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Diversité, immigration et intégration

Ties that Bind?

Social Cohesion and Diversity in Canada

Stuart N. Soroka, Richard Johnston and Keith Banting 12 dĂ©cembre 2006

La diversitĂ© ethnique croissante des dĂ©mocraties occidentales a donnĂ© lieu Ă  deux types de politiques publiques qui se chevauchent en partie. Le premier cĂ©lèbre la diversitĂ©, tandis que le second s’inquiète des difficultĂ©s qu’elle risque de crĂ©er du point de vue de la cohĂ©sion et de l’intĂ©gration sociales. Jusqu’Ă  tout rĂ©cemment, ces inquiĂ©tudes trouvaient relativement peu d’Ă©chos au Canada, mais la sĂ©rĂ©nitĂ© des Canadiens Ă  l’Ă©gard de la diversitĂ© semble aujourd’hui rĂ©vĂ©ler certaines failles. Ont-ils raison d’ĂŞtre prĂ©occupĂ©s par les questions de cohĂ©sion sociale ? L’immigration serait-elle en train de crĂ©er de nouvelles faiblesses dans la trame de la sociĂ©tĂ© canadienne ?

L’Ă©tude dĂ©bute en rĂ©sumant deux interprĂ©tations diffĂ©rentes des sources d’intĂ©gration sociale dans les sociĂ©tĂ©s marquĂ©es par la diversitĂ©. La première attache une grande importance au rĂ´le que jouent le sentiment commun d’identitĂ© nationale et les valeurs communes, tandis que la deuxième met l’accent sur une participation Ă©tendue aux processus qui servent Ă  gĂ©rer des identitĂ©s et des valeurs diffĂ©renciĂ©es. L’Ă©tude se penche ensuite sur les Ă©carts entre huit catĂ©gories, y compris les peuples fondateurs du Canada et les groupes arrivĂ©s au pays Ă  une date plus rĂ©cente (voir p. 5), en examinant divers types de rapports Ă  la sociĂ©tĂ© associĂ©s Ă  ces deux interprĂ©tations. Les auteurs font appel Ă  divers indices de cohĂ©sion sociale, soit la fiertĂ© et le sentiment d’appartenance au Canada, les niveaux de confiance interpersonnelle, l’Ă©quilibre relatif entre les valeurs sociales libĂ©rales et conservatrices, le degrĂ© de participation aux rĂ©seaux sociaux qui aident Ă  combler les fossĂ©s entre les cultures et la participation aux processus Ă©lectoraux (pour plus de dĂ©tails, voir pp. 9 Ă  11). Les auteurs s’inspirent des rĂ©sultats de deux sondages d’opinion, soit la deuxième « vague » de l’enquĂŞte « Equality, Security and Community » (menĂ©e en 2002 et 2003) et de l’« Étude Ă©lectorale canadienne » de 2004.

