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Il est plus que temps de réformer l’Assurance-emploi

17 novembre 2020 Imprimer

Montréal — La pandémie actuelle n’est que la dernière des crises ayant révélé les insuffisances du programme d’Assurance-emploi (AE). Étant donné la variabilité de ses prestations entre les régions du pays et les nombreux chômeurs qui ne pouvaient en bénéficier, Ottawa n’a eu d’autre choix que d’adopter des programmes temporaires de soutien du revenu face au nombre sans précédent de mises à pied occasionnées par le confinement.

Mais c’était loin d’être la première fois que l’AE, principal élément du filet social canadien, révélait ses faiblesses : depuis 16 ans, Ottawa a pris 12 fois des mesures exceptionnelles pour éviter qu’un trop grand nombre de chômeurs n’épuisent leurs prestations avant d’avoir trouvé un emploi.

Dans une nouvelle étude de l’Institut de recherche en politiques publiques, David Gray (Université d’Ottawa) et Philip Leonard (Université du Nouveau-Brunswick) se penchent sur ces prolongations temporaires de la durée des prestations d’AE. Ils examinent les trois types de mesures adoptées en appui à différents groupes de chômeurs : travailleurs saisonniers, employés licenciés pendant la récession de 2008-2009 et salariés touchés par la chute importante du prix des matières premières en 2015. Ils en évaluent en outre l’incidence et les effets sur le comportement des différents prestataires.

Ils concluent que, sauf pendant la dernière récession, la plupart de ces prolongations ont été globalement inefficaces ou inadéquates.

Les auteurs expliquent qu’au début de la pandémie, « Ottawa a été bien avisé de contourner les règles boiteuses et inadaptées de l’AE pour assurer un soutien immédiat aux salariés empêchés de travailler par les mesures de santé publique ». La véritable solution consiste toutefois « à réformer le régime d’AE de manière à ce que la durée des prestations augmente rapidement en période de hausse du chômage ».

Mais la prolongation de la durée des prestations n’est pas toujours la mesure la plus appropriée. Certains groupes ont des besoins différents, notamment les travailleurs saisonniers qui en sont venus à dépendre de l’AE et les travailleurs ayant définitivement perdu leur emploi après de longues années au service d’un même employeur.

Par exemple, les études indiquent que ces travailleurs de longue date sont moins susceptibles d’avoir retrouvé un emploi un an après leur licenciement, et que ceux qui y parviennent subissent une importante baisse de salaire. Les auteurs exhortent donc les décideurs à prendre des mesures mieux adaptées à leurs besoins, comme des programmes d’assurance-salaire, des comptes de réemploi ou des programmes de transition vers d’autres métiers ou secteurs.

« Le programme d’AE joue un rôle crucial en aidant les chômeurs à faire face à l’évolution constante du marché du travail, concluent-ils. Mais il doit être plus réactif en cas de ralentissement économique et, dans la période à venir, soutenir plus efficacement les chômeurs plus à risque d’être laissés pour compte lors de la reprise post-pandémie. »

On peut télécharger l’étude Mind the Gap: Running Out of Employment Insurance Benefits, de David Gray et Philip Leonard, sur le site de l’Institut (irpp.org/fr/).


L’Institut de recherche en politiques publiques est un organisme canadien indépendant, bilingue et sans but lucratif, basé à Montréal. Pour vous tenir au courant de ses activités, veuillez vous abonner à sa liste d’envoi.

Renseignements : Cléa Desjardins — Tél. : 514-245-2139 — cdesjardins@nullirpp.org

Mind the Gap: Running Out of Employment Insurance Benefits

Mind the Gap: Running Out of Employment Insurance Benefits

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Cléa Desjardins
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