menu
Communiqués

Une étude de l’IRPP montre que les nouvelles technologies ont eu un faible impact sur la nature du travail jusqu’à maintenant

27 janvier 2021 Imprimer

Montréal — Ces dernières années, les progrès rapides de l’intelligence artificielle et de la robotique ont alimenté l’hypothèse de leurs profondes répercussions sur les métiers et le monde du travail. Mais selon une nouvelle étude de l’Institut de recherche en politiques publiques, les avancées majeures des technologies d’automatisation de la dernière décennie n’ont toujours pas entraîné de changements notables dans la nature du travail au Canada, même si la situation mérite d’être suivie attentivement.

S’appuyant sur de nouvelles recherches menées à Statistique Canada, Kristyn Frank et Marc Frenette ont examiné la combinaison des tâches composant un emploi et la combinaison des emplois dans l’ensemble de l’économie. Ils montrent ainsi que les tâches cognitives non routinières ont gagné en importance de 2011 à 2018, mais suivant une progression modeste qui va de 1,5 p. 100 pour ce qui est d’établir et d’entretenir des relations interpersonnelles, à 3,7 p. 100 pour l’analyse de données ou d’informations.

À l’examen des tendances des trois dernières décennies en matière de parts d’emploi par profession, les auteurs notent une transition graduelle des professions axées sur des tâches manuelles routinières vers des métiers basés sur des tâches non routinières difficiles à automatiser. Mais ce changement ne s’est pas accéléré depuis 10 ans, s’effectuant au même rythme que dans les précédentes décennies.

C’est entre les sexes qu’ils ont observé les différences les plus marquées : la part des travailleurs occupant des emplois administratifs, professionnels et techniques a partout augmenté, mais beaucoup plus chez les femmes que chez les hommes. De 1987 à 2018, elle a augmenté de 9,8 points de pourcentage chez les femmes par rapport à 5,2 points de pourcentage chez les hommes. En revanche, ceux-ci sont plus fortement touchés par le recul général des emplois en production, artisanat, réparation et opérations (en baisse de 8,3 points de pourcentage par rapport à 3,6 points de pourcentage chez les femmes).

À première vue, on peut aussi s’étonner de la baisse significative des parts des travailleurs occupant des emplois administratifs, professionnels et techniques chez les salariés ayant fait des études postsecondaires. Ce qui pourrait s’expliquer, selon les auteurs, par la forte hausse de la proportion de ces travailleurs et la nécessité pour certains d’entre eux d’accepter des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés.

Selon la principale conclusion des auteurs, il reste toutefois prématuré de formuler des affirmations définitives sur les mutations de la nature du travail. Et même si des événements comme la pandémie pourraient inciter les employeurs à adopter les technologies d’automatisation plus rapidement que prévu, la nature et l’ampleur de ces changements restent à préciser et doivent être suivies de près.

Les décideurs doivent garder l’œil sur l’évolution des emplois au fur et à mesure de l’intégration des nouvelles technologies dans les lieux de travail. Ils pourront ainsi réagir, en temps voulu et en fonction de données probantes, aux nouvelles demandes en matière de compétences et aux répercussions qui s’ensuivent sur le marché du travail.


On peut télécharger l’étude Are new technologies changing the nature of work? The evidence so far, de Krystin Frank et Marc Frenette, sur le site de l’IRPP (irpp.org/fr/).

L’Institut de recherche en politiques publiques est un organisme canadien indépendant, bilingue et sans but lucratif, basé à Montréal. Pour vous tenir au courant de ses activités, veuillez vous abonner à sa liste d’envoi.

Renseignements : Cléa Desjardins — Tél. : 514 245-2139 — cdesjardins@nullirpp.org

Are New Technologies Changing the Nature of Work? The Evidence So Far

Are New Technologies Changing the Nature of Work? The Evidence So Far

Lire le texte

CONTACT MÉDIAS

Cléa Desjardins
Directrice des communications
514-245-2139 • cdesjardins@irpp.org