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Les travailleurs chroniquement vulnérables seraient aussi les plus menacés par une automatisation accrue du travail

29 juin 2020 Imprimer

Montréal  Une récession post-pandémie et de nouvelles contraintes de fonctionnement pourraient inciter les entreprises à miser sur les technologies pour réduire le travail humainUne autre vague d’automatisation ne supprimerait pas nécessairement des emplois, mais elle pourrait les transformer considérablement et obliger les travailleurs à s’adapter à une nouvelle réalité. Et selon une étude publiée par l’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP) en collaboration avec Statistique Canada, certains groupes de travailleurs seraient plus durement touchés par une automatisation accrue du travail. 

Cette étude de Marc Frenette et Kristyn Frank, chercheurs à Statistique Canada, est la première à identifier ces travailleurs particulièrement vulnérables. Comme plus de 10 p. 100 des salariés canadiens courent un risque élevé (au moins 70 p. 100) de voir leur travail transformé par l’automatisation (et près de 30 p. 100 un risque moyen), les décideurs doivent mieux comprendre quelles sont les caractéristiques démographiques et d’emploi des travailleurs les plus à risque.   

Le niveau de scolarité est ici un élément clé, puisque la transformation des emplois expose à un risque élevé plus du tiers des salariés sans certificat ou diplôme d’études supérieures, mais touche moins de 4 p. 100 des diplômés. Et quel que soit leur degré d’instruction, les travailleurs ayant un moindre niveau de littératie et de numératie sont aussi plus vulnérables.  

La proportion des travailleurs les plus à risque diminue en outre avec l’augmentation du revenu d’emploice qui signifie que ce sont les travailleurs aux revenus les plus faibles qui sont les plus touchésEt c’est sans compter le facteur de l’âge, les salariés de 18-24 ans et de plus de 55 ans étant proportionnellement plus nombreux à figurer dans cette catégorie. Signalons toutefois qu’aucune variation ne s’observe selon le sexe, le statut d’immigration, la situation de handicap ou la présence syndicale 

« Beaucoup d’études traitent des effets de l’automatisation sur lemploinotent les auteurs, mais on savait peu de choses sur les travailleurs qui occupent les emplois menacésNous avons tenté de remédier à cette lacune. Vu le caractère ciblé de nombreux programmes d’aide à l’emploi, il est important de savoir qui sont les travailleurs à risque pour mieux orienter le débat sur les politiques les plus efficaces, autant maintenant qu’en prévision de l’avenir. »   

Selon Natalia Mishagina, directrice de recherche à l’IRPP, cette étude donne un visage humain à la question de l’automatisation et contient de précieuses informations pour les décideurs : « Pour mesurer l’impact d’une prochaine vague d’automatisation sur les travailleurs, nous devons identifier ceux qui sont les plus menacés. Or l’hypothèse voulant que les nouvelles technologies nuiraient désormais aux travailleurs hautement qualifiés, jusqu’ici épargnés par l’automatisation, paraît sans fondement. Tout comme dans les dernières décennies, ce sont encore les travailleurs faiblement scolarisés et rémunérés qui sont les plus susceptibles de voir leurs emplois transformés. Et comme ces mêmes groupes ont connu durant cette période des difficultés d’adaptation, les décideurs doivent aujourd’hui trouver de nouvelles solutions pour les soutenir plus efficacement. » 

On peut télécharger l’étude The Demographics of Automation in Canada: Who Is at Risk?de Marc Morissette et Kristyn Frank, sur le site de l’Institut (irpp.org/fr).


L’Institut de recherche en politiques publiques est un organisme canadien indépendant, bilingue et sans but lucratif, basé à Montréal. Pour vous tenir au courant de ses activités, veuillez vous abonner à sa liste d’envoi. 

Renseignements : Cléa Desjardins — Tél. : 514-245-2139 — cdesjardins@nullirpp.org 

The Demographics of Automation in Canada: Who Is at Risk?

The Demographics of Automation in Canada: Who Is at Risk?

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