objectifs de la politique nationale. La politique industrielle n’est pas le seul outil disponible, mais c’en est un peu étudié au Canada par rapport aux interventions législatives et réglementaires.
Pour aider les gouvernements à s’orienter dans le paysage de la politique industrielle, l’IRPP organise une série d’ateliers, dirigés par un groupe d’experts, afin de formuler des recommandations à l’intention des gouvernements. Ce document est le premier d’une série et explore les justifications potentielles de la politique industrielle, certaines considérations pour les gouvernements et les questions qui demandent encore des réponses.
Ce rapport identifie plusieurs domaines qui pourraient constituer des priorités pour les gouvernements qui envisagent des interventions en matière de politique industrielle :
Toutefois, les gouvernements ne devraient pas s’engager dans une politique industrielle sans y avoir mûrement réfléchi. Pour que la politique industrielle soit couronnée de succès, elle doit s’appuyer sur une stratégie globale claire, une bonne gouvernance et une évaluation minutieuse. Même dans ce cas, il n’y a aucune garantie qu’une intervention donnée sera couronnée de succès. En effet, il se peut que les outils de la politique industrielle ne soient pas adaptés à certains de ces défis ou que des réformes complémentaires soient nécessaires dans d’autres domaines tels que la politique de la concurrence ou la réglementation.
Ce document explore certains des domaines politiques dans lesquels les gouvernements pourraient faire appel à une politique industrielle, tout en définissant certains des contours de ce que cela implique et en se penchant sur certaines des questions auxquelles il faut encore répondre. Les prochains documents aborderont certaines de ces questions dans le cadre d’une série d’études qui aboutiront à un rapport final comprenant des recommandations à l’intention des gouvernements.
La nécessité de l’Internet pour accomplir des activités quotidiennes essentielles met en évidence la fracture numérique au Canada. Cette étude avance que cette fracture dépasse le simple accès aux technologies, mais est plutôt fondée dans la capacité à en tirer profit, ce qui nécessite un certain niveau de littéracie numérique. Les programmes d’enseignement aux adultes sont bien outillés pour offrir des opportunités de formation sur les technologies numériques, mais ils sont présentement écartés des conversations sur le sujet. Cette étude recommande plus de financement de base durable pour les programmes d’enseignement aux adultes et l’établissement d’une plateforme nationale de partage des ressources. Elle préconise également de relier l’éducation des adultes au niveau communautaire à des efforts plus larges en matière de littéracie numérique par l’intermédiaire d’un réseau intersectoriel qui garantirait un accès équitable aux ressources et au soutien numériques.