Montréal – Les politiques de tarification des émissions, telles que la redevance fédérale sur les combustibles et la taxe carbone de la Colombie-Britannique, ont eu un impact minime sur l’inflation, contribuant pour moins de 0,5 % à l’augmentation des prix à la consommation depuis 2019, selon une nouvelle étude de l’Institut de recherche en politiques publiques. Il s’agit d’une petite fraction de la hausse de plus de 19 % des prix au cours de cette période.
Mais les gouvernements devraient affiner et mieux communiquer leurs politiques pour aider les Canadiens qui en ont le plus besoin.
« Notre étude montre que, contrairement à la croyance populaire, la tarification des émissions n’est pas à l’origine des problèmes d’abordabilité au Canada », expliquent les coauteurs de l’étude, Trevor Tombe et Jennifer Winter, économistes à l’Université de Calgary. « La plupart des augmentations de prix des biens de consommation et des produits de première nécessité sont dues à des facteurs mondiaux tels que la flambée des prix de l’énergie et les perturbations des chaînes d’approvisionnement. La lenteur de la croissance des salaires a également affecté l’abordabilité. »
Ils ont constaté que les remises accordées par les gouvernements, telles que la Remise canadienne sur le carbone, qui permettent de compenser le coût de la tarification des émissions, ont contribué à réduire l’impact.
Alors que les ménages des provinces plus dépendantes des combustibles fossiles subissent des coûts relativement plus élevés du fait de la tarification des émissions, la remise sur le carbone du gouvernement fédéral a atténué ces impacts. Dans les provinces soumises à la redevance fédérale sur les combustibles, les remises dépassent souvent les coûts supplémentaires supportés par les ménages, en particulier ceux dont les revenus sont les plus faibles.
« La remise canadienne sur le carbone se traduit par un gain financier net pour de nombreuses familles à revenu faible ou modéré. Les ménages à faible revenu et les familles avec enfants, qui consacrent une plus grande partie de leurs revenus à des dépenses essentielles comme l’énergie, sont également parmi les principaux bénéficiaires des rabais, ce qui signifie qu’ils sont principalement à l’abri de la tarification des émissions », affirment Tombe et Winter.
Les auteurs soulignent toutefois que tous les rabais ne se traduisent pas par des gains nets pour les citoyens. Par exemple, les Britanno-Colombiens, qui reçoivent le Climate Action Tax Credit de la province en fonction de leurs revenus au lieu la Remise canadienne sur le carbone, finissent souvent par débourser davantage en raison de la taxe carbone qu’ils ne reçoivent de remise. En adoptant une approche similaire à celle du gouvernement fédéral ou en augmentant le montant de ses remises, la Colombie-Britannique pourrait aider une plus grande proportion de résidents à sortir gagnants de la tarification des émissions.
Cette étude, commandée par le Conseil d’action sur l’abordabilité, ne vise pas à prévoir les impacts futurs de la tarification des émissions ni à évaluer son efficacité en tant qu’outil de politique climatique. Elle évalue plutôt son rôle historique dans la dynamique de l’abordabilité au Canada.
Les résultats suggèrent que les décideurs politiques qui cherchent à relever les défis de l’abordabilité devraient prendre en compte tous les facteurs d’augmentation des prix. Dans le but d’améliorer l’abordabilité, ils devraient également s’attarder à l’enjeu des salaires, étant donné que la lenteur de la croissance des revenus continue à éroder le pouvoir d’achat des ménages.
« Notre étude montre clairement que la tarification des émissions n’est pas le principal moteur des problèmes d’abordabilité au Canada. Grâce à une conception réfléchie des politiques et à une communication plus claire sur l’impact de la tarification des émissions sur les ménages, le Canada peut lutter contre les changements climatiques tout en maintenant l’abordabilité pour ses citoyens », déclarent Tombe et Winter.
Cléa Desjardins
Directrice des communications
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