Chacun de ces indicateurs rĂ©vèle une image assez diffĂ©rente des perspectives et des dĂ©fis de la cohĂ©sion sociale au Canada. Par exemple, il y a des Ă©carts persistants entre les groupes quant au niveau de confiance qu’ils Ă©prouvent les uns envers les autres. En particulier, les QuĂ©bĂ©cois francophones, les Autochtones et certains groupes minoritaires visibles manifestent des niveaux de confiance moindres. Par contre, on ne discerne Ă  peu près aucun Ă©cart d’un groupe Ă  l’autre en ce qui concerne l’Ă©quilibre relatif entre les valeurs sociales libĂ©rales et conservatrices. Le rĂ©sultat peut-ĂŞtre le plus frappant, c’est que bon nombre des Ă©carts associĂ©s aux groupes ethniques arrivĂ©s relativement rĂ©cemment au Canada dĂ©coulent prĂ©cisĂ©ment de ce facteur, c’est-Ă -dire leur arrivĂ©e rĂ©cente. Parmi les immigrants, c’est la durĂ©e du sĂ©jour au Canada qui dĂ©termine le degrĂ© d’importance des Ă©carts interethniques, qui, de prime abord, peuvent sembler très prononcĂ©s. Les immigrants qui sont au Canada depuis plus longtemps manifestent un sentiment plus poussĂ© de fiertĂ© et d’appartenance, qui est souvent Ă©gal, ou mĂŞme supĂ©rieur, Ă  celui du groupe ethnique le plus nombreux. Ă€ certains Ă©gards, le fait de vivre au Canada exerce sur les immigrants une force d’intĂ©gration très puissante. Le pouvoir d’intĂ©gration attachĂ© Ă  la durĂ©e du sĂ©jour au Canada a nĂ©anmoins des limites. Si les immigrants venus d’Europe mĂ©ridionale et d’Europe orientale en viennent Ă  acquĂ©rir un sentiment d’appartenance Ă  peu près aussi fort que ceux qui viennent du Royaume-Uni ou d’Europe du Nord, les minoritĂ©s visibles sont moins confiantes Ă  cet Ă©gard. Ă€ cela s’ajoute le fait que les groupes les moins bien intĂ©grĂ©s sont, plus souvent qu’autrement, ceux-lĂ  mĂŞmes qui sont ici depuis le plus longtemps. En effet, ce ne sont peut-ĂŞtre pas les attitudes, croyances et attaches des immigrants qui posent le plus de difficultĂ© pour la cohĂ©sion sociale. D’après les indicateurs utilisĂ©s dans l’Ă©tude, les tensions de longue date entre les peuples fondateurs continuent de jouer un rĂ´le dominant, et un nombre important de francophones quĂ©bĂ©cois et d’Autochtones semblent relativement moins intĂ©grĂ©s dans la sociĂ©tĂ© canadienne.

Quelles conclusions peut-on dĂ©gager de cette analyse au sujet de la diversitĂ© et de la cohĂ©sion sociale au sens gĂ©nĂ©ral, c’est-Ă -dire en tenant compte Ă  la fois des « nouveaux » Canadiens et de ceux qui sont ici depuis longtemps ? Les deux thĂ©ories de l’intĂ©gration sociale mènent Ă  des conclusions divergentes. Si la cohĂ©sion sociale repose uniquement sur un sentiment commun d’identitĂ© nationale, il ressort que le Canada risque d’ĂŞtre constamment aux prises avec des difficultĂ©s. Pour ceux qui croient en l’avenir du Canada comme État unifiĂ©, cette thĂ©orie est toutefois trop restreinte pour pouvoir tenir compte des bienfaits que procurent les sociĂ©tĂ©s multiculturelles. Aussi la seconde thĂ©orie de l’intĂ©gration sociale mène-t-elle Ă  une vision plus optimiste. Si la source vĂ©ritable de la cohĂ©sion sociale dans le monde multiculturel d’aujourd’hui se trouve dans la participation des groupes ethniques Ă  la vie sociale et politique, on peut croire que le Canada se trouve en meilleure position pour faire face Ă  l’avenir.

Diversity is one of Canada’s defining characteristics. Yet here, as in other Western democracies, diversity policies are being called into question by developments such as the growing salience of identity, race and religion. Do minorities really feel they belong to the country? Is discrimination still a reality? Is social cohesion being strained?

In Belonging? Diversity, Recognition and Shared Citizenship in Canada, leading scholars from Canada, Europe and the United States explore two broad policy agendas: first the multicultural agenda, which focuses on recognizing cultural differences, helping minorities express their distinct identities and practices, and building more inclusive conceptions of citizenship; and the second, the integration agenda, which seeks to bring minorities into the mainstream, strengthen the sense of mutual support and solidarity, and reinforce the bonds of a common community.

The authors of these 15 chapters and 8 commentaries examine these question from a range of perspectives, which a focus on ethnocultural minorities and indigenous peoples. In their concluding chapter, the editors discuss priorities that emerge from the analysis and relate them to the objective of strengthening belonging and shared citizenship